mercredi 16 décembre 2009

Tout dans la tête ?

Omnium in mentem : le motu proprio de Benoît XVI concerne un secteur sensible de la vie de l'Eglise, à savoir la théologie des ministères. La raison d'être de ce document est de "lisser" deux articles du Code de droit canonique -le droit de l'Eglise- qui concernent les diacres, les prêtres et les évêques : les canons 1008 et 1009 stipulaient jusqu'alors que ces personnes étaient "consacrées pour être pasteurs du peuple de Dieu", "remplissant en la personne du Christ Tête les fonctions d'enseignement, de sanctification et de gouvernement". Or, une telle rédaction était contradictoire avec le catéchisme de l'Eglise catholique, qui estime que seuls les prêtres et les évêques agissent "in persona Christi capitis", alors que les diacres servent le peuple de Dieu. Les nouveaux articles du Code sont désormais en harmonie avec le catéchisme.

D'un côté, le ministère pastoral aux évêques et aux prêtres ; de l'autre, le service aux diacres. L'enjeu semble donc être le gouvernement de l'Eglise. J'anticipe sur d'éventuels et futurs débats : s'agit-il d'un nouvel épisode du supposé "recentrage" de la vie de l'Eglise sur les prêtres, pour éviter de faire des diacres (mariés et nombreux) un substitut des prêtres (célibataires et en voie de raréfaction), et rejeter les diacres dans les ténèbres du service, en réservant aux prêtres l'autorité et la reconnaissance ?

S'il s'agit d'une question de pouvoir, la polémique est à l'horizon. Mais on parle, ici, de service : "ministère" et "diaconie" sont synonymes. Ils sont le socle commun à l'évêque, au prêtre et au diacre. Il s'agit de servir "le peuple de Dieu" et non pas d'être au service de structures ecclésiastiques. Ce service renvoie au service fondamental de l'Église, qu'il s'agit pour les ministres-serviteurs d'exercer : "la gloire de Dieu et le salut du monde", ainsi que la liturgie le proclame, et jamais l'un sans l'autre, et jamais le salut des seuls disciples du Christ. Parmi ces serviteurs, certains sont appelés pour exercer le ministère pastoral : ils ne cessent pas pour autant de porter le souci de la charité, et d'être au service de tous.

La clarification apportée par le Motu Proprio a un effet collatéral, que relève à juste titre Isabelle de Gaulmyn dans La Croix : celui de lever un des obstacles à l'ordination de femmes au diaconat. Beaucoup de théologiens catholiques sont réticents, pour des raisons qu'il serait ici trop long d'évoquer, à admettre que des femmes puissent exercer un ministère pastoral "en la personne du Christ Tête". Puisqu'il est admis que les diacres ne sont pas dans ce cas de figure, ces réticences n'ont en effet plus de raison d'être. Ne nous faisons toute fois pas trop d'illusions : bien que la question du diaconat féminin soit une question ouverte dans l'Église catholique, elle ne devrait toutefois pas être posée de sitôt.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Chaque baptisé est tenté de confondre service et pouvoir .La difficulté majeure est de faire passer la Foi de la tête vers le coeur . A voir sur internet TSR1 la vidéo de la messe du dimanche 13 dec.
C'est la confusion MADO

Jean a dit…

En fait, c'est un sujet qui n'a jamais été ouvert qui ne le sera jamais puisqu'il a été fermé avant d'exister, il y a environ 1970 ans, quand les 12 hommes (vir) choisis par Jésus Christ Notre Seigneur pour être Ses Apôtres ont choisi 7 hommes (vir) comme diacres (serviteurs des fidèles).

C'est également un sujet qui n'a jamais eu le moindre intérêt et qui n'a jamais interessé qui que ce soit à part quelques esprits faibles dans les années 1970 et les journalistes depuis lors.

Par ailleurs, la "raréfaction" des prêtres concerne exclusivement l'Occident décadent et n'est que la conséquence de la raréfaction des fidèles et de la raréfaction de toute valeur autre que la Grande Foire du Marché et son prophète, le Moi. Pourquoi cherchez vous parmi les morts Celui qui est Vivant ?

Anonyme a dit…

Sans rêver, si les théologiennes dans l'Eglis, et il y en a un certain nombre maintenant, posaient la question du diaconat féminin, cela avancerait

jean-françois a dit…

diacre, Je suis un peu déboussoler par cette réaction pontificale... qui d'ailleurs n'est toujours pas annoncer sur le site de CEF. Il y aurait-il une certaine gène chez nos pasteurs?
VaticanII avec la restauration du diaconat permanent avait remis le service, et par la même les "pauvres" au coeur de l'Eglise... Aujourd'hui par cette action même si elle peut s'entendre, se comprendre met le service au degré inférieur...Peut être même plus dans le sacrement de l'ordre...
L'Eglise est-elle un corps ou une pyramide? Qu'en est-il du diacre image du Christ serviteur??
Les diacres que je connais n'ont jamais voulu prendre la place des prêtres! La formation, le discernement en vue du ministère nous aident dans ce domaine.je pourrai être plus long ...
Je terminerai juste par une citation de Gabriel Ringlet, dans " Dieu en état de service " : « Quand Dieu célèbre la première messe, et quand il veut adorer : C’est mon corps et c’est mon sang, il tombe à genoux aux pieds de l’homme et lui lave les pieds… Le service religieux n’est désormais service de Dieu, que s’il est service de l’homme. Non seulement au service de son âme, mais aussi de ses pieds, de tout son corps, de tout lui-même, de la tête aux pieds. Il s’agira donc moins de servir la messe, que de servir l’homme ».

Marc Rey a dit…

On n'a pas fini de débattre des diacres dans la théologie des ministères, mais il est un constat qui me paraît simple: les diacres sont signe de diversité. Ce constat évite de les ranger dans les "super-laics", ou les "sous-prètres".Une fois cette logique binaire abandonnée, on glisse du "Ce n'est pas" au "c'est quoi ?"

Si, comme tu le dit, on réfléchit avec la grille de lecture du pouvoir, on est fichus, en premier lieu car la tête, c'est le Christ, et que les Evèques et prètres agissent "en la personne de ".

La grille de lecture du service est, elle, beaucoup plus féconde, et je ne vois pas de contradiction entre "être pasteur" et "être au service" pourvu que ce soit dans le cadre de la mission donné par le Christ. La encore, que le diacre n'ait pas de ministère pastoral est également signe de diversité.

Ceci dit il y a deux réalités contraigantes: l'évolution de la démographie des diacres et des prêtres, qu'il faut recevoir comme une donnée et non comme une catastrophe, et la multiplicité des situations locales qui obligent les prêtres et les diacres à se "dépatouiller" comme ils le peuvent.

do a dit…

Il y a toujours eu des coups de bélier contre le célibat des prêtres.
Polémiquer sur le diaconat en est une tentative aussi.
mais pourtant, si on regarde les pays à majorité orthodoxe, où les prêtres avaient une famille, les régimes totalitaires de tous types ont toujours réussi à s'imposer dans la durée, parce que les prêtres n'avaient pas les mains libres pour résister. Au contraire, les pays à majorité catholique ont réussi à résister grâce à des prêtres, célibataires, qui ont pu aider le peuple à résister, en allant souvent jusqu'au martyr.

De même pour la pauvreté: l'abbé Pierre, s'il avait été un super diacre, avec 3 enfants grippés, en 1956, aurait-il été dehors à 5h du matin pour aller chercher cette pauvre femme qui était morte gelée? il aurait laissé l'indifférence gagner.

On a besoin de célibataires dans une société, pour se battre à 100% pour le bien commun, que ce soit par l'action ou par l'offrande de soi. Si on veut qu'il n'y ait plus besoin, concrètement, de célibataires, il faut qu'on deviennent tous parfaits.

Ensuite, il y a aussi cet appel à se donner entièrement à Jésus, et ça, c'est l'affaire de ceux qui sont appelés, et personne n'a seulement le droit d'en juger.

jean-françois a dit…

Eh revoilà la question du coeur partagé...
un diacre mariè peut-il ^^etre aussi disponible qu'un célébataire?
pour ma part quand le téléphone sonne en pleine nuit pour me rendre au chevet d'un malade à l'hôpital, la question ne se pose pas : j'y vais... ce n'est pas une question de célibat ou de mariage... c'est une question d'engagement rnvers ceux vers qui nous sommes envoyés et qui se confient à nous!
Se donner entièrement lorsqu'on est diacre est une évidence et le don de notre engagement rejaillit sur toute notre famille... mes enfants (jeunes 11 et 14 ans) apprennent ce qu'est le don. notre prière en couple en est nourrit et vivante...
les célébataires donnent autant que les couples dans les pays totalitaires :la force du don est en chacun de nous selon le projet de Dieu sur nous.....
regardez tous les couples qui font vivre votre eglise....
Dans mon coin d'eglise la moyenne d'age des Prêtres est de 45 ans aucun ne souhaite venir donner un sacrement des malades la nuit..... ils sont célibataires... ce sont de bons prêtres et je les aime!

Anonyme a dit…

I didn't understand the concluding part of your article, could you please explain it more?