dimanche 27 juin 2010

Ministère, sacerdoce, service...

Joli billet de Jean-Baptiste B. sur son saint patron, qu'il bombarderait volontiers patron des prêtres, et moi aussi d'ailleurs : "Il faut qu'il croisse et que je diminue", pour moi le voilà l'idéal de la vie sacerdotale.

Ca me donne quand même envie de préciser une ou deux petites choses sur le ministère sacerdotal. A cause de ce que j'entends, ou de ce que je lis, ici ou là, sur ce blog ou dans d'autres, et qui a tendance à insister lourdement sur le prêtre, homme pas comme les autres, différents des autres baptisés, supérieur à eux pourquoi pas...

Dans "ministère sacerdotal", il y a deux mots : "ministère", et "sacerdoce". Ces deux mots ne sont pas synonymes. "Ministère", allez on va faire le malin, c'est du latin et ça veut dire "service". Ce mot renvoie d'abord au Christ serviteur des hommes. Tout ministre de l'Eglise est donc serviteur de tous (et non pas, je me répète, serviteur des seuls baptisés, et encore moins chargé de faire fonctionner une paroisse par exemple).

"Sacerdoce", c'est autre chose. En latin, toujours, le mot signifie "prêtre". Le prêtre, dans la culture antique, c'est celui qui a la charge du sacré, par opposition au commun des mortels qui se cantonne à la dimension profane de l'existence. Il a en particulier un rôle d'intercesseur, dans sa fonction cultuelle.

Dans le christianisme, il n'y a qu'un seul prêtre : le Christ. Je ne veux pas trop m'étendre là-dessus, car dans un blog il faut être bref. Mais jetez un oeil sur la lettre aux Hébreux, ça vaut mieux que tous les baratins des théologiens et c'est dit en toutes lettres : il est le seul médiateur entre Dieu et les hommes. Le moment par excellence où le Christ apparaît comme le vrai prêtre, c'est quand il donne sa vie. Mais toute la vie de Jésus n'est qu'un immense don de lui-même, de multiples manières mais toujours dans l'amour (car le don de soi est l'autre nom de l'amour).

Par le baptême, tous les baptisés participent au sacerdoce du Christ. Dans le jargon du christianisme, ça s'appelle le sacerdoce commun. Cela veut dire deux choses essentielles :
  • la première, c'est que tout le monde participe à ce sacerdoce de la même manière ; il n'y a pas des gens qui sont plus près de Dieu que d'autres, ou bien à qui on va s'adresser pour parler à Dieu parce qu'on ne sait pas faire.
  • Deuxièmement : cela signifie des choses très concrètes pour notre vie ; si les baptisés sont alter Christus, configurés au Christ par le baptême, leur vie, à l'image de celle du Christ, doit être une vie donnée.
Parmi ces baptisés, certains sont ordonnés au ministère sacerdotal (ou au sacerdoce ministériel, ces deux expressions sont à peu-près équivalentes). Le concile Vatican II, dans un texte fondamental, nous dit qu'entre les deux sacerdoces, il y a une différence "de nature et non seulement de degré" ; cela veut dire qu'il n'y a pas un sacerdoce supérieur à un autre, ou que le sacerdoce ministériel n'est pas un degré supérieur du sacerdoce commun ; mais qu'il s'agit de deux manières différentes de participer à l'unique sacerdoce du Christ. Cette ordination, qui est un sacrement, les situe de manière particulière au sein du peuple de Dieu : ils manifestent que l'Eglise ne se constitue pas d'elle-même, mais qu'elle est constituée par le Christ. C'est pourquoi ce sont eux qui ont la charge de convoquer la communauté, en particulier lors de l'eucharistie qui est le moment essentiel de la vie de l'Eglise - et dont ils président toujours la célébration. Ils sont "in persona Christi", ce qui veut dire qu'ils remplissent cette fonction pour permettre aux baptisés d'être rassemblés par le Christ. Comme le dit JBB, ils s'effacent complètement alors devant le Christ.

Il n'y a donc pas de raison de dire du prêtre qu'il est seul configuré au Christ, qu'il est comme un intercesseur entre Dieu et les hommes, qu'il a un "pouvoir" surnaturel de transformer le pain et le vin en corps et sang du Christ. Il est normal qu'on attende d'un prêtre que son comportement soit exemplaire ; mais cette exemplarité ne fait pas partie, pourrait-on dire, de l'essence du ministère. Dans l'Eglise d'Occident, on demande aux prêtres de signifier qu'ils donnent leur vie en restant célibataire ; mais ce n'est qu'une des dimensions du don de soi, qui peut être envisagé de bien d'autres manières.

samedi 26 juin 2010

La liberté selon mon banquier.

Vous n'avez pas pu la louper, cette pub hilarante qui invite les jeunes à conquérir leur indépendance en accédant au crédit. Sous-entendu : l'argent, c'est la liberté. Omission nécessaire (on ne parle pas des choses qui fâchent) : un de ces jours, il faudra rembourser, et si tu ne peux pas alors crac, zéro pour cent on oublie, et c'est le couteau sous la gorge jusqu'à ce que tu aies remboursé jusqu'au dernier sou.

Du coup, la Parole de Dieu de ce dimanche nous parait sacrément ringarde : si tu veux être libre, dit Jésus, laisse tomber tous ces trucs-là et préfère la vie sans toît ni loi. Si tu veux être libre, déclare Paul, laisse-toi conduire par l'Esprit (attention, l'Esprit-Saint, pas ton petit esprit à toi) et tourne le dos à tout ce qui peut ressembler à de l'égoïsme et au souci de toi-même.

Ringard ? Ca vaut quand même le coup de s'interroger : la liberté, ça passe par la libération. Oui, mais de quoi ? Et à quel prix ? L'Evangile, qui enracine sa sagesse dans la sagesse antique, nous le dit : un esclave, ça se rachète. Il y a toujours un prix à payer pour la liberté. Choisis ton prix : un autre esclavage ? Ou bien une autre vie, peut-être plus exigeante, mais bon ?

Merci à Agnès Varda pour le titre d'un film que je n'ai même pas vu...

vendredi 25 juin 2010

François Bayrou, lecteur du Blog du Curé ?

Un article sur la démocratie chrétienne dans Sacristains, deux billets sur le foot parus dans le Blog du Curé, une déclaration de François Bayrou larguée sur le site de l'AFP et admirablement reprise par à peu-près tous les grands médias (il est, quand même, le seul qui ose l'ouvrir, à contre-courant de la démagogie ambiante) : au-delà de la performance d'un service de com' parfaitement huilé et bien plus efficace que la connexion Internet d'un humble ecclésiastique de province, signalons ces coïncidences qui confirment l'ancrage catho de l'ex-troisième homme (enfin, deuxième) de la présidentielle de 2007.

Mais n'en déduisons pas que ce blog fait campagne pour un candidat de 2012 : on attend les programmes.

jeudi 24 juin 2010

Culte vs. évangélisation.

Homme du sacré ou héraut de l'Evangile ? sur ce sujet, les débats se font vifs dans les presbytères. Car on ne badine pas avec les prêtres, quand il s'agit de leur ministère. C'est un peu la limite du célibat : nous, les curés, on n'a que ça dans la vie, notre ministère, et chacun a son idée sur la question ; alors que quelqu'un vienne la remettre en cause, et nous sommes atteints au plus profond de nous-mêmes, bien plus profondément que n'importe qui quand il a un problème de boulot.

Dans la vie de l'ancien que je deviens tout doucement, c'est bien l'une des questions qui est revenue le plus souvent : la crainte d'être réduit au rôle, comme disent certains, de "distributeur de sacrements". Encore une petite messe, monsieur le curé... Madame Une telle est en fin de vie, sa famille demande l'extrême-onction... Pourquoi est-ce qu'il n'y a personne au presbytère le lundi ? Ah bon, vous prenez des vacances ? Et vous allez dans quel monastère ? Vous êtes en robe toute la journée, ou seulement pour la messe ? Des questions dont je perçois aujourd'hui la naïveté, mais aussi la pertinence, dès lors qu'il s'agit de résoudre l'impossible équation actuelle (moins de prêtres et toujours autant de choses à faire) : on va se partager le travail avec les laïcs, il y a des choses que tout le monde peut faire, et d'autres que seul le prêtre peut faire, alors laissons le prêtre faire son travail et déchargeons-le au maximum du reste. Et voilà comment un curé se retrouve confiné dans son église, dans laquelle on s'étonne parfois qu'il n'ait pas son lit.

"Le reste", c'est : les soucis matériels, bien sûr. Mais aussi : l'organisation de la catéchèse. La préparation des célébrations. L'accueil des familles et du tout-venant. La solidarité. La visite des malades (le prêtre ne passera que s'il y a une demande de sacrements).

Et donc, le rôle du prêtre, c'est : la messe (pardon, les messes) ; les confessions ; les célébrations de mariages et de baptêmes, en attendant que les diacres s'y mettent puisqu'ils ont le droit de le faire aussi ; l'onction des malades, qui, rappelons-le, remplace l'extrême-onction depuis bientôt cinquante ans. Tout le reste, monsieur le curé, laissez-nous faire.

Le problème, c'est d'abord que, quand le Concile parle du ministère des prêtres, il commence par l'annonce de la parole. Il poursuit en rappelant que le prêtre est aussi celui qui collabore au ministère de présidence de l'évêque diocésain, et que cette présidence est étroitement liée à la célébration de l'eucharistie et des sacrements, et qu'elle signifie concrètement l'animation effective de la communauté à laquelle il est envoyé. Et, donc, que réduire la mission du prêtre à sa dimension sacramentelle, ou même partir de cette dimension pour parler des prêtres, c'est se tromper lourdement sur la nature du sacerdoce ministériel.

Mais ce foutu concile nous dit aussi que, par le baptême, nous sommes tous prêtres, prophètes et rois ; que les baptisés ont une mission d'évangélisation qui n'est pas facultative ; qu'ils participent au sacerdoce du Christ par la prière et la célébration des sacrements ; et en plus, il insiste lourdement sur la centralité de l'eucharistie dans le ministère et la vie des prêtres. Comment voulez-vous vous y retrouver si tout le monde se mêle de tout, sauf de la messe qui est réservée au prêtre ?

La seule solution que j'entrevoie, c'est le partage de la mission, non pas comme des convives qui se partagent un gâteau (chacun son petit morceau), mais comme des parents qui portent ensemble la responsabilité de leur famille. Car c'est cela qu'essaye de nous dire le concile : vous les prêtres, vous n'êtes pas chargés plus que les autres baptisés d'évangéliser, ou de prier, ou de je ne sais quoi encore. C'est toute l'Eglise qui est appelée à cela. Vous n'en êtes pas dispensés non plus. Vous portez donc, avec toute l'Eglise, le souci du service que l'Eglise rend à l'humanité. Ce souci, vous le portez à la place qui est la vôtre : vous êtes au service du service de l'Eglise. C'est dans l'exercice du ministère sacerdotal que vous évangélisez.

Et ça marche. Une belle célébration (mariage, baptême, obsèques, eucharistie...), bien foutue, avec au milieu une bonne vieille homélie qui montre comment la Parole de Dieu est là pour nous faire vivre aujourd'hui, c'est bien plus qu'un enseignement : c'est une expérience en live de la grâce de Dieu qui vient besogner en nous, comme disait Calvin. Ces gestes, ces chants, ces paroles, ce pain qu'on partage, ces mains qu'on tend, cette bouche qui s'ouvre, on ne s'en rend pas compte, mais ça vous change les hommes. Trois soirées de préparation au mariage ou au baptême, avec des échanges, des partages d'expériences, la méditation de la Parole de Dieu, et le sacrement qui va avec, ça vous marque une famille pour toute une vie.

mardi 22 juin 2010

Ce n'est qu'un jeu.

"Ce n'est qu'un jeu", disait ma grand-mère lorsque nous nous disputions avec mes cousins pour savoir qui avait triché et qui avait vraiment gagné. Peut-on encore dire cela à des enfants aujourd'hui, alors que le jeu rapporte des millions d'euros à ceux qui s'y adonnent, et que les frasques adolescentes des champions font la Une des médias les plus austères ? Comment expliquer, quand les collectivités publiques s'apprêtent à investir des sommes énormes pour satisfaire à ce qui est de l'ordre de la pulsion incontrôlée, que le monde réel est ailleurs, et que la richesse des nations ne se bâtit pas autour des stades de foot ?

L'amnésie dont souffre notre société, volontiers oublieuse de son histoire, n'aide pas à porter un jugement serein sur ce qui est en train de se passer. Il serait bon, pourtant, de rappeler qu'un empire passé assujettissait ses peuples en lui offrant des jeux ; et qu'un régime de chez nous s'est écroulé entre autres à cause de la passion du jeu, qui contraignit l'épouse du souverain à accepter les dons d'un couple d'escrocs.

C'est pourtant vrai, ce n'est qu'un jeu. Ce n'est pas la France qui perd, mais une poignée de millionnaires qui seront de toutes façons toujours aussi grassement payés, et dont on semble découvrir aujourd'hui la grossièreté. Et si nous perdons, c'est de voir autant d'argent gaspillé de cette manière, alors que nos finances sont au bord de la banqueroute et que des gens, chez nous, ne vivent pas dans des conditions dignes d'un pays civilisé. Encourager le sport, c'est bien, évidemment : mens sana in corpore sano. En faire un moyen de gouvernement, c'est de la démagogie, et c'est catastrophique pour l'avenir.

mercredi 16 juin 2010

Le ministère de l'Eglise.

Dimanche dernier, ordination diaconale d'Etienne, 28 ans, séminariste en fin de formation et en insertion à Genlis. L'an prochain, si Dieu achève en lui ce qu'il a commencé, il sera ordonné prêtre. Deux autres diacres devraient normalement être ordonnés cette année, plusieurs autres se préparent ; ceux-là ne sont pas appelés en vue du ministère presbytéral, mais exerceront leur ministère à titre permanent.

Le diaconat est une des réalités très dynamiques de l'Eglise de France. Sans faire de bruit, son développement d'aujourd'hui participe à la révolution silencieuse qui est en train de se vivre chez nous : il y a, certes, moins de prêtres, et c'est une question. Mais il y a davantage de diacres, davantages de catéchumènes, davantage de chrétiens qui prennent des responsabilités dans les mouvements et les territoires. Ces changements sont une des nombreuses raisons d'espérer pour les catholiques de France, même si on ne voit pas encore bien où ils vont nous mener.

Un de mes professeurs de théologie parlait du diaconat comme du degré zéro du ministère. Il ne voulait pas dire par là que le diaconat était nul ; mais qu'il était le socle sur lequel était construit l'édifice ministériel de l'Eglise. Le diaconat, c'est le ministère - d'ailleurs c'est le même mot, l'un en latin et l'autre en grec. En français, cela signifie : "service". Tout ministère est un service. Et c'est là-dessus qu'il convient de s'expliquer.

Un des commentaires du précédent billet parlait du ministère comme d'un service des baptisés. Ce n'est pas tout-à-fait exact, et c'est me semble-t-il une des raisons du malaise que vivent actuellement beaucoup de ministres ordonnés (je pense surtout aux prêtres). Car cela peut sous-entendre que le ministre ordonné, quel qu'il soit, est au service de sa communauté : ainsi, le prêtre administre sa paroisse, y célébre les sacrements, préside la prière, assure la catéchèse et (s'il a le temps) visite les malades et s'occupe un peu des pauvres. Pour que ce service soit correctement assuré, comme il ne peut pas tout faire tout seul et qu'il n'est pas compétent en tout, il délègue une part de sa responsabilité à des baptisés. Finalement, pour reprendre la terrible expression d'Eugen Drewermann, il est un "fonctionnaire de Dieu", et c'est bien là que le bât blesse.

Pour bien parler des ministères de l'Eglise, il faut commencer par parler du ministère de l'Eglise. L'Eglise est dans ce monde pour un service : service de l'humanité, service de Dieu d'abord. Vatican II parle de l'union à Dieu et de l'unité du genre humain, dont les baptisés sont en même temps le signe (exigence de vie) et le moyen (devoir d'agir pour changer le monde). C'est toute l'Eglise qui est en charge de ce service, et un ministère de l'Eglise est d'abord exercice de ce ministère premier. Un prêtre, un diacre, ne sont pas là d'abord pour organiser la communauté à laquelle ils sont envoyés : ils sont là pour aider cette communauté à accomplir sa mission. Et, bien sûr, pour y participer eux-mêmes, selon leur charisme propre.

C'est en tout cas ma manière à moi de comprendre et de vivre le contenu du ministère sacerdotal. C'est d'abord pour cela que j'ai été ordonné diacre avant d'être prêtre : non pas pour gravir les échelons d'un cursus honorum, mais parce que le Christ choisit les prêtres parmi les ministres de l'Eglise. Cela marque profondément le ministère du prêtre : il est là pour le service de tous, et pas seulement de ses paroissiens. Chacun des actes de son ministère doit être marqué de cette exigence de service, et non seulement les actes caritatifs. Comme le disait un autre de mes professeurs (encore un...), faire du catéchisme, c'est un acte citoyen. Je rajoute volontiers : marier, baptiser, enterrer, c'est un immense service qu'on rend aux hommes en même temps qu'une louange à Dieu. Si on ne comprend pas de cette manière le ministère sacerdotal, on ne le comprend pas du tout. Si je ne vivais pas la vie sacerdotale de cette manière, je trouverais insupportable de baptiser et de marier des gens qui n'ont aucun lien avec la communauté paroissiale et n'en conserveront aucun.

Pourquoi cette insistance ?

Parce que je suis extrêmement perplexe devant les solutions qui sont le plus souvent évoquées pour pallier le manque cruel de prêtres sous nos latitudes. Ces solutions sont d'ordre institutionnel : on attend d'un changement des structures de l'Eglise qu'il vienne remédier à la crise actuelle. Or, dans la vie chrétienne, le changement a un nom : il s'appelle la conversion. Plutôt que de changer l'organisation, je préfère parler de conversion : c'est-à-dire, d'un retour à l'essentiel que l'on a perdu de vue. Cet essentiel, je le vois dans la mission de l'Eglise, à laquelle tous les baptisés sont attelés. Il me semble que beaucoup de difficultés seraient aplanies si nous nous mettions devant cette responsabilité commune, plutôt que d'envisager les choses sous l'angle de la répartition des pouvoirs.

vendredi 11 juin 2010

L'éclatement de la bulle sacerdotale.

Il y a eu la bulle Internet, la bulle immobilière, les bulles islandaise et grecque (qui préfigurent, paraît-il, la bulle des Etats surendettés). A Dijon (Cote d'Or), une autre bulle vient d'éclater : la bulle sacerdotale.

En quelques mois, cinq prêtres en activité se sont retrouvés frappés par de sérieux problèmes de santé ; deux d'entre eux ont moins de cinquante ans. On doit faire appel, pour que la mission soit encore assurée, à des prêtres retirés et parfois eux-mêmes de santé fragile. Quant aux "encore jeunes" - ce qui signifie moins de 75 ans, âge où les curés prennent leur retraite - les charges qui pèsent sur eux ne cessent de croître, car s'il y a moins de monde à la messe le dimanche, il y a toujours autant de choses à faire dans l'Eglise. C'est rassurant dans un sens : ça veut dire, comme disait Georges Suffert, que "le cadavre de Dieu bouge encore". C'est inquiétant pour l'équilibre et la santé de ceux qui restent.

Certes, il y a eu depuis vingt ans d'énormes efforts de faits : réorganisation des territoires, appel à des baptisés pour exercer des missions jusqu'alors dévolues aux prêtres, développement du diaconat. Mais l'Eglise catholique ne peut être une Eglise sans prêtres. Alors, on continue à se bercer d'illusions : "On ne sait jamais, les vocations vont peut-être repartir" ; "Pourquoi ne faites-vous pas appel à des prêtres retirés ?" ; "Il faut inviter des missionnaires africains, il y en a beaucoup". Voilà des phrases que j'entends souvent dans la bouche de bons chrétiens. C'est se bercer d'illusions : les vocations ne vont pas repartir de sitôt (il faut dix ans pour faire un prêtre, on sait donc qui sera là dans dix ans) ; on fait déjà appel au-delà du raisonnable aux prêtres retirés ; quant aux prêtres africains, ils sont 29 000 pour tout le continent, alors que la France en compte 20 000... Et on a besoin d'eux là-bas aussi.

Il y a, malgré tout, une différence de taille entre les clergés français et africain : ici, la moyenne d'âge excède 70 ans ; là-bas, elle est inférieure à cinquante. C'est entre ces deux chiffres que s'est entretenue la bulle sacerdotale : l'illusion que nous allions continuer à vivre sur le même rythme.

jeudi 10 juin 2010

Les no foot.


56% : ils ne sont plus que ça à aimer le foot et à s'intéresser à la coupe du monde. Du coup, je me sens moins seul. Bientôt, une majorité de Français fermera son téléviseur quand il entendra parler du ballon rond.

Le foot, je n'ai jamais trop aimé. Mais là, on atteint les limites du supportable. Le salaire de Thierry Henry : 1,4 millions d'euros. Par mois. Il faut que je travaille 1421 mois, c'est-à-dire 118 ans, pour en gagner autant. Ca représente trois vies professionnelles de smicard. En un mois, il se bouffe trois prolos, le Thierry Henry.

La masse salariale des clubs européens : 7 milliards d'euros. Leur endettement : 6 milliards. Ca veut dire une chose simple : les sommes folles gagnées par les stars du foot viennent d'un pari risqué - on va gagner beaucoup d'argent en investissant dans les équipes qui gagnent. Résultat : aucun club n'étant rentable à cause des salaires mirobolants à verser aux joueurs, ceux qui sont cotés en bourse ont perdu en moyenne 25% de leur valeur en dix ans. Tout ça ne durera évidemment pas autant que les impôts.

Enfin, cerise sur le gâteau : on va construire de nouveaux stades pour accueillir la coupe d'Europe en France. Pendant ce temps, on ferme les petits hôpitaux de campagne et les écoles primaires, et les établissements scolaires crient misère. Là, personne ne s'interroge. C'est pourtant un choix éthique, de privilégier le sport au détriment de la formation et de la culture. C'est aussi, évidemment, un choix politique. On verra s'il aura été payant.

mardi 1 juin 2010

Rita ne fait pas que prier pour nous.

Désormais, Rita n'est plus seulement une sainte que l'on invoque dans des moments difficiles : c'est un organisme, sous les auspices du diocèse de Dijon, qui permettra à ceux qui désirent créer leur emploi au travers d'un projet professionnel de bénéficier d'une offre de micro-crédit sans intérêt.

Retrouvez Rita sur le site Internet dédié :

La démocratie chrétienne : une idée neuve ?




















Alors que vient de se clore à Rome l'assemblée annuelle du Conseil pontifical pour les laïcs, avec un vigoureux appel de Benoît XVI à prendre part à la vie politique, les Sacristains lancent le débat : quid de la démocratie chrétienne, dans notre pays où la désaffection vis-à-vis des partis politiques traditionnels devient criante ?

Rendez-vous sur www.sacristains.fr.