mardi 30 août 2011

Faire de la politique en faisant ses courses.

Les vacances sont l'occasion d'expériences inédites. Pour un curé : faire ses courses en prenant son temps. Dans la petite ville du Sud-Ouest près de laquelle je me retrouve chaque année en famille, le rat des villes que je suis a commencé par se diriger vers un centre commercial, dans lequel j'ai trouvé tout ce que je voulais et même au-delà. Vingt marques de shampooings différentes, autant de rasoirs, des rayons entiers de nourriture pour chat. Il y avait aussi, merveille, des ananas, des bananes et des mangues. Hélas, quand on a goûté une fois à la mangue du Congo cueillie sur l'arbre, toutes les autres ont un insupportable goût de lessive. Il y avait enfin ce que je cherchais : des tomates - pas mûres, des brugnons - tout durs, des pommes verdâtres récoltées en Afrique du Sud et des melons insipides.

En rentrant dans mon joli village, le monsieur en face du cimetière m'a vendu des tomates onctueuses et sucrées, qu'il soigne amoureusement tous les soirs en rentrant de son travail. A la petite épicerie-boulangerie-bureau de poste, on trouve des melons à point, des haricots verts bien craquants et de jolies fraises du Périgord toutes fraîches cueillies. Tout cela n'a provoqué aucune nuisance et n'a pas encombré nos autoroutes de poids lourds.

Quel rapport avec la foi, me direz-vous ? C'est que la Bible nous parle souvent de la nature, qu'elle nous parle dès le début d'une Création dont il ne faut pas abuser, et qu'elle se poursuit en nous racontant la triste histoire d'un beau jardin défiguré par la bêtise humaine. C'est aussi qu'elle conseille un mode de vie simple, et refuse que la recherche du profit à tout prix prenne le pas sur la qualité de la vie et des relations humaines.

C'était le moment où les syndicats d'agriculteurs dénonçaient les importations de produits étrangers, et où un ministre très sur la défensive leur promettait une surveillance étroite des réseaux d'approvisionnement. Moi, je me suis dit : faire de la politique, Monsieur le Ministre, ça commence par faire ses courses. Par oser dire qu'il vaut peut-être mieux payer ses tomates un cinquante le kilo, si on est sûr qu'elles sont bonnes. Peut-être aussi par donner quelques conseils : manger des fruits en saison, privilégier les approvisionnements locaux et les producteurs soigneux. Car, s'il y a une chose dont je suis sûr, c'est que la surveillance des circuits de distribution des fruits et légumes ne donnera jamais plus de goût aux melons.


PS : en juillet, au camp louveteaux, on avait opté pour un approvisionnement exclusivement bio et proche. Je n'ai jamais aussi bien mangé en camp scout, désolé pour tous les intendants qui m'ont nourri les années précédentes.