dimanche 30 avril 2006

Journées d'Amitié.

Les Journées d'Amitié, communément appelées J.A., sont une institution. Une soixantaine de jeunes s'y retrouvent pour vivre ensemble trois jours durant : prière, partage, détente, réflexion sur leur vie et sur les textes de l'Ecriture.

Chaque année, les mêmes échos en reviennent de la part des parents : ceux qui participent aux J.A. s'en trouvent meilleurs. Je me suis souvent demandé pourquoi. Je trouve toujours les mêmes réponses : la vie commune, la prière, l'occasion de prendre du recul par rapport aux occupations ordinaires, le dialogue avec des aînés, la découverte de la Parole de Dieu et de sa force vivifiante, tout cela rejoint si profondément notre désir que la vie en est comblée.

Cette année, j'ai été particulièrement marqué par la célébration du sacrement du Pardon. Ce qui est alors confié rejoint le plus vrai, le plus sincère de nous-mêmes. Il n'est pas rare de voir des larmes couler. Le pardon donné est alors une joie immense et libératrice.

Marquantes également, les souffrances de beaucoup. Elles sont souvent occasionnées par des ruptures familiales. Telle est la première précarité dont souffrent les jeunes : celle de la situation conjugale de leurs parents. Leur aspiration à la stabilité est ici, et peut-être irrémédiablement, contrariée. Comment rêver de construire une vie dans la continuité, alors que cette continuité première, sur laquelle se construisent toutes les autres, n'est plus ? Comment pardonner, alors que la confiance est rompue ?

dimanche 23 avril 2006

Pâques.

J'ai pris du retard : la semaine dernière, nous avons fêté Pâques. Il fallait quand même que je vous dise qu'il y avait vraiment beaucoup de monde. A Sainte-Bernadette, 600 personnes à la veillée, autant le jour de Pâques. Plus de deux heures de célébration le samedi, et tout le monde m'a dit n'avoir pas vu le temps passer. A Saint-Apollinaire, une petite foule debout dehors faute de place à l'intérieur. Une dame d'un certain âge m'a engueulé : tous ces gens qui ne viennent jamais le dimanche et qui aujourd'hui lui ont pris sa chaise... Avec ce genre de réflexion, pas étonnant que les plus jeunes préfèrent rester au lit.

Nous avons célébré une dizaine de baptêmes ce week-end là. Cinq jeunes le samedi pendant la veillée.

Cela me rappelle mes petites messes de semaine dans mon village pendant les mois d'été : à peine l'église est-elle ouverte, on entend le bruit des piécettes qui tombent dans le tronc, les cierges s'allument, une vieille dame vient me voir à la sacristie pour savoir s'il y a une intention pour ce jour-là. Impression (trompeuse ?) que tout cela ne finira jamais.
Retour sur terre.

Pas évident de revenir à Dijon après quelques jours de vacances à Londres.

Ce qui saute aux yeux là-bas : l'incroyable dynamisme d'une ville où tout semble possible. Il paraît qu'il y a trois pour cent de chômeurs seulement, et ça se sent. Ca grouille de gens de toutes les couleurs.

J'ai revu Shyamal. L'étudiant mauricien un peu bohême que j'avais laissé il y a deux ans s'est transformé en un élégant gentleman de vingt-six ans. Il travaille dans un cabinet de consultants spécialisés dans les conseils aux partis politiques et aux gouvernements des pays émergents d'Europe de l'Est. Je n'avais jamais entendu parler d'un métier de ce genre auparavant ; il semble que ce soit une spécialité anglo-saxonne. C'est ainsi que se diffuse partout dans le monde une certaine manière de penser.

Shyamal est francophone. Il se sentait autrefois proche de notre culture et de notre mode de vie. Mais il n'est pas Français, et les portes de notre pays ne se sont jamais ouvertes pour lui. Il contribue aujourd'hui à la prospérité britannique. Dans un an, il sera sujet de sa gracieuse majesté. Combien de jeunes des pays du Sud se sont-ils vus ainsi refuser l'entrée de notre continent ?

jeudi 13 avril 2006


L'évangile selon Judas.

C'est une habitude : chaque année à Pâques, les médias découvrent l'existence d'un évangile caché. Cette année, c'est au tour de Judas. Un petit tour sur le web suffit à se rendre compte qu'il s'agit d'une opération de com menée de main de maître par le National Geographic, auteur d'un film sur la découverte de la version la plus ancienne d'un document qui était déjà cité par Saint Irénée au II° siècle...
Pour avoir la version anglaise : il faut la télécharger. Heureusement, ce n'est pas long... Car ce genre de littérature est en général terriblement ennuyeux.
Si vous voulez un aperçu du film, qui sera visible sur France 5 les 16 avril et 5 mai, vous en trouverez la bande-annonce : ça fait envie, c'est vrai. Ils sont forts ces américains.
Cailloux.

Il y avait longtemps : les bus ont commencé à nouveau à essuyer des jets de pierre dans le quartier. C'est drôle, depuis le mois de novembre, il ne se passait plus rien...

J'ai tout de même assisté, depuis ma fenêtre, en sept ans, à :
- l'attaque du commissariat (voiture-bélier)
- l'attaque du supermarché (voiture-bélier, coktails molotovs)
- l'attaque de la mairie annexe (rues barrée à ses deux extrémités par des voitures et assaut mené par un trentaine de jeunes qui ont mis le feu)
- pas mal de bagarres
- les incendies de la plupart des magasins du centre commercial
- plusieurs hold-up, à la poste et au Crédit agricole

Plus lointainement, les collèges et la MJC ont aussi été la cible de violences (tentatives d'incendie), ainsi que le bureau des assistantes sociales.

mercredi 12 avril 2006

Dynamique du provisoire.

C'est le titre d'un des livres sans doute les plus marquants de Roger Schutz, le prieur de Taizé. Ce pourrait être celui du sociologue américain Richard Sennett, La culture du nouveau capitalisme ; un "nouveau capitalisme" dont les secteurs de pointe entretiennent et diffusent dans tous les secteurs de la société une culture nouvelle, celle que l'on sent affleurer à chaque fois que de jeunes parents, de futurs mariés, viennent préparer leur mariage ou le baptême de leur enfant. Liberté y rime avec instabilité, attachement avec dépendance néfaste, autorité avec inégalité et arbitraire, institution avec lourdeur... Dans ce monde d'immédiateté, dans cette priorité donnée à l'aujourd'hui sur le passé (pesant) et l'avenir (incertain), le christianisme aura de plus en plus de mal à proposer la fidélité pour toute la vie, l'éducation chrétienne des enfants, la foi comme choix de vie dans la radicalité de la suite de Jésus. Pas seulement le christianisme d'ailleurs : mais tout ce que notre vision du monde comporte d'amour de la stabilité, de respect de l'expérience - dans combien d'entreprise l'expérience des anciens est-elle aujourd'hui perçue comme un atout ? - et de désir d'entretenir des relations longues.
Messe chrismale.

Hier soir, messe chrismale : tous les prêtres du diocèse -enfin quasiment- se retrouvent chaque année dans une cathédrale archi-comble.
Si le nombre est un indicateur de succès : pas de problème, il y a encore du monde dans les églises. Pourquoi "encore" finalement ? A chaque fois qu'on dit ça, on sous-entend que c'est bientôt la fin... Il y a du monde et puis c'est tout. Du monde de tous âges, de tous milieux.
Du monde qui est toujours frappé par le nombre de prêtres : "on dit qu'il n'y en a plus, mais ce n'est pas vrai !"
Je pense au titre du "Bien Public" il y a quelques années, à l'occasion de la venue d'Arlette Laguiller à Dijon : "Trois cents personnes pour écouter Arlette Laguiller". Il y avait bien plus de monde hier soir pour écouter la Parole de Dieu.

mardi 11 avril 2006

Rameaux et Passion

Dimanche des Rameaux : les foules se pressent à l'entrée de l'église. De pauvres gens du quartier en profitent pour se faire un peu d'argent de poche en vendant du buis. Les scouts, tout catholiques qu'ils soient, arrivent un quart d'heure à l'avance, déballent leur matériel sur le trottoir, et filent une fois leurs sous empochés. A peine la bénédiction terminée, le tiers de l'assemblée, venue de nulle part, retourne à ce nulle part. Et moi, comme chaque année, je peste : l'année prochaine, on fera la bénédiction à la fin de la messe.

vendredi 7 avril 2006

Tout un programme

Dialogue avec un petit garçon d'une dizaine d'années:
- Est-ce que tu es baptisé ?
- Je ne sais pas...
- Mais tu es chrétien ?
- Non, je suis protestant.
- Les protestants sont des chrétiens... Sais-tu ce que c'est qu'un Protestant ?
- C'est quelqu'un qui proteste !
- Mais contre qui ?
- Contre les Catholiques.