samedi 29 mai 2010

Provocation anti-laïque.


Ces derniers temps, une croix a été apposée sur les grilles de la mairie de Dijon, par les soins des services municipaux semble-t-il.

Aucune protestation n'a encore été enregistrée à ce jour, le climat se ferait-il meilleur pour les chrétiens ?

samedi 22 mai 2010

Petit curé.



Vous l'avez reconnu ?

Un (petit) pas en arrière pour l'humanité.

Quatre flacons, une cellule vidée de son ADN (on n'est pas encore arrivé à la reconstituer complètement, mais ça viendra), et le tour est joué : une équipe de scientifiques américains vient d'annoncer au monde qu'elle avait réussi à créer une cellule vivante artificielle.

Pas d'affolement, il paraît que Craig Venter, inventeur de cette nouvelle technologie, a déjà défrayé la chronique par des effets d'annonce spectaculaires ; et que, finalement, toute la cellule n'a pas été créée artificiellement. Mais tout de même, on peut se poser deux ou trois questions.

La première, la plus immédiate : tout ça, c'est pour de l'argent, encore plus que pour le plaisir de la recherche. Car voilà belle lurette que le brevet a été déposé, qui permettra à M. Venter de percevoir, sa vie durant, les royalties de toute création de cellule vivante à venir (sauf, heureusement, les cellules venues naturellement, mais où est la limite entre nature et technologie ?). L'argent comme moteur de la recherche, voilà un principe éthique un peu court.

La deuxième, à plus long terme : la boîte de Pandore s'ouvre de plus en plus. Craig Venter ne s'y trompe pas, lui qui voit dans sa découverte "une étape importante scientifiquement et philosophiquement". Dans sa bouche, l'expression n'est sans doute destinée qu'à donner une plus-value financière à ses travaux. Elle est en même temps terriblement vraie : les implications technologiques sont infinies (pour le meilleur, certes, mais aussi pour le pire), et les présupposés philosophiques qui la sous-tendent (la nature est quelque chose d'imparfait que nous devons et pouvons réparer pour qu'elle corresponde mieux aux attentes de l'humanité) extrêmement discutables, mais jamais discutés.

Quelques liens pour prolonger la réflexion :
ETC, un organisme américain préoccupé d'éthique.
Vivagora, le même genre mais en français.

jeudi 20 mai 2010

Phobies.

Chaque époque a ses phobies, qui durent ce que dure l'époque. Quand j'étais petit, c'était le spectre de la guerre nucléaire -ah, le vieux prof d'histoire qui ne manquait jamais une occasion de nous annoncer la venue prochaine des chars russes dans la rue de la Liberté ! Aujourd'hui, c'est tout ce qui tourne autour de l'intolérance, avec de temps en temps une journée mondiale pour alerter l'opinion, et d'amicales pressions pour signer des pétitions et inonder la blogosphère, la facebooksphère et la twittosphère.

Dernièrement, j'ai résisté aux pressions : je ne me voyais pas participer à une campagne médiatique initiée par des mouvements dont le fonds de commerce est l'anticléricalisme le plus mesquin. Mais je n'ai pu m'empêcher de me demander : à quand une journée mondiale contre l'anticléricalisme et la cathophobie ? Car j'en ai marre d'entendre des gens ricaner quand je sors de mon église revêtu des modestes insignes de mon état ecclésiastique. Marre, plus encore, d'entendre tant de témoignages de jeunes catholiques qui se plaignent de l'intolérance de leurs petits camarades de cours. Antisémitisme, racisme, homophobie, anticléricalisme et cathophobie, ce sont les mêmes mécanismes qui sont en oeuvre et qui nient à l'autre le droit d'exister tel qu'il est. Mais, comme me le disait une étudiante tout récemment : ça, on n'a pas le droit de le dire. Il y a là plus que de l'intolérance : un manque de respect, inquiétant pour l'avenir de notre vivre ensemble.

mardi 11 mai 2010

Un polar qui tombe à point nommé.

Pas la peine de se payer une agence de pub, le Saint-Esprit fait très bien le boulot quand ça vaut le coup : au moment où des journalistes de France 2, en prenant quelques libertés avec l'éthique professionnelle, infiltrent une école liée à la communauté traditionaliste bordelaise du Bon Pasteur, le père Francis Ayliès, curé d'une paroisse populaire de la même ville, sort chez JC Lattès Le corps du crime, roman policier qui met en scène la rivalité entre catholiques intégristes et partisans de l'"Eglise de Vatican II".

Rien à dire encore sur le roman, que je n'ai pas lu... Mais un confrère qui publie, ça vaut bien un petit coup de pub. Une interview dans Sud-Ouest, le quotidien aquitain, ne donne pas l'impression que le P. Ayliès regarde d'un très bon oeil ce qui se passe à Saint-Eloi et aux alentours. Il faut dire que le clergé de Gironde n'a pas été tendre, ces temps-ci, pour les prêtres du Bon Pasteur. A Bordeaux sur France 2, à Dijon dans La Gazette : les écoles traditionalistes seraient-elles dans le collimateur des médias ? De mon côté, je persiste : c'est bien beau de dire que les tradis ne sont pas gentils, mais qui se donne vraiment la peine de se demander pourquoi on en voit tant ?

samedi 8 mai 2010

Quelle menace, au juste ?

La semaine dernière, une vingtaine de jeunes de collège se retrouvaient à la paroisse pour préparer leur profession de foi. Qui dit "profession de foi" dit évidemment affirmation de convictions religieuses. Et là, la discussion s'enflamme : de l'avis de tous ceux qui sont présents, il est interdit d'aborder cette question dans l'enceinte de l'établissement. Le principal obstacle, c'est bien sûr l'attitude des copains qui se moquent. Mais il en est un autre : celle des enseignants, qui exigent que disparaisse absolument tout signe d'appartenance religieuse, aussi discret soit-il. On demande donc aux élèves de dissimuler médailles de baptême et petites croix portées en souvenir de la grand-mère qui les a offertes ; inutile de préciser que cela n'est pas exigé pour les signes du zodiaque de plus en plus souvent arborés par les innombrables convaincus des horoscopes. Par contre, il est utile de rappeler que ces exigences sont contraires à la loi et à sa circulaire d'application, qui autorisent absolument les signes religieux discrets.

A l'intolérance des jeunes fait donc pendant celle des adultes, qui préparent ainsi l'intolérance de la société de demain. Quoi de plus naturel, en effet, que de faire de l'école l'atelier dans lequel se prépare l'avenir de notre vivre ensemble ? Un jeune père de famille, baptisé il y a trois ans, me confiait son inquiétude pour sa petite fille, pas encore scolarisée : "Je ne veux pas qu'elle ait honte, plus tard, d'être baptisée". C'est pourtant la situation dans laquelle se trouvent, hélas, bien des jeunes scolarisés aujourd'hui dans l'enseignement public.

Ce qu'en pense l'association des maires de France.

jeudi 6 mai 2010

Laïcité en danger ?

Pour celles et ceux qui ont envie de voir bouger l'auteur de ce blog, éternellement figé dans une photo prise à Londres il y a quelques années, rendez-vous sur Voo.tv, la télé de Dijon qui a commencé d'émettre il y a quelques mois, pour un débat sur la laïcité auquel ont participé également Alain-Noël Dubart, grand-maître de la Grande Loge de France, et Lionel Fourré, président du club Lamartine (institution dijonnaise).

Apparemment, les journalistes ont été surpris de l'accord plutôt large entre les vues du grand-maître et celles de l'ecclésiastique de service... Peut-être qu'ils ne nous ont pas suffisamment titillés ? Lorsqu'un franc-maçon de haut rang rencontre un ecclésiastique retors, il faut avoir l'oreille fine pour saisir tous les sous-entendus. Juste une précision, que je n'ai pas eu le temps d'apporter : ça surprendra peut-être tout le monde, mais les remises en cause les plus fortes de la loi de 1905 sont venues de l'Eglise réformée de France... et non des catholiques, ni des musulmans (qui en tant que tels n'ont d'ailleurs pu faire entendre leur voix, puisqu'ils n'existaient pas en tant qu'institution comme c'est le cas aujourd'hui).

Pour compléter le tout, La Gazette de Côte d'Or titre sur l'un des reportages diffusés dans cette émission, et réalisés par l'équipe d'Emmanuel Razavi, talentueux journaliste plus familier des montagnes afghanes que des rues dijonnaises : une enquête sur l'école lefebvriste de Dijon. De fait, si toutes les écoles catholiques étaient comme celle-là, la laïcité serait sans doute en danger. Mais comment comparer un petit groupe de quelques dizaines d'élèves avec les milliers de jeunes scolarisés dans l'enseignement catholique sous contrat en Côte d'Or ? Il manquait une chose à cette émission : rappeler que les coups de projecteur lancés sur les femmes qui portent la burqa sont arrivés fort opportunément au moment où la majorité présidentielle a essuyé une cuisante défaite électorale...

L'article de Jérémie Demay sur l'école lefebvriste de Dijon