Nombreuses réactions suites au billet sur l'
espérance posté ce 15 mai.
Pourquoi les jeunes Français paraissent-ils aussi désespérés, en comparaison des autres pays et bien qu'ils fassent partie des rares populations extrêmement favorisées de la planète ?
Je me risque à une explication : c'est que notre pays est touché, plus que d'autres, par le
désenchantement du monde annoncé au siècle dernier par Max Weber. Il est le premier en Europe, et le seul à persister dans cette voie, à avoir donné à la modernité - rupture avec le passé, critique radicale de la religion - une expression politique, qui persiste aujourd'hui sous la forme particulière de laïcité que nous connaissons ; et qui se manifeste par une volonté, affirmée publiquement dans de nombreux milieux et parfois même utilisée comme un argument politique, de réduire la vie religieuse à l'espace purement privé. Cette volonté pouvait se comprendre lors de la première affirmation de la modernité, où il s'agissait de sortir d'un religieux omniprésent. Elle ne saurait se justifier aujourd'hui, car nous sommes plongés dans une seconde modernité, qui critique les institutions créées en remplacement du monde précédent : école, famille, Etat... La religion que critiquent les intégristes de la laïcité est morte.
En cette seconde étape des temps modernes, à chacun de se construire son propre système de valeurs, ses convictions et, en dernière analyse, sa destinée. Un tel effort n'est possible que pour ceux qui ont la chance de pouvoir s'appuyer sur des bases solides, sur une éducation qui leur permet d'aller de l'avant. La foi chrétienne est ainsi un bagage précieux pour ceux qui l'ont reçue. Décourager des jeunes de la vivre n'est pas un service à rendre à la société.