
Il y a trente ans - lorsque je suis entré au séminaire - il y avait dans l'agglomération dijonnaise une quinzaine d'églises, un temple et un ou deux groupements que l'on appelait alors des "sectes". Il faut y ajouter aujourd'hui six églises évangéliques, douze dans toute la Côte d'Or, 52 en Bourgogne ! plus les orthodoxes (deux paroisses), les mormons et les témoins de Jéhovah. Certaines assemblées sont très confidentielles, d'autres extrêmement vivantes. Elles en disent long sur les transformations du religieux au XXI° siècle ; et sans doute aussi sur les insuffisances de nos vieilles Eglises.
Du plus clair au plus foncé, la carte indique l'implantation des Evangéliques dans notre pays. Pour plus de détails, il est possible de se renseigner sur le site Eglises.org, qui recense ces communautés.
Quel enseignement tirer de cette prolifération ? Déjà, que la France n'est pas à l'écart -même si elle est moins concernée que d'autres pays - de l'explosion des Evangéliques dans le monde : à Kinshasa par exemple, dire qu'il y a une Eglise de ce type à tous les coins de rue n'est pas une exagération ; dans le monde, ce sont six cent millions de fidèles qui se réclament de cette mouvance du christianisme. Ensuite, que l'on ne saurait se satisfaire d'explications trop faciles, du genre "ce sont des sectes", ou "ils abusent de la crédulité des gens" : il suffit de s'entretenir avec tel ou tel membre d'une Eglise évangélique pour s'en rendre compte, les Evangéliques savent parler au coeur de leurs disciples. Ils ont compris cette réalité fondamentale, que Jean Mouroux au séminaire de Dijon avait pourtant énoncé dès les années cinquante : aujourd'hui, avant d'être un savoir ou un ensemble de certitudes, la foi est une expérience.
Question : les catholiques d'aujourd'hui sont-ils conscients que, lorsqu'il s'agit de transmettre la foi, il est d'abord question de donner à faire une expérience du divin ?