vendredi 4 novembre 2011

Tous saints ?


Ce matin, grande première : dans le cadre de l'heure d'échange (je crois que ça s'appelle comme ça), je devais intervenir devant deux classes de 4T (quatrième technologique) pour leur parler de la Toussaint. A huit heures. Du matin. Les profs sont sans pitié.

En entrant dans la classe, je me demandais ce que j'allais bien pouvoir dire à ces ados pour les intéresser. En sortant, je me suis dit : "Pari gagné..." On a passé deux fois une heure à parler, peut-être pas de Dieu, mais au moins de ses saints, du christianisme, de sa place dans la France d'aujourd'hui et dans le monde. Car les saints sont bien présents dans notre pays, plus encore peut-être que Dieu : tout le monde (enfin les baptisés) a un saint patron, c'est fou d'ailleurs ce que ça les a intéressés, ces jeunes, d'en savoir un peu plus sur celui dont ils portent le nom ; tous les villages ont des églises consacrées à un saint particulier, et certains s'appellent eux-mêmes Saint quelque chose. Comme quoi, quand on parle du christianisme, ça aide à mieux se connaître et à comprendre le monde dans lequel on vit.

A midi, je retrouve par hasard un ami perdu de vue depuis quelque temps. Il s'étonne de ce temps d'échange, dans lequel on ne présente que le christianisme : n'est-ce pas irrespectueux d'une laïcité qui impose que les différentes religions soient traitées sur un pied d'égalité ? n'est-ce pas intéressant de connaître également l'islam ? le judaïsme ?

A la réflexion, je réponds : non. Enfin, si, c'est intéressant ; mais pas aussi important. Car l'objectif de ces temps d'échange n'est pas d'abord une ouverture au religieux ; il est de faire prendre conscience de l'importance du religieux dans le monde dans lequel nous vivons, et du coup d'aider à la compréhension de ce monde. Bien sûr que l'islam a sa place dans ce pays. Mais il marque infiniment moins nos manières de vivre. Connaître l'islam pour un chrétien (un agnostique, un athée), c'est s'intéresser à l'autre, ce qui est honorable ; c'est peut-être aussi comprendre mieux un bon nombre de nos compatriotes, dont les manières de vivre et de penser sont influencés par lui. Quoiqu'on en dise, ce n'est pas mieux connaître la France que de mettre sur un pied d'égalité des religions qui n'ont pas la même importance pour comprendre la culture de ce pays-ci. Je dirais même plus : c'est fausser notre regard.

Une anecdote pour conclure : cet été, mon neveu sert la messe du 15 août. Avant de sortir de la sacristie, pris d'un scrupule, il se tourne vers moi et me demande : "C'est une église ou une synagogue ?" Ses parents m'ont expliqué qu'il avait eu, en catéchèse, une année où on avait beaucoup insisté sur la connaissance des différentes religions. Cette manière de faire l'avait peut-être éveillé à l'importance du dialogue inter-religieux, mais ne l'avait apparemment pas aidé à comprendre ce qui se passait dans son propre monde.

4 commentaires:

dominique de terminale a dit…

L'intelligence est d'accueillir l'intelligence d'autrui, car autrui par sa richesse m'enrichit...

Anonyme a dit…

le mot SAINT A ÉTÉ banni de notre TV service public depuis longtemps . A ce qu'il paraît , mais c'est peut-être un canular, les journalistes de la BBC ne doivent plus dire 100 avant Jésus Christ, mais 100ans avant l'ère moderne .MADO

JJ Bertrand a dit…

post repris dans www.scoop.it/t/christian-theology

Anonyme a dit…
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