En ce 8 décembre, les Dijonnais sont pour la seconde fois invités à processionner entre la cathédrale et l'église Notre-Dame. On s'attend à ce qu'il y ait du monde. Marie fait recette auprès des catholiques.
En ce 8 décembre, pour les prêtres, il va falloir se lancer dans un exercice pas facile. Ne pas se contenter de répéter platement les énoncés dogmatiques, mais donner à goûter le mystère, faire comprendre pourquoi on parle ainsi de Marie dans notre Église (et pas dans d'autres traditions chrétiennes), dire en quoi cette fête concerne de si près notre vie d'hommes et de femmes. C'est ce que tentent, par exemple, Aleteia, ou encore ce chapelain de Lourdes sur Youtube.
Difficile exercice, qui passe souvent par le déminage d'un terrain encombré de fantasmes : non, l'Immaculée Conception ne signifie pas que Jésus ait été conçu sans que sa mère ait commis de péché (comprenez : de chair), comme je l'ai si souvent entendu dire. Non, le dogme ne fait pas de Marie une créature au-dessus de toutes les autres, superwoman avant la lettre.
L'Immaculée Conception nous renvoie d'abord à notre propre existence : à nous, disciples du Christ, qui voudrions donner chair à la Parole de Dieu, l'incarner à notre manière ; et qui faisons alors l'amère expérience de notre péché, c'est-à-dire de notre impuissance. A nous tout seuls, nous ne pouvons faire de cette Parole une parole vivante, incarnée. Je voudrais faire le bien, dit Paul, mais sans le Christ, j'en suis incapable à moi tout seul. Sans lui, nous ne pouvons rien faire.
Une femme fait exception : Marie, qui donne, au sens propre, chair à la Parole de Dieu. Cette Parole, elle l'accueille sans que rien ne vienne entraver son "oui", avec une telle vérité qu'elle fait naître en elle la Vie.
D'où vient que Marie ait pu dire "oui" de cette manière ? L'Immaculée Conception est la réponse à cette question : avant même l'arrivée de Jésus, celui qui donne la grâce, Marie a reçu de Dieu la force qui manque à son humanité pour donner vie à la Parole. L'énoncé dogmatique, dans la précision de ses concepts, nous dit : "Elle a été préservée du péché des origines".
Formidable Marie, donc ? Humble servante, plutôt : car ce qui rend possible l'accueil de la Parole, c'est l'humilité et l'obéissance. Loin de faire de Marie une femme différente de nous, son histoire nous dit que Dieu ne peut venir en nous si nous ne lui faisons pas un peu de place. Telle est la leçon pour nous de la fête de l'Immaculée : avec la grâce de Dieu, à condition de nous effacer devant Lui, nous pouvons, nous aussi, donner chair et vie à la Parole.
10 commentaires:
Un début de réponse à une des grandes questions. Tu as le don pour expliquer l'inexplicable, un vrai Jamy du catholicisme! A approfondir avec mon accompagnatrice de cathéchuménat, et avec toi!
Merci pour cette méditation .On peut réciter le Je vous salue Marie en pensant que les paroles de l'ange Gabriel nous sont adressées .Pour que :_ Esprit d'Amour...survenez en moi afin qu'il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe, que je Lui sois un humanité de surcroît . _nous dit Elizabeth de la Trinité MADO
Etonnant que les sites intégristes (tridentins)(a commentaires fermés) tiennent la compta des évêques qui organisent cette procession à la VIERGE et leurs distribuent des bons points.
L'immaculée conception est cependant le fruit, comme l'infaillibilité papale, d'un concile suivant bien longtemps après celui de Trente(Vatican) non achevé dont les dogmes ont été votés par les quelques cardinaux n'ayant pas encore pris la fuite (les français et les troupes de Napoleon III qui les protégeaient étaient déjà partis dont Mgr DUPALOUP)devant les Garibaldiens.
Très respectueusement.
J.BRUNO
Désolé j'ai du écrire au sujet du concile Vatican I évêques au lieu de cardinaux. Si vous pouvez corriger...
J. BRUNO
Bonjour l'abbé
Je suis athée, la chose qui me révulse le plus chez les chrétiens c'est bien la notion de péché originel. L'immaculée conception est bien en rapport avec ce concept. comment culpabiliser, dès la naissance, un enfant ? Il est des notions dans votre religion qui conduisent à la transgression, rien que pour voir...
@ J. Bruno : j'ignorais cette comptabilité idiote, mais qu'est-ce que ça peut faire ?
A ma connaissance, l'immaculée conception n'a pas été proclamée par un concile, mais par le pape Pie IX en 1854, à la suite d'une consultation des évêques (mais je ne pense pas que cette précision change grand-chose à votre avis sur la question...). Cette proclamation a été l'occasion de définir un dogme dont le contenu était pour le moins fluctuant.
@ jeanmi :
Votre intervention est intéressante et me donne envie d'écrire sur le péché originel. Tout en respectant vos convictions athées, je pense que la connaissance que vous en avez ne correspond pas aux énoncés de la foi catholique. Rendez-vous donc sur un prochain billet...
J'apprécie votre façon simple et claire de parler de Marie et d'expliquer le dogme de l'Immaculée Conception.
@ Emilie Taglione : un "Jamy du Catholicisme" ? Hi hi, il y a un peu de ça, oui. D'ailleurs, la foi catholique, c'est pas sorcier ! ;-)
Loin de faire de Marie une femme différente de nous, …
Vous l'affirmez et j'en suis persuadée mais j'aimerais le comprendre et pouvoir l'expliquer !!! Car nos frères orthodoxes (et Saint Thomas d'Aquin avant eux)
"avant même l'arrivée de Jésus, celui qui donne la grâce, Marie a reçu de Dieu la force qui manque à son humanité pour donner vie à la Parole. L'énoncé dogmatique, dans la précision de ses concepts, nous dit : "Elle a été préservée du péché des origines"."
Je le pense aussi, ne serait-ce qu'en raison des apparitions de la Vierge à Lourdes.
Mais nous qui avons été lavés du péché originel après l'arrivée de Jésus (lavés me semblant différent de préservés), nous en avons gardé des séquelles.
Catéchisme de l'Église catholique En conséquence du péché originel, la nature humaine est affaiblie dans ses forces, soumise à l’ignorance, à la souffrance et à la domination de la mort, et inclinée au péché (inclination appelée " concupiscence ").
Et nous sommes toujours "sans force" devant le péché.
Rm 7, 19 19 Je ne réalise pas le bien que je voudrais, mais je fais le mal que je ne voudrais pas.
Et si Marie a été préservée du péché originel, indemne de concupiscence, cela constitue quand même une grande différence. Elle est "la nouvelle Éve" et nous sommes toujours des "fils d'Adam".
Bonjour,
J'ai déjà envoyé un commentaire mais il n'apparaît toujours pas et je me demande s'il vous est parvenu.
Je m'interrogeais sur la différence et sur les raisons de la différence existant entre Marie et les chrétiens baptisés , à savoir l'absence de séquelles du péché originel, l'absence de concupiscence, alors que les chrétiens baptisés après la résurrection du Christ en Qui nous est donné le salut ne sont pas exempts de cette concupiscence. Je suppose que nous en serons définitivement délivrés dans la vie éternelle ou qu'il faut que nous en soyons délivrés pour avoir la vie éternelle et qu'il nous est au moins donné la force, la grâce, pour y résister. mais j'avoue avoir "un peu de mal" avec ce dogme de l'Immaculée-Conception et comprendre les critiques des orthodoxes qui sont justement attachés au fait que Marie ait pu consentir à la volonté de Dieu sans être différente de nous pour que nous soyons assurés d'avoir également la force de consentir.
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