Tunisie, Égypte, Libye, Syrie, Yémen... Toutes les caméras de télévision sont braquées sur le nord de l'Afrique. Pendant ce temps, d'autres sont tranquilles pour faire leurs petites affaires. En Côte d'Ivoire, un homme, élu Président dans des conditions plus que douteuses en 2000, s'accroche à un pouvoir qu'il aurait dû quitter en 2005. Cinq ans durant, il avait réussi à repousser l'échéance électorale suivante, car il savait qu'il allait la perdre. Maintenant qu'il a vraiment perdu, il refuse de quitter son poste. Pour se maintenir au pouvoir, il essaye de faire ce que d'autres avant lui ont fait ailleurs : précipiter son pays dans la guerre. C'est chose faite.Il y a quelques semaine, François (je donne un prénom d'emprunt) nous avait envoyé des photos d'enfants seuls, perdus dans les rues de la capitale ivoirienne. François a une trentaine d'années, il vivote avec ses petites sœurs à Abobo, quartier supposé anti-gbagbiste. Lui, préfère ne pas se mêler de politique : fils d'un haut fonctionnaire du gouvernement précédent, il sait qu'il vaut mieux se faire oublier s'il veut survivre. La semaine dernière, alors qu'il sortait de l'hôpital où il était allé se faire opérer de l'appendicite, des mercenaires de Gbagbo l'ont roué de coup et laissé pour mort. Il a fallu le réopérer (à chaque fois, c'est près de trois cents euros qu'il faut débourser, plus les soins, le loyer de la chambre d'hôpital...). Nous nous sommes téléphonés ce matin : il est rentré chez lui, car il sait qu'en cas de nouvelle attaque des forces "gouvernementales", les hôpitaux seront pris pour cibles. Il ne peut compter, pour guérir, que sur sa robuste constitution, car il n'y a plus de médicaments à Abobo, qui se vide petit à petit de ses habitants.
C'est ça, la guerre. De petites gens qui souffrent pour rien.
6 commentaires:
" Quand les éléphants se battent,ce sont les fourmis qui trinquent "
proverbe envoyé du Mali.
Dans cette guerre qui dit son nom,
que François vive, subsiste,
et tant d'autres de part le monde.
M-Th
On nous offre le plus spectaculaire pour faire de l'audience et nous détourner des autres problèmes existants comme ceux que vous citez. La médiatisation de certains évènements sert à en masquer d'autres ou à les réduire.
Merci de nous faire part de cette situation terrifiante en Côte d'Ivoire.
Ce pays n'a peut être pas assez de pétrole aux yeux du monde capitaliste pour qu'il s'intéresse de près à cette situation de guerre anti-démocratique...
Pile quand je publie ce billet, "La Croix" fait sa "une" sur la Côte-d'Ivoire :
http://www.la-croix.com/La-longue-route-des-deplaces-d-Abidjan/article/2460116/4077
On parle d'élection démocratique de Ouattara... Il a pourtant autant triché que Gbagbo. Je ne suis pas sûr de ce qu'il faut choisir entre la peste et le choléra. La légitimité qu'on donne à Ouattara est surtout proportionnelle à la défiance qu'on a envers Gbagbo, et elle n'est pas forcément corrélée aux résultats d'élections de toute façon fraudées par tous.
Alors, que faire ? Peut-on réellement rêver de démocratie dans ces pays ? D'élection libres, sans fraude ? Je n'y crois pas. Je ne suis pas sûr que cela arrive dans des jours proches. En conséquence, que ce soit un dictateur ou l'autre, ce sera toujours une dictature.
Je pense que les médias français couvrent biens les évènements en Côte d'ivoire; ce sont surtout les médians anglophones qui n'en parlent pas, ne se sentant pas assez concernés.
Par rapport à la bataille entre Gbagbo et Ouattara, il est vrai que la légitimité d'Outtara est largement surestimée dû à la réputation de M. Gbagbo, Je pense que la Côte d'Ivoire va mettre plus longtemps pour devenir un pays réellement démcoratique.
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