On a fêté il y a quelques jours le dixième anniversaire de la loi prohibant le port de signes religieux ostensibles à l'école. Bien peu ont alors rappelé ce qui avait été une conséquence importante de cette décision : l'exclusion d'élèves voilées a provoqué l'ouverture d'établissements musulmans d'enseignement. Le premier d'entre eux, le lycée Averroes de Lille, rassemble aujourd'hui plus de quatre cents élèves. Il est sous contrat avec l'Etat, comme d'autres établissements du même type (ils sont une vingtaine en France).
Les écoles privées musulmanes viennent de franchir une nouvelle étape, essentielle pour leur avenir - et pour celui de l'Islam en France : elles se sont constituées en Fédération nationale, ce qui permet aux nouveaux établissement de s'ouvrir plus facilement et d'être mieux accompagnés à leurs débuts. Cette fédération devrait être leur interlocuteur unique devant le ministère de l'éducation nationale (l'absence d'un tel interlocuteur est la raison la plus souvent invoquée pour refuser un contrat d'association).
L'une des questions qui se posent pour les écoles musulmanes est celle de leur ouverture à tous. Cette ouverture est, certes, imposée par l'association avec l'Etat. Mais une chose est de la prévoir dans les textes, autre chose est la manière dont elle est effectivement vécue. Dans ce domaine, les traditions religieuses sont différentes. Du côté de l'enseignement catholique, l'ouverture à tous est une vieille habitude, qui découle de la nature même du christianisme ; il existe depuis fort longtemps, dans des pays où le christianisme est minoritaire, des écoles catholiques qui accueillent sans difficulté des élèves de confessions différentes. En France, certains établissements accueillent une majorité d'élèves musulmans, le nombre d'élèves non baptisés est partout en croissance exponentielle, et il est bien connu que les écoles catholiques sont loin d'être fréquentées uniquement par de bons petits chrétiens.
L'existence d'écoles musulmanes est souvent présentée comme un facteur d'intégration de la communauté islamique. Or, l'ouverture au reste de la société française est un élément essentiel de cette intégration - c'est parce que les écoles catholiques accueillent le même public qu'ailleurs qu'elles bénéficient d'une telle reconnaissance dans le paysage scolaire français. Il sera intéressant de voir comment les écoles musulmanes vont pratiquer cette ouverture.
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