lundi 31 décembre 2007
J'ai zappé Noël
J'ai rencontré hier un éducateur des Orphelins Apprentis d'Auteuil. Il se pose des questions sur l'augmentation du nombre de familles en graves difficultés, qui se traduit par un accroissement considérable d'inscrits dans les établissements gérés par son institution.
Je pense à cette famille que j'ai connue aux Grésilles : quatre enfants, quatre pères différents tous mariés par ailleurs, une maman qui exerçait dans son salon le plus vieux métier du monde sans aucune gêne vis-à-vis de moi, venu pour préparer la première communion de la plus grande. Le plus dur pour moi n'était pas d'admettre cette situation, mais de reconnaître que ces cinq-là formaient vraiment une famille. Et pourtant, pour eux, c'était une évidence.
vendredi 21 décembre 2007
De quoi les catholiques doivent-ils parler ?
- Les prises de position sur le travail du dimanche ne semblent pas emporter l'adhésion... Et ne font pas l'objet d'une diffusion spontanée de la part des catholiques... On ne peut pas dire en tout cas que les chrétiens soient écoutés sur ce sujet par celui qui leur demande de donner leur avis.
- Par contraste, une critique du film A la croisée des mondes, publiée sur le site de la Conférence des évêques, a été détournée de son but et utilisée comme une sévère mise en garde à l'intention des spectateurs éventuels... Et abondamment diffusée par courriel. Une note de l'Observatoire foi et culture met heureusement les choses au point... Au train où ça va, certains vont mettre les Fables de La Fontaine à l'index.
jeudi 20 décembre 2007
Une nouvelle religion ?
Un autre signe, qui me frappe beaucoup : l'argent que les municipalités sont prêtes à investir pour encourager la construction de centres commerciaux. Ce sont des millions d'euros qui ont été déboursés par la ville de Dijon pour permettre à Ikéa de s'installer : rénovation du réseau urbain alentour, création d'une ligne de bus... D'autres millions avaient été dépensés il y a quelques années pour le centre commercial de la Toison d'Or (et l'immense parc d'attractions qui n'a jamais fonctionné).
Par contraste, aucun parking devant l'église Saint-Pierre (d'où tellement de complications lors des cérémonies religieuses qui s'y déroulent), un terre-plein central devant sainte Jeanne-d'Arc, interdiction de stationner devant le centre Decourtray... Les églises, c'est le moins que l'on puisse dire, ne sont pas faciles d'accès ; aucune d'elle n'est d'ailleurs signalée par quelque panneau indicateur que ce soit. C'est sûr, il y a une préférence manifeste pour les uns, et un dédain évident des autres.
dimanche 16 décembre 2007
Droits des patients.
Comme ça se passe souvent comme ça, je me suis étonné : cette dame, hospitalisée depuis plusieurs semaines, n'avait-elle pas manifesté plus tôt le désir de rencontrer un prêtre ? Pourquoi n'avait-on pas contacté alors le service d'aumônerie ? C'est simplement, m'a-t-on dit, que les malades ne sont pas vraiment informés de leur droit d'être visités par un ministre de leur religion. Et comme ce qui gouverne les comportements, ce sont les souvenirs du catéchisme et les fantasmes véhiculés par les séries télévisées (l'extrême-onction juste avant de passer de l'autre côté), les familles attendent le dernier moment pour appeler le prêtre.
Je n'ai pas regretté, bien sûr, les instants passés en la compagnie des enfants de cette dame, qui était elle-même inconsciente. Mais je regrette qu'on ne lui ait pas proposé plus tôt de recevoir la visite qu'elle attendait.
mercredi 12 décembre 2007
Des nouvelles du Congo
De Mgr Laurent Monsengwo, nouvel archevêque de Kinshasa, les Congolais disent avec humour qu'il n'a pas l'habitude de garder ses pensées dans sa soutane... Beaucoup saluent la nomination d'un pasteur courageux, socialement et politiquement engagé au côtés de ceux qui veulent faire de la RDC une grande démocratie africaine.
Pour avoir un petit aperçu de la biographie du nouvel arrivant :
Digitalcongo.net
Et bien sûr le site de La Croix
mardi 11 décembre 2007
Suite de manif
Au bout du compte, les trois jeunes gens ont un délai de grâce, et la préfecture s'engage à réexaminer les situations.
samedi 8 décembre 2007
Dernière minute : la France menacée par trois jeunes Congolais.
Saint-Simon disait qu'à son époque, la manière la plus efficace d'être tué était le ridicule. Je pense que notre gouvernement est déjà mort. La France y survira-t-elle ? Pour tous ceux qui veulent la sauver, rendez-vous lundi 10 heures à Dijon devant la préfecture.
Pour plus de détails, Le Bien Public d'hier.
mardi 4 décembre 2007
Un homme moderne.
Depuis qu’on ne s’est pas revus, il n’a pas changé : même allure juvénile, même regard franc, même sourire lumineux. Pourtant, dans l’entre-deux, Joe a vécu des ruptures affectives, pris des distances avec sa famille, connu des difficultés de santé. Il a mûri, sans que cela se voie.
A la table de ce café de la place du Châtelet, nous reprenons le fil d'une conversation vieille de six ans. Au-dehors, les façades dorées des quais de Seine. La pluie, aussi, la sale pluie de la nuit parisienne, gouttes d'argent aveuglantes qui vous enveloppent d'un suaire glacé.On se donne des nouvelles. Sa vie, c'est lui qui veut la construire, à son idée. Tout y est toujours susceptible de remise en cause. Il recommence en ce moment sa vie sentimentale, envisage de construire une autre carrière professionnelle, plus conforme à ce qu’il pense comprendre de ses aspirations profondes. A trente ans, il se demande s’il a vraiment commencé à vivre, tant les possibilités qui s’offrent lui paraissent infinies. Ses maîtres mots : authenticité, sincérité, cohérence. Un idéal si exigeant qu’il lui faut, souvent, trouver des occasions de s'étourdir, pour échapper à l'épuisement de cette recherche de lui-même.
samedi 1 décembre 2007
13 novembre 2007



Voilà, je suis dans la salle d’attente de l’aéroport, seul en face d’une terrasse qui surplombe les avions.
Nous déjeunons au Philosophat de Kinshasa, dans un grand parc dominant la ville, en compagnie du recteur et de l’équipe enseignante (au menu, les fameuses chenilles, dont on ne se lasse pas de me vanter les qualités diététiques). L’après-midi, comme le temps s’est levé, je fais un dernier tour dans Kin, histoire de faire quelques photos. Hélas, elles ne rendent rien de l’atmosphère grouillante, brûlante et puante de l’ancien Paris des tropiques. Il faut être dedans pour les sentir, ces gaz d’échappement qui plongent la rue dans le brouillard, ces odeurs d’urine, ces relents écoeurants de friture. Il faut être dans une voiture pour voir les poules qui traversent devant vous, les humains qui traversent comme les poules, les chariots traînés par les humains, la foule multicolore sur les trottoirs, les petites échoppes bigarrées tout droit sorties de Corto Maltese. Il faut marcher dans la boue qui recouvre chaussées et trottoirs pour comprendre qu’à Kin, rien n’est prévu pour évacuer les eaux usées, et que nulle balayeuse municipale ne passe avant le jour pour ramasser les excréments. Au milieu de certaines rues, les immondices s’accumulent ; on a l’impression qu’ils sont utilisés pour boucher les crevasses que les intempéries ont creusées.
Les rues sont bordées de hauts murs de béton qui bordent les concessions. A l’abri des regards, ce sont souvent de belles maisons qui se cachent là, souvenir de l’époque de Kinshasa la belle, et de celle, plus lointaine, de Léo la coloniale. Elles sont parfois entourées des vestiges de leurs parcs, et semblent souvent délabrées. Nous traversons rapidement un magnifique domaine, propriété du diocèse de Kinshasa qui l’utilise comme centre de retraites spirituelles.
jeudi 29 novembre 2007
12 novembre 2007
Visite de l’école en compagnie du curé. De pauvres maisons, des enfants dont certains (les plus petits) n’ont pas de table pour écrire… En première année (les débutants), il n’y a même plus d’escalier pour entrer dans la maison, il faut donc se livrer à des acrobaties pour pénétrer dans la salle de cours. A chaque fois que j’entre dans une classe, les enfants se lèvent et disent avec un bel ensemble : « Bonjour monsieur l’abbé Emmanuel Pic ».
Vient le temps des adieux, ce qui signifie aussi le défilé des séminaristes pour me faire un dernier brin de causette et me confier les précieuses missives en partance pour l’Europe. Ceux qui ont des correspondants à Dijon me laissent également les cadeaux qu’ils leur ont préparé : miel, poisson séché…
Après les séminaristes, le village. Comme il me reste un tas de stylos et du papier, j’apporte tout cela aux enfants qui en font leurs choux gras. L’impayable Dido trouve le moyen de me demander si pendant que j’y étais je ne pouvais pas apporter aussi de la viande. Il m’entraîne ensuite avec son copain Rodolphe vers l’école, conscients que c’est plutôt à cet endroit que devraient servir les stylos…Enfin, le soir, c’est bière avec les confrères, et avant l’extinction des feux les dernières visites des séminaristes, qui viennent me veiller comme si je partais pour le front.
mercredi 28 novembre 2007
11 novembre 2007



Après la messe à la paroisse, qui a déclenché une véritable émeute chez les enfants présents (ils voulaient tous se faire photographier), j’ai pris une bière avec le curé, ce qui nous a donné l’occasion de refaire l’Eglise et le monde. Sur le chemin du retour, j’ai retrouvé mon petit copain Dido, qui était là avec sa maman (il n’a pas de papa ou quasiment), et son petit frère qu’elle porte évidemment dans son dos. Dido veut que je l’emmène en France, et prétend que sa maman est d’accord. Il tiendrait facilement dans ma valise, mais je crains qu’il ne se fasse repérer lors de l’enregistrement des bagages.
L’après-midi, pendant le match de foot qui a opposé théologiens et philosophes (1-0 pour les théologiens), j’ai beaucoup parlé avec sœur Cyprienne, qui est l’hôte du séminaire. Elle collabore avec Hippolyte, un des profs d’ici, dans un projet peu banal : une école à Kinshasa, de la maternelle au secondaire en passant par des formations professionnelles (informatique, menuiserie…). Ils ont construit un très beau bâtiment de quatre étages presque de leurs propres mains (j’exagère à peine). Ils ont du mal à trouver des enseignants… Quand je pense à tous les jeunes d’ici qui rêvent de passer un an à l’étranger et ne savent pas comment faire ni où aller !Dommage qu'il faille parler allemand pour lire leur site web...
mardi 27 novembre 2007
Le rap des trois jeunes gens
Les trois enfants dans la fournaise
10 novembre 2007





Journée de vacances… J’en profite pour remettre à jour mes notes en vue du cours de février au CUCDB.
L’après-midi, départ pour Kisantu avec les abbés Alexandre et Donatien. Jolie petite ville, kisantu, enfin jolie à l’africaine : pas très propre, pas ordonnée du tout, pleine d’odeurs, pleine de gens, pleine de couleurs et de bruits. Après un petit tour à la radio diocésaine, nous rendons les visites réglementaires aux sœurs (la visite est l’occupation principale de l’Africain en congé). Puis passons un excellent moment dans une famille amie d’Alex ; j’en profite pour écouler deux petites voitures qui font la joie des enfants de la maison, prénommés Shedrak, Misak, Abed-Nego et Alexandre.
lundi 26 novembre 2007
9 novembre 2007



Aujourd’hui, une corvée qui ne plaît ni aux étudiants ni au professeur : l’examen… 27 entretiens d’un quart d’heure pour évaluer si l’enseignant a été pédagogue. Toute la journée a été bercée par les tam-tams, car le papa de notre chauffeur est mort et il y avait deuil au village. Malheureusement je n’ai pu y aller pour cause d’examen. C’est dommage car ce même chauffeur est le père des enfants chez qui je vais souvent, j’aurais aimé lui témoigner ma sympathie.
Les séminaristes sont préoccupés de l'avenir de leur Eglise. Ils mesurent le défi que représentent pour eux les Eglises de réveil. L'évêque de Kisantu leur a appris que, cette année et pour la première fois, la pratique religieuse commençait à baisser.
dimanche 25 novembre 2007
8 novembre 2007

Nouvelle visite au village des travailleurs, où j’ai retrouvé le petit groupe des enfants qui s’est augmenté de tous ceux qui ont entendu dire que j’étais une espèce de Père Noël qui donne des voitures miniatures et des stylos de couleur. Un jeune du village m’a montré comment on pilait le manioc pour faire de la farine (le moulin à manioc est en panne depuis longtemps). Une fois le manioc moulu, on le passe au crible, et on le cuit au four que vous voyez sur la photo.
Les enfants font tout, ici. Gédéon, cinq ans, coupe le bois pour le feua avec une machette aussi grande que lui.
vendredi 23 novembre 2007
7 novembre 2007 - Le Mundele




Pour les gens qui me voient passer sur la route, je suis le mundele, le Blanc. Les enfants crient sur mon passage : « Mundele ! Mundele ! ». Mais quand je m’approche, ils s’échappent à toutes jambes. Il faut de la patience et des ruses de sioux pour les approcher. Jules m’a expliqué que mundele signifie quelque chose comme fantôme, ce qui est sans aucun doute une allusion à la curieuse couleur claire de notre peau.
Je suis allé cet après-midi au village des travailleurs du séminaire (je crois bien que ce sont plusieurs dizaines de personnes qui s'emploient à faire tourner cet immense vaisseau). Une petite famille s’est laissée apprivoiser, et s’est prêtée de bonne grâce à la séance photos. Il est vrai que ma mère, toujours prévoyante, a rempli mon sac de jouets qui font toujours une excellente entrée en matière.
mercredi 21 novembre 2007
6 novembre 2007



Visite à la bibliothèque, qui fut l'une des plus fameuses d'Afrique – c’est triste de la voir aussi belle et bien tenue, mais pas renouvelée depuis des décennies : depuis le début de la guerre, la poste ne fonctionne plus ; impossible de faire parvenir revues et nouvelles publications. Il est très difficile pour les séminaristes de travailler dans ces conditions. J'ai à coeur, à chacun de mes séjours, de leur apporter des ouvrages de théologie récents.
5 novembre 2007



Aujourd’hui, j’ai trouvé par terre un petit oiseau tombé du nid, sans doute soufflé par l’orage qui a tonné dans la matinée. Il s’est laissé prendre, non sans résistance, puis, finalement, s'est trouvé bien dans mes mains chaudes. Patrick, un séminariste, m’a proposé de le plumer et de le manger : ah, ces Congolais…
mardi 20 novembre 2007
lundi 19 novembre 2007
4 novembre 2007




Aujourd’hui c’est la Toussaint au Congo : messe à la paroisse, animée par les séminaristes. Dès le début, on est pris dans ce temps unique qu’est la célébration de la messe dans le rite congolais : les enfants de chœur entrent en dansant au rythme du tam-tam, suivis des prêtres, dans un nuage d’encens. Re-encens en arrivant. Re-danse pendant le gloire à Dieu, l’acclamation de l’évangile, l’offertoire… Impossible d’être indifférent à la ferveur des chants, au rythme, à la conviction avec laquelle le prêtre célèbre. On ne voit pas passer les deux heures de célébration.
dimanche 18 novembre 2007
3 novembre 2007
Plusieurs séminaristes s’inquiètent de mon confort : suis-je bien ici ? Ils me posent surtout la question de la nourriture. Je pense que c’est un moyen habile de savoir ce que l’on mange à la table des profs.
samedi 17 novembre 2007
2 novembre



Aujourd’hui, après le cours, il y a foot, occupation favorite des Congolais. Le score a été de zéro à zéro. Auparavant, nous avons essuyé un bel orage : des seaux d’eau pendant une bonne heure, une petite pluie le reste de la matinée. Enfin, Jean-Claude et Julien sont venus me chercher pour faire une balade jusqu'à un village distant de deux ou trois km. Vu la tête des gens (surtout des enfants), ils n’ont pas souvent l’occasion de voir des européens.
1° novembre



Ce soir est un soir ordinaire (la Toussaint ne se fête que dimanche). Messe en Kikongo, langue locale… Rien d’autre à faire que de se laisser porter par la puissance des chants, des rythmes, par la foi qui se fait ici palpable.
Ma première messe au séminaire, il y a quatre ans, avait été un vrai choc : du recueillement de la sacristie, juste troublé par le bruit de la sonnette annonçant le début de la célébration, nous étions passés d'un seul coup à la ferveur de l'église portée par le son du tam-tam et des percussions. La messe, ici, ça vous prend "là" (quelque part au niveau du plexus solaire) et ça ne vous lâche pas pendant une heure, deux heures, quatre heures...
C’était également mes cinq premières heures de cours : Alexandre, directeur des études, ne m’a fait grâce de rien. Et, comme d'habitude, je suis enrhumé. J’ai 27 étudiants, grosse année, la majorité est originaire du diocèse de Kisantu et a déjà trois ans de philo à Mayidi derière elle. Nous sommes dans un petit amphi qui porte le nom de « salle de sciences » en raison de la présence d’un squelette et de bocaux contenant d’immondes choses conservées dans du formol. Comme les années précédentes, les étudiants sont déconcertés par le fait qu’ils doivent prendre des notes : ils attribuent cela à la méthode française, les Belges étant réputés plus scolaires dans leur pédagogie.
vendredi 16 novembre 2007
31 octobre


Chacun de mes départs de Kinshasa me fait le même effet : un immense exode, qui aurait jeté sur les routes les survivants d’une catastrophe nucléaire. Kinshasa la belle n’est plus que l’ombre d’elle-même : fantôme de capitale, il lui reste la gouaille de ses habitants, le prestige de ses universités, l’animation grouillante propre aux mégapoles corrompues des terrains de chasse de l’Occident. Combien y sont-ils à vivre dans la rue ? cent mille ? deux cent ? un million ? combien, parmi eux, d’enfants sans famille, vivant de violence et de rapines ?
Notre taxi a fini par démarrer. La route qui relie Kin à Kisantu est goudronnée ; elle se déroule dans un paysage vallonné, sillonne entre les plantations. Nous y croisons d’improbables camions bâchés, des véhicules brinquebalants et bondés, des hommes et des femmes chargés comme des baudets de fardeaux impossibles.
A partir de Kisantu, nous retrouvons la route de terre rouge qui mène au séminaire. A chaque fois, c’est pareil : j’oublie à quel point on est secoué sur ces sentiers barrés d’énormes crevasses, qu’il faut précautionneusement contourner pour éviter l’accident. Au bout du chemin, le château rouge est là : il dresse sa tour unique au cœur de la forêt, vision étrange d’un beffroi belge planté à deux pas de l’équateur.
Nous sommes à Maydi, le plus ancien des séminaires d’Afrique, construit en 1932 par le Baron Carton de Wiart pour y accueillir le futur clergé indigène.
mercredi 14 novembre 2007
30 octobre - Première journée congolaise


Adieu, monde enchanté des stewards et des hôtesses… Après Roissy livré à l’anarchie des lendemains de grève, voici l’aéroport de Kinshasa : bâtiments à l'allure tintinesque, petit vent frais sur le tarmac, moiteur semi-équatoriale. Le militaire envoyé à ma rencontre par l’abbé Jules me fait obligeamment prendre la file d’attente des diplomates et VIP, ce qui me donne de l'importance mais n'accélère en rien mon passage à la douane : il y a autant de monde qu’à celle des simples touristes.
L’aéroport de Kin n’est plus ce qu’il était : l’indescriptible cohue de mon premier séjour là-bas a fait place à un accueil courtois et organisé. Il fallait la voir pour y croire, cette foule brûlante de jeunes gens qui prétendaient tous vous faire passer plus vite, qui en voulaient à votre bagage, vous aidaient à trouver un taxi, et bien sûr vous délestaient de quelques dollars. Seuls subsistent de cette période les inévitables enfants qui quémandent des sous sur le parking.
La jeep conduite par Jules s’enfonce dans la nuit kinoise. Elle file sur de larges artères que l’on devine gagnées par la végétation. Sur les trottoirs, la foule africaine s’active dans la pénombre : feux de pétroles allumés, musique à tue-tête, petits attroupements devant des magasins aux enseignes énigmatiques. De grands diables dégingandés, des femmes portant sur la tête la traditionnelle bassine débordante de feuilles de manioc, des tireurs de brouettes chargées d'invraisemblables fardeaux traversent nonchalamment les boulevards. Et puis, petit à petit, les rues se font étroites, la chaussée se dégrade (le mot est faible : quand elle n’est pas recouverte d’immondices, ce sont d’énormes nids-de-poules qu’il faut éviter sous peine de se retrouver les quatre roues en l’air). Nous arrivons à la paroisse de la Sainte-Trinité, où nous sommes attendus pour la nuit.
lundi 29 octobre 2007
Faux départ.

Samedi 27 octobre, 2h du matin : un SMS m'avertit que mon vol pour Kinshasa est annulé. Dommage, j'étais déjà à Paris : instruit par l'expérience (un retard SNCF de six heures avait failli me faire rater mon avion l'an dernier), j'étais arrivé la veille du départ... Après une journée de vide à Paris (sauf coups de fil à Air France toujours occupé, au Congo pour tout décommander, à un ami bienveillant pour lui confier mes 50 kilos de bouquins, médicaments etc. destiné aux Congolais), me voilà de retour à Dijon. Re-départ à Paris ce soir pour un vol qui devrait décoller demain matin.
Première question : j'ai perdu trois jours, suis obligé de décaler mon retour en France, donc de décommander une réunion, ai dépensé de l'argent en coups de fil au Congo et en voyages en train (eh non, tout le monde n'habite pas à Roissy), qui va payer ? J'imagine le désarroi des familles qui attendaient depuis longtemps les retrouvailles, le temps perdu pour ceux qui travaillent. Le billet d'avion représente plus d'un mois de mon traitement, plus le visa, les médicaments, et les innombrables petites choses dont ils manquent là-bas.
Deuxième question : quelles revendications au juste ? Bien sûr, impossible de trouver une info à ce sujet. Celles qui sont disponibles sont parfaitement opaques : on croirait lire la communication financière de l'archevêché. Thomas, un ami steward à Easyjet, me dit qu'ils trouvent excessif de travailler 75 heures par mois (il travaille lui-même 90 heures), et que 1650 euros par mois pour une hôtesse après 4 ans d'ancienneté ne leur paraît pas suffisant.
Bon, mon train pour Paris part à 14h15.
jeudi 25 octobre 2007
Nouveau départ.
Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus en attendant les nouvelles que je vous donnerai à mon retour :
Un site sur le Congo

Je me rends à 100 km au sud de Kinshasa, c'est dans le petit bout qui va vers l'océan.
jeudi 18 octobre 2007
Bonne fête Luc
Mais peut-être est-ce moi qui ne sais pas téléphoner ?
Faites-vous des amis avec l'argent trompeur.

Guillaume, ancien chef scout à la paroisse Saint-Christophe de Javel (Paris XV°), a la fibre solidaire et internaute. Son idée : utiliser les énormes bénéfices des moteurs de recherche pour soutenir des projets humanitaires. Il a créé Veosearch, premier moteur de recherche solidaire, grâce auquel vous pourrez, tout en effectuant vos recherches sur le web, verser de l'argent à des projets associatifs sans qu'il vous en coûte un centime.
Bon surf solidaire...
mercredi 17 octobre 2007
Proposer la foi.

Je n'ai pas trouvé, dans le document des évêques intitulé "Proposer la foi dans la société actuelle", cette petite phrase de Sainte Bernadette, venue annoncer à son curé incrédule l'étrange rencontre et le message de la dame de la grotte : Monsieur le Curé, la dame m'a dit de vous y dire, pas de vous y faire croire.