samedi 14 novembre 2009

Courrier des lecteurs : que faut-il faire pour être sauvé ?


A nouveau, un commentaire qui demande une réponse publique. Voici la question qui m'est posée par Alice :
Je souhaiterais vous contacter au sujet de la vie après la mort, du problème du Jugement Dernier durant lequel apparemment très peu seront sauvés... Je souhaiterais savoir ce qu'il faut faire ou être pour être sauvés, d'après mes lectures seul le peuple Juif sera sauvé alors que nous sommes tous enfants de Dieu, non? Dieu nous aime n'est-ce-pas? Pourquoi veut-Il nous punir de la sorte dans ce cas? De plus, qu'en sera t'il de nos familles, des êtres qui nous sont chers, devrons nous les voir être condamnés si toutefois nous sommes sauvés? Tout ceci me décourage énormément, je ne comprends plus rien...
D'abord, la question "que faut-il faire pour être sauvé ?" : elle est posée par le jeune homme riche à Jésus, par exemple en Luc 18, 18-23. La réponse de Jésus tient en deux phrases : d'abord, obéir aux commandements (tu ne tueras pas, tu ne voleras pas...) ; ensuite, suivre Jésus en se détachant de ce qui encombre, et en particulier des richesses. A chacun d'adapter, dans sa vie personnelle, ce dernier conseil, qui ne signifie pas le détachement absolu (impossible humainement et même nuisible), mais la priorité donnée à la suite de Jésus dans tout ce que nous faisons.

Ensuite, qui peut être sauvé ? La question est posée par les disciples dans la suite de l'histoire (Luc, 18, 26-27), et la réponse donnée par Jésus est la suivante : "Ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu". Les hommes condamnent, et nous nous condamnons nous-mêmes, car nous avons du mal à accepter nos échecs ; Dieu, lui, ne condamne pas, il sauve et ne fait que ça. Le problème est que nous  lisons souvent la parole de Dieu comme une parole de condamnation, parce que cela rejoint notre propre manière de penser et sans doute aussi cela conforte nos fantasmes. L'idée que "seul le peuple juif sera sauvé" est absente de l'Évangile, autant que je sache. Et quand il y a un dénombrement à ce sujet, par exemple dans l'Apocalypse (7,4), il s'agit de chiffres symboliques (144 000, c'est 12 fois 12 fois 1000) et non réels, et d'ailleurs ce chiffre est complété par un autre : "une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toutes races, peuples, nations" (Apocalypse 7, 9) qui indique bien l'infinité de l'amour de Dieu et le fait qu'il n'y a pas que des juifs parmi les élus.

Enfin, dans le mot "jugement" il y a d'abord le mot "juste". Que Dieu nous juge signifie qu'il nous rend juste, qu'il nous "ajuste" à ce qu'il attend de nous ; cela veut dire aussi qu'il rétablit la justice, par rapport à un monde dans lequel cette même justice est souvent défaillante. "Jugement" ne veut donc pas dire simplement condamnation.

8 commentaires:

Yogi a dit…

Bonjour. Lorsque vous dites "d'abord, obéir aux commandements (tu ne tueras pas, tu ne voleras pas...)", ce qui est troublant c'est que les trois premiers commandements se rapportent me semble-t-il à la reconnaissance de Dieu en le Christ. On peut s'interroger alors sur ce qu'il advient des fidèles des autres religions, qui pourraient respecter certains commandements mais pas d'autres. Y a-t-il une hiérarchie des commandements ? Les premiers cités ne sont-ils pas les plus importants ?

Edmond Prochain a dit…

Une parabole très intéressante au sujet du nombre de ceux qui peuvent être sauvés se trouve dans l'Évangile selon saint Matthieu (au début du chapitre 22). Jésus y mentionne explicitement l'idée d'un petit nombre : "Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux."
Enfin... presque !

On y voit un roi préparer un repas et inviter très largement. Parmi la foule de ceux qui viennent au banquet (j'élude volontairement la première partie, qui concerne ceux qui refusent volontairement de venir), un homme va être jeté dehors, parce qu'il n'est pas en vêtement de noce. Ce qui est fascinant dans ce passage, c'est qu'on le lit souvent pour justifier le fait que très peu d'"élus" auront droit au Salut. Et c'est ce qui semble être écrit. Alors qu'en fait, à bien y regarder, Jésus se désole qu'il y en ait si peu... mais le roi n'a jeté dehors qu'un seul homme ! Comme si cet homme-là était déjà un de trop pour lui, et qu'il comptait bien plus que tous ceux qui sont présents au repas.

Finalement, cela va dans le même sens que la parabole de la brebis perdue : une seule égarée, c'est déjà insupportable pour le cœur de Dieu.

Yogi a dit…

En synthèse, la réponse à la question d'Alice semble donc être "faites comme vous pouvez, Dieu reconnaîtra les siens !" :-)

Anonyme a dit…

Depuis la Pentecôte le monde est passé de la justice à la Miséricorde .Avant on parlait de justes après de Saints . C'est à dire entrant dans la Trinité Sainte . Et pour cela il faut le désirer et faire CONFIANCE à DIEU

Didier Guillion a dit…

Bonsoir,

Lire ce billet m'a replongé dans ce qui est pour moi un des grands mystères de la religion (des religions même) : promettre la vie après la mort.
On a une vie, on l'utilise, on fais de son mieux envers son prochain, on essaie de la faire durer, mais pourquoi vouloir à tout prix recommencer ?
Désolé, si je vais paraître un peu vache, mais cela ressemble un peu à la carotte tendue au bout du bâton, si vous êtes vertueux vous revivrez. Pour faire quoi de mieux que ce que l'on peut déjà faire maintenant ?
On ne se rappelle pas de ce que l'on était avant sa naissance, si c'était agréable, ou douloureux, pourquoi penser que ce serait différent après la vie.

Bashô a dit…

Didier Guillon> Il ne s'agit pas de revivre. Bien au contraire pourrait-on dire... Si on considère que la vie promise serait comme la vie présente excepté une durée infinie en bonus, alors ce serait en effet quelque chose d'atroce. La Tradition considère plutôt que nous sommes en exil ici-bas et sommes destinés à devenir après notre mort des "dieux" (les Pères grecs, en particulier les Cappadociens, parlaient de divinisation de l'homme). Et par dieux, il ne faut pas imaginer des surhommes déguisés comme Zeus, Athéna, superman etc.

Pour finir, les Pères se sont toujours dressés contre l'idée que les vertus amenaient per se à la vie éternelle, car ça reviendrait à monnayer le Salut: "je t'échange le Salut contre la chasteté et la charité..."

Didier Guillion a dit…

Oula, bashô, je ne veut pas devenir dieu. Je suis papa de deux fistons et c'est déjà assez dur.
Six milliards à gérer, je passe mon tour.
Surtout que je ne saurait rien leur dire à part "Respectez, profitez, allez en paix"

do a dit…

en même temps, dans Matthieu 25, Jésus est très clair, et il ne fait mention ni de religion ne de vertu: ceux qui auront visité les malades, les prisonniers, soigné les blessés, nourri et vêtu les pauvres seront accueillis au Ciel. Pour les autres, si leur orgueil ne les en empêche pas, on pense qu'ils iront méditer, au purgatoire, sur ce qu'est la misère à laquelle ils ont été indifférents quand elle concernait les autres, et quand leur cœur sera devenu bon comme celui des premiers, il les rejoindront.

enfin, je crois que c'est ça.
La vertu, c'est un moyen, pas un but: c'est ce qui nous permet de nous maîtriser pour, déjà, ne pas faire du mal aux autres (exemple : tempérance: si on n'achetait que ce dont on a besoin, on aurait assez d'argent pour payer le café à son vrai prix aux Colombiens, ou le chocolat et les bananes aux Africains, et ils pourraient vivre décemment; autre ex: chasteté: si on arrive à maîtriser son désir face à une personne, on peut la laisser libre de nous choisir ... ou pas, au lieu de la séduire par tous les moyens dont le mensonge ou la violence afin de lui faire faire ce qu'elle ne veut peut-être pas vraiment... y compris dans le mariage.)

quant au culte, c'est quand on aime Dieu, et qu'on veut être en relation avec lui, c'est personnel, ça n'intervient que pour fortifier notre relation avec lui, mais je peux tout à fait admettre qu'un athée aille au ciel directement.

ça ne m'empêche pas de dormir, mais ça oriente ma vie vers le beau, le bien et le vrai avec plus de force que la pub n'en a pour me faire faire le contraire.