samedi 26 mai 2007

Vie spirituelle.

Dans La Croix de ce soir, un entretien entre deux philosophes : le chrétien Jean-Claude Guillebaud, et l'athée André Comte-Sponville. Les deux penseurs se retrouvent sur un terrain commun : leur intérêt pour la spiritualité, Comte-Sponville ayant consacré son dernier ouvrage (L'esprit de l'athéisme, chez Albin Michel) à la question de savoir s'il est une vie spirituelle possible pour un athée.

Une chose me gêne - un malentendu : les mots "spiritualité" et "vie spirituelle" n'ont pas le même sens dans la tradition chrétienne et dans d'autres traditions. Pour Comte-Sponville, il s'agit de l'intériorité, de l'expérience du beau (qu'il assimile au mystique), d'un sentiment de communion... Dans le christianisme, la vie spirituelle n'est rien d'autre que la vie de l'Esprit-Saint en nous. Rien à voir, ou si peu, avec l'extase mystique... C'est la vie quotidienne transfigurée par l'Esprit de Dieu qui vient habiter en l'homme, et qui l'ouvre tout à la fois à Dieu, à la communion fraternelle et à une vie meilleure.

jeudi 24 mai 2007

La Ville aux cent clochers ?

François I° aurait donné un jour ce surnom à Dijon, au vu des clochers qui hérissaient alors la Cité des Ducs. Aujourd'hui, un certain nombre d'entre eux ont disparu, emporté par la fièvre spéculative plus que par les Révolutions ; à Dijon, il y a une vingtaine d'années (date de mon séjour au séminaire), on comptait également un temple réformé et une synagogue. Il y a je crois en 2007 huit ou neuf églises protestantes officiellement recensées (et le nombre en est sans doute sous-évalué), quatre mosquées et deux ou trois salles de prières musulmanes, et deux centres culturels islamiques. Je ne parle pas des groupuscules sectaires ni du satanisme. Et, dans tout cela, des jeunes en pagaille.

mercredi 23 mai 2007


La politique se glisse partout...

Ca fait des années que ça dure : l'église d'Arc-sur-Tille, bourg des environs de Dijon, s'enfonce dans un sol sablonneux, et la décision est prise par le Conseil municipal, en accord avec l'archevêché et les autorités départementales, de la détruire ("déconstruire", dit-on : M. le maire aurait-il lu Derrida ?) et d'édifier à la place un local qui serait affecté au culte en remplacement. La raison principale : le coût que représenteraient des travaux de restauration.

Mais voilà. Nous sommes en France, et quand une décision est prise, elle divise aussitôt la population : une association s'est constituée, a récolté paraît-il 200 000 euros et demande de nouvelles expertises dans le but d'abandonner la "déconstruction" et de restaurer le bâtiment, qui n'a pas d'intérêt architectural majeur mais auquel les habitants sont très attachés.

L'article du Bien Public de ce jour relate assez fidèlement l'histoire, du point de vue de l'association de sauvegarde de l'église. Il n'oublie que deux choses : celui qui préside aux destinées de l'association n'est autre que l'ancien maire, battu aux dernières élections, et qui compte bien se servir de l'affaire pour réconquérir son siège ; et le nombre d'habitants du village excédés par cette affaire ne cesse de croître, alimentant une indéniable déception vis-à-vis de l'Eglise avec un grand E.

mardi 15 mai 2007

Les deux visages de la modernité.

Aux Grésilles plus qu'ailleurs, la modernité libérale montre ses deux visages : côté plus, tous les attraits d'une vie libre, sans contrainte, les services publics, le confort, les loisirs à portée de main ; côté moins, les familles qui se délitent, la solitude, la violence, la pauvreté. Ces deux faces sont indissociables l'un de l'autre : la solitude, c'est le revers de l'individualisme ; la répression, celui de la liberté.

Comment l'Eglise doit-elle se situer devant le défi que lui lance une telle société ? Condamner ses outrances ? Mais la plupart des gens sont heureux de cette vie-là, et plus encore des perspectives qu'elle leur fait miroiter pour leur avenir. En annoncer l'effondrement à venir ? Pari risqué... Pallier ses inconvénients, de plus en plus nombreux ? Mais ne risque-t-elle pas de s'y épuiser, et de négliger le grand nombre de ceux qui tirent parti d'un tel mode de vie ? Accompagner un mouvement qui semble irrésistible, au risque d'abandonner les exclus ? Elle ne peut pas, en tout état de cause, éviter d'en faire une analyse attentive, pour trouver des réponses pertinentes aux questions qui lui sont posées.

dimanche 13 mai 2007

Saïd et Bertrand : intégrisme et modernité.

Saïd a vingt ans ; il est né en Algérie, où son père était fonctionnaire des chemins de fer et sa mère directrice de la poste municipale d'une petite ville. Arrivé en France à l'âge de huit ans, il est maintenant français. Il lui a fallu changer de monde, apprendre et étudier dans une langue inconnue, affronter la baisse de niveau de vie de ses parents : son père est devenu ouvrier dans le bâtiment, sa mère femme de ménage, ils sont aujourd'hui tous les deux au chômage. Lui qui était un bon élève, qui s'intéresse à la culture, à l'art, il va passer un bac pro à la fin de l'année, après un BEP. Il fréquente un groupe de jeunes très fondamentalistes, liés à un imam en rupture de ban avec la communauté musulmane du quartier. Il ne boit pas d'alcool, fait le ramadan, prie tous les jours, et fume du haschich dont il fait parfois le commerce pour dépanner des voisins.

Bertrand n'est guère plus âgé. Son univers s'est écroulé lors du divorce de ses parents : à quinze ans, il s'est retrouvé en queue de classe, contraint par les difficultés financières liées à la séparation familiale à changer de lycée, de maison, de quartier... Il a arrêté ses études, travaillé tôt pour aider sa mère. C'est le scoutisme (d'Europe) qui lui a permis de garder un équilibre personnel et un minimum de discipline de vie. Il est l'un des fidèles de la paroisse intégriste de Dijon, et vit maritalement avec Sophie, en attendant de pouvoir l'épouser quand sa situation professionnelle se sera stabilisée.

Pour l'un comme pour l'autre, l'intégrisme n'a pas été un refus de la modernité. Il en a été à la fois la conséquence, et la possibilité pour eux d'en contrecarrer les effets négatifs. Mais ils en restent, l'un et l'autre, de purs produits, par le particularisme de leurs choix apparemment contradictoires.
Le baptême de Constance.

Ce dimanche matin, au lieu d'aller à la messe : j'étais au temple, où Grégoire et Alix m'avaient demandé de participer, aux côtés de la pasteur, au baptême de leur fille Constance. Grégoire est catholique, Alix protestante ; il est important pour eux de continuer à vivre leur appartenance à chacune de leur Eglise. Ils ont eu du mal à trouver un prêtre et un pasteur disponibles pour cette démarche, pourtant tout-à-fait ordinaire aujourd'hui dans ce cas de figure précis. Constance, pour l'occasion, avait revêtu la robe de baptême de son arrière-grand-oncle : frère Roger, de Taizé. Les hasards du calendrier veulent que frère Roger aurait eu 93 ans hier...

La célébration était d'autant plus particulière que ce jour-là était aussi, pour les Réformés de Dijon, l'occasion d'une prédication à deux voix : Isabelle, la pasteur, partageait le commentaire de l'Ecriture avec un prédicateur laïc.

mercredi 9 mai 2007


Les J.A. sont toujours là.

Cette année, difficile de trouver de la place pour tout le monde : il y avait cent inscrits aux Journées d'Amitié... C'est finalement le lycée des Arcades qui nous a accueillis.
Comment fêter une élection.

Dimanche soir, j'étais à Donzy (Nièvre), la ville qui vote comme la France et qui a donc accordé ses sufffrages à Nicolas Sarkozy.

Pendant ce temps, aux Grésilles, la belle jeunesse du quartier faisait la fête : dans une ambiance d'émeute, la médiathèque non encore achevée commençait à brûler. L'incendie a été heureusement rapidement circonscrit.

vendredi 4 mai 2007

Les catholiques ont-ils des voix ?

(Edito de la lettre "Eglise et société" du 4 mai)

Tout le monde a souligné, depuis le début de la campagne électorale, les références religieuses des trois principaux candidats aux élections présidentielles (pour ne parler que d'eux) : Nicolas Sarkozy se déclarant "catholique croyant", Ségolène Royal dont le discours moral sur l' "ordre juste" est indiscutablement influencé par l'enseignement social de l'Eglise, et François Bayrou qui revendique ses racines démocrates-chrétiennes.

Faut-il voir là le signe d'une importance nouvelle accordée par les hommes et les femmes politiques à un hypothétique "vote catholique" ? D'une prise en compte plus directe et plus franche de la variable religieuse dans les choix politiques des Français, jusqu'à présent officiellement niée (mais en réalité très considérée) au nom de la laïcité ?

Les critères de discernement proposés par les évêques de France ne permettent pas, en tout état de cause, de choisir entre les deux candidats du second tour : l'un apparaissant plus ouvert à la vision chrétienne de la famille, l'autre plus accueillante aux étrangers. Il existe peut-être un "vote catholique", ce qui est discutable, mais aucune consigne de vote n'est donnée pour tel ou tel candidat.