jeudi 26 février 2009

Echos d'expo.




C'était samedi, toute la journée à Saint-Pierre : deux peintres, Piero et Odile de Rousiers, exposaient quelques-unes de leurs oeuvres ; le tout dans le cadre de la première semaine Art et Foi, mise sur pied par la jeune délégation à la culture.

C'était beau. Beaucoup de celles et ceux qui sont venus n'étaient pas des familiers de l'art contemporain, encore moins des expos de peinture. Le premier contact a, parfois, été rude : quand l'abstraction confine à l'extrême, il s'agit de passer du tableau qu'on regarde à l'icône par laquelle on se laisse regarder ; quand l'artiste se donne à son oeuvre, au point de marquer le Christ des stigmates de son propre tourment, le visiteur doit laisser à l'entrée son propre regard et adopter celui d'un autre, faisant là, aussi, l'expérience du dépouillement.

mardi 24 février 2009

Nouveau servant de messe.

Dimanche, comme chaque dimanche (sauf pendant les vacances), Sergiu et sa maman sont à la porte de l'église. Ils sont Roumains : cela signifie qu'ils ont le droit de venir en France autant qu'ils veulent mais pas d'y travailler. les voilà donc réduits à squatter...

Dimanche donc, un paroissien a eu une idée de génie : proposer à Sergiu, qui a une dizaine d'années, de servir la messe avec son propre fils. Notre jeune Rom a donc mis une aube, et s'est retrouvé en tête de la procession, fier comme tout de porter la croix.

La semaine prochaine, je tâcherai de le prendre en photo. Et aussi de savoir où il en est de sa scolarité...

jeudi 12 février 2009

Lectures (3)

De mes lectures, j'ai gardé le meilleur pour la fin : Vers une Eglise sans prêtres, de Martine Sévegrand, se dévore comme un document unique et passionnant - une enquête, menée sur tout le XX° siècle et même davantage, qui établit l'ancienneté et la profondeur de la crise du clergé en France (et sans doute à travers toute la "chrétienté"). Mme Sévegrand est une historienne, une vraie, une mordue de la recherche qui a traqué dans d'obscures archives diocésaines tout ce qui pouvait permettre de reconstituer l'histoire de la lente mais irrésistible baisse des effectifs du clergé diocésain depuis cent ans, exhumant des données inconnues (cent prêtres français quittent le ministère chaque année), se risquant à donner des éléments de compréhension, sinon d'explication, du phénomène, et même une projection pour l'avenir (en 2020, au train où ça va, il n'y aura plus en France que 9000 prêtres diocésains... de moins de 80 ans).

Le plus intéressant, pour les Côte d'Oriens, est la seconde partie de l'ouvrage, qui est consacrée au diocèse de Dijon dans les années 60 et 70. Un diocèse moyen, frappé de plein fouet par la crise. De ce travail, on retient l'extraordinaire ébullition qui a saisi les prêtres bourguignons dans ces années-là : réflexion sur l'évangélisation, sur la place des prêtres (plus que de l'Eglise elle-même) dans le monde, sur les relations hiérarchiques au sein du clergé, sur la vie des prêtres... Et moi, je retiens la place qu'y ont tenu tous ces prêtres qui m'ont marqué et me marquent encore (Pierre, Jean, Denis, Guy, allez je ne les cite pas tous), dans la diversité de leurs prises de position mais la fidélité à leurs engagements.

Intéressant aussi est le début d'explication donné : quelque chose qui tourne autour du décalage, puis du fossé, qui s'instaure entre l'Eglise et la société. Ce n'est qu'un commencement, mais c'est justement cette humilité devant les faits qui rend la démarche de Martine Sévegrand pertinente et incontestable. Un petit regret, pour finir : il serait intéressant de mener la même recherche sur les communautés chrétiennes, sans la limiter aux prêtres.

Ici : une recension de cet ouvrage, par Michel Legrain

mercredi 11 février 2009

Lectures (2).

Après Pietro di Paoli, autre lecture suggérée par les paroissiens de Saint-Pierre : Confession d'un cardinal, un roman d'Olivier Le Gendre qui met en scène un prélat fort critique vis-à-vis du pontificat de Benoît XVI.

Olivier Le Gendre est journaliste, versé depuis longtemps dans les questions religieuses. Son cardinal, lui, n'existe pas... Ou plutôt, il cumule les traits de plusieurs "anciens" de l'époque Jean-Paul II -Martini, Silvestrini... d'autres encore. Il appelle l'Eglise à privilégier le développement et le soutien d'initiatives humbles, et à abandonner les pompes vaticanes : à rappeler que Dieu n'est pas dans la tempête, mais dans la brise légère ; l'Eminence, joignant le geste à la parole, consacre d'ailleurs sa retraite aux enfants d'un pays asiatique où sévissent prostitution, sida et tourisme sexuel. Il renvoie le lecteur à Sarepta, un site web créé pour permettre à des projets de ce type de se faire connaître et de se relier entre eux. On trouvera au passage un certain nombre de "révélations" sur les rivalités internes au sein de la Curie, la guerre au Rwanda, l'attentat contre Jean-Paul II...

Décidément, mes paroissiens ne sont pas tradis. Ils sont perturbés par l'image que donne l'Eglise catholique : vieillotte, autoritaire, dogmatique... Une image tellement éloignée de ce qu'ils vivent eux-mêmes, de leur expérience personnelle de la foi comme libération, soutien, de l'Eglise comme lieu de rencontre et d'amitié. Pourquoi ce décalage entre l'image qu'on leur renvoie et la réalité de ce qu'ils vivent ?

mardi 10 février 2009

Cas pratique


En marge des remous provoqués par l'intégration des intégristes, voici un cas pratique très concret.

Ce tract a été distribué par un mouvement de jeunes traditionalistes (il faut bien leur coller une étiquette) à la sortie d'une conférence inter-religieuse organisée la semaine dernière à Dijon. Ces mêmes jeunes ont pris la parole au cours de la conférence, sur un ton très critique comme on peut s'en douter.

Question : pensez-vous qu'il faille discuter avec eux ? ou les excommunier ?

Le débat est ouvert...

Pour lire le message : cliquez ici.

jeudi 5 février 2009

Lectures.

Les paroissiens de Saint-Pierre prennent soin de leur curé : ils lui offrent les livres qui leur ont plu, qui les ont interrogés, qui les ont interloqués... Le dernier en date : 38 ans, célibataire et curé de campagne, du mystérieux Pietro di Paoli qui signe là son deuxième ouvrage, après Vatican 2035.

Ca se lit vite (un aller-retour Paris en TGV) et bien, cette histoire de jeune prêtre dans son presbytère de campagne, que les paroissiens ne pensent pas à inviter le soir de Noël ; il est un peu seul, le pauvre, entre un évêque dépassé par les événements, une famille de tradis qui lui casse les pieds, des copains qui quittent le ministère, quelques catéchistes sympas tout de même. Il a froid dans ses vieilles églises désertes. Et j'ai trouvé la fin assez belle, bouleversé qu'il est par la naissance d'un enfant qui le renvoie à un profond désir de paternité -la scène rappelle beaucoup une nouvelle de Maupassant sur le même sujet.

Une histoire vraie, donc. Il y manque pourtant quelque chose d'essentiel : la joie qu'on peut éprouver à être prêtre, en vivant des moments que nul autre ne vit. Qui pourra, donc raconter :
  • L'extraordinaire bonheur de célébrer, le dimanche, au milieu de familles, parents, enfants, grands-parents, heureux d'être là dans l'église
  • L'immense honneur d'être le témoin privilégié de l'éveil de tant de jeunes, lors de rencontres individuelles ou en groupe, au cours desquelles ils peuvent questionner, dénoncer, décider, aimer, rire et pleurer à la fois
  • La paix des week-ends et camps d'été (je ne fais pas de ski), de la prière partagée
  • L'émerveillement devant le patient travail de l'Esprit-Saint au plus profond d'hommes et de femmes que j'accompagne en équipe de réflexion ; devant le même travail, accompli par le même esprit, dans le coeur des catéchumènes et de tous les chercheurs de Dieu
  • Le sentiment d'être vraiment tout petit devant l'incroyable confiance que manifestent à leur curé celles et ceux qui viennent à lui, le temps d'un conseil ou d'une confidence
Vous l'aurez compris, j'attends donc de lire 50 ans, célibataire et vachement heureux d'être prêtre.

mercredi 4 février 2009

Le Web et les fondamentalistes.



Une catéchumène, c'est quelqu'un qui pose beaucoup de questions. En ce moment, Fabienne en est à s'interroger sur l'historicité des textes bibliques, et sur les relations entre la science et la foi. Je me suis dit, naïvement, que j'allais lui recommander quelques lectures glanées sur le Net.

Hélas ! Le réseau des réseaux n'offre aucun fiabilité sur ce sujet. Tapez "Science et Bible", vous serez renvoyé sur un site qui se demande si la science ne serait pas une idole, puis sur l'Intelligent Design, puis sur une hypothétique science chrétienne. "Bible et histoire" vous aiguille vers les prophéties d'un certain Patrick, vers l'association "Bible et histoire" (?), et aussi enfin vers un site plus sérieux (Evangile et Vie). Enfin, "Science et foi" propose d'entrer en discussion avec un honorable pharmacien suisse, puis oriente vers un site anti-darwiniste, vers un intéressant texte sur Averroes... Wikipedia, l'encyclopédie libre, hésite, dans un aimable fouillis, entre collecter les lieux communs et respecter toutes les opinions, même les plus farfelues.

Conclusion : le Net est aux mains des fondamentalistes... Il y a de quoi s'inquiéter, non ?

mardi 3 février 2009

Le Christ rouge






L'an dernier, Piero était en jaune. Mais il avait déjà commencé son Christ Rouge, dont je vous livre ici une image : il sera exposé à l'église Saint-Pierre, le samedi 21 février, dans le cadre de la semaine culturelle qui verra aussi bien d'autres événements à Dijon.