dimanche 8 avril 2012

Immortels ou vivants ?

Au hit-parade des librairies et des cinémas, l'immortalité se porte bien : depuis la Foire aux immortels de l'inoubliable Bilal, jusqu'à la saga qui porte ce nom, en passant par d'innombrables variantes déclinées sous d'improbables titres... Tout ce qui évoque la vie des anges, celles des dieux, et tant qu'à faire des démons, aide notre imaginaire à s'évader d'un trop terne présent. On en vient à oublier la légendaire phrase de Woody Allen, à moins qu'elle ne soit de Kafka, sur l'ennui qui vient à la simple pensée d'une interminable éternité. L'effroi qui saisit Pascal devant les espaces infinis et silencieux que la science nouvelle lui ouvrait. Immortels : un jour, ça finira bien par nous arriver.

Y aurait-il là une ouverture pour le christianisme et ce que l'on fête aujourd'hui - Pâques : le passage du Christ à travers la mort, son entrée dans la vie divine ? Après tout, Christ est le premier ressuscité, précurseur d'une multitude de frères. Le christianisme, c'est la divinisation de l'homme en devenir. Le chemin d'éternité qui s'ouvre à nous, tout le monde y aspire. Les traditions spirituelles y convergent dans une belle unanimité.

Le Christ est ressuscité, certes. Immortel, sans aucun doute. Mais surtout : vivant, et c'est bien mieux. La résurrection est ouverture sur la vie, avant d'être un aller simple pour l'éternité. Pour entrer dans la vie, pas besoin d'attendre la mort : le baptême suffit. L'éternité est longue ; la vie est toujours trop courte. C'est dans la vie que nous fait entrer le Christ ressuscité. Il fait de nous, non pas d’ennuyeux immortels, mais des vivants à l'enthousiasme contagieux.