samedi 30 décembre 2006

vendredi 29 décembre 2006

Inégalité devant l'enfance.

Tous les enfants ne sont pas égaux.

Louise, huit ans, est ma nièce et filleule. Sa meilleure amie s'appelle Yasmine.

Le papa de Yasmine est chanteur, et sa maman est princesse. Elle a un grand frère, et aussi un chat qui s'appelle Penny. Elle préfère son chat, car son grand frère, elle ne le voit presque jamais.
Enfants de pauvres, enfants pauvres.

Pourquoi faut-il des enquêtes qui ont coûté la peau des fesses pour découvrir ce que tout le monde peut savoir en se penchant par la fenêtre de chez lui ? Il y a en France 16 000 enfants qui sont sans domicile fixe ; 15% des enfants de familles monoparentales et 25% des mineurs dont les parents sont étrangers (hors UE) sont pauvres. "Les difficultés d'emploi des parents constituent le premier facteur de risque de pauvreté", énonce doctement ce rapport du CERC daté de 2004.

Comme je préfère les petites histoires aux rapports anonymes, en voici une : Marwan a vingt ans, il est au lycée, son papa est au chômage et sa maman, après avoir fait des ménages, est tombée malade et ne peut plus travailler. Depuis quelques années, les agios de son découvert bancaire (au départ, même pas 100 euros), un impayé de 200 euros à la FNAC (ah, les avantages de la carte FNAC), et une facture téléphonique explosive font de lui un jeune homme endetté de trois mille euros. Inutile de dire que chaque jour qui passe alourdit sa dette.

Comment peut-il faire pour s'en sortir ? m'a-t-il demandé. Creusez-vous un peu la tête, amis lecteurs ; et sachez que tout est possible, hélas.

PS : ce n'est certainement pas une solution. Mais tout de même : 3000 euros, ça fait 30 personnes qui donnent 100 euros.

jeudi 28 décembre 2006

Projet de mariage.

Ils ont décidé de se marier, après pas mal d'années de vie commune, la naissance de deux enfants, et l'achat d'une maison. Et, comme nous sommes de vieux copains (aumônerie, rencontres européennes de Taizé, pélerinage à Lourdes...), ils me demandent de célébrer ce mariage. Car ça se passera à l'église.

A l'église ? La décision, pour eux, n'était pas évidente. Les années de caté et d'aumônerie n'ont pas fait d'eux des catholiques pratiquants et convaincus... La remise en cause est même assez radicale. Pourtant, cette rencontre avec Dieu a laissé des traces qui ne s'effacent pas. Elle a contribué à faire d'eux ce qu'ils sont aujourd'hui. Ils sont semblables à ceux dont parle l'Evangile, qui se sont laissé toucher par une rencontre avec le Christ, et dont la vie en est marquée pour toujours.

Mais à vrai dire, c'est le mariage tout court qui n'était pas évident. Tant il est vrai que la vie d'aujourd'hui, sous des dehors pleins de spontanéité et de liberté, a perdu de la simplicité d'autrefois. Ce n'est pas parce qu'on s'aime qu'on va se marier. Ce n'est pas parce qu'on est baptisé qu'on va se marier à l'église. Tout cela est affaire de choix délibéré, la décision n'est prise qu'après mûre réflexion, consultation, débat familial.

Dans un tel contexte, notre Eglise, avec son amour de la tradition, son respect des formes, le légalisme de sa hiérarchie, perd de son rôle traditionnel (pour ne pas dire de sa crédibilité). Elle est forcée de se laisser interroger par l'Evangile, qui nous montre un Jésus peu soucieux du nombre et de l'efficacité. Elle devient un signe, le lieu dans lequel hommes et femmes rencontrent Dieu et sont invités à se mettre à la suite de Jésus. Cette transformation la force à se remettre en cause, à s'ajuster face à une telle obligation : est-elle bien le lieu de cette rencontre ? L'invitation y est-elle audible ? Le Christ y est-il visible ?

Pas encore vu mais ça ne saurait tarder.

Même si je n'ai pas encore eu le temps d'y aller, je vous y encourage : Le grand appartement, film de Pascal Thomas dont Thomas Roussel est co-compositeur, ça ne peut être que bien... Profitez-en pour faire un tour sur le blog de Thomas, et goûter un peu de ses dernières compositions.
Absurde.

Encore jeunes mariés, ils viennent à peine de donner le jour à un petit garçon. Et voilà qu'ils sont confrontés, l'un et l'autre, en même temps, à l'épreuve de la maladie : cancer pour l'un, maladie rare pour l'autre. La vie est bizarre... A nouveau, je pense à ce que m'avait dit cette dame, dans la sacristie, le jour où je célébrais les obsèques de mon frère : "Il y a des fois, on se demande où le bon Dieu a la tête".

Dans cette épreuve, ils se découvrent plus forts qu'ils ne le pensaient. Sans doute aussi qu'ils ont beaucoup d'amis, et c'est quelque chose de précieux. Ils prennent la mesure de la force qu'apporte la foi.

Impossible en tout cas de trouver les mots justes. Quelques paroles de la Bible me reviennent en mémoire : Dieu ne permettant pas que Job soit tenté au-dessus de ses forces ; toujours chez Job, l'impossibilité de comprendre, qui force à consentir à l'absurde.

Oui, c'est absurde. Cet absurde empêche-t-il de rechercher un sens à ce qui se passe ? Si rechercher du sens signifie essayer de comprendre, alors inutile d'aller plus loin, c'est impossible. Si cela signifie : regarder en soi et autour de soi, découvrir ce que l'épreuve traversée change en positif, alors je crois qu'on peut trouver du sens.
Rencontres.

Pendant les congés de Noël, les ex-dijonnais rappliquent ; c'est l'occasion de retrouver ceux qu'on a connus à l'aumônerie, à l'occasion d'une préparation au mariage ou d'un baptême. Occasion aussi de vérifier la justesse de ce que dit l'Evangile : la foi, plus que jamais, est l'histoire d'hommes et de femmes qui ont croisé Jésus un jour sur leur chemin, et qui se sont laissé toucher par lui d'une manière ou d'une autre. Ce qu'ils font de cette rencontre n'appartient ensuite qu'à eux. Jamais Jésus ne se demande ce que sont devenus l'aveugle, le paralytique, les rois mages ou la femme hémoroïsse. Tout au plus se réjouit-il de ce qu'un des lépreux vient le remercier pour sa guérison.

Mieux vaut donc ne pas être trop préoccupé d'efficacité si on ne veut pas sombrer dans le découragement... Mais plutôt se réjouir de ces retrouvailles et prendre le temps de contempler le travail de l'Esprit dans ces vies si différentes.
Noël est passé...

...et n'a pas encore laissé de traces dans mon blog. Dieu sait, pourtant, qu'il est difficile de passer à côté : ville illuminée depuis la fin novembre, vitrines en fête, débauche de victuailles dans les magasins, comme chaque année on a mis le paquet. Bien entendu, inutile de chercher où que ce soit des voeux de "Joyeux Noël" : la municipalité nous souhaite "Bonnes fêtes", tout simplement, sur la façade illuminée de la mairie. Occasion de se rappeler que c'est également Hanoukkah et que le 31 on fêtera l'Aïd. Mais ce n'est sans doute pas la raison pour laquelle les voeux d'autrefois se sont laïcisés.

Bilan des célébrations : beaucoup de monde à Varois pour la messe des familles (il a fallu emprunter la salle municipale, l'église étant trop petite) ; affluence plus modérée à Sainte-Bernadette pour la messe de minuit, les gens ont sans doute eu peur de recevoir des bombes ; le lendemain jour de Noël, foules dans les petites églises, grand vide glacé à Sainte-Bernadette.

dimanche 24 décembre 2006

Attentes.

Aujourd'hui n'est pas seulement la veille de Noël : c'est le quatrième dimanche de l'Avent. L'Evangile nous y raconte l'histoire de la rencontre de Marie et d'Elisabeth, chacune attendant la naissance de leur enfant : Marie, dont l'enfant est quasiment sans père ; Elisabeth, dont on nous dit que c'est "dans sa vieillesse" qu'elle a conçu un fils. L'Evangile nous apprend que ces deux naissances n'ont pas été sans difficultés.

Devant l'histoire de ces deux femmes, je pense à toutes celles à qui semblable aventure est arrivée. Grossesse tardive pour Elisabeth ; grossesse non désirée pour Marie. Je ne peux m'empêcher d'évoquer les pressions que subissent alors celles qui se trouvent dans ces situations. L'enfant sera-t-il normal ? Ne vaut-il pas mieux qu'il grandisse dans une famille où il aurait été attendu et désiré ? La responsabilité du médecin n'est-elle pas de prévenir tous les risques qu'on encourt en donnant naissance à un enfant après quarante ans ?

L'Evangile vient à point pour nous rappeler que la "Sainte Famille" n'a pas été, plus que les nôtres, préservée des risques qu'on court toujours lorsqu'on décide d'accueillir un enfant. "Sainte", ici comme ailleurs, ne veut pas dire "parfaite", ni "idéale".

samedi 23 décembre 2006


A propos du roi David et de Salomon.

A la demande d'un fidèle lecteur, voici une référence permettant de mieux comprendre ce qu'on sait aujourd'hui des "rois" David et Salomon :
Données archéologiques sur le règne de David...", article de Wikipedia.

A ce propos, qui lancera un WikiThéo ?
La bonne mort.

Polémique sur l'euthanasie en Italie. A nouveau, l'Eglise y est présentée comme la puissance obscurantiste qui empêche toute évolution. Je voudrais simplement rappeler ici ces phrases de Pie XII, qui conservent toute leur actualité : à des médecins lui demandant s'il était légitime d'administrer des analgésiques à un malade qui souffre, au risque de le plonger dans l'inconscience et d'abréger sa vie, le pape répondait : « S’il n’existe pas d’autres moyens et si, dans les circonstances données, cela n’empêche pas l’accomplissement d’autres devoirs religieux et moraux : oui ». Affirmation reprise à son compte par Jean-Paul II en 1980...

Il paraît que des chrétiens ignorent ce texte : certains protestent parce que des soins intensifs, apportés sans aucun espoir de guérison ni de retour à une vie normale, ont été interrompus sur un malade qui en avait fait la demande...
Trente ans de retard (au moins)

Pour une fois, ce n'est pas l'Eglise qu'on peut accuser d'être en retard : il y a de cela plus de vingt ans, mes professeurs d'exégèse (à Dijon, puis à Rome) m'apprenaient que le Roi David n'était sans doute qu'un modeste potentat établi sur les rives de la Méditerranée... Et beaucoup d'autres choses, que découvriront les lecteurs du Monde II cette semaine. Comment se fait-il que, régulièrement, des médias présentent comme des conquêtes de la science sur une religion obscurantiste ce qui est en réalité déjà enseigné depuis longtemps dans les séminaires et facultés de théologie ?

Peut-être cet agacement est-il partagé par tout specialiste lorsque sa discipline commence à être vulgarisée ?

vendredi 22 décembre 2006

Dur d'être soi-même.

C'était le sujet d'une discussion hier dans un groupe dont je fais partie : l'Eglise prend son parti de la déchristianisation. Ne gagnerait-elle pas à être davantage combative, à espérer davantage ? Qui dit que demain les chrétiens seront vraiment peu nombreux ?

Evidemment, personne ne sait de quoi demain sera fait. Mais ce qui est sûr, c'est que les "sans-religion" ne peuvent qu'être de plus en plus nombreux, et que le rapport au religieux, et le religieux lui-même, ne peut que se transformer. Ce serait un peu long à développer sur ce blog, car il faut conserver aux billets qui le composent leur concision. Si vous voulez aller plus loin, allez faire un tour sur le chapitre de mon cours qui traite de ce sujet ; je ne prétends pas y apporter toutes les réponses... Mais si vous avez des idées pour que nous avancions ensemble dans la réflexion, elles sont les bienvenues.

Il n'y a pas de désespoir, ni de pessimisme : juste la prise en compte réaliste d'une transformation inéluctable de ce qu'est le religieux dans notre monde. Et la nécessité, inéluctable elle aussi, d'anticiper le plus possible sur cette transformation.

Plus ça va, plus je le pense, allez : La fatigue d'être soi, d'Alain Ehrenberg, est un maître livre qui permet de comprendre bien des choses sur le monde d'aujourd'hui et celui de demain. Il traite des conséquences de l'accession du sujet à son autonomie, et des difficultés qui en résultent pour l'homme d'aujourd'hui :
" L’homme souverain, semblable à lui-même, dont Nietzsche annonçait la venue, est en passe de devenir une réalité de masse : il n’y a rien au-dessus de lui qui puisse lui indiquer qui il doit être, car il se prétend le seul propriétaire de lui-même. Pluralisme moral et non-conformité à une forme unique, liberté de se construire ses propres règles au lieu de se les voir imposer : le développement de soi devient collectivement une affaire personnelle que la société doit favoriser".
Il est difficile, fatiguant, d'être soi-même. Mais c'est en même temps l'idéal indépassable d'aujourd'hui et sans aucun doute celui de demain. Dans un tel monde, notre Eglise catholique, avec sa hiérarchie, ses dogmes, son universalisme, son souci de la tradition, ne pèse pas lourd.
Sur le vif.

Hier soir, courses de dernière minute au Shopi pour acheter du papier-cadeaux. Eh bien sûr, il y a la queue à la caisse, et les gens arrivent de tout le magasin donc pas moyen de savoir qui est devant qui. Bien sûr aussi, pas de deuxième caissière pour soulager celle qui est là et qui s'embrouille dans ses comptes. Bien sûr enfin, à deux places dans la queue devant moi, une dame aux traits couperosés n'a pas de quoi payer sa bouteille de rouge. Il lui manque vingt centimes. "J'étais pourtant sûre d'avoir retiré de l'argent avant de venir... Qu'est-ce que j'en ai fait?" Tu parles... Et voilà, tout le monde attend, et moi je commence à m'énerver.

Alors, le monsieur maghrébin qui est entre nous deux lui donne les vingt centimes qui lui manquent. La dame se répand en excuses, commence par refuser, accepte car l'homme insiste, ne sait pas comment remercier, paye, et finalement retrouve les deux billets de dix au fond de son sac - donc, nouvelle manoeuvre de la caissière qui recommence tout à zéro, etc.

C'était tout simple, finalement : il suffisait de la dépanner de vingt centimes. La queue a retrouvé le sourire. La dame a payé sa bouteille de rouge. Et le monsieur s'est fait une amie : je les retrouve à la sortie du magasin en grande conversation, puis s'éloignant bras dessus, bras dessous, sans doute dans l'intention de vider ensemble la bouteille si heureusement acquise, avant de mieux faire connaissance.

mercredi 20 décembre 2006

Un peu de poésie dans ce monde de brutes.

Histoire de se donner envie de sortir voir du beau : Le Labyrinthe de Pan, un chef-d'oeuvre de Guillermo del Toro ; c'est l'histoire d'une petite fille qui est en réalité une princesse et essaye de rejoindre le monde d'où elle vient. Mais ce n'est pas facile. Il y a des fées, un faune, des personnages qui ne sont pas humains, et malheureusement aussi des humains, ce sont vraiment eux les pires.

Rien que le site du film vaut le coup !

mardi 19 décembre 2006

Violence, sport, religions, institutions.

Cette fois-ci, c'est le tout neuf CNFPT (sigle sous lequel se dissimule le Centre national de la Formation Territoriale) qui a été la cible de la violence ; mêmes armes, même lâcheté (on vise des locaux que l'on suppose non gardés, on attend que la nuit tombe pour passer à l'acte, on laisse sur place, et par peur, des engins inutilisés), sans doute les mêmes auteurs ?

En tout cas cet événement, qui n'a rien de réjouissant en soi, constitue une très relativement bonne nouvelle : on en veut à tout ce qui dans le quartier peut représenter une institution, et pas spécialement à l'Eglise. C'est une bonne nouvelle car je suis un peu affolé par les réactions racistes, et parfois anti-religieuses, provoquées par l'agression de la paroisse. Tant de gens sont persuadés que nous sommes victimes de la supposée volonté de puissance de nos amis musulmans. Sans doute pour éviter d'être soupçonnés de racisme, quelques-uns font porter le chapeau aux religions dans leur ensemble, censées être des vecteurs de violence et de bêtise. Comment leur dire que plus on dira que les religions sont violentes et inutiles, plus on déchaînera la violence contre leurs adeptes ?

Je ne peux m'empêcher de mettre cela en rapport avec cet article du Monde d'hier, dénonçant la violence qui règne dans les milieux du foot amateur. Il paraît que le foot est "la première occasion de bagarres", et qu'avec les discothèques il est le lieu dans lequel il y a le plus de violence. Qui oserait pourtant prétendre que le sport est violent ?

samedi 16 décembre 2006

Réactions.

Il y a eu vraiment tout plein de messages de sympathie adressés à la paroisse après ce qui s'est passé mercredi soir. Cela fait vraiment plaisir : la réaction des policiers, de la Préfecture qui s'inquiète, des amis, de l'Eglise Réformée, de prêtres et de communautés chrétiennes, de gens loin de l'Eglise, de commerçants du quartier...

Le blog du Bien Public offre un pannel de ces réactions, souvent anonymes. Quelques-unes me paraissent particulièrement emblématiques.

Il y a d'abord ceux qui exploitent l'événement pour tirer la couverture à eux, et dénoncent la municipalité, l'Etat, telle ou telle communauté religieuse... Pas de commentaire, sauf un : ne tombons pas dans le panneau...

Il y a ceux qui essayent de minimiser la chose : ce n'est pas une église, quand même. Certes ; mais ce n'en est pas moins grave.

Il y a ceux qui se demandent si l'indignation est à la mesure de l'événement, et prennent la comparaison avec un acte équivalent dans une mosquée ou une synagogue. Heureusement, à Dijon, je ne crois pas qu'une comparaison puisse se faire avec un événement récent. Sauf peut-être, l'an dernier, la violation de sépultures recouvertes de symboles nazis dans le cimetière de Genlis ; une manifestation avait alors été organisée par divers mouvements, dénonçant entre autres l'antisémitisme et le racisme, ce qui était étrange car les tombes profanées n'étaient ni juives, ni étrangères. Je n'ai pas entendu d'appel à manifester ; quelque part c'est bien, car il faut éviter la surenchère. Mais, c'est vrai, il n'y a pas eu de réactions des groupes qui se mobilisent d'habitude pour des actes de cette nature.

Il y a enfin ceux qui désignent les coupables : ce sont "les musulmans", ou "les maghrébins", ou "les jeunes". Ca, c'est terrible. C'est exactement faire le jeu de ceux qui ont agi ainsi : ils cherchent, pour des raisons que j'ignore, à faire monter la tension entre les personnes et les communautés.

vendredi 15 décembre 2006

Lendemains de cocktails.

Drôle d'impression en entrant chez le marchand de journaux ce matin : en première page, disputant la vedette au passage de Ségolène Royal, le Bien Public (journal local) annonce le mini-bombardement du presbytère.

Dès hier, vu qu'on est passés aux radios et à la télé, ça a été du harcèlement : toute la journée, les journalistes au téléphone... C'est dur de répondre, en pesant ses mots, car il faut dire à la fois l'importance de la chose et faire attention de ne pas en rajouter de peur de mettre de l'huile sur le feu. Et comme il a fallu porter plainte, s'occuper de faire remplacer les vitres, et tout plein d'autres choses, la journée est vite passée.

Plein de messages de sympathie aussi. Merci à tous : heureusement, personne n'est mort, même si symboliquement la portée du geste est considérable.

La question que se pose tout le monde évidemment : QUI ????

Pas de réponse. Toutes les hypothèses sont hélas autorisées. Personnellement, je dis : il faut chercher à qui profite le crime (puisque crime il y a). Et là, les options se resserrent : car qui, entre nous, a intérêt à ce que s'installent la peur et le sentiment d'insécurité ? Sinon ceux qui tirent parti d'un désordre qui favorise les trafics en tous genres. Et ceux qui en font leur fonds de commerce électoral. Ce n'est pas pour rien que les bâtiments publics sont la cible de ces agressions.

jeudi 14 décembre 2006

Une Parole qui tombe juste.

Il y a des fois où la Parole de Dieu tombe bien. L'évangile de la messe ce matin : "Le Royaume de Dieu est en proie à la violence, et des violents cherchent à s'en emparer", dit Jésus. J'ignore de quelle violence il voulait parler... Mais c'est un fait que des gens cherchent à faire de ce Royaume un lieu de violence, et de cette Parole une parole de violence.

mercredi 13 décembre 2006

Cocktails.

Bon, après quelques jours de tranquillité la violence reprend. Mais cette fois c'est l'église qui en est la cible : ce soir, deux cocktails Molotov ont été lancés contre le presbytère, ils sont passés à travers une vitre du couloir et ont commencé à mettre le feu... Rien de grave, seulement des dégâts matériels, jusqu'au jour où ?

C'est mon premier cocktail Molotov. Je peux vous dire que ça fait un sacré bruit. Surtout quand on ne s'y attend pas.

Question : que faut-il faire ? Alerter les médias ? Protester ? Ne rien faire pour ne pas attiser les tensions ? Si vous avez un avis, donnez-le svp !

mardi 12 décembre 2006

Sortie de messe post-téléthon.

Une mise au point sur le Téléthon pendant la messe m'a valu encouragements et questions à la sortie. Une chose est de donner de grands principes, autre chose est de se trouver confronté soi-même à des situations difficiles... soit professionnellement (infirmiers, médecins), soit familialement (à travers les enfants, petits-enfants, frères et soeurs). Comment faire en sorte que les principes aident à faire des choix au quotidien ?

En attendant, la mise au point s'est révélée profitable : un stand de vente au profit du Téléthon a remporté un grand succès...

samedi 9 décembre 2006

Gâchis.

Sur France-Info il y a quelques minutes : "Comment se fait-il qu'il y ait cette polémique autour du Téléthon ?" J'ai une réponse, elle vaut ce qu'elle vaut : le jeu des médias... Après tout ce sont eux qui l'ont créée, la polémique, non ? J'ai beau les aimer, jeudi soir j'ai été témoin, puis victime du harcèlement des journalistes qui ont voulu tout l'après-midi avoir la position de l'Eglise diocésaine de Dijon... Alors qu'il n'y avait rien de plus à dire, puisque évêques et chrétiens de tous bords avaient déjà tout dit et le contraire de tout. On leur a quand même fait savoir que le Téléthon c'était très bien et qu'il fallait donner.

Bon, ceci dit, je persiste et signe : on a quand même le droit de se poser deux questions, même si le moment est mal choisi :
  • Première question : où va l'argent ? Et plus précisément : à quel genre de recherches ? Ces choix sont-ils justifiés ? Merci au Monde d'hier soir d'aborder enfin le sujet de manière exhaustive, en faisant état des doutes qui pèsent sur l'efficacité réelle des traitements à base de cellules-souches embryonnaires - et même en abordant la question du salaire des dirigeants.
  • Deuxième question : pourquoi limiter la recherche aux cellules-souches embryonnaires, alors que d'autres cellules sont semble-t-il aussi prometteuses, sinon plus ? J'ai été affligé par la pauvreté du débat sur France-Info tout-à-l'heure. Comment permettre aux gens de se faire une opinion convenable en simplifiant ainsi les choses ? Les questions posées par la cellule éthique de Toulon portait aussi sur la pratique du tri embryonnaire. On ne peut pas faire croire qu'on soigne une maladie alors qu'en réalité on empêche la naissance de ceux qui en seront -peut-être - victimes...
Allez, une dernière remarque : quel média - à part La Croix - a repris la déclaration de soutien au Téléthon du président de la Conférence des évêques de France ? Qui a vraiment dit que la polémique avait eu comme point de départ la déclaration d'un petit groupe de recherche du diocèse de Toulon, animé par un homme qui a été il y a deux ans sur une liste royaliste aux élections européennes ? Ca aussi, ça fait partie du débat.

vendredi 8 décembre 2006

Tri.

En 2004 (pas de chiffres pour 2005), 34 enfants sont nés après un diagnostic pré-implantatoire. Le professeur Israël Nisand estime qu'il ne faut pas parler à cet égard d'eugénisme et réserver cette expression à la médecine nazie.

Comment alors appeler de telles pratiques, qui consistent à sélectionner parmi un certain nombre d'embryons créés in vitro un ou deux qui sont indemnes de maladies graves ? D'atant plus que ce diagnostic a été étendu à des embryons ayant une prédisposition à certains cancers. On ne voit pas ce qui pourra empêcher dans l'avenir les médecins d'accéder à des demandes de convenance.

mercredi 6 décembre 2006

La mort, et après.

Ces deux jours ont eu lieu à Paris la rencontre annuelle de mon petit club de responsables pastoraux de grandes villes. On s'y retrouve entre amis : il y en a que j'ai connus au séminaire, puis à l'aumônerie étudiante, puis à la formation, et maintenant ils sont là. Chaque année, quelques-uns sont happés par l'épiscopat (le dernier en date étant Jean-Yves Nahmias, évêque auxiliaire de Paris, ça fait partie des choses qui donnent confiance dans l'Eglise).

Notre principal dossier portait sur la mort et la manière dont les rites funéraires se transforment en ce moment dans le milieu urbain. Il est loin, le temps où on mourait chez soi, avant de passer par l'église et de finir au cimetière. Les parcours funéraires partent de l'hôpital, vont vers les dépositoires, et se terminent au crématorium, avec pas mal de variantes, le détour par l'église étant désormais bien souvent un détail onéreux et encombrant. Beaucoup de questions se posent, du coup. Que devient la symbolique chrétienne de l'inhumation ? Quelle catéchèse sur la résurrection reste possible ? Les nouveaux parcours funéraires ne font-ils pas bon marché du temps indispensable au travail de deuil ? Est-il normal que des sociétés de Pompes funèbres aient la maîtrise de l'ordonnancement de cérémonies religieuses ? etc, etc.

Pour les amateurs et les gens curieux de savoir comment ça se passe aux USA : allez jeter un oeil sur Six feet under, la série US complètement déjantée qui se passe dans une entreprise familiale de Pompes funèbres.

dimanche 3 décembre 2006

Difficiles fidélités.

Enorme, sinon principale, difficulté rencontrée dans l'animation de groupes de jeunes (disons ados, mais cela va sans doute plus loin) : les engagements sont éphémères. Un rendez-vous pris ne l'est jamais vraiment : autre chose peut se présenter au dernier moment, pas forcément plus important mais présenté de manière plus pressante. Il faut re-confirmer, rappeler, et quelques minutes avant envoyer un sms sans lequel rien n'est jamais sûr.

Telle est la mésaventure advenue, la semaine dernière, aux animatrices du groupe de confirmands - pourtant pas bien vieilles : elles avaient prévu une réunion, à laquelle elles avaient invité quelqu'un pour parler des aumôneries de prison, et mon confrère de la paroisse voisine. Sur douze jeunes, deux seulement se sont présentés, presque aucun n'avait prévenu d'une absence.

La vie adolescente est fragmentée par une incroyable quantité de sollicitations, entre lesquelles un jeune est sommé de choisir alors qu'il n'en a pas forcément la possibilité (car poser des choix demande une maturité et une liberté qui ne s'acquiert qu'avec l'expérience). Les parents n'aident pas toujours à cela, lorsque, au lieu d'encourager à rester fidèle à un engagement pris, ils le remettent en cause : "Tu es bien sûr que tu veux aller à l'aumônerie ?", "Tu es certaine de vouloir préparer ta confirmation ?" De telles questions, certes, se comprennent dans le contexte actuel : rien ne va de soi, tout doit être objet de construction et de reconstruction. Mais ne faut-il pas agir de manière différente lorsqu'une personnalité est précisément en construction ?
Nouveau voisinage.

Au presbytère, nous avons maintenant deux voisines: Emilie et Barbara sont étudiantes, et elles louent l'ancien appartement du curé qui est devenu lieu de vie communataire pour des jeunes en question sur leur vie. Le diocèse appelle ça Vocapass.

Hier soir, Pierre et moi sommes allés dîner chez elles. Entre autres choses, nous y avons parlé informatique. Apparemment ça ne les passionne pas : Barbara n'a pas d'ordinateur, et Emilie s'en passerait volontiers.

Sont-elles en retard, ou en avance sur leur temps ? Je me rends compte que c'est la première fois que je me pose la question. L'informatique est tellement devenu un prolongement de mon système nerveux que je n'arrive pas à imaginer ma vie sans ; les comportements nouveaux qu'elle génère sont-elles des mutations définitives ou de simples phénomènes de mode ? L'éphémère des relations qui accompagne l'explosion d'Internet, du portable, des sms, est-il appelé à durer ?

samedi 2 décembre 2006


Prière(s).

Le geste de Benoît XVI, dans la mosquée bleue d'Istanbul, a marqué les esprits. Prière ? recueillement ? Il fallait avoir de bons yeux pour le dire... Un petit geste qui redonne envie d'entrer en dialogue, et que l'on espère un geste de réconciliation.

Un rabbin m'a confié un jour combien la question de la diffusion universelle du christianisme, par rapport à un judaïsme aussi confidentiel, l'avait taraudé. Jusqu'au jour où il s'était dit que, peut-être, le christianisme était le moyen que Dieu avait trouvé pour diffuser son message aux extrémités de la terre, sans renier la promesse faite à son peuple.

Et si - attention : c'est une hypothèse - l'Islam était, de la même manière, un moyen que Dieu avait trouvé pour parler de son Fils à des gens qui auraient refusé de l'entendre autrement ? C'est frappant de voir ce que dit le Coran sur Jésus, sur Marie. Frappant également, comme me le disait un jour le Père Claverie, de voir que les Musulmans ne vont pas jusqu'au bout de ce que leur dit leur Ecriture à ce sujet.

Pour aller plus loin : quelques pages de la revue Questions actuelles.

vendredi 1 décembre 2006


Une société juste.

Qu'est-ce qu'une société juste ? Telle est la question posée lors des Semaines sociales de France, qui ont cette année réuni 4000 participants. Quelques amis y étaient et m'en ont fait ce matin un compte-rendu enthousiaste. L'intervention de Dominique Voynet a été paraît-il la mieux ressentie des quatre "politiques" (les trois autres étant Michel Sapin, François Bayrou et l'inévitable Nicolas Sarkosy).

Voilà pas mal de décennies que les Semaines sociales, une invention jésuite, constituent une formidable force de propositions. Cette année, ils ont fait le bilan de ce qui, depuis vingt ans, avait été retenu de leurs idées : le nombre de textes législatifs et réglementaires inspirés par leurs réflexions est impressionnant.

Pour lire les Douze propositions pour une société plus juste, rendez-vous sur le site web de la dernière session ; les propositions seront envoyées aux candidats de l'élection présidentielle pour qu'ils y réagissent, et leurs réactions seront publiées au fur et à mesure. Tout le monde est d'ailleurs invité à participer au travail commun.

jeudi 30 novembre 2006

Nouveau candidat.

Rions un peu :
http://www.zedess.com/Sarkozy_Clip/Un_Hongrois_chez_les_Gaulois.html
Charité bien ordonnée ?

A quoi sert l'argent du Téléthon ? La question mérite d'être posée. Elle l'a été, par trois évêques, et pas des plus conservateurs malgré ce que dit "Le Monde" d'hier soir.

Pourquoi donc la réaction outrée de la présidente du Téléthon ? C'est que, dès que des catholiques ouvrent la bouche, on s'imagine qu'ils veulent restaurer quelque chose comme l'ancienne chrétienté. Je laisse, pour ma part, la parole à Michel Dubost, évêque d'Evry : Il nous faut accpter que l'éthique chrétienne ne soit plus, à elle seule, celle qui soutient et anime l'éthique de la société; en même temps, on doit entendre notre avis, notre divergence... Cela ne sert à rien de condamner sans appel, surtout quand il s'agit de mener des recherches dans un cadre purement légal et dans un esprit de défense de la vie.

mercredi 29 novembre 2006

Pour ceux qui veulent réfléchir à la foi.

Ca y est, j'ai mis en ligne le cours que je donne au Congo. Vous pouvez le trouver sur :
http://theologiedelafoi.blogspot.com
Ce qui serait formidable, c'est que les lecteurs qui viendraient à s'y égarer (je reconnais que la lecture n'est pas facile...) prennent la peine de réagir.
Famille (s).

Hier soir, première assemblée générale du Service Familles (le "s" est très important). L'ambition de ce service est de réunir tous ceux qui s'intéressent au service que les chrétiens peuvent rendre aux familles.

Ce n'était pas évident pour tous ceux qui étaient là de comprendre l'objectif de la soirée. Spontanément, chacun s'intéresse d'abord à son petit groupe : comment faire connaître le mouvement dont je fais partie, l'association dans laquelle je milite ? Comment inviter du monde à nous rejoindre ? La logique est inversée : peu importe que les églises soient pleines, l'essentiel est ce que nous avons à dire et à transmettre, et le service que nous pouvons rendre.

Les idées ne manquent pas. Le tout est plutôt de savoir par quoi commencer. Une chose est certaine : les chrétiens ont quelque chose à dire sur la famille, une expérience à partager, des convictions à affirmer. Rien à affirmer, beaucoup à proposer, sans tomber dans le piège de la dénonciation d'un monde qui ne tourne pas rond.

dimanche 26 novembre 2006

Baptêmes (suite)...

Le choix du parrain et de la marraine : voilà un problème auquel sont confrontés de plus en plus de parents, qui dans leur entourage ne connaissent pas beaucoup de chrétiens. Plusieurs fois, on m'a demandé de choisir un musulman, seule personne vraiment croyante ; à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'un oncle de l'enfant.

Honnêtement : entre une famille qui choisit comme parrain le tonton, baptisé mais indifférent, pour lui faire plaisir, et une autre qui porte son choix sur un proche qui n'est pas croyant mais dont ils savent qu'il aidera l'enfant à cheminer dans une vie personnelle, quel est le meilleur choix ?
Baptêmes.

Ce matin, préparation au baptême. Trois familles sont venues, aussi dissemblables qu'il est possible de les imaginer : les premiers arrivés habitent une maison à Varois et sont comptables tous les deux ; les suivants veulent baptiser d'un seul coup les quatre enfants, le papa est camerounais, la maman française, leur souci est de trouver des parrains et marraines pour tout ce petit monde car ils ne connaissent que des protestants, des musulmans et des incroyants... Enfin, une maman, camerounaise elle aussi, est venue seule avec sa petite qui a déjà été baptisée en août mais elle n'avait pas encore participé à la réunion avec le prêtre.

Le dialogue s'instaure malgré les différences. Le sujet de débat : qu'est-ce que la vie chrétienne ? Au-delà des considérations traditionnelles sur les valeurs, nous essayons de réfléchir ensemble sur le spécifique de la foi, la vie des sacrements, la prière. Le ménage de Varois ne pratique pas, à la différence des deux autres familles.

Aimer Dieu et aimer son prochain ne font qu'un seul commandement. Comment transmettre ce message sur quoi Jésus revient à plusieurs reprises, faire comprendre qu'il n'y a pas de vie chrétienne possible sans enracinement dans une pratique de la prière et des sacrements ?
Encore de la violence.

Cette semaine : un incendie volontaire dans un immeuble rue Castelnau - plusieurs familles ont dû être évacuées et relogées, une voiture bélier dans un autre rue Paul-Bur.

samedi 25 novembre 2006

Visionnaire.

A l'occasion des 40 ans de Populorum Progressio, l'encyclique de Paul VI sur le développement des peuples, et à la demande du CCFD, je me suis replongé dans ce texte qui n'a pas pris une ride. Le regard porté par Paul VI est d'une incroyable actualité : égoïsme des pays riches, pauvreté croissante des pauvres, développement des maladies et des famines, appels au partage des biens et des savoirs... Il faut relire ce texte visionnaire (voir en particulier le commentaire de Vincent Cosmao), en refaire un outil de réflexion, redire que l'Eglise catholique s'y est engagée de manière définitive et à son plus haut niveau aux côtés des peuples en développement.

vendredi 24 novembre 2006

Prêtres à l'étranger.

D'autres prêtres de Dijon sont à l'étranger. Parmi eux, Luc, avec qui j'ai fait la plus grande partie de mon séminaire. Il est en Uruguay, curé paumé dans une paroisse je ne sais où exactement... Je crois que c'est près de la frontière brésilienne. Il aurait dû être avec un autre prêtre, mais au bout de quelques mois, ce dernier a quitté le ministère. Je crois (je sais) que c'est dur pour lui, même s'il est heureux d'être là-bas.

A l'étranger, on est beaucoup plus vulnérable. En plus, Luc, c'est quelqu'un qui se laisse vraiment toucher profondément par les autres, et qui se donne à fond dans son ministère. Ce séjour en Uruguay, qui dure depuis deux ans, est quelque chose qui lui tenait vraiment à coeur.

mercredi 22 novembre 2006

Manifs.

Hier, passage éclair à Paris pour rencontrer le secrétaire général de la Pastorale des Migrants, José da Silva. Le faubourg Saint-Antoine pue le brûlé : les pompiers manifestent en mettant le feu aux poubelles et en ouvrant toutes les bouches d'incendie, ce qui provoque une inondation sur les trottoirs.
Je me demande si c'est une bonne idée, ces pompiers qui mettent le feu ?

Justice.

Un juge français met en cause le président du Rwanda dans l'attentat meurtrier qui a été à l'origine du génocide dans ce pays. Ici, on découvre la réalité ; là-bas, tout le monde sait depuis longtemps que Kagamé est un chef d'Etat impitoyable qui n'a reculé devant rien pour prendre le pouvoir, et conquérir la moitié du Congo que son pays occupe et pille aujourd'hui en toute impunité. Depuis douze ans, le génocide dont les Tutsis ont été victimes a servi de prétexte à la guerre la plus meurtrière depuis 1945 (4 millions de victimes au moin) et à la mise à sac du pays le plus riche d'Afrique.
Une décision de justice, dont on ne sait pas trop quel impact elle peut avoir sur ce qui se passe en Afrique, mais qui doit réjouir le coeur de mes amis congolais.

mercredi 8 novembre 2006

Je ne vais pas vous raconter mon cours...

... un de ces jours, je pourrais le mettre en ligne après tout !
Les cours à Mayidi.

Les cours à Mayidi, ce sont de vrais cours. Pas des cours comme dans les séminaires : j'ai droit à un amphi, 36 étudiants, et même un squelette dans une vitrine comme si c'était une fac de médecine. Il y a un grand tableau noir où on écrit à la bonne vieille craie, en s'en mettant plein les doigts et jusque sur le pantalon.

Au début, c'est toujours un peu l'angoisse : serai-je à la hauteur ? Vont-ils poser des questions ? S'intéresser à ce que j'ai à leur dire : parler de la foi, pendant trente heures réparties sur une semaine ?

Et voilà, c'est parti : on commence par ce que c'est que croire, aujourd'hui, en France. Ahurissement des étudiants : comment, si peu de jeunes sont chrétiens ? Si peu, à la messe le dimanche ? Si peu de futurs prêtres dans les séminaires ? Et puis, la discussion s'instaure. Non, la foi ne disparaît pas en Europe ; elle se transforme. Il y a des endroits où les chrétiens sont toujours là, fidèles au poste : les catéchistes, la solidarité, la presse catholique... Il y a des endroits où on refuse du monde : hôtellerie des monastères, pélerinages, rencontres mondiales de jeunes.

Et au Congo, c'est comment ? Les langues se délient. Au Congo, Monsieur l'Abbé, tout le monde croit ; et c'est bien là le problème : car il y a beaucoup, beaucoup de sectes. Il y a l'Islam, perçu comme une menace. Il y a les témoins de Jéhovah, les Hommes d'affaires du Plein Evangile, l'Eglise du Christ au Congo, et tant et tant d'Eglises soumises au chraisme ambigu d'un pasteur qui trouve là de qoui gagner sa vie.
Retrouvailles.

Au bout de la piste, une allée bordée d'arbres, une tour que l'on voit de loin : c'est le Château rouge construit par le baron Carton de Wiart qui en fit le premier séminaire indigène du Congo. J'y retrouve mes anciens élèves, et le recteur qui m'accueille sur le perron.

Arrivée au Congo.

L'homme qui est venu me chercher à l'aéroport est un moine : bénédictin de Mambré, le couvent de Kinshasa, le Père Simon m'entraîne dans ma première traversée de la ville démente. La nuit est tombée : nous nous lançons en voiture sur des avenues cahotiques, le long desquelles se presse une foule dense. Cà et là, des feux sont allumés, de modestes guinguettes rassemblent des grappes de gens en quête de plaisir. J'avais oublié à quel point on peut être secoué sur les chaussées africaines.

Impossible de savoir où nous allons, tant l'obscurité est dense et la circulation incohérente. Le Père Simon, lui, s'y retrouve : nous arrivons au monastère, oasis de calme comme il se doit non loin du fleuve.

Voilà, c'est fini...

Dommage que je n'aie pas pu mettre à jour mon blog depuis le Congo. Mais si vous voyiez ce que c'est que ce pays, vous comprendriez tout de suite pourquoi ce n'est pas possible.
Déjà, en arrivant à l'aéroport de Kinshasa, vous voilà dans l'ambiance. La chaleur qui vous tombe dessus comme un édredon humide au sortir de l'avion. L'agitation qui règne aux alentours des points de contrôle des passeports : des dizaines de personnes qui vous porposent leur aide, en espérant quelques sous pour vivre. Mais aussi, toujours, quelqu'un qui est là et vous attend, envoyé par vos hôtes : cela fait partie des surprises du voyage, ces anges gardiens qui ne vous laissent jamais tomber.
Kin, c'est la plus grande ville francophone du monde après Paris : 7 millions d'habitants ? 10 millions ? Impossible de savoir au juste. Des dizaines, peut-être des centaines de milliers d'enfants y vivent dans la rue : ce sont les Shege, dont le nombre ne cesse de s'accroître, qui forment aujourd'hui une véritable caste violente et pauvre.
C'est aussi Kinshasa la Belle. La ville a souffert des pillages et de la guerre, mais elle conserve ses grandes avenues, ses boulevards animés à toute heure, les belles résidences de Ma Campagne... Elle n'a jamais perdu l'animation que lui apporte les milliers d'étudiants de ses campus, ni le presitge de sa faculté de théologie. Depuis deux ans, elle commence à panser ses blessures : les magasins rouvrent à nouveau, la circulation redevient un indescriptible magma boueux.

vendredi 20 octobre 2006


Une petite photo

Voilà, c'est le grand séminaire de Maydi... un jour de pluie on dirait.
Au fait, si vous voulez savoir le temps qu'il fait en ce moment au Congo :
Carte météo msn du Bas-Congo

Congo

Quelques mots pour vous tenir au courant de mon lieu de destination : l'Ouest de la RDC (ex-Zaïre, dit-on souvent) ; un pays qui se relève à peine d'une guerre de sept ans qui a fait plus de 4 millions de morts. Peu de gens le savent, c'est le plus grand massacre depuis la seconde guerre mondiale.

Le pays est aujourd'hui occupé par des voisins avides de piller ses ressources immenses (or, uranium, cobalt, coltran et bien sûr les fameux diamants) avec la complicité d'entreprises originaires vous devinez de quelle partie du monde. Kinshasa, la capitale, est une ville dévastée par la guerre et les pillages. Deux candidats s'y disputent en ce moment, parfois violemment, l'élection présidentielle dont le second tour aura lieu dimanche 29 octobre : en plein milieu de mon séjour, ce qui promet de l'animation.

Le séminaire de Maydi, par contre, est un endroit assez paradisiaque : au milieu de la forêt équatoriale, un château en brique rouge construit dans les années trente par un baron belge qui en a fait le premier séminaire indigène du pays. Il abrite aujourd'hui 150 séminaristes venant de tout le pays, et même du Congo-Brazzaville voisin (eux aussi ont été chassés par la guerre).

C'est promis, dès mon retour (le 8 novembre, jour de la grève SNCF, ô joie), je vous envoie des photos et un récit détaillé de mon séjour.
De retour sur le web

Amis bloggers, après une longue absence (oups : mon dernier message remonte au mois de juin !!!) me voici de retour. Je ne m'apesantirai pas sur les raisons de ce long silence : après les vacances, de sérieux problèmes avec France-Télécom qui commencent à se règler seulement maintenant... Bref.
Le retour sera de courte durée : demain matin, je m'envole pour Kinshasa ; et le dimanche matin, départ pour le grand séminaire de Maydi, à 150 km au sud - ce qui représente quelques heures de route... Là, une cinquantaine d'étudiants en théologie m'attendent de pied ferme pour commencer leur année universitaire.

mardi 6 juin 2006

Migrants.

L'autre jour, l'archevêque me passe un coup de fil : il y a un débat au Bien Public (c'est le journal local) sur les migrants et la loi Sarkozy, mais comme il n'a pas le temps d'y aller c'est moi qui m'y colle.
Surprise : je me retrouve assis entre le Président du Conseil général, le maire de Talant, et... en face de Bernard Kouchner. Il y a aussi une dame du PC, un monsieur des Verts, et Mohamed Ateb pour représenter les Musulmans. Tout le monde très intéressé de savoir ce que l'Eglise catholique pouvait avoir à dire sur le sujet. Moi qui avais surtout l'intention de dire ce que j'en pense !
Bon, je m'exécute comme je peux. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on a bien discuté ; je serais volontiers resté plus longtemps. Moi, je reste sur mes positions : je ne vois pas quelle est la différence entre un enfant français (nous sommes très fortement incités à en faire, que je sache), qui coûte cher à ses parents et à la collectivité avant de pouvoir enfin se mettre au boulot au minimum vingt ans après sa naissance, et un étranger qui vient chez nous pour travailler. Dans les deux cas on devrait avoir le même raisonnement : ou bien plus il y a de gens, plus il y a de richesse, et donc vive les étrangers autant que les petits français (d'autant plus qu'eux au moins on n'a pas eu à les nourrir avant qu'ils se mettent à bosser) ; ou bien la richesse est un gâteau qu'on ne peut pas partager indéfiniment, mais alors pourquoi nous encourager à avoir des enfants ? Quant aux différences culturelles, elles me paraissent être plus un enrichissement qu'une gêne. Mais bon : apparemment les deux tiers des Français sont d'accord avec les grandes lignes de la loi Sarkozy (sondage du Figaro-LCI). Dans quel monde est-ce que je vis ?
Tout le monde a le droit de vivre et de travailler dans le pays de son choix : ce n'est pas moi qui le dis, c'est Jean-Paul II tout de même !
Le débat a été riche en surprises. La première pour moi, c'est de me retrouver exactement sur la même ligne que la dame du PC. Une autre, pas mal non plus celle-là : Kouchner disant qu'il aurait volontiers voté la loi avec quelques aménagements, et Broissia lui répondant "Tu vois Bernard, tu aurais pu être de droite". La dernière, c'était d'entendre le même Kouchner proclamer que les amours tarifées étaient immorales : si vous aviez vu la tête incrédule de son voisin...



La fête.

Pour faire bonne mesure : quelques photos de la fête qui a suivi après la confirmation pour les jeunes de la paroisse.
Pentecôte.

Ce matin, les remarques étaient les mêmes chez les commerçants (toutes religions confondues) : "Vous avez eu du monde, dimanche !"
C'était difficile de passer à côté : 3 000 personnes dont 700 dehors devant un écran géant, plus de 200 jeunes confirmés par l'archevêque, une foule d'une jeunesse inattendue, une liturgie joyeuse... C'est l'Eglise qu'on ne voit pas assez souvent.
Au début, beaucoup ne comprenaient pas : pourquoi ce rassemblement ? Ne valait-il pas mieux laisser les confirmés en petits groupes, dans leurs paroisses ? Les familles ne seraient-elles pas exclues ? Les jeunes frustrés de "leur" célébration ?
Au bout du chemin : je crois que chacun a compris le pourquoi de la démarche. Pour ceux qui étaient là, c'était une autre expérience de l'Eglise, une expérience vraie, pas les JMJ qui recrutent dans le monde entier, pas non plus la petite communauté vieillissante du dimanche ; mais une Eglise proche qui s'est rassemblée.

mercredi 24 mai 2006





Kermesse.

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques photos de la traditionnelle kermesse paroissiale, qui contre toute attente s'est déroulée sous le soleil...

jeudi 11 mai 2006

Les pauvres.

Les Grésilles : un quartier plein de gens tout petits petits.

Ce matin, je croise en allant ouvrir l'église une dame entre deux âges accompagnée par deux jeunes gens. Rien qu'à les voir, on a compris : de petites gens tout simples. La dame tient un sac en plastique d'où elle sort la photo d'un jeune homme : "C'est mon fils, il est mort il y a six mois, la messe est pour lui ce matin".

On installe la photo à côté de la statue de la Vierge. La dame pleure un peu. Elle demande la permission de communier bien qu'elle ne se soit pas confessée. Du coup, ses enfants communient aussi (pour la première fois on dirait). La messe finie, je m'attarde un peu : où les obsèques ont-elles été célébrées ? - Au funérarium, dit le jeune homme, qui est le frère du défunt. On ne voulait surtout pas que ça se sache. Nous sommes une famille pas ordinaire, vous comprenez...

La maman, elle, a compris que je n'ai pas compris, alors elle me renseigne : mon fils était handicapé, me dit-elle. Tout le monde se moquait de lui dans le quartier, tout le monde se moque de nous de toute façon. Un jour, il s'est fait courser par des voisins qui voulaient lui faire peur. Il a couru jusqu'à la rocade, et là une voiture l'a écrasé. C'est comme ça qu'il est mort.

Eh oui. Dans un quartier comme le nôtre, il y a les pauvres, il y a les étrangers, et tout en-dessous il y a les handicapés.

mardi 9 mai 2006

Des chiffres et des questions.

Quelques chiffres entendus tout-à-l'heure sur France-Info :

- Objectif du Ministre de l'Intérieur : passer de 20 000 à 25 000 expulsions d'étrangers cette année.
- Pour que ces expulsions se déroulent dans les meilleures conditions, ouvrir de nouveaux centres de rétention.
- Un centre de rétention (en région parisienne, je crois) vient d'ouvrir ses portes. Il a coûté 2,4 millions d'Euros.
- Ce centre pourra accueillir 35 personnes.
- Il nécessite la présence d'une dizaine de policiers (et, sans aucun doute, d'autant de personnes pour assurer l'entretien des locaux et la nourriture des pensionnaires, du moins on l'espère).

Moi, je me pose des questions, du coup :
- Combien de centres de 35 personnes devra-t-on construire pour accueillir les 25 000 étrangers expulsés ?
- A 2,4 millions par centre, combien de millions d'Euros seront nécessaires ?
- Combien pour payer le personnel (policiers et personnels de service) ?
- Combien pour nourrir ces gens pendant leur séjour ?

Et, in fine, combien aurait vraiment coûté à l'économie française, pour ne pas dire au contribuable, le maintien de ces malheureux dans notre pays ?

Rappelons que nombre d'interpellations d'étrangers en situation irrégulière ont lieu dans des conditions exorbitantes du Droit commun (les convocations à la Préfecture en vue d'une régularisation sont en réalité un piège, puisque la personne est accueillie par des policiers qui l'envoient immédiatement en centre de rétention). Rappelons également que seules de rares personnes sont autorisées à pénétrer dans ces centres, dans lesquels on est détenu sans jugement.

Réfléchissez à tout cela, et dites-vous que la campagne électorale est commencée.
Le flocon de neige en trop.

Rentrant de week-end, Sylvie (ça, c'est un pseudonyme) a trouvé les murs du collège de ZEP où elle enseigne couverts de tags insultants (et ça, c'est un euphémisme) à son égard et à l'égard d'un certain nombre de profs.

Dire ou ne pas dire ? Toujours la même question ! Plus ça va, plus je pense qu'il faut dire. D'abord parce que c'est comme l'histoire de la branche sous la neige : il neige, les flocons tombent, les uns après les autres, sur la branche. Un flocon ce n'est pas lourd. Mais à force : la branche plie, et un tout petit flocon de rien du tout, pas plus gros que les autres, va être celui qui va la faire casser. Il faut dire, pour secouer la branche et faire tomber la neige avant que ça casse.

Dire aussi, pour forcer à se poser des questions : d'où ça vient, tout ça ? Qu'est-ce qui fait qu'on en arrive là aujourd'hui ? En s'y mettant tous, on devrait tout de même finir par trouver des réponses, et aussi des idées pour s'en sortir sans tuer personne.

Car au bout du compte, ca finit par faire des morts. Pas des morts qui vont au cimetière, des morts qui continuent à habiter là comme des fantômes de malheur.

Ce matin à la messe, l'une d'entre nous qui travaille aussi dans l'Education nationale a demandé qu'on prie pour deux jeunes, deux frères, qui rentrent en prison. J'ignore pourquoi ils en sont arrivés là. Mais je suis prêt à parier qu'ils n'en étaient pas à leur première bêtise. Et qu'il a fallu attendre, là aussi, que beaucoup de flocons tombent sur la branche avant qu'elle ne casse. Qui a secoué la neige pour la soulager ? Maintenant qu'elle est cassée, ça va être dur de réparer.

lundi 8 mai 2006


Allez au cinéma !

Beau film : C.R.A.Z.Y., une famille québécoise des années 70-80, un père bourru, une mère bigote, et cinq fils dont le quatrième, à l'identité incertaine et à la sensibilité à fleur de peau, est le héros de cette histoire vraie (enfin c'est une fiction, mais qui atteint des sommets de vérité). Tous les parents et tous les enfants devraient aller voir ça, mais pas ensemble.

Plein de questions à la sortie. Parmi elles : alors, Dieu, dans tout ça ? J'aimerais poser la question au réalisateur bien sûr, mais je pense que lui-même n'a pas tout-à-fait la réponse. Moi, ce que j'en pense, c'est que c'est de lui qu'on parle le plus pendant deux heures.

vendredi 5 mai 2006

Toujours à propos du déclin du religieux.

Je ne veux pas vous bassiner avec ça, mais vraiment tous ces gens qui s'acharnent à penser le déclin du religieux... SVP pensez différemment, comme nous y encourage Clifford Geertz, un anthropologue qui participe cette semaine au colloque Les sciences sociales en mutation co-organisé par Le Monde et l'EHESS. Pour ceux qui ont envie de s'accrocher, une lecture qui ne laisse pas indifférent : le texte sur La religion, sujet d'avenir présenté par ledit anthropologue, un vrai programme de recherches pour tous ceux qui ont envie de se lancer dans un travail sérieux sur le religieux aujourd'hui. Moi, je me le mets dans mes favoris.

mardi 2 mai 2006


Image.

Pas beaucoup d'image sur mon blog ; voici une photo de l'église (sortie de messe dimanche dernier...)
De près et de loin.

Combien de gens prennent des distances avec l'Eglise lors du passage à l'âge adulte. Parmi les motifs souvent invoqués, ceux dont parlent ce soir-là ces deux amis, mariés il y a cinq ans et que je retrouve avec plaisir pour une soirée de détente : les religions sont facteurs de violence, dans l'histoire et dans la vie des gens.

Violent, le christianisme ? Le débat peut durer à l'infini. C'est vrai, les nouvelles ne sont pas bonnes ces temps-ci. C'est vrai, l'histoire est pleine des exactions commises au nom de Dieu. Jean-Paul II n'a pas cessé d'en demander pardon tout au long de son ministère - et même cela, c'est compté à charge : vous voyez que c'est vrai, puisque le Pape le reconnaît !

Il y a donc le catholicisme des lointains, celui des manuels d'histoire (surtout français, il faut le dire), celui des faits divers, de ce qu'on en voit à travers le JT.

Je m'intéresse, moi, au christianisme de proximité. Celui des gens à qui la foi fait du bien. Le christianisme des petits qui viennent parce qu'ils sont dans la peine et qu'ils pensent trouver là quelqu'un qui les aidera à porter leur fardeau. L'Eglise qui aide les parents et les enfants, qui rit avec eux et qui pleure avec eux. Une modeste oasis d'humanité.

Bref, ce dont on ne parle jamais, mais dont tant de gens ont besoin et qu'ils savent trouver ici.

lundi 1 mai 2006

Dire ou ne rien dire ?

Dilemme : faut-il dire tout ce qu'on voit dans ce quartier, au risque d'en dégrader davantage l'image et de faire le jeu de ceux qui sont censés faire parler d'eux de cette manière ?

Allez, je me risque, après tout il suffit de faire un tour dans la rue pour se rendre compte...

Cette semaine :
Les vitres du futur centre de formation de l'administration territoriale ont été brisées
Une voiture brûlée
Une poubelle brûlée.

dimanche 30 avril 2006

Journées d'Amitié.

Les Journées d'Amitié, communément appelées J.A., sont une institution. Une soixantaine de jeunes s'y retrouvent pour vivre ensemble trois jours durant : prière, partage, détente, réflexion sur leur vie et sur les textes de l'Ecriture.

Chaque année, les mêmes échos en reviennent de la part des parents : ceux qui participent aux J.A. s'en trouvent meilleurs. Je me suis souvent demandé pourquoi. Je trouve toujours les mêmes réponses : la vie commune, la prière, l'occasion de prendre du recul par rapport aux occupations ordinaires, le dialogue avec des aînés, la découverte de la Parole de Dieu et de sa force vivifiante, tout cela rejoint si profondément notre désir que la vie en est comblée.

Cette année, j'ai été particulièrement marqué par la célébration du sacrement du Pardon. Ce qui est alors confié rejoint le plus vrai, le plus sincère de nous-mêmes. Il n'est pas rare de voir des larmes couler. Le pardon donné est alors une joie immense et libératrice.

Marquantes également, les souffrances de beaucoup. Elles sont souvent occasionnées par des ruptures familiales. Telle est la première précarité dont souffrent les jeunes : celle de la situation conjugale de leurs parents. Leur aspiration à la stabilité est ici, et peut-être irrémédiablement, contrariée. Comment rêver de construire une vie dans la continuité, alors que cette continuité première, sur laquelle se construisent toutes les autres, n'est plus ? Comment pardonner, alors que la confiance est rompue ?

dimanche 23 avril 2006

Pâques.

J'ai pris du retard : la semaine dernière, nous avons fêté Pâques. Il fallait quand même que je vous dise qu'il y avait vraiment beaucoup de monde. A Sainte-Bernadette, 600 personnes à la veillée, autant le jour de Pâques. Plus de deux heures de célébration le samedi, et tout le monde m'a dit n'avoir pas vu le temps passer. A Saint-Apollinaire, une petite foule debout dehors faute de place à l'intérieur. Une dame d'un certain âge m'a engueulé : tous ces gens qui ne viennent jamais le dimanche et qui aujourd'hui lui ont pris sa chaise... Avec ce genre de réflexion, pas étonnant que les plus jeunes préfèrent rester au lit.

Nous avons célébré une dizaine de baptêmes ce week-end là. Cinq jeunes le samedi pendant la veillée.

Cela me rappelle mes petites messes de semaine dans mon village pendant les mois d'été : à peine l'église est-elle ouverte, on entend le bruit des piécettes qui tombent dans le tronc, les cierges s'allument, une vieille dame vient me voir à la sacristie pour savoir s'il y a une intention pour ce jour-là. Impression (trompeuse ?) que tout cela ne finira jamais.
Retour sur terre.

Pas évident de revenir à Dijon après quelques jours de vacances à Londres.

Ce qui saute aux yeux là-bas : l'incroyable dynamisme d'une ville où tout semble possible. Il paraît qu'il y a trois pour cent de chômeurs seulement, et ça se sent. Ca grouille de gens de toutes les couleurs.

J'ai revu Shyamal. L'étudiant mauricien un peu bohême que j'avais laissé il y a deux ans s'est transformé en un élégant gentleman de vingt-six ans. Il travaille dans un cabinet de consultants spécialisés dans les conseils aux partis politiques et aux gouvernements des pays émergents d'Europe de l'Est. Je n'avais jamais entendu parler d'un métier de ce genre auparavant ; il semble que ce soit une spécialité anglo-saxonne. C'est ainsi que se diffuse partout dans le monde une certaine manière de penser.

Shyamal est francophone. Il se sentait autrefois proche de notre culture et de notre mode de vie. Mais il n'est pas Français, et les portes de notre pays ne se sont jamais ouvertes pour lui. Il contribue aujourd'hui à la prospérité britannique. Dans un an, il sera sujet de sa gracieuse majesté. Combien de jeunes des pays du Sud se sont-ils vus ainsi refuser l'entrée de notre continent ?

jeudi 13 avril 2006


L'évangile selon Judas.

C'est une habitude : chaque année à Pâques, les médias découvrent l'existence d'un évangile caché. Cette année, c'est au tour de Judas. Un petit tour sur le web suffit à se rendre compte qu'il s'agit d'une opération de com menée de main de maître par le National Geographic, auteur d'un film sur la découverte de la version la plus ancienne d'un document qui était déjà cité par Saint Irénée au II° siècle...
Pour avoir la version anglaise : il faut la télécharger. Heureusement, ce n'est pas long... Car ce genre de littérature est en général terriblement ennuyeux.
Si vous voulez un aperçu du film, qui sera visible sur France 5 les 16 avril et 5 mai, vous en trouverez la bande-annonce : ça fait envie, c'est vrai. Ils sont forts ces américains.
Cailloux.

Il y avait longtemps : les bus ont commencé à nouveau à essuyer des jets de pierre dans le quartier. C'est drôle, depuis le mois de novembre, il ne se passait plus rien...

J'ai tout de même assisté, depuis ma fenêtre, en sept ans, à :
- l'attaque du commissariat (voiture-bélier)
- l'attaque du supermarché (voiture-bélier, coktails molotovs)
- l'attaque de la mairie annexe (rues barrée à ses deux extrémités par des voitures et assaut mené par un trentaine de jeunes qui ont mis le feu)
- pas mal de bagarres
- les incendies de la plupart des magasins du centre commercial
- plusieurs hold-up, à la poste et au Crédit agricole

Plus lointainement, les collèges et la MJC ont aussi été la cible de violences (tentatives d'incendie), ainsi que le bureau des assistantes sociales.

mercredi 12 avril 2006

Dynamique du provisoire.

C'est le titre d'un des livres sans doute les plus marquants de Roger Schutz, le prieur de Taizé. Ce pourrait être celui du sociologue américain Richard Sennett, La culture du nouveau capitalisme ; un "nouveau capitalisme" dont les secteurs de pointe entretiennent et diffusent dans tous les secteurs de la société une culture nouvelle, celle que l'on sent affleurer à chaque fois que de jeunes parents, de futurs mariés, viennent préparer leur mariage ou le baptême de leur enfant. Liberté y rime avec instabilité, attachement avec dépendance néfaste, autorité avec inégalité et arbitraire, institution avec lourdeur... Dans ce monde d'immédiateté, dans cette priorité donnée à l'aujourd'hui sur le passé (pesant) et l'avenir (incertain), le christianisme aura de plus en plus de mal à proposer la fidélité pour toute la vie, l'éducation chrétienne des enfants, la foi comme choix de vie dans la radicalité de la suite de Jésus. Pas seulement le christianisme d'ailleurs : mais tout ce que notre vision du monde comporte d'amour de la stabilité, de respect de l'expérience - dans combien d'entreprise l'expérience des anciens est-elle aujourd'hui perçue comme un atout ? - et de désir d'entretenir des relations longues.
Messe chrismale.

Hier soir, messe chrismale : tous les prêtres du diocèse -enfin quasiment- se retrouvent chaque année dans une cathédrale archi-comble.
Si le nombre est un indicateur de succès : pas de problème, il y a encore du monde dans les églises. Pourquoi "encore" finalement ? A chaque fois qu'on dit ça, on sous-entend que c'est bientôt la fin... Il y a du monde et puis c'est tout. Du monde de tous âges, de tous milieux.
Du monde qui est toujours frappé par le nombre de prêtres : "on dit qu'il n'y en a plus, mais ce n'est pas vrai !"
Je pense au titre du "Bien Public" il y a quelques années, à l'occasion de la venue d'Arlette Laguiller à Dijon : "Trois cents personnes pour écouter Arlette Laguiller". Il y avait bien plus de monde hier soir pour écouter la Parole de Dieu.

mardi 11 avril 2006

Rameaux et Passion

Dimanche des Rameaux : les foules se pressent à l'entrée de l'église. De pauvres gens du quartier en profitent pour se faire un peu d'argent de poche en vendant du buis. Les scouts, tout catholiques qu'ils soient, arrivent un quart d'heure à l'avance, déballent leur matériel sur le trottoir, et filent une fois leurs sous empochés. A peine la bénédiction terminée, le tiers de l'assemblée, venue de nulle part, retourne à ce nulle part. Et moi, comme chaque année, je peste : l'année prochaine, on fera la bénédiction à la fin de la messe.

vendredi 7 avril 2006

Tout un programme

Dialogue avec un petit garçon d'une dizaine d'années:
- Est-ce que tu es baptisé ?
- Je ne sais pas...
- Mais tu es chrétien ?
- Non, je suis protestant.
- Les protestants sont des chrétiens... Sais-tu ce que c'est qu'un Protestant ?
- C'est quelqu'un qui proteste !
- Mais contre qui ?
- Contre les Catholiques.

vendredi 31 mars 2006

C'est le bazar en ville...

Ambiance plutot sympa ce matin : en arrivant à la maison diocésaine, concert de klaxons sur le boulevard Voltaire. Les lycéens d'Hippolyte-Fontaine ont écrit sur une grande banderolle "Si vous êtes contre le CPE, klaxonnez", évidemment tous les automobilistes qui passent s'en donnent à coeur-joie.
Sympa, mais un peu inquiétant tout de même : ce soir, Chirac devrait annoncer qu'il promulguera la loi envers et contre tout ; on a l'impression que ça va jeter dans la rue des tas de jeunes qui sont maintenant surexcités. Je vais aller faire un tour en ville vers 20h30, ça devrait valoir le coup.
Place de la Banque, impossible de rentrer la voiture dans la cour : jamais je n'avais vu autant de voitures de police. Ma mère me dit qu'hier soir, jusque vers 22h, de gros cars de CRS bouchaient la rue de Suzon.

samedi 25 mars 2006

Saccages.

Je viens d'apprendre que la petite église de mon village de vacances (Saint-Genès de Blaye, en Gironde) a été saccagée : vitraux brisés, autel renversé, statues en mille morceaux, chandeliers tordus. Les coupables ont été arrêtés par les gendarmes : il s'agit de trois jeunes des environs, qui depuis des mois s'étaient signalés par des dégradations diverses (tags, effractions, vitres brisées, tentatives d'incendie) un peu partout dans le village. Ils n'avaient pas été inquiétés pour cela, et aucune suite n'avait été donnée aux plaintes déposées. Tout le village savait pourtant, les gendarmes avaient été alertés, le maire avait effectué une démarche auprès des parents, ce qui lui avait valu des lettres de menace.

Il y aurait pas mal de choses à dire sur cet épisode.
Sur les risques que courent les petites églises rurales, qui sont de plus en plus souvent la cible de vandales.
Sur les causes de cette violence envers les lieux de culte (pas seulement chrétiens bien sûr) : à force de dénoncer les religions comme des facteurs de haine, on met en danger les personnes et les lieux. Il me semble qu'on a le droit de critiquer une religion, pas de calomnier ni d'inciter à la violence.
Sur l'impunité dont ces jeunes ont bénéficié malgré les très nombreuses plaintes et les dénonciations. Notre société n'est que faussement permissive. Elle laisse passer les petits délits, mais elle sanctionne très sévèrement les fautes importantes. C'est ce qui arrivera à ces gamins, qui se retrouvent passibles de cinq ans de prison, d'importantes amendes et bien sûr qui devront rembourser les dégâts. Il y a quelques années, deux gamins avaient déjà commencé à casser des vitres un peu partout au village. On avait arrêté ce jeu idiot et les parents avaient été contraints de payer ce qu'ils devaient. Avec le recul, je me dis que c'est une chance pour eux ; ils auraient continué de plus belle jusqu'à ce que la justice passe enfin avec toute sa dureté.

jeudi 23 mars 2006

Folies.

Ce matin à la messe, une dame est arrivée en retard ; après avoir chanté à tue-tête dans le couloir, elle s'est installée bruyamment en bousculant les gens avec le gros sac qu'elle portait sur le dos, a sorti un chiffon d'un vieux sac en plastique, s'est mouchée dedans, a changé cinq fois de place pendant les dix minutes de célébration auxquelles elle a participé, s'est assise et levée à contre-temps de tout le monde, et a fini par partir avant la fin.
C'est souvent qu'on rencontre de ces gens agités, sans doute victimes d'une maladie mentale, dans l'église. Il y a une dame musulmane qui dépose aux pieds de la Vierge des dizaines de cartes postales. Un jeune homme écrit un livre que personne ne lira jamais. Une femme invite le Préfet et le maire à des célébrations aussi solennelles qu'imaginaires (une représentante de la Préfecture est venue une fois). D'autres ne font que passer à la crypte en laissant à l'entrée une intention de prière délirante.
A l'occasion de la journée mondiale des malades, qui a été consacrée à la maladie mentale, on a découvert le mois dernier qu'un cinquième de la population mondiale était affectée d'une maladie mentale.

samedi 18 mars 2006

La dame des empreintes.

A chaque fois qu'un étranger en situation irrégulière, demandeur d'asile, arrive à la Préfecture, on prend les empreintes de ses dix doigts. Ces empreintes sont aussitôt décryptées par un logiciel qui est capable de dire immédiatement le parcours effectué depuis la sortie du territoire national : les réfugiés sont ainsi suivis à la trace dans toute l'Europe.

La dame qui est chargée de ce travail à la Préfecture accomplit son office avec, paraît-il, beaucoup d'humanité. Elle s'excuse toujours, par exemple, de devoir mettre des gants : ce n'est pas par dégoût du contact physique, précise-t-elle, mais pour éviter que ses propres empreintes parasitent le relevé qui est en train de se faire.
J'admire cette femme, qui fait par devoir un travail qu'elle n'aime pas. Elle en perd parfois le sommeil, car elle connaît la détresse des personnes qu'elle reçoit ; mais elle ne peut rien faire de plus qu'y mettre toute sa délicatesse ; elle sait bien que de toute façon un autre fera ce travail si elle demande à en être déchargée.

jeudi 16 mars 2006

Le baptême est-il effaçable ?

Appelons-le Grégoire.

Grégoire a une vingtaine d'années. Je l'ai connu dans le scoutisme et à l'aumônerie ; il préparait son baptême, qu'il avait demandé à l'âge de dix ou onze ans. C'était, c'est toujours, un garçon sympathique, sportif, plutôt intellectuel dans sa démarche.
Grégoire a été baptisé à l'âge de treize ans. Il a ensuite pris de la distance, comme on dit ; d'abord vis-à-vis de l'aumônerie, puis du mouvement scout. Banal. La dernière fois que je l'ai revu, c'était à une soirée sur le bouddhisme qui l'avait beaucoup intéressée. Depuis quelques années, plus rien, sinon des nouvelles par l'intermédiaire de ses parents depuis la ville où il poursuit ses études.
L'autre jour, sa mère vient me trouver à la sortie de la messe : "Grégoire voudrait faire annuler son baptême". Je m'étonne, pose des questions : est-ce sous l'influence d'un mouvement sectaire (ce genre de demandes vient souvent, paraît-il, des Raéliens) ? Non, c'est simplement, d'après ce que je comprends, parce que cela ne signifie plus rien pour lui.

Cette histoire me pose beaucoup de questions. Non pas que je déplore le choix de quitter l'Eglise : enfin, si, je le déplore, mais c'est la liberté de chacun et je la respecte. Mais l'idée qu'on puisse être "débaptisé" ?
Que faire pour répondre à une telle demande ? C'est comme dire à quelqu'un qu'on a beaucoup aimé : "nous ne nous sommes jamais rencontrés". Pas "je ne t'aime plus", ni "tu ne m'intéresses plus", non : "On ne s'est jamais vus". Comme si on pouvait repartir vraiment de zéro. On peut être retiré des listes d'une Eglise, mais il n'existe pas de listes de l'Eglise catholique. On peut demander à être radié des registres de baptêmes. Mais faire croire, croire soi-même, que la rencontre du Christ puisse être annulée... Non pas refusée, mais annulée... N'est-ce pas se leurrer soi-même sur la vie tout court ? Entretenir avec le réel le même rapport qu'avec les rêves ou l'imaginaire - encore qu'on ne puisse même pas dire "je n'ai jamais rêvé cela", mais tout au plus "ce n'est qu'un rêve" ?

mercredi 15 mars 2006

Expulsions

Il semblerait que le jeune Iba soit de retour à Dijon... Mais sans doute n'a -t-il pas beaucoup de chances de profiter encore longtemps de l'hospitalité française.
Dans la foulée, on a appris qu'une jeune Congolaise, lycéenne à Châtillon-sur-Seine, est également menacée.
Quelques détails sur Iba :
http://sgenbourgogne.free.fr/article.php3?id_article=173#forum20
Mon idée de proposer aux paroisses d'inclure les noms des expulsés dans la prière universelle a l'air d'intéresser...

lundi 13 mars 2006

Un sur vingt-cinq mille.

Mercredi, Iba, de nationalité sénégalaise, âgé de 19 ans et inscrit en classe de Première au lycée Carnot, a été interpellé et immédiatement conduit dans un camp de rétention près de Lyon. Il fait partie des 25 000 étrangers que le gouvernement souhaite reconduire chaque année à la frontière.

Je me demande qui l'a dénoncé : un prof ? un parent d'élève ? un élève ?

J'ai une idée que je vais soumettre à mes confrères : et si, chaque dimanche à la messe, on priait pour tous ceux qui sont sous la menace d'une telle sanction, en donnant leurs noms ? Cela les transformerait en êtres humains, leur donnerait un peu de consistance. On pourrait même aller jusqu'à faire un panneau sur lequel on mettrait leurs photos, par exemple, avec un petit résumé de leurs vies...

samedi 11 mars 2006

Manifs.

Ca y est, la violence a ressurgi en changeant de quartier. Depuis trois jours c'est le campus qui est en ébullition.
C'est marrant d'écouter la radio et ensuite d'aller voir sur place comment ça se passe. Sur France-Info : "la mobilisation contre le CPE ne faiblit pas". Sur le campus, l'unanimité est moins évidente : autant de "à bas le CPE" que de "à bas la grève...".
Et puis, ça a été l'incroyable épisode de jeudi.
AG des étudiants : un amphi comble, ça ne fait jamais que 700 personnes sur 30 000 étudiants, mais, quand on sait le taux de participation aux élections universitaires... L'ambiance est électrique, des coups ayant été échangés la veille entre grévistes et non-grévistes.
Faut-il occuper les locaux ? On décide de voter démocratiquement. Oui, mais qui vote ? Suggestion du vice-président étudiant de l'Université : ceux qui ont une carte d'étudiant. Immédiates protestations de l'UNEF, car tout le monde n'aurait pas sa carte d'étudiant... Le vote a quand même lieu avec contrôle des cartes. Résultat : un vote écrasant en faveur de la libération des locaux par les grévistes.
Sans commentaire.
D'après le journal de ce matin, la tension n'est pas retombée pour autant.

lundi 6 mars 2006

Laïcité (s).

Pour ceux qui veulent continuer à réfléchir et qui ont envie de faire avancer les choses dans ce domaine, deux lectures qui me semblent assez stimulantes :
L'activité religieuse à l'Université par le frère Bernard Senelle, un Dominicain avec qui j'ai travaillé pendant neuf ans (ca fait un bail, et ça construit une solide amitié...)
Laïcité et enseignement supérieur : le guide, publié par la conférence des Présidents d'Université

Ca m'a rappelé pas mal de tracasseries dont les aumôneries scolaires ou universitaire de Dijon ont pu être victimes dans les années où j'y étais davantage investi. Interdiction d'affichage, difficultés pour occuper une salle dans les locaux, lenteurs administratives en tous genres pour faire circuler les bulletins d'inscription à l'aumônerie, par certains côtés on n'est pas loin de l'URSS sous Brejnev...
Le sommet de la bêtise a été atteint un jour où les lycéens de l'aumônerie avaient décidé d'organiser une collecte de sacs de couchage pour les sans-abris. Un enseignant a dénoncé le proviseur au rectorat parce que des affiches annonçant la collecte avaient été posées dans l'établissement ; il a fallu interrompre l'opération, qui avait plutôt attiré la sympathie de tout le monde.

jeudi 2 mars 2006

A part entière ?

Roms, Manouches, Tziganes et autres Gitans, ils sont plusieurs millions à vivre en Europe, rescapés du génocide nazi au cours duquel plusieurs centaines de milliers ont trouvé la mort, et de l'indifférence tout aussi meurtrière des Etats communistes. Une nation pour laquelle les frontières ne signifient pas la même chose que pour nous. C'est le thème d'année du CCFD (Comité catholique contre la Faim et pour le Développement) à l'intention des 11-15 ans : attirer l'attention sur des hommes et des femmes qui vivent à côté de nous et ne bénéficient pas des mêmes droits que nous.
Une invitation de plus à réfléchir sur ce que c'est qu'être un homme en France aujourd'hui : avoir une maison, un métier, être de race blanche, alors il n'y a pas de problème. Vivre dans une roulotte, avoir une origine ethnique indéterminée, parler une autre langue que le Français, alors il y a quelque chose de suspect, non ?

Pour aller plus loin :
http://www.coe.int/T/DG3/RomaTravellers/Default_fr.asp

Et aussi, pour ceux qui ont envie de se lancer dans une vraie réflexion sur la citoyenneté, le travail stimulant réalisé par des théologiens et des philosophes sous la direction de la commission doctrinale de l'épiscopat français : Communauté, communautaire, communautarisme (Documents Episcopats n°2-2006) à commander à documents.episcopats@cef.fr

lundi 27 février 2006

Antisémitisme.

Entendu il y a quelques années, alors que je recevais une famille pour des obsèques. Il s'agissait de choisir un texte biblique pour la célébration, et nous nous sommes arrêtés sur la deuxième épître à Timothée : Souviens-toi de Jésus-Christ, le fils de David. Une soeur de la défunte s'est alors exclamée : "Fils de David, on ne va quand même pas lire ça dans une église, non ?"...

dimanche 19 février 2006

Les deux moments importants de la vie.

Entendu à l'instant sur France-Info, dans la bouche de Michel Serres : "Il n'y a que deux moments importants dans la vie : maintenant, et à l'heure de notre mort". J'avoue que je n'avais jamais pensé au Je vous salue Marie de cette manière.
Il est vrai que tel nous sommes maintenant, sans doute autre serons-nous, à l'heure de notre mort. Pour Michel Serres ce soir, cela signifie qu'il faut nous garder de décider aujourd'hui ce que nous voudrions à la veille de mourir ; et donc nous méfier absolument des "dernières volontés" exprimées par quelqu'un qui est dans la force de l'âge...

samedi 18 février 2006

La vie plus belle des étrangers.

Dans Plus belle la vie, une des héroïnes (je crois que c'est Juliette, mais je m'y perds un peu) décide d'épouser un sans-papiers tchadien pour l'aider à rester en France.
Je vous passe les détails, l'histoire du jeune Tchadien, la colère du papa de Juliette qui est de toute façon un pourri de première ; ce qui est bien, c'est que le Tchadien n'est pas un clochard qui sent mauvais, c'est un mec comme tout le monde, il est journaliste, sympa, et on a forcément envie de l'aider.
C'est drôle, mais à travers cette histoire, on ne peut pas s'empêcher de faire le parallèle avec les gens qui cachaient les Juifs pendant la guerre. C'est terrible, cet adjoint au maire qui annonce à Juliette que si c'est un mariage blanc elle risque la prison... Et son ami, il va aller en camp de concentration ? Et si c'était ça, justement ? Si un jour nous nous réveillions tous avec la gueule de bois, réalisant combien de gens nous avons condamné au désespoir uniquement par égoïsme (et aussi par bêtise) ?
J'espère que le Tchadien va pouvoir vivre à Marseille et que Juliette va l'épouser.

Si ce genre d'engagement ne vous fait pas peur :
http://www.contreimmigrationjetable.org/article.php3?id_article=7