lundi 29 janvier 2007




Essayer le silence.


Le grand silence : deux heures quarante (j'ai vérifié) de silence et de beauté. Malgré mes appréhensions initiales, on ne voit pas le temps passer, au moins les deux premières heures. C'est qu'il ne s'agit pas d'un documentaire, mais d'une expérience qu'on est invité à faire au cours de la projection.

Manifestement, toutes sortes de gens vont voir ce film, et en sont profondément touchés (je vous renvoie à ce sujet à un article intéressant paru sur Agoravox). Curieusement, cette vie, pourtant ancrée sur une tradition antique, une culture, la lecture de la Bible, la liturgie de l'Eglise et Dieu sait si elle est parfois à la limite de l'ésotérique, parle immédiatement.

Ce silence des moines, c'est la partie émergée de l'iceberg. La plus grosse part échappe à beaucoup.

Voir le site web du film.

vendredi 26 janvier 2007

A Dieu.

Il y avait foule cet après-midi pour les obsèques d'Hervé. 500 personnes ? 600 ? Beaucoup de paroissiens, de collègues de boulot (il était postier), d'anciens de l'aumônerie et de la Route chantante.

Pas évident de trouver les mots quand on est soi-même ému... Heureusement, il y a aussi toute l'équipe qui accueille et accompagne les familles dans ces occasions-là. Beaucoup de choses ont pu être dites ; et, ce qui n'est pas fréquent, beaucoup de choses sur la foi qui animait Hervé, envers et contre tout, et dans laquelle il enracinait son immense dévouement.

C'est peut-être une illusion, mais je pense vraiment que c'est un des plus grands services que l'Eglise rende : aider à conserver l'espérance quand tout semble fini. Pas par de grands discours, ni par des théories ; mais par un moment passé ensemble, où on peut s'ouvrir à Dieu, prendre le temps de la prière, laisser aller ses larmes, sentir qu'on est entouré. Par des gestes simples, qui constituent une véritable expérience de Dieu : allumer des cierges, porter une croix, aller vers le cercueil et esquisser devant lui un geste de bénédiction. Faire tout cela devant les autres, pour que ces gestes deviennent des gestes qui engagent sur un chemin de salut.

lundi 22 janvier 2007

Mort d'un petit.

Je viens d'apprendre la mort d'Hervé.

On s'était rencontrés dans les aumôneries, je crois bien. Puis, retrouvés à Sainte-Bernadette, ta paroisse depuis toujours. Tu étais super-engagé au sein de la Conférence Saint-Vincent de Paul, au service des plus petits, comme tes parents. L'an dernier, tu as aussi fait le caté, à d'autres petits. Les petits, tu les aimais, et ils te le rendaient bien.

Il y a quelques mois, tu avais été profondément marqué par un accident de montagne, dont tu avais été, je crois bien, le seul rescapé. Hier soir, la mort, qui est parfois une maladie contagieuse, t'a rejoint. Je ne m'étais pas rendu compte que tu allais si mal.
L'abbé Pierre est mort.

Je suppose que la nouvelle ne vous aura pas échappé. Difficile de ne pas être admiratif.

On l'a tellement aimé qu'il en faisait presque oublier ces tout petits dont on ne parle jamais et qui en font beaucoup, beaucoup, pour d'autres petits, au nom de leur foi.

Parmi toutes les réactions, la palme revient, je crois, à Mgr Gaillot, qui espère que l'abbé ne sera pas récupéré par l'Eglise. Jacques, j'ai envie de te dire qu'une fois de plus, ce que tu as dit ne rend pas service à tous ceux qui se battent pour faire comprendre que l'Eglise, justement, ce n'est pas seulement (et loin de là) ceux dont on parle à la télé, pour le meilleur et pour le pire. Dis que tu ne veux pas que Benoît XVI, ou le Vatican, ou je ne sais qui, récupèrent l'abbé Pierre, si c'est ce que tu penses. Mais moi, je suis justement très fier de faire partie de la même Eglise. Très fier que l'abbé Pierre soit un prêtre. Tant pis, je le récupère.

samedi 20 janvier 2007

Militance.

Après la rencontre des EAP, session régionale des bureaux du CCFD (je me répète : Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement). J'aimerais bien que tous les gens qui ne voient dans l'Eglise qu'un ramassis de bigotes ou de bourgeois repliés sur eux-mêmes aient connaissance de ce genre de manifestation : on rencontre là des chrétiens qui s'engagent vraiment pour que le monde change.

A ce sujet, je me suis risqué à écrire pour la revue (très virtuelle, mais très lue paraît-il) Agoravox un compte-rendu du document des évêques de France sur les prochaines élections. L'article n'a rien d'original, mais les commentaires des lecteurs sont vraiment instructifs : les uns se déchaînent dans une absurde violence anticléricale, avec parfois des propos insultants, d'autres déplorent que l'Eglise ne s'engage pas davantage, d'autres encore trouvent qu'elle s'engage trop, quelques-uns découvrent enfin qu'elle s'engage. Mais que faut-il faire ???
De la réunionite à la réunionsectomie.

Ce matin, rencontre des EAP (Equipes d'Animation Paroissiale) : des hommes et des femmes qui partagent le travail pastoral des prêtres dans leurs paroisses. C'est un autre visage de l'Eglise qui se dessine là, une vraie révolution tranquille selon moi : l'Eglise de France a de moins en moins le visage des clercs. Il ne faudrait pas que ce changement ne soit qu'un changement d'image, mais qu'il se traduise aussi par des changements de l'Eglise en profondeur, et plus encore de son rapport à la société qui pose vraiment problème aujourd'hui.

Le sujet de travail était : la communication ; la rencontre était animée par un professionnel du genre, également un excellent ami, dont je savais les qualités de pédagogue. Il nous a appris à nous méfier des réunions, qui peuvent conduire à la réunionite aussi sûrement qu'un appendice enflammé provoque une appendicite ; il ne faut pas hésiter alors à avoir recours à la réuniosectomie.

Vu mon agenda de ces jours-ci, je crois que je vais consulter mon chirurgien.

jeudi 18 janvier 2007

Durer dans un monde en mouvement.

Deux jours à Paris avec les animateurs des réseaux "Eglise et Société" (aussi appelés "antennes sociales"). Au menu, une réflexion menée par M. Villeroy de Galhau, PDG de Cetelem - un organisme de crédit à la consommation. Tout pour plaire, ce monsieur : énarque, polytechnicien, ancien chef de cabinet de Strauss-Kahn...

Le sujet était abstrait mais finalement pas tant que ça. Il s'agissait de se demander comment on pouvait construire un vivre-ensemble, dans le long terme, avec des gens qui de plus en plus s'engagent et vivent dans un temps très court.

C'est une vraie question. Mais aussi un débat qui peut vite entraîner sur une pente dangereuse : celle du jugement et de la condamnation de ces jeunes qui ne vivent que dans le court terme, de cette société dominée par les puissances du marché, etc. En ignorant que si le monde est ce qu'il est, c'est que nous y trouvons notre avantage. Même ceux qui en sont exclus souffrent précisément d'en être exclus, et leur rêve est d'y être admis, pas de le remplacer par un autre monde...

Avant de porter ce genre de jugement, ne vaut-il pas mieux d'abord comprendre la situation, s'en donner les moyens et le temps ? Admettre qu'il est bien de vivre dans ce monde où tant de possibilités sont offertes à tous pour construire sa vie du mieux possible ? Et se demander, plutôt que de dénoncer, comment davantage de personnes pourraient en tirer parti ?

samedi 13 janvier 2007


L'eau, le vin, le vinaigre.

Ils sont tout fiers de me présenter leur petit, tout heureux de préparer son baptême. Dans la discussion, une question est posée : "Pourquoi voulez-vous le baptiser ? " Ils me répondent : "C'est pour nous une manière de dire que nous formons désormais une famille, car nous ne sommes pas mariés."

Pas question de juger, mais tout de même une remarque me vient : il y a une autre manière de signifier votre désir, c'est de vous marier... Mais voilà, c'est toujours la même histoire : ce n'est pas du tout naturel de se marier quand on s'aime.

Pourquoi se marier ? L'Evangile de ce dimanche parle justement d'un mariage : à Cana, en Galilée, Jésus est invité à des noces. Comme il n'y a pas assez de vin pour tous les convives, il intervient et change en vin une grande quantité d'eau.

Il y a des couples dont la relation tourne au vinaigre. Mais, pour ceux-là, reste toujours la possibilité d'une explication franche pour se remettre d'aplomb.

Il y en a d'autres pour lesquels le vin vient à manquer ; ils n'ont plus à boire que de l'eau sans saveur. S'ils n'ont pas invité Dieu à leurs noces, vers qui se tourneront-ils pour que cette eau devienne du vin ?

vendredi 12 janvier 2007

Les vieux démons.

En début de semaine, une lettre anonyme au courrier, postée à Dijon et adressée simplement à "Emmanuel Pic", avec une adresse inexacte. Quatre pages, dont le but est de démontrer :
  1. Que le nazisme allemand a des origines juives
  2. Que l'Holocauste a sans doute été voulu par les Juifs eux-mêmes, pour se placer en position de martyrs et gagner ainsi la sympathie de l'opinion publique internationale. Je cite :
    "Comment admettre qu'un pouvoir instauré par des juifs ait ainsi persécuté tant de juifs ? La persécution, de tout temps, attire la sympathie et la compassion. La victime est toujours prise en pitié. Si elle survit à la persécution, elle pourra bénéficier de protections et d'égards. Cette persécution nazie, qui est en somme une auto-persécution ou une persécution auto-infligée, un crime où la victime et le criminel ne font qu'un collectivement, peut se comprendre par le respect qu'elle provoque envers la victime..." .
    Lâcheté, mensonge, méchanceté. Je serais curieux de savoir qui m'a écrit et à qui ce courrier a été envoyé à part moi.

mercredi 10 janvier 2007

Minoritaires.

Enième sondage sur les religions en France, énième dégringolade du catholicisme : nous en sommes à 51 % de catholiques dans notre pays. Rien d'étonnant, il suffit de faire un tour dans les paroisses le dimanche. Les autres religions semblent stables, et archi-minoritaires (l'Islam qui fait tellement peur affiche 4% d'adhérents...).

Il faut donc se résoudre à être une minorité. Je ne dis pas ça seulement pour les catholiques, qui le savent depuis longtemps : mais pour tous ceux qui voient encore dans l'Eglise catholique une menace pour la démocratie, la paix, les droits de l'homme, et que sais-je encore. Une minorité, mais très présente symboliquement, culturellement, efficacement... Avec la liberté d'intervenir dans la vie sociale, d'exprimer des opinions en demandant le respect. A mon sens, les catholiques n'en seront alors que plus libres.

Le nombre de sans-religions explose (près d'un tiers de réponses). Rien d'étonnant non plus ; c'est dans l'air du temps. Là encore il suffit d'être attentif à ce qui se dit dans les médias, le monde de la culture et tout ce qui fait l'opinion : rien de mesurable, mais des simplifications ahurissantes qui voient dans les religions un facteur de violence, d'abrutissement des masses.

Parmi toutes les questions que pose ce genre d'enquêtes : comment l'Eglise (catholique) prend-elle en compte un tel bouleversement ? Un pasteur évangélique, Brian Mc Laren, parle de "réinventer l'Eglise" ; sans aller jusque-là (car une telle réinvention devrait être sans cesse réinventée), on est obligé d'admettre que ce qui se transforme dans notre monde doit avoir des retentissements sur la vie de l'Eglise.

mardi 9 janvier 2007

Changer de monde, changer d'Eglise.

Une dame est morte hier, à 52 ans et brutalement. La famille veut célébrer les obsèques à un moment où je ne suis absolument pas disponible : histoire fréquente. Une long entretien téléphonique avec l'époux n'a pas permis de lui faire comprendre la réalité de la situation de l'Eglise aujourd'hui : je suis en ce mois de janvier le seul prêtre pour 30 000 habitants.

Evidemment, ce n'est pas le moment de parler de ça avec lui. Mais sa réaction est typique des personnes qui ont pris de la distance depuis longtemps avec l'Eglise : pas de pratique dominicale, les enfants sont inconnus à l'aumônerie, et le voilà d'un seul coup mis devant la réalité d'un monde où les prêtres sont devenus une denrée très rare. Le monde a changé, sans doute avec son accord tacite, mais sans qu'il s'en rende compte. S'il y a moins de prêtres, c'est d'abord parce qu'il y a moins de chrétiens. Bien sûr que ce n'est pas de sa faute ; mais, en arrêtant de fréquenter l'église, il a participé à cette raréfaction dont il mesure aujourd'hui, avec brutalité, les conséquences : l'Eglise catholique n'est plus en mesure de répondre à toutes les demandes qui lui sont adressées.

Mgr Gilson, ancien archevêque de Sens, propose de recentrer le ministère des prêtres sur deux types de population : les chrétiens présents par la pratique dominicale et la participation à la vie de l'Eglise, et les incroyants ; le souci de ceux que l'on appelle les "croyants-non pratiquants" pourrait être confié à d'autres ministres. La suggestion est intéressante, mais je doute qu'elle puisse être appliquée. Une chose me paraît en tout cas certaine : nous vivons les toutes dernières années d'un monde où l'Eglise catholique apparaît encore comme investie d'un "service public des cultes".

lundi 8 janvier 2007

Drôle d'impression...

Coup de fil d'un de mes confrères ce soir ; le prêtre qui était là depuis la rentrée pour l'aider à animer son immense paroisse le quitte car il n'a pas le temps nécessaire pour terminer son travail universitaire. Comment l'année va-t-elle se dérouler pour lui ?

Nous échangeons un moment nos impressions sur la démission de l'archevêque de Varsovie. En peu de temps, l'Eglise catholique a fait, et pas pour le meilleur, la une des journaux : peu avant Noël, le cardinal de Rome refusait des obsèques religieuses à un homme qui avait demandé qu'on interrompe les soins qui lui étaient prodigués ; et encore avant, l'affaire du Téléthon.

Où est vraiment l'Eglise, ou plutôt où la rencontre-t-on pour de vrai : dans la mauvaise conduite de certains de ses prélats, dans les prises de paroles de personnes qui confisquent sa voix à leur profit , ou dans la proximité quotidienne des chrétiens avec le monde dans lequel ils vivent, le témoignage rendu à l'Evangile par tant de communautés ? Je crains que, pour beaucoup de gens, l'Eglise ne se confonde avec sa hiérarchie.
Premier article sur Wikipédia.

Et voilà : j'ai réussi finalement la première mise en ligne de mon premier article sur Wikipédia. Titre : La foi dans la Bible. Je suis en train d'en concocter un sur Le foi chez Platon et Aristote, avis aux amateurs... Il est écrit mais pas encore publié, je suppose qu'il y a quelqu'un tout de même qui va vérifier le contenu ? Enfin on verra.

Question : vu que tout le monde peut tout modifier à tout moment, combien de temps va-t-il durer ? Et s'il est remplacé, par quoi et par qui ?

samedi 6 janvier 2007

Tout le monde tire les rois.

Mon nouveau boulanger, Musulman et pratiquant, vend des galettes à toute sa clientèle... Il faudra que je pense à lui demander s'il sait ce que c'est.

C'est fou ce que les "rois" mages sont populaires. Il semble qu'ils n'aient pas été plus rois que vous et moi. Mais ils nous aident à comprendre ce que signifie l'apparente raréfaction des chrétiens dans notre monde.

Je m'explique. Les mages, ils ont débarqué un jour, venus de nulle part ; ce sont des païens, mais ils se sont mis en route vers Jésus, ils l'ont vu, et l'Evangile va jusqu'à écrire qu'ils sont "retournés par un autre chemin", comme pour nous dire à quel point cette rencontre les avait changés. Ils ne sont devenus ni juifs, ni chrétiens, et sont sans doute restés mages. Mais ils se sont laissé toucher par le spectacle qu'ils ont eu sous les yeux. Ils sont les premiers de tous ceux, lépreux, possédés, femmes peu recommandables, malades en tous genres, fonctionnaires véreux, militaires brutaux, qui ont un jour croisé le chemin de Jésus et qui se sont laissé toucher par lui, avant de retourner à leur obscurité, par un chemin que nous ignorons.

Que fait d'autre l'Eglise, sinon de présenter le Christ, d'annoncer l'Evangile, à des femmes et des hommes qui disparaissent ensuite de son horizon ? Nous ne savons rien du travail de l'Esprit en eux. Mais il n'est pas rare d'entendre, plus tard, tel ou tel évoquer tout ce que cette rencontre a pu représenter d'important, et parfois de décisif, pour sa vie.
Théopédia.

J'ai fait hier soir mes premiers pas sur Wikipedia, l'encyclopédie en ligne qui connaît un succès fulgurant (si j'en crois le dossier du Monde de mardi). Chacun y met son grain de sel, y apporte un peu de sa compétence, et le résultat, complètement libre d'accès, modifiable à l'infini par les utilisateurs eux-mêmes, approche paraît-il de la qualité de l'Encyclopedia Britannica (je suppose que c'est la version anglaise, et non fraçaise, qui a été ainsi évaluée, mais tout de même...). C'est tout simple : on se crée un nom d'utilisateur, on choisit l'article à corriger, on clique sur "modifier", et on écrit ce qu'on veut...

Hier, je me suis donc payé l'article "foi dans la Bible". Et voilà, ça ne marche qu'à moitié : mes modifications apparaissent bien quand je me connecte avec mon nom d'utilisateur, mais pas dans la version que tout le monde peut consulter...

Help !!!!!!!!!!!!!!!!

mercredi 3 janvier 2007

"Bricolage" et modernité : bouleversements dans le culte catholique.

Hier, une famille est venue préparer les obsèques d'un monsieur très âgé. Ce n'est pas moi qui les ai reçus, mais l'équipe qui a en charge l'accueil des familles en deuil.

Le rencontre a duré plus de deux heures. A la sortie, j'ai appris que la famille avait pris énormément de temps pour préparer la célébration, choisissant les textes, les musiques... Ce souci du détail est rare dans les célébrations d'obsèques. Il est courant pour les baptêmes des enfants, et plus encore pour les mariages. La sociologue Danièle Hervieu-Léger rapproche cette attitude des pratiques de "bricolage religieux" : le souci d'être acteur des moindres détails de sa propre vie est présent jusque dans les actes cultuels, qui ne sont plus régis par la seule tradition.

On n'a sans doute pas fini de prendre la mesure de ce que cela signifie pour la pastorale, et pour la théologie. Mais les prêtres savent ce que cela peut avoir d'épuisant, puisqu'il s'agit pour le célébrant de prendre le temps de préparer individuellement et longuement chaque célébration, de se mettre à la portée d'une assemblée à chaque fois différente et qui demande à être reconnue dans sa singularité.

lundi 1 janvier 2007


Saintes familles.

Saintes familles : c'est le titre du dossier spécial d'Eglise en Côte-d'Or de décembre, dont je ne saurais trop vous recommander la lecture. Chacun aura noté le pluriel, inhabituel et qui a donné lieu à quelques débats au sein du Comité de rédaction.

Nous fêtions justement hier la Sainte Famille. Cette "sainte famille" n'était pas parfaite : elle a été traversée par des crises qui auraient pu la faire éclater. Ce qui a fait sa sainteté, c'est qu'elle a su accueillir dès le départ l'imprévu de Dieu : arrivée inopinée de l'enfant, visite des bergers, puis des mages, massacres d'Hérode, fuite en Egypte... jusqu'à la disparition de Jésus pendant plusieurs jours au cours d'un pélerinage à Jérusalem.

Il ne s'agit pas là de dire que toutes les manières de vivre en famille se valent. Bien sûr que l'idéal, pour un enfant, est d'avoir un papa et une maman, d'être attendu et aimé. Bien sûr aussi que l'amour, pour être vécu dans sa plénitude, doit se vivre dans la durée et dans la fidélité. Mais les innombrables familles qui ne peuvent pas vivre cela doivent-elles être considérées comme des familles de seconde zone ? Dieu, en tout cas, ne porte sur aucune d'entre elles un regard de jugement ; il les convoque toutes à la même sainteté, à partir de ce qu'elles sont et non pas de ce que nous rêvons pour elles.

C'est encore Noël.

Même si c'est déjà l'année prochaine...

En guise de carte de voeux, voici une photo de la crèche installée dans l'église du haut à Sainte-Bernadette. Une jolie petite famille... Qui ne doit surtout pas nous faire oublier qu'elle n'avait rien de la famille idéale, comme nous le rappellent les textes de la messe d'hier.