mercredi 30 janvier 2008

Ouvert le dimanche.

Dimanche soir à la cathédrale, débat animé par l'archêque de Dijon sur la place du dimanche dans notre société. Il est apparu que ce n'était pas tant le jour du Seigneur qui était en question (sauf pour les chrétiens bien sûr) que le besoin d'une pause collective : un jour où tout le monde s'arrête en même temps pour faire autre chose que travailler ou consommer ce qui a été travaillé.

Ca commence tôt : au lycée, il n'y a guère de temps pour des activités communes dans le temps scolaire. C'est même, selon moi, la raison principale de l'effondrement des aumôneries (mais aussi des clubs théâtres et autres) : comment faire vivre un groupe de jeunes quand la pause déjeuner est réduite à une toute petite heure, dans laquelle il faut bien sûr caser la queue pour arriver jusqu'au restaurant.

Le lendemain, jour de congé des curés, je suis allé au centre commercial voisin pour y faire quelques courses. Tout était fermé. On veut donc ouvrir le dimanche pour mieux fermer le lundi.

samedi 26 janvier 2008

Laïcité ouverte.

Il s'agissait ce jour-là, dans cette classe de quatrième d'un grand collège de Dijon, de faire choisir par les élèves l'homme le plus important du monde. Les propositions fusent : "Bill Gates!" "Coluche!". Eloi vote pour Jean-Paul II. Sous les quolibets, il a dû retirer son candidat, et le remplacer par Guy Gilbert qui, lui, ne risquait rien (personne dans la classe ne le connaissait).

A votre avis, qu'aurait dû faire le professeur ?

jeudi 24 janvier 2008

Croyant sans religion.

Seul de sa génération (fils unique, il a perdu ses parents il y a plusieurs années et n'a d'autre famille que celle qu'il a fondée), ce monsieur vient préparer les obsèques de sa grand-mère. Ses deux enfants de huit et cinq ans ne sont pas baptisés ; ce sera pour eux la première occasion de vivre quelque chose de la vie chrétienne. Je suis touché par ce dialogue avec un jeune homme, qui s'est occupé avec amour pendant des années de son aïeule centenaire, et voit disparaître la dernière personne à qui il doit d'être au monde.

Une grand-mère croyante. Une mère qui en était restée au catéchisme de quand elle était petite. Lui-même, qui n'a pas reçu d'éducation chrétienne, s'intéresse aux questions religieuses et se dit plus savant que son épouse qui a pourtant, elle, été au catéchisme. Il y a là, sur un siècle, le résumé de ce qui est arrivé à tant de familles françaises, dans lesquelles les habitudes chrétiennes se sont perdues sans que l'incroyance se soit vraiment installée. Jean-Paul Willaime (1) parle de "croyants sans religion" : plusieurs de mes paroissiens font partie de cette catégorie, venant à la messe sans appartenir à l'Eglise.

(1) Documents Episcopat n° 9 - 2007

dimanche 20 janvier 2008

L'obsession du chiffre

Un ami fonctionnaire me confie à quel point, dans son administration, l'obsession du chiffre passe avant le devoir de remplir une mission de service public, à tel point qu'il passe à présent le plus clair de son temps à remplir des tableaux et à évaluer ceux des autres.

Même préoccupation chez les catholiques, au moins depuis les fameuses enquêtes des années cinquante dans lesquelles on évaluait la vitalité de la foi à l'aune de la fréquentation des églises... avec le résultat que l'on sait, puisque c'est depuis ce temps qu'on a commencé à se rendre compte de la baisse de la pratique religieuse. La semaine dernière c'était un élu qui m'interpellait : "Il y a du monde à la messe ?" ; je lui ai répondu qu'il y en avait plus qu'aux permanences de son parti, ce qui est vrai, et de loin (entre parenthèses, il ferait bien de s'en préoccuper).

mercredi 16 janvier 2008

Questions sur la messe

Nouvelle polémique autour du geste de Benoît XVI, qui a célébré la messe en public en tournant le dos à l'assemblée. Les uns le déplorent, les autres s'en félicitent, tous s'accordent à voir là un signe montrant que le pape est favorable à un "retour en arrière".

Régression ou pas, je vous donne à méditer ces quelques phrases d'un ami, jeune père de famille, qui ne trouve pas sa place en ce moment dans sa paroisse :

Moi, ce qui m'a tenu dans l'Eglise, c'est des messes où il y avait un temps de partage au milieu, des messes tellement rapides que ça donnait envie d'y retourner le lendemain, des messes de scouts où on était dehors, où on ajoutait des temps scouts dans la messe... Mais pour une messe originale, combien de messes chiantes comme la lune ? (...) Tant que la messe, ce sera "on bloque une heure dans la journée pour aller écouter le prêtre et trois textes, chanter et engueuler nos enfants qui courent dans les allées", je crains que les tratras et les vieux restent les rois de la messe.

Je rajoute mon petit grain de sel : une assemblée qui chante bien, où la Parole de Dieu est audible par tous, dans laquelle chacun se sente accueilli tel qu'il est (et donc avec les petits !!!), présidée par un prêtre qui a le souci d'établir une relation avec les personnes présentes et d'offrir une homélie qu'il a pris le temps de travailler, des célébrations au cours desquelles tous et chacun puissent faire vraiment à Dieu l'offrande de leur vie la plus quotidienne et lui porter leurs préoccupations, leurs peines, leurs joies, ça peut se faire et ça change tout.

Enfin, et pour conclure : il en faut pour tous les goûts. C'est ça la modernité, la possibilité offerte à chacun de prier Dieu là où il en est dans sa démarche personnelle. Je comprends parfaitement que des gens qui ont perdu leurs racines chrétiennes éprouvent le besoin de renouer avec des rites qui sembleront passéistes à certains, mais certainement pas à ceux qui ne les ont jamais connus. Et en cela, je pense que ce qu'a fait Benoît XVI n'a rien de ringard, mais au contraire va précisément dans le sens de cette modernité.

mardi 15 janvier 2008

Dialogue ?

Une mère catholique, un père athée, Antoine prolonge le patchwork religieux familial en se mariant avec une musulmane. Mais il y a un hic : soucieuse de préserver la paix dans sa propre famille, la jeune femme demande à son fiancé de se convertir à l'islam, condition indispensable à un mariage religieux.

Les amoureux sont venus me voir. Antoine, qui a depuis longtemps pris ses distances avec l'Eglise, accepte la conversion, ajoutant que de toute façon il trouve davantage de vérités dans l'Islam que dans le catholicisme. L'imam, consulté à cet effet, confirme le bien-fondé de la demande : on ne peut se marier selon la tradition musulmane si on n'est soi-même musulman (c'est oublier, me semble-t-il, que Mohammed avait une femme chrétienne, mais je ne veux pas me mêler de ce que je connais mal).

Je m'interroge. L'Eglise n'est pas aussi exigeante, puisqu'elle accorde des dispenses aux non-chrétiens pour le mariage. Quel dialogue peut avoir lieu dans de telles conditions, tant au sein d'un couple qu'entre les confessions ?

mardi 8 janvier 2008

Ca se vide ?

"Autrefois, c'était plein..."

Eh oui : y a moins de monde à la messe. Cette semaine, c'est Croire.com qui relance le sujet ; comme d'habitude, un ancien s'y lamente, et chacun de proposer sa petite recette (plus de latin, plus de disco, plus de gospel, etc).

Moi, je dis :
1) Ca dépend où et quand.
2) Il y a plein d'endroits où il y a encore moins de monde... Je ne dis pas ça pour se rassurer à bon compte, mais pour qu'on se dise que peut-être ce n'est pas l'Eglise qui est malade, mais le monde qui change.

vendredi 4 janvier 2008

Parler aux jeunes ou faire peur aux grandes personnes ?


Pendant les vacances de Noël, comme beaucoup de gens, j'ai retrouvé mes neveux, qui sont d'ordinaire dispersés aux quatre coins de France. Ils ont grandi ; ils regardent de moins en moins la télé, et sont tout le temps plantés devant leur ordinateur. Il paraît que pour la première fois en 2007, les Européens de 16 à 24 ans ont passé plus de temps devant leur PC que devant la télé...

Un ami me rapporte que, lors d'une homélie un de ces dimanches, le confrère qui prêchait voyait dans l'informatique et les médias une source de dangers pour les familles. Une amie, au contraire, trouvait très intéressant que son fils joue à Age of Empires (apparemment un truc à la mode), qui lui ouvrait le monde de l'histoire antique et de la mythologie.

Pas facile de tenir un discours équilibré, ni diabolisateur, ni angélique. D'autant plus que la pente naturelle, chez les chrétiens, est plutôt de sonner le tocsin dès qu'apparaît l'ombre d'un soupçon d'hostilité à l'Eglise. Le danger est plutôt de négliger un média qui est devenu le premier moyen de communication d'une génération.