dimanche 28 décembre 2008

Départ en vacances.

Dimanche dernier, Sergio, le petit Rom qui fait la quête à la sortie de l'église en compagnie de sa maman, n'était pas là ; ils étaient remplacés par un monsieur. Tout le monde était triste, car ils font un peu partie de la famille ; on les rencontre en semaine sur le marché, et Sergio ne manque jamais de saluer les paroissiens qu'il croise à cette occasion, et qui se demandent pourquoi il n'est pas plutôt sur les bancs de l'école. Il est très pieux et communie chaque dimanche.

J'ai demandé au monsieur pourquoi Sergio n'était pas là. Il m'a répondu qu'il était retourné en Roumanie pour les vacances de Noël, enfin c'est ce que j'ai compris.

mercredi 24 décembre 2008

Noël autrement (suite)


Dans la série "Noël autrement", un petit tour en prison : il nous est proposé par Le Bien Public, journal local de Côte d'Or, avec la collaboration d'Eric Millot, aumônier de la maison d'arrêt, et de celles et ceux qui animent avec lui le service d'aumônerie.

Vu le nombre de détenus qui fréquentent l'eucharistie dominicale, c'est sans doute la paroisse de Dijon qui enregistre le plus fort taux de pratique religieuse.

mardi 23 décembre 2008

Noël autrement





Franchement, je n'y croyais pas trop. Eh bien ça a été un succès : une installation sur le parvis de Notre-Dame, en plein centre de Dijon, le samedi avant Noël, pour interpeller les gens sur leur manière de consommer et le respect de la Création... Des centaines de personnes rencontrées, autant de vœux pour la Terre, dans toutes les langues, accrochés au sapin à l'entrée de l'église. On avait ouvert en grand les portes de l'église, y compris celle qui est toujours fermée, sur la rue de la Chouette : sans doute bien des gens qui ne seraient jamais entré ont-ils, ce jour-là, osé en franchir le seuil.

Pour savoir un peu plus ce dont il s'agit :
le site de Pax Christi

Drogue au lycée : info ou intox ?

La descente d'une équipe de gendarmes, le 17 novembre dernier, dans un CFA du Gers, fait pas mal causer dans les chaumières. Effectuée à la demande du directeur de l'établissement, la visite a provoqué immédiatement des réactions négatives des enseignants, certains donnant abondamment cours à leur indignation dans les médias.

Info ou intox ? Les bruits les plus divers courent : sommes-nous entrés dans une ère de terreur policière ? Les gendarmes ont-ils menacés les jeunes de les faire mordre par leurs chiens ? A-t-on, vraiment, trouvé de la drogue ?

Pour se faire une idée, voici deux articles de journaux ; dommage que Blogger n'ait pas inventé un moyen de publier des fichiers audio, cela aurait permis de mettre en ligne un morceau de bravoure extrait de l'émission de Daniel Mermet.

Une chose est certaine : la drogue au lycée, ce n'est pas une invention de fascistes.

L'interview d'un enseignant choqué par l'intervention des gendarmes

Le récit par un des gendarmes

jeudi 4 décembre 2008

La main dans le sac

Pourquoi, sur un sujet aussi essentiel que l'accompagnement de la fin de la vie, les personnes qui sont chargées de réfléchir et de prendre des décisions tentent-elles, au risque de la malhonnêteté, de faire passer leurs idéologies avant la recherche de la vérité ?

Gaétan Gorce, député de la Nièvre, regrette que la mission Léonetti exclue l'instauration d'une "exception d'euthanasie". Il parle de "personnes qui ne se voient proposer aucune issue, ni juridique ni médicale, comme c'était le cas de Chantal Sébire".

M. Gorce ne peut ignorer que Chantal Sébire s'était, au contraire, vu proposer plusieurs solutions, qu'elle avait toutes refusées. Continuer à affirmer le contraire, c'est jeter le discrédit sur celles et ceux qui ont courageusement accompagné la fin de la vie de cette femme.

D'autre part, comment ne pas s'interroger lorsque le député déclare que "philosophiquement", il n'est "pas opposé" à la proposition de Laurent Fabius en vue de légaliser l'aide à mourir ? Ce "philosophiquement" veut dire en réalité "dans l'idéal", car M. Gorce déclare dans la phrase suivante que notre société est incapable de la mettre en œuvre. Quel est donc ce changement de société, ces changements de comportements que les partisans de l'aide à mourir appellent de leurs voeux ? Qu'est-ce qu'un idéal que personne ne peut ou ne veut mettre en pratique ?

samedi 29 novembre 2008

Petit précis de guerre africaine : les forces en présence.

Il n'est pas facile de se repérer dans le maquis des forces qui prennent part aux guerres d'Afrique centrale. On y trouve :
  • L'armée congolaise, souvent appelée FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo). Cette armée bénéficie du soutien et de la formation de l'armée angolaise, aguerrie par des années de conflits internes.
  • Des armées nationales : Alliées du Congo (Angola, Zimbabwe, Namibie, et à des degrés moindres Lybie, Tchad et Soudan) ; Ennemies du Congo : Rwanda, Burundi, Ouganda.
  • Des mouvements rebelles congolais, sur lesquels s'appuient les parties en présence :
  1. Les Interahamwe sont les milices hutues qui se sont enfuies du Rwanda après le génocide de 1994 et réfugiées en RDC.
  2. Les Banyamulenge, milices "tutsies" qui soutiennent les Rwandais au sein du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie).
  3. Les Maï-Maï, milices d'autodéfense hutues proches du gouvernement congolais.
  • Le contingent de l'ONU, appelé MONUC.
A l'exception de la MONUC, ces troupes ne sont pas payées -ou très mal - par les gouvernements qui les engagent. Elles ne vivent donc que du pillage et de l'exploitation des ressources locales (forêts, animaux - dont les grands singes des parcs nationaux, mines), ce qui explique pourquoi la guerre est aussi dévastatrice.

Lorsque la deuxième guerre du Congo prend fin, un nouveau personnage entre en scène : Laurent Nkunda, officier de l'armée congolaise, remarqué pour sa cruauté lors des massacres commis en 2002. Nkunda entre rapidement en conflit avec le gouvernement de RDC et, nanti d'un grade de général, se replie avec quelques régiments dans les forêts du Nord-Kivu.

Rapport de Human Rights Watch mettant en cause Laurent Nkunda lors des massacres de Kisangani - mai 2002.

jeudi 27 novembre 2008

Petit précis de guerre africaine : le mystère Kabila

L'assassin de Laurent-Désiré Kabila court toujours. Mais ce n'est pas le seul mystère recelé par la vie de cet homme étrange.

A la mort de Kabila se pose évidemment la question de savoir qui va être appelé à lui succéder. Le Parlement congolais désigne alors à l'unanimité son fils, Joseph. Curieusement, nul n'avait jamais entendu parler de l'existence de ce Joseph, dont on sait aujourd'hui qu'il n'est pas le fils de Laurent-Désiré. Qui est-il alors ? Le fils d'un de ses compagnons d'armes mort au combat ? Un officier de la garde prétorienne du président Kagamé ? Toujours est-il que le nouveau président se montre plus accommodant que son père : il rencontre Kagamé aux USA, et accepte de constituer un gouvernement collégial au sein duquel figure, inévitablement, un Rwandais.

La paix est signée en septembre 2002 à Luanda. Mais les troupes d'occupation étrangères ne se retirent que très lentement, et le Rwanda se réserve toujours le droit d'intervenir s'il estime que sa sécurité est menacée par les Hutus réfugiés au Kivu. De fait, de nombreuses incursions de l'armée rwandaise ont lieu dès 2004 dans l'est du pays. L'exploitation illégale des richesses minières de la région se poursuit.

mercredi 26 novembre 2008



Le Congo divisé en trois zones d'occupation : au nord, l'Ouganda ; à l'Est, le Rwanda ; à l'Ouest, les forces gouvernementales.
Crédit Image : wikipedia.fr

Voir un article de la Documentation Française sur le pillage des ressources naturelles du Congo.


Petit précis de guerre africaine (suite) : le grain de sable

Dans les mécanismes les mieux huilés, un grain de sable peut perturber beaucoup de choses. Pour les projets rwandais, le grain de sable s'est appelé, en 1998, Laurent-Désiré Kabila : porté au pouvoir par le Rwanda, il ne tarde pas à s'en émanciper et chasse ses "conseillers" rwandais, au premier rang desquels figure James Kabarebe (qui deviendra par la suite chef d'état-major de l'armée rwandaise). La réaction ne se fait pas attendre : le Rwanda soutient et arme une rébellion qui éclate dans l'Est, celle des Banyamulenge qui sont des Tutsis. Renforcée par les troupes ougandaises, la coalition commence à s'emparer des centres miniers : diamants, or, coltan, uranium... et les exploite pour son propre compte (voir le rapport de l'ONU sur ce sujet). La seconde guerre du Congo bat son plein quand, en août 1998, le gouvernement de Kabila reçoit le soutien de ses voisins angolais, namibien et zimbabwéen. On commence à parler de "guerre mondiale africaine" : petit à petit, l'ensemble des pays de la région est emporté par le tourbillon de la violence. Un cessez-le-feu conclu en 1999 n'est pas respecté par les belligérants et provoque l'installation sur place de la MONUC, qui est le plus considérable déploiement de forces de l'ONU depuis 1945.

En 2001, le pays est divisé en trois : le nord est occupé par l'Ouganda, l'est par le Rwanda, et l'ouest est administré par le gouvernement de Kabila. C'est alors que, en janvier de cette année, Laurent-Désiré Kabila est assassiné par un des ses gardes du corps. ce dernier est toujours en fuite, et les véritables commanditaires du meurtre n'ont jamais été identifiés.

samedi 22 novembre 2008

On n'est jamais loin de la guerre


Revenir du Congo, c'est un peu une épreuve. C'est passer des choses sérieuses (la guerre, la faim) aux choses futiles (les grèves, la crise au PS). C'est se voir soumis à toujours la même question : "C'était loin de chez toi ?"

Loin de là où j'étais, la guerre ?

On n'est jamais loin d'une guerre, c'est ça le problème.

Là où j'étais : la province du Bas-Congo, trois fois la Belgique, aussi loin du Kivu que Dijon de Kiev, avec des routes bien pires. Donc, la géographie m'a maintenu en sécurité.

Mais dix ans de guerre, cela veut dire : dix ans sans qu'un trou dans une route ne soit bouché, sans qu'une canalisation ne soit réparée, sans qu'une ligne électrique ne soit posée. Dix ans au cours desquels toutes les économies du pays sont parties en fumée. Dix ans, ressentis comme une terrible injustice par les habitants d'un pays qui n'ont rien demandé à personne, sinon le droit de vivre en paix. Alors, oui, j'étais dans un pays en guerre, qui en souffre, qui a vu l'espérance de vie à la naissance tomber à 47 ans. Un pays où les enfants meurent, où la malaria tue, où l'Etat n'existe pas.

Bon, et nous, ici en Europe ? On est loin de la guerre ?

Détrompez-vous, nous en sommes tout près. C'est à cause d'elle que des centaines de milliers d'hommes et de femmes traversent la Méditerranée au péril de leur vie pour s'installer chez nous.

Nous en sommes tout près aussi parce que, ce qui se passe là-bas, c'est un test pour notre avenir.

Car si on laisse faire le général Nkunda, qui veut prendre Goma, marcher sur Kinshasa, s'emparer du pouvoir : cela veut dire que nous abandonnons un gouvernement qui a été désigné par un peuple libre après des élections démocratiques. Si nous laissons faire ça là-bas, qui empêchera qu'un jour cela se passe chez nous ? Si on laisse le Rwanda occuper l'est de ce pays et en piller les ressources, cela veut dire que nous acceptons que la force et l'avidité prennent le pas sur le bon droit et la justice. Quels arguments pourrons-nous trouver, le jour où d'autres, peut-être les mêmes, voudront en faire autant en Europe ?

Photo : le Journal du Dimanche -

Petit précis de guerre africaine (suite)

Nous sommes en 1994 ; le génocide rwandais s'est terminé par l'accession au pouvoir de Paul Kagamé, qui décide de pourchasser les centaines de milliers de Hutus qui se sont réfugiés à l'Est du Zaïre. Avec le soutien des occidentaux, en particulier des américains qui ont décidé de faire du Rwanda la pièce maîtresse de leur présence stratégique en Afrique, il occupe les provinces du Kivu et en exploite les immenses richesses minières. Il s'accorde avec un chef rebelle qui mène depuis longtemps une guerre contre le pouvoir du président Mobutu : Laurent-Désiré Kabila.

Kabila, aidé par les Rwandais et les Ougandais qui voient en lui un allié facilement manipulable, marche sur Kinshasa dont il s'empare en mai 1997. Mobutu en fuite, il se proclame président de la nouvelle République démocratique du Congo, et nomme un gouvernement dans lequel figurent des ministres rwandais. Ainsi se termine la "première guerre du Congo", qui voit le triomphe des Rwandais.

La prise du pouvoir par Kabila en mai 1997

jeudi 20 novembre 2008

Pas mal de gens ne comprennent pas ce qui se passe en RDC... Voici quelques éléments pour comprendre pourquoi cette guerre est aussi la nôtre.

Il faut pour cela remonter à l'élection de Bill Clinton à la présidence américaine, et à la chute du Mur de Berlin... les USA ont les mains libres pour s'intéresser de plus près à l'Afrique, qu'ils avaient jusqu'à présent déléguée aux Européens. Comme au Proche-Orient, ils se cherchent un allié privilégié ; ils choisissent le Rwanda, à cause de sa position stratégique, mais aussi parce que Mme Clinton avait un peu connu Paul Kagamé lors de ses études en Amérique. Kagamé est alors un dissident en guerre contre le président Habyarimana : le pays est en effet divisé entre deux factions rivales, les Hutus et les Tutsis. Habyarimana, qui est hutu, est assassiné dans des circonstances mystérieuses (peut-être à l'instigation de Kagamé lui-même), ce qui déclenche une violente répression anti-tutsie, qui fera des centaines de milliers de victimes.

Le génocide attire l'attention du monde entier sur le Rwanda et sur la lutte que mène Kagamé pour obtenir le pouvoir. Les troupes tutsies, soutenues par les Occidentaux, gagnent la guerre contre les Hutus et Kagamé prend le pouvoir. Un bon nombre de hutus fuient alors le pays et se réfugient au Congo voisin, sur la suggestion de l'ONU qui craint de nouveaux massacres. Kagamé décide alors de les pourchasser, et envahit l'Est de Congo, ce qui déstabilise brutalement le pouvoir du général Mobutu.

A suivre...

dimanche 16 novembre 2008

Misère noire.


En quatre séjours là-bas, je n'étais encore jamais entré dans la maison d'une famille paysanne. Cette fois, maman Angèle m'a invité chez elle, afin que je salue sa mère et sa belle-mère.

Maman Angèle n'est pas pauvre. Son mari est infirmier à Kisantu, la petite ville distante d'une dizaine de km. Elle a trois enfants, dont l'un répond au doux prénom de Rineidi, qui est l'abréviation, vous l'avez compris, de "Rien n'est impossible à Dieu". Depuis deux semaines, elle vit à Zunzi, car son beau-père est mort et elle doit s'occuper de sa belle-mère.

Chez elle, c'est tout noir. Le sol est noir, les murs sont noirs, et l'unique fenêtre est obstruée par un drap déchiré qui est sensé protéger des moustiques. Les deux vieilles dames sont assises par terre, comme dort, par terre et sans couverture, le petit Rineidi. Il y a aussi une table bancale et des chaises hors d'état. Les toilettes - une cahute de bambou - sont au fond de la "cour" , la cuisine se réduit à trois pierres posées par terre sur lesquelles on installera la marmite avec le foufou dedans.

C'est bien que je ne sois pas entré chez elle il y a quatre ans. Car maintenant, j'ai pris les enfants dans les bras, j'ai joué avec eux, j'ai parlé avec les parents. Ils m'ont dit qu'ils en avaient assez de vivre dans ses conditions-là, mais comment en sortir ?

Une ONG a fait l'expérience : en dépensant 120 dollars par an et par habitant, un village africain connaît un développement spectaculaire, voit les maladies reculer, l'agriculture produire davantage, l'éducation progresser.

120 dollars par an, ça fait dix dollars par mois.

L'article du Monde qui relate l'expérience des villages du Millénaire
Pour les anglophones, le site de Millenium Village

vendredi 14 novembre 2008

Tartufferies.

Deux anecdotes pour comprendre la guerre à l'est de la RDC :

- A peine le général Nkunda commençait-il sa marche sur Goma, le commandant espagnol des forces onusiennes chargées de défendre la ville démissionnait. Dans n'importe quelle armée du monde, il aurait été traduit en conseil de guerre et condamné à des années de forteresse. Chez les casques bleus, on trouve ça très bien.

- Entendu dans la bouche d'un diplomate occidental : "La communauté internationale ne peut pas agir seule". Doit-elle faire appel à des secours en provenance de la planète Mars ?

jeudi 13 novembre 2008

Les enfants de choeur de Zunzi

Lendemains difficiles.


Il y a le froid, la pâleur des visages, les regards inexpressifs. L'absence de bruits humains, le vacarme des machines. Le soleil fade.
C'est dur de rentrer.
Et pourtant, c'est dur aussi de vivre au Congo. La guerre y est plus présente encore que l'an dernier ; elle est en train de gagner, après dix ans de combats, d'insécurité, de misère.

Tous les soirs, au Congo, les images brouillées de la télé nationale apportent leur lot de catastrophes : inondations meurtrières à Kinshasa, routes emportées par les pluies de la saison humide, dérisoires proclamations des hommes politiques et des diplomates, irrésistible avancée du général Nkunda dans sa marche sur Goma.
Ah, ce Nkunda. Son visage fin et dénué de sentiments. Ses petites lunettes rondes, sa canne à pommeau d'or. Le pliant sur lequel il siège et auquel il donne la majesté d'un trône sanglant. L'anglais qu'il affecte de parler, par détestation de la France qui veut juger ses maîtres rwandais. Son absence de scrupules.

Je préfère commencer ma série d'articles africaine par cette photo d'enfants : elle vous dira que, si la guerre est à des milliers de kilomètres de là, elle n'en étend pas moins ses ravages jusqu'à l'autre bout de cet immense et malheureux pays.

vendredi 24 octobre 2008

A dans trois semaines


Ça y est : demain matin je m'envole pour Kinshasa, et ce soir c'est le train pour Paris. Retour le 12 novembre, à bientôt donc !

mercredi 22 octobre 2008

Grincheux.


Et voilà, encore un mal luné : ce médecin domicilié à Saint-Apollinaire, tranquille paroisse de Côte d'Or dont votre serviteur a eu l'honneur d'être le curé, a fini par gagner un procès commencé en 2004 contre la municipalité qui avait eu la malencontreuse idée de faire sonner les cloches de l'église...

Les cloches se sont tues. Elles ne sonneront plus que pour les offices, à moins qu'un compromis ne soit trouvé pour l'angélus.

Ecouter RTL

mardi 21 octobre 2008

Trop beau pour être vrai.

"Maman ! Maman ! Réveille-toi !"

La mamie ouvre un oeil encore gonflé. C'est dur d'être tirée de son sommeil de malade. Devant elle, dans le contre-jour, deux ombres : sa fille sans doute, et... Qui c'est donc çui-là ?

"Maman, c'est Monsieur le curé qui vient te faire une petite visite."

L'oeil s'ouvre en plus grand. La bouche se plisse, la poitrine se soulève dans un hoquet. Elle a le fou-rire.

"Hein ? dit-elle, un beau gars comme ça ?"
- Enfin, maman, dit la fille qui ne sait plus où se fourrer.
- Oh ben non, c'est pas le curé, c'est une blague. Un beau garçon comme ça, non c'est pas possible."

Les yeux se referment, l'entretien est terminé. Monsieur le curé, lui, n'a pas perdu sa journée.

Raconté ce matin par un confrère à la journée de formation permanente, pendant la pause.

samedi 18 octobre 2008

Crise (3)

En ces temps ou nous pleurons sur tant de milliards qui se sont envolés, voici quelques phrases de Saint Augustin, en écho à l'évangile de dimanche et à une phrase célèbre de Jésus :

César cherche son image sur une pièce de monnaie, Dieu cherche son image en ton âme. Rends à César ce qui appartient à César. Que réclame-t-il de toi, César ? Son image. Et Dieu, que réclame-t-il ? Son image. Mais l'image de César est sur une pièce de monnaie, l'image de Dieu est en toi. Si la perte d'une pièce de monnaie te fait pleurer, parce que tu as perdu l'image de César, faire injure en toi à l'image de Dieu, ne sera-ce point pour toi un sujet de larmes ?

Sermon 24 sur les évangiles.

jeudi 16 octobre 2008

La femme de vrai.

Carrée. Massive. Touchante. Elle est assise en face de moi : visage familier, parce que souvent croisé en ville. Visage creusé par la douleur, aux yeux grand ouverts sur ce moment de sa vie qu'elle regarde de face.

Kévin avait dix-huit ans lorsqu'elle l'avait recueilli. Il était le fils de sa meilleure amie, et désormais sans mère, sans père, sans frère - ce frère, lourdement handicapé, qui avait fini, lui aussi, par partir vers le ciel et qu'il avait voulu rejoindre. Elle avait cru en lui, avait fêté avec lui sa réussite au BEP, voulait l'accompagner encore jusqu'au bac. Demain, ses obsèques seront pour moi les sixièmes de la semaine.

"Je suis athée, me dit- elle. Mais pour Kévin, vous me ferez quelque chose de bien."

Athée, peut-être ; mais certainement pas sans foi. Une des dernières parole de notre entretien a été, de sa part : "Comment rencontrer Dieu ?" S'il est des gens de bien, elle est, c'est sûr, une femme de vrai. Colette, comment vous dire que, ce jour de souffrance, c'est Dieu qui est passé ?

Poupées russes au Congo.


Le Nord-Kivu : ça ne vous dit sans doute rien ; c'est là, au Congo, que les combats sont en train de reprendre, menés par les seigneurs de la guerre qui refusent l'autorité du gouvernement de Kinshasa. Des soldats rebelles qui trouvent sans doute des appuis, et même plus que ça, dans les pays frontaliers : Ouganda, Centrafrique, et bien sûr Rwanda qui n'en finit pas de consolider son emprise sur la région. Et puisque cet interminable conflit ne peut se comprendre qu'en allant jusqu'au bout, derrière les pays voisins, il y a l'Occident qui profite sans scrupule des énormes richesses de la région. Affreux petit jeu de poupées russes : un agresseur en contient toujours un autre encore pire.

Je pars dans une semaine pour la République démocratique du Congo ; rassurez-vous, à quelques milliers de kilomètres de la zone des combats (sur la carte, à l'extrême gauche).

Quelques liens pour comprendre :

- La guerre, vue du côté congolais
- La guerre, vue par la radio onusienne Radio-Okapi
- La guerre expliquée par la presse française

dimanche 12 octobre 2008

La fin des normes ?

Blandine a un copain ; ça dure depuis des années, ils vont bientôt s'installer ensemble. Se marier ? Je ne m'y sens pas prête, dit-elle. J'ai très envie d'avoir des enfants. Le mariage, peut-être plus tard...

Blandine est chrétienne, elle a même fait partie des piliers de l'aumônerie quand elle était au collège, puis au lycée. Cela ne fait pas d'elle, comme vous le voyez, une conformiste. Au fond, comme à peu-près tout le monde, la règle essentielle de son comportement, c'est son propre jugement, et ce qui lui semble être bien pour elle. Comme elle a un conjoint, elle sait évidemment qu'il lui faut faire des compromis, et elle y est tout-à-fait disposée, comme elle le fait sans doute dans sa vie professionnelle. Mais ce qui lui paraît intolérable, c'est qu'une institution extérieure - l'Eglise, la société, que sais-je - prétende lui dicter ce qu'elle doit faire, surtout pour une chose aussi importante et aussi personnelle que sa vie affective.

Cela veut-il dire que toute norme va disparaître ? Je me souviens, il y a quelques années (plus de vingt ans en fait), d'une conférence de Paul Ricoeur, au cours de laquelle il avait énoncé ce qui est devenu une définition classique de la vie morale : "Vivre bien, avec et pour l'autre, dans des institutions justes". Nous savons vivre bien, c'est-à-dire en fonction de ce qui est bien pour nous ; nous savons vivre avec et pour l'autre : faire des compromis, consentir à des lois dans la mesure où elles nous permettent de vivre ensemble, et faire preuve de générosité. Ce qui nous pose problème, ce sont les institutions, c'est-à-dire ces normes extérieures à nous-mêmes dont nous ne comprenons plus la nécessité.

samedi 11 octobre 2008

Les Tradis (suite).

Réagissons à tous ces commentaires : la question du traditionalisme ne laisse pas indifférent, dirait-on...

"Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père". Peut-on en rester là ? Un de mes confrères me disait la semaine dernière combien il s'inquiétait de la multiplication des chapelles dans l'Eglise. J'y vois une évolution implicite de notre ecclésiologie : grande diversité de cultes et d'approches théologiques, unité de façade (le critère n'est pas la liturgie, ni l'Eglise locale, mais le lien avec Rome, ce qui ne gêne pas grand-monde car Rome est loin). Il serait dommage d'en rester aux constatations, ou aux déplorations. Essayons donc de comprendre ce qui se passe, là.

L'apparente montée du traditionalisme, que je préfère analyser comme un retour à des formes anciennes de dévotion (d'insiste sur le mot "formes", car précisément le fond n'est pas le même), n'est que l'un des symptômes, parmi tant d'autres, du bouleversement des manières de croire. C'est ce que nous disent tous ceux qui, dans une même famille, vivent la diversité des engagements religieux des uns et des autres. Voila qui interroge l'Eglise, en contestant ses modes de fonctionnement traditionnels : je le redis, autrefois ce qui primait c'était l'obéissance à son curé, que l'on ne songeait jamais à opposer au pape ou à l'évêque...

A la racine de ces changements, il y a l'idéal de liberté qui nous habite. De même que chacun est responsable de sa propre vie qu'il construit en toute liberté, de même, dans le monde de la foi, chacun se construit sa petite histoire. Les uns sont charismatiques, les autres sont tradis, d'autres choisissent une Eglise de militants... Cette évolution est absolument impossible à contrarier, car elle repose sur un consensus fondamental que personne ne remettra en cause avant longtemps. Comme toutes les réalités que nous vivons, la vie de foi est aujourd'hui un projet à construire, avant d'être un donné que l'on reçoit de Dieu à travers l'enseignement de l'Eglise.

Nous ne pouvons donc pas nous opposer à ce qu'il y ait des chapelles dans l'unique Eglise du Christ. Comment vivre ensemble ? Telle est la question que nous devons nous poser. La simple tolérance, qui est perceptible dans la plupart des réactions au précédent billet sur ce thème, ne me paraît pas suffisante : elle signifie en fin de compte l'éclatement de l'Eglise catholique en une espèce de Commonwealth insignifiant. La voie de la seule autorité (entendue au sens d'autoritaire aussi bien que d'appel pur et simple à la tradition) est perdue d'avance : car l'essence de la modernité réside précisément dans le refus de l'autorité, de la tradition, de la hiérarchie.

jeudi 9 octobre 2008

Crise (suite).

Il faut quand même en parler un peu, non ? Puisqu'il semble que notre vie quotidienne va s'en trouver durablement affectée...

En parler sur le mode sérieux : la Conférence des évêques de France avait publié en mai dernier une fiche verte fort bien faite, qui permet encore aujourd'hui de comprendre ce qui se passe. Saluons au passage l'effort des confrères qui travaillent au sein du service national pour les questions sociales !

En parler, sur le mode de l'espérance : une crise, c'est un mauvais moment à passer, mais aussi une occasion de renouveau. C'est le sens du message des évêques rendu public hier. Allez, réagissez !

En parler avec des mots que tout le monde comprend ! Avec moult précautions, je vous livre ce que j'ai entendu dimanche soir de la bouche d'un chef d'entreprise très concerné par le problème : "Les subprimes, c'est comme quand on met de la merde dans un sandwich ; ça ne fait pas un sandwich à la merde, ça fait de la merde". Au moins, comme ça, j'ai compris.

La déclaration de la commission sociale de l'épiscopat
La face multiple des crises financières

mardi 7 octobre 2008

Les tradis.


Gros sujet de discussion chez les curés : il y aurait de plus en plus de tradis. Vous savez, ces jeunes qui disent le chapelet, communient à genoux sur la langue, ont un gros faible pour Benoît XVI... Moi, j'ai une théorie à ce sujet : le traditionalisme n'en est pas un. C'est un des multiples avatars de la modernité.

Voici une petite histoire : une dame de la bonne société dijonnaise est morte, et ses obsèques ont été célébrées selon le rite extraordinaire (vulgairement appelé "messe de Saint Pie V"). Quelques personnes de sa génération, qui avaient bien connu autrefois le dit rite, m'ont dit "Mais ce n'était pas du tout ça, la messe d'autrefois".

La semaine dernière, sur RCF, j'étais en dialogue avec un jeune homme qui a lancé depuis quelques années un rendez-vous hebdomadaire d'adoration du Saint-Sacrement. C'était intéressant de l'entendre parler, d'expliquer le sens qu'il donnait à ce temps de prière, l'importance qu'il accordait à cette dévotion qui, que je sache, n'a jamais été à ce point centrale dans l'histoire de la spiritualité : rien à voir avec les bons vieux saluts au Saint-Sacrement qui se pratiquaient au Sacré-Coeur le premier vendredi du mois...

C'est ça, le traditionalisme : une réinvention de la religion, une nouvelle manière d'habiter des croyances et des rites anciens, souvent sur un fond de contestation de l'autorité (mon curé est nul, les évêques sont communistes) directement issu de mai 68. Il n'est pas le fait de personnes en marge de la société moderne, mais au contraire de gens qui y sont très bien insérés, et qui y exercent une verve critique qui n'a rien à envier aux philosophes les plus caustiques de notre époque.

vendredi 3 octobre 2008

Open bar, open grave.

L'autre soir, je croise Bertrand, complètement bourré. Il est étudiant, c'est de son âge me direz-vous. Comme l'alcool le rend bavard, il m'explique que, à la suite d'un accord entre son école et une association de commerçants dijonnais, pour un petit euro, il a le droit de boire une consommation dans tous les bars qu'il veut en ville. Douze vodkas plus tard, imaginez les dégâts.

C'est peut-être bien ma découverte de la rentrée, ça : l'importance de l'alcoolisme des jeunes. OK, une murge (on dit comme ça chez nous) de temps en temps ce n'est pas bien grave. Mais pour certains, apparemment, ce n'est pas qu'une fois.

Petite question : quel avantage les établissements qui proposent cette formule en retirent-ils ? Avec quelles conséquences sur la santé des étudiants ? Peut-être la question, ainsi posée, permet-elle de mieux mesurer les enjeux ? et de comprendre qu'un jour, ceux qui sont à l'origine de cette campagne pourraient voir leur responsabilité engagée pour les dégâts commis ?

jeudi 2 octobre 2008

Crise.

De la bouche d'un paroissien, passé hier à sa banque. Un dialogue s'engage avec la personne qui est responsable de son compte : "Qu'est-ce que vous en pensez de tout ça (sous-entendu : la crise) ?" Réponse du bonhomme : "Du moment que ça dure encore trois ans... après je suis en retraite".

mercredi 1 octobre 2008

Surtout, ne pas voir la mort.

Mme R... est décédée hier. Sa famille est passée ce matin au presbytère pour préparer la célébration. Comme toujours, les premières paroles sont : "Quelque chose de très simple"... A chaque fois, je ne peux manquer de m'interroger sur ce que signifie cette expression. Est-ce un souvenir du temps où, plus la cérémonie était compliquée, plus elle était coûteuse ? N'est-ce pas plutôt la volonté de s'épargner des moments considérés comme trop douloureux ?

Autour de la table se trouvent les deux filles, et leur vieux papa, qui tient à me parler de leurs soixante-et-un ans de mariage, et un peu de sa longue vie. En 1942, il est raflé, ainsi que trois autres jeunes du quartier, par les Allemands, en représailles pour l'assassinat d'un officier (en réalité abattu par un de ses hommes). Il sont conduits jusqu'au poteau d'exécution, et au dernier moment, alors que les Allemands les mettent en joue, une voiture arrive et ses occupants donnent l'ordre d'arrêter tout.

Vient le moment d'aborder la question de la préparation de la célébration. Il y a des petits-enfants, des arrière-petits-enfants... Mais les plus jeunes ne viendront pas, ce sera trop impressionnant pour eux. D'ailleurs la mamie ne le souhaitait pas.

Que c'est difficile d'aller à contre-courant, de faire comprendre qu'en réalité, tout le monde veut venir, même les petits. Qu'ils ne seront pas impressionnés, et que ce qui leur fait de la peine c'est d'abord la peine de leurs parents, et c'est aussi de se sentir exclus de ce qui va se passer. Que ce sera enfin, et surtout, de ne pouvoir faire leur deuil de mémé Josette en lui disant adieu.

Un livre récent, de la sociologue canadienne Céline Lafontaine, dénonce notre volonté de mettre à mort la mort, et de construire une société "post-mortelle" (aux éditions du Seuil).

mardi 30 septembre 2008

Internet et les cathos (suite)



"Les catholiques apprennent vite" : une émission sur Public Sénat, l'une des deux chaînes parlementaires françaises, montre la vitesse à laquelle l'Eglise catholique comble son retard de présence sur le net, à travers des sites dont la qualité s'améliore sans cesse.

Le meilleur de cette émission d'une dizaine de minutes : l'interview de David Lerouge, prêtre de Cherbourg, qui tient depuis deux ans un des blogs les plus sensibles et intelligents que je connaisse.

Un autre blog à aller voir : celui de Raphaël Clément, prêtre de l'Oratoire, arrivé à Dijon à la fin du mois d'août avec deux de ses frères pour prendre part aux activités de l'aumônerie étudiante.


samedi 27 septembre 2008

Les surprises du week-end.



Dommage la photo est un peu floue. Ce n'est pas un tas de poubelles, ce sont trois personnes et leurs chiens qui ont passé la nuit devant l'église et que j'ai trouvés ce matin en allant ouvrir.

vendredi 26 septembre 2008

Internet et les cathos.

"Les catholiques ne sont pas assez présents sur la Toile" : refrain connu, qui accompagne ce que l'on dit sur la frilosité des ecclésiastiques, sur leur retard dans l'adoption des nouvelles technologies... Au fait, le nouveau portail de la Conférence des évêques est en ligne depuis juin et enregistre de plus en plus de connexions, et un site sur la pensée sociale de l'Eglise vient également de voir le jour.

Voici une petite histoire qui illustre admirablement la façon dont internet bouscule nos habitudes : j'ai reçu cette semaine un couple qui venait pour se marier. Hélas, le fiancé avait déjà célébré un autre mariage religieux quelques années auparavant... Situation terriblement injuste, et pour l'homme qui a été abandonné par sa première épouse, et pour la jeune femme qui n'y peut évidemment rien. Nous entamons donc le dialogue et commençons ensemble à envisager des issues possibles, qui vont prendre de toute façon du temps, alors que toute la fête est déjà prévue pour le mois de juin.

Le lendemain, ils me rappellent : ils ont vu sur Internet qu'il était possible de bénir les alliances le jour du mariage civil, et que je n'avais pas le droit de m'y opposer. Qui doivent-ils croire ?

Le portail de la conférence des évêques de France

Le site penseesociale.catholique.fr
Ce qu'en dit l'archevêque de Paris

jeudi 25 septembre 2008

Un deuil à faire

Beaucoup de commentaires, lors du voyage de Benoit XVI en France, ont insisté sur l'état supposé de décrépitude de l'Eglise catholique en France. C'est toujours le même refrain : églises vides, moins de prêtres, etc. C'était bien autrefois, maintenant c'est la dêche.

Il faut faire son deuil de cet autrefois. Et tâcher d'évaluer la vraie vitalité de l'Eglise aujourd'hui en la situant pour ce qu'elle est (comme le dit Benoît XVI, l'une des composantes de la société et pas son tout). Comprendre que le sens donné au mot "foi" a changé en profondeur : être croyant n'est plus d'abord une question de convictions, mais une expérience personnelle de rencontre avec Dieu. Et du coup, c'est la conception de l'Eglise qui s'en trouve bouleversée : car il y a de multiples manières de rencontrer Dieu, et cette rencontre nous change en profondeur mais toujours en respectant notre liberté. La foi, c'est cette aventure personnelle avec Dieu, que chacun vit à sa façon. Et puisque l'Eglise est le peuple des croyants, elle rassemble des hommes, des femmes et des enfants qui se situent de diverses manières dans cette histoire-là.

L'Eglise rassemble donc des personnes qui arpentent des itinéraires très différents les uns des autres. L'Eglise de la chrétienté était une Eglise où tout le monde était disciple du Christ, et l'idéal était d'y être apôtre. Aujourd'hui, seul un petit nombre peut se dire vraiment disciple, c'est-à-dire prendre la suite de Jésus, écouter son enseignement, vivre selon ses commandements. Mais beaucoup, beaucoup de personnes sont croyantes : elles ont rencontré Dieu dans leur vie, et cela leur a fait du bien. Ce sont toutes celles qui se tournent vers l'Eglise en lui demandant de les aider à renouveler et approfondir cette extraordinaire expérience : mariages, baptêmes, obsèques, prière, autant de temps qui permettent cette rencontre du Christ, cette expérience de l'Esprit, qui sont le coeur de la foi.

mardi 23 septembre 2008

Libertés.

Ce matin à la supérette du coin : en passant à la caisse, les clients sont priés de présenter leurs sacs ouverts. Moi, je refuse toujours : ce qu'il y a dans mon sac ne regarde personne, et aucun supermarché n'a le droit de regarder ce qu'il y a dedans.

Alors, me dit-on : si tu ne montres pas ton sac, c'est que tu as quelque chose à cacher... Moi je n'ai rien à cacher alors ça ne me gêne pas de le montrer.

Je poursuis le raisonnement : c'est comme la torture. C'est normal de soumettre à la torture des gens pour leur faire avouer ce qu'ils ne veulent pas dire. Après tout, si on n'a rien à se reprocher, on n'a pas peur de tout dire. C'est comme les petites fiches de la police : moi, ça ne me gêne pas, je n'ai rien à cacher ... etc, etc.

C'est de cette manière, petit à petit, sophisme après sophisme, que se grignotent des libertés chèrement acquises. Que des abus de pouvoir se constituent.

D'ailleurs, quand je refuse de montrer mon sac, on n'insiste pas. On me laisse avec mes sales petits secrets.

mercredi 17 septembre 2008

Décidément, la laïcité.

La laïcité se sera imposée comme l'un des thèmes majeurs du voyage de Benoît XVI en France, avec son cortège de grandes et de petites phrases et d'idées toutes faites sur le rôle des religions dans la vie publique.

Plutôt que d'en rajouter sur ce blog, je préfère vous diriger sur une longue et intéressante contribution de Jean-Claude Guillebaud, à l'adresse Un pape, un blog.

jeudi 11 septembre 2008

Laïcité étriquée.

On entend parler de "laïcité ouverte". Il y a aussi une autre forme de laïcité : pas fermée, mais peut-être un peu mesquine...

Pendant les vacances, les élèves de prépa avaient un travail : lire les "Confessions" de Saint Augustin, qui sont au programme cette année. Mais la prof les a prévenus : on ne parlerait pas de "Saint" Augustin, mais d'Augustin tout court. Augustin comment alors ? Augustin d'Hippone ? Ah non, car justement si on l'appelle comme ça c'est parce qu'il était évêque d'Hippone. Augustin fils de Sainte Monique ? Euh non ça ne va pas non plus.

Mais comment fera-t-on pour expliquer aux élèves que tout l'ouvrage repose sur l'expérience unique de la grâce, de la foi et du salut apporté par Dieu ?

Voilà donc notre Augustin sommé d'entrer nu dans les salles de cours, laissant au vestiaire mitre et auréole. Espérons que la splendeur de son oeuvre n'en sera que plus évidente.

PS : le Président de la République va-t-il accueillir à l'Elysée le pape ou le professeur Ratzinger, de l'Institut ?

mardi 9 septembre 2008

Un pape, un blog.















Pour ceux qui veulent participer au débat provoqué par le voyage du pape en France : allez faire un tour sur le blog que La Croix ouvre tout spécialement à cette occasion.

samedi 6 septembre 2008

Un si joli prénom.

Edvige : tout le monde connaît la chouette d'Harry Potter, au prénom insolite et rigolo. C'est aussi le nom d'un nouveau fichier, sur lequel vont figurer les responsables politiques, religieux, associatifs, syndicaux, et les délinquants à partir de treize ans. On y inscrira tout ce qui peut aider le gouvernement à gouverner : état-civil, numéros de téléphones, coordonnées Internet (avec tout ce que cela comporte : rappelons que les écoutes des téléphones portables et la surveillance du courrier électronique ne sont pas protégées comme le reste de la vie privée), santé, "orientation sexuelle", etc etc.

Le décret est publié depuis le mois de juin, malgré une campagne de presse qui a été totalement inutile. Un élu de Côte-d'Or a découvert récemment son existence et s'en alarme : et si le fichier venait à tomber en de mauvaises mains ?

La question n'est pas seulement là. Elle est double.

Premièrement : il est facile de faire figurer sur ce genre de fichier des renseignements erronés. Facile ensuite de les utiliser pour déstabiliser des personnes, des mouvements, dont on voudrait se débarrasser. On ne veut pas d'un élu ? Inventons-lui un compte en Suisse... On veut se débarrasser d'un évêque ? Trouvons-lui une maîtresse... Qui ira vérifier ?

Deuxièmement : si ce fichage concernait tous les citoyens, la levée de boucliers serait générale. Mais vu que ça ne concerne qu'une minorité : malhonnêtes gens, ou personnes qui ont la mauvaise idée de se mettre en avant, eh bien ça ne me regarde pas. On mise ainsi sur l'égoïsme. C'est le principe de la torture : puisqu'on ne torture que les coupables, c'est bien et ça ne risque pas de m'arriver. Voire...

mercredi 3 septembre 2008

Une révolution silencieuse.

Ce ne sont pas les grandes révolutions qui nous marquent forcément le plus.

Annie est une paroissienne, une amie et l'une de celles qui, dans les années soixante-dix, ont mis au point le diagnostic pré-natal. C'est grâce à elle et à ses collègues que les futurs parents peuvent contempler, des mois avant sa naissance, la petite merveille à qui ils ont donné la vie. Désormais, la première échographie est aussi, dans l'album de famille, la première photo de l'enfant. On le voit, les jambes repliées, les mains à demi-fermées, baignant dans ce liquide nourricier dont nous avons, paraît-il, la nostalgie inguérissable. Une évidence se saisit alors des parents : ce que l'on voit là, c'est un être humain.

Par un étrange paradoxe, cette découverte de l'humanité de l'enfant à naître est arrivée en même temps que la possibilité de lui donner la mort, jusqu'aux derniers jours avant la naissance dans certains cas. Elle est un élément fondamental, peu cité mais dépassant tous les arguments philosophiques et théologiques, dans le débat sur la personnalité de l'embryon.

mardi 2 septembre 2008

L'abbé François est un des prêtres africains qui réussissent à traverser la mer pour nous rejoindre pendant les mois de vacances. Il vient de passer quelques semaines dans une paroisse du Lot-et-Garonne, où il a été saisi d'une demande qui l'a passablement interloqué : les pompes funèbres lui demandaient de célébrer les funérailles d'un enfant né à 5 mois et qui n'a pas vécu. C'était déjà compliqué en soi, mais il y avait autre chose : si l'enfant était mort à la naissance, c'est que la mère avait choisi d'interrompre la grossesse.

La dame a appelé quelques temps plus tard : elle ne voyait pas, alors que le droit autorise maintenant à inscrire un enfant mort-né sur le livret de famille sans tenir compte de l'état d'avancement de la grossesse, pourquoi il n'y aurait pas d'obsèques religieuses.

Tordu, me direz-vous ? Je vois dans cette anecdote l'expression des paradoxes d'une société qui découvre, dès les tout premiers mois de la grossesse, à quel point l'enfant à naître ressemble à un enfant tout court ; et qui donne le droit à ses parents de décider s'ils lui donneront naissance ou pas. Alors : oui, c'est un enfant ? non, ce n'en est pas un ? Je crains que la réponse ne devienne, insensiblement : oui, c'est un enfant ; comme il est à moi, je peux décider moi-même de le laisser vivre. En espérant qu'elle ne sera pas : à mon avis, ce n'est pas un enfant ; à ton avis, c'en est un.

jeudi 28 août 2008

Quand l'Evangile tombe juste

Une citation de l'évangile de ce jour : Si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n'aurait pas laissé percer le mur de sa maison (Mt 24, 42-51).

1 heure du matin, dans la nuit de lundi à mardi : je suis réveillé par un vacarme inhabituel. Des individus étaient en train de forcer la porte de derrière, je les ai vu entrer dans la cour, lampe de poche allumée... Pas très rassuré, j'ai appelé la police, qui les a coffrés aussi sec, ravie de tomber sur un délit aussi flagrant. Deux Polonais, passablement imbibés d'alcools divers, dont j'ignorais, après tout, les intentions précises.

Rien que parce qu'ils m'avaient réveillé, j'étais content de les savoir à l'ombre.

Et voilà qu'aujourd'hui, ils sont venus s'excuser : ils proposent de réparer les dégâts (la porte est cassée, tout de même). Que voulez-vous que je vous dise ? Je retire ma plainte, non ?

samedi 23 août 2008

Séminaristes.

Comment se prépare-t-on à devenir prêtre ? Une question que l'on me pose souvent, et à laquelle il est difficile de répondre car il n'y a plus de séminaire à Dijon, et donc plus de lieu où envoyer ceux qui voudraient voir comment ça se passe.

Cet été - et, espérons-le, les étés qui vont suivre - Dijon a accueilli la session 2008 des GFU. Sous ce sigle aussi barbare que les autres se cache une réalité peu connue : une vingtaine de jeunes qui suivent une formation en vue du sacerdoce, tout en poursuivant leurs études universitaires ou pour certains en commençant leur vie professionnelle. Un parcours peu connu, mais qui me paraît apte à former des prêtres ancrés dans la vie de leurs contemporains.

Pour plus de renseignements : le site des GFU - pas mis à a jour depuis trois ans, quelle honte...

vendredi 22 août 2008

Fantômes (suite)

Ca fait plaisir de voir que tout le monde est rentré : tout plein de commentaires sur le dernier billet !

Deux petites choses pour revenir sur l'histoire de mon amie :

- Ce qui me paraît intéressant là-dedans n'est pas de savoir si c'est vrai ou pas, ou s'il y a eu une tentative d'escroquerie, ou je ne sais quelle manœuvre ecclésiastique pour récupérer une clientèle défaillante. Ce récit est symptomatique de tout ce que nous refoulons en matière de fantômes, guérisseurs, miracles et autres sorciers. Le chiffre d'affaires de la sorcellerie en France est supérieur à celui de la médecine libérale... Comment en parler intelligemment ?

- Deuxième chose : un commentaire rappelle que le deuil est d'abord l'affaire de l'endeuillé. C'est vrai, c'est un chemin que personne ne peut faire à sa place. Mais les interventions extérieures comptent énormément dans cet itinéraire intérieur, au cours duquel l'absent finira par trouver sa juste place : ni trop près, ni trop loin, et - je le maintiens - dans le monde des morts, ce qui ne veut pas dire qu'il est ôté à l'amour des siens. Le travail de deuil, c'est précisément cet ajustement et cette recherche de la meilleure manière d'être avec ceux qui sont partis.

jeudi 21 août 2008

Fantômes.

Pendant les vacances, on fait des rencontres vraiment intéressantes. Comme cette dame, vieille amie et voisine, qui a perdu son mari l'an dernier. La nuit, elle se réveille, et il est là, debout au pied de son lit. Elle allume la lumière : il disparaît peu à peu, comme dans un souffle.

Comment se débarrasser de cette encombrante présence ? Car un mort n'est pas un vivant, et de telles visites n'ont rien de réconfortant...

Une dame du pays lui a dit : "Pour trois cents euros, je résous votre problème". Elle a eu le bon sens de refuser.

Je me suis contenté de lui proposer, gratuitement, la prière de l'Eglise.

dimanche 13 juillet 2008

samedi 12 juillet 2008

vendredi 11 juillet 2008

Pas vu, pas cru.






Une guerre sans images : telle est la malédiction qui frappe, depuis des années, le Congo. Guerre à l'Est, et à l'Ouest situation extrêmement tendue, du fait de la quasi-absence d'État.

Voici quelques images des événements, et du procès des responsables des tueries qui ont eu lieu il y a quelques mois au Bas-Congo. Des armes ont été saisies au siège du Bundu Dia Kongo, organisation mi-religieuse, mi-politique qui a semé la panique dans plusieurs localités de la région. Il y a eu plusieurs condamnations à mort.

mercredi 9 juillet 2008

A propos de l'arrivée d'un abbé congolais

L'abbé José, ressortissant de la République démocratique du Congo, est donc arrivé pour son service pastoral dans le diocèse de Dijon. Il avait déposé sa demande de visa en mai 2007. Il a fallu qu'on alerte deux conférences épiscopales, un nonce apostolique et un ambassadeur de France pour que les services consulaires français daignent, au bout de six mois, lui apporter une réponse (qui consistait à réitérer sa demande... Qu'était donc devenue la première ?)

Puis, l'attente avait recommencé. Pendant ce temps, d'autres congolais obtenaient le précieux visa. Pourquoi eux et pas lui?

Le diocèse a donc tenté une ultime démarche, cette fois en faisant jouer des relations personnelles (quelqu'un qui connaît dans un ministère quelqu'un qui, etc). On a su alors que le visa était prêt depuis plusieurs mois et que l'abbé aurait dû venir le chercher, mais qu'on n'avait pas de nouvelles de lui.

C'est bizarre : car José est allé plusieurs fois à l'ambassade, a rencontré la personne qui était sensée suivre son dossier, sans que rien ne lui ait jamais été dit ni signifié par écrit.

Bon, je le dis sans ambages : on aurait eu affaire à des fonctionnaires congolais (ou algériens, ou je ne sais quoi), tout le monde aurait compris qu'il fallait être plus complaisant, enfin compréhensif quoi, vous voyez ce que je veux dire : si vous voulez votre visa, allez quoi, soyez gentils. Comme il s'agit de fonctionnaires français, on se perd en conjectures. Inutile en tout cas d'espérer qu'une enquête un peu sérieuse sera faite pour comprendre ce qui s'est passé : des Français, tout de même !

Au passage et pour terminer ce petit billet de mauvaise humeur : dimanche a été ordonné prêtre Joseph Maï, vietnamien, à Dijon. Sa maman n'a pu obtenir le visa pour se rendre à l'ordination.

Vous en voulez une autre ? W.., citoyen péruvien, se trouve à Dijon. Il a invité sa maman à le rejoindre pendant les vacances, qu'il passe en compagnie du reste de sa famille (son père est français). La maman s'est vu refuser le visa sans explication.

lundi 7 juillet 2008

Nul ne connaît le Père, sinon le Fils.

Qui peut prétendre connaître quelqu'un ?

M... est morte. Ses proches sont divisés : ses parents et ses enfants estiment qu'il faut organiser un temps de prière. Son compagnon pense, lui, que c'était absolument contraire à ses convictions - élevée dans la foi chrétienne, elle avait pris beaucoup de distances avec l'Église et n'avait pas demandé le baptême pour ses enfants.

Qui est dans le vrai ?

Sans doute tout le monde. Chacun connaissait un peu d'elle. Personne n'avait le tout de ce qu'elle était.

samedi 5 juillet 2008

Création.


Odile de Rousiers travaille en ce moment sur un beau projet : une croix pour l'église Saint-Pierre. Comme tout ce qu'elle fait, cette croix, icône d'or et de lumière, sera le fruit d'une longue méditation sur Dieu et sur le monde.

Odile de Rousiers expose en l'église de Châteauneuf en Auxois la première quinzaine d'août.

vendredi 4 juillet 2008

Celui qu'on attendait

Vous vous souvenez de ce prêtre congolais, qui attend son visage depuis mai 2007 pour venir exercer un ministère dans le diocèse de Dijon ? Eh bien il l'a... Je suis allé le chercher à Roissy mardi, tout endormi, et je l'ai emmené à Dijon d'où, après une nuit réparatrice, il est parti pour une première initiation à la pastorale française dans la verte campagne bourguignonne.

mercredi 25 juin 2008

C'est mon quartier.

Il fait chaud la journée, moite la nuit.

Ce matin, j'ai dû à nouveau franchir les petites rivières de pipi qui séparent désormais le presbytère de l'église.

La place Wilson s'est réveillée recouverte de canettes de bières vides.

Deux squatts ont été expulsés non loin de là par les forces de l'ordre. Aux dernières nouvelles, l'un des deux a retrouvé ses habitants.


lundi 23 juin 2008

Les médias parlent aux médias (suite)






A nouveau une émission, au 13H de France 2 cette fois, sur les curés qui font des blogs.

Moi, j'aime bien, et les quelques minutes de télé sont plutôt sympa, comme vous le verrez. Une suggestion aux journalistes : parler des curés qui font des blogs, c'est bien. Mais quand est-ce qu'on parlera des blogs des curés ? Un blog, ce n'est pas assez sérieux comme média ?

mercredi 18 juin 2008

Prosélytisme

Les sanctions prises contre des chrétiens en Algérie et un article de Christian Delorme, prêtre de Lyon et connaisseur de l'Islam, ont lancé la polémique : le prosélytisme chrétien est-il légitime en "terre d'Islam" ? C'était hier l'évêque de Clermont qui donnait son point de vue dans le journal Le Monde.

Qu'est-ce que le prosélytisme chrétien ? A mon sens il est profondément différent du prosélytisme tel qu'il est pratiqué par d'autres religions. Il ne s'agit pas en effet, pour celui qui le pratique, de se prétendre détenteur d'une vérité et de dire que les autres sont dans l'erreur. Il ne s'agit pas non plus de proposer un enseignement qui permettrait d'accéder à la connaissance de Dieu. Mais il s'agit de permettre à des hommes et des femmes de rencontrer Dieu, le Dieu de Jésus-Christ, et de le laisser faire dans leur vie son œuvre de transformation intérieure. La rencontre dépend, en partie, de nous. Le travail de l'Esprit-Saint qui suit cette rencontre relève du mystère de chacun.

Jésus n'était pas particulièrement prosélyte, dans le sens où il n'a pas cherché à recruter de nombreux disciples ; il a voulu permettre à ceux qu'il a rencontrés de faire cette expérience de l'Esprit, une expérience si forte qu'elle les a touchés au plus profond d'eux-mêmes, allant jusqu'à réconcilier en eux les forces de mort et de division qui les travaillaient.

La première rencontre de ce type qui nous est racontée dans l'Evangile est la visite des Mages : ils viennent d'un pays païen, et ils y retournent sans avoir proclamé la foi ; mais Matthieu nous dit qu'ils sont rentrés "par un autre chemin", suggérant la nouveauté qui s'est alors introduite dans leur vie.

mardi 17 juin 2008

Les suites de Nuremberg

Nuremberg n'a pas seulement été le procès instruit pour les crimes du nazisme. Il a été aussi le moment où le monde a pris conscience de ce qui s'était joué dans les camps de la mort. Et l'occasion de mettre noir sur blanc un certain nombre de principes pour éviter que l'horreur ne se reproduise à nouveau. Un jugement de 1947, à propos des expérimentations faites dans les camps par les médecins allemands, porte le nom de "Code de Nuremberg".

Il est intéressant de mettre en rapport ce jugement, considéré jusqu'alors comme le fondement de la déontologie sur l'expérimentation humaine, avec l'évolution récente de notre droit, concernant la possibilité de se livrer à des expérimentations médicales sur des personnes incapables de donner leur consentement.... Et sans doute aussi avec la pratique des laboratoires pharmaceutiques...

samedi 14 juin 2008

Etre moderne.

La modernité, c'est : la conquête de l'autonomie et de la liberté - la démocratie - la critique de tout ce qui est imposé par tradition - la construction, par chacun, de sa propre vie en fonction de ses aspirations profondes - la maîtrise de soi et de l'univers - le progrès scientifique - la santé...

C'est aussi : l'individualisme - l'instabilité professionnelle et relationnelle - les risques écologiques - des guerres plus meurtrières - des régimes totalitaires plus efficaces...

Comment garder le meilleur en essayant d'écarter le pire ? Comment ne pas faire de la foi une proposition alternative, soit en tombant dans le traditionalisme, soit en dénonçant exclusivement les méfaits de la vie moderne ?

vendredi 13 juin 2008

Prêtres Ac



Retrouvez sur Internet Franck, Christophe et Michel, et participez à la Prêtre Academy, initiative originale de nos voisins bisontins qui se proposent de cette manière de dépoussiérer l'image des prêtres.

jeudi 5 juin 2008

Héritage.

Un bon nombre de Français quittent l'Église catholique. Où vont-ils ? Ceux qui persistent dans une démarche spirituelle se tournent souvent vers les religions orientales : bouddhisme, hindouisme ; il m'est arrivé de rencontrer de ces convertis, d'entrer en dialogue avec eux - ce qui ne manque pas d'intérêt, car ils ont beaucoup de connaissances sur les dogmes de leur nouvelle religion.

La rencontre achoppe toutefois sur un point essentiel : le converti n'a pas d'héritage. Il n'a pas été initié depuis l'enfance à ce qui fait, pour tant de gens, le quotidien de la croyance, avec ses grands et ses petits côtés. Comment parler de l'hindouisme en faisant abstraction du système des castes ? Du bouddhisme tibétain, sans les pratiques chamaniques qu'il véhicule en même temps que la doctrine du Bouddha ? Ce qu'une personne élevée dans la tradition catholique voit clairement et rejette parfois, sans comprendre qu'il n'y a pas là l'essentiel du christianisme, il ne peut le percevoir dans la doctrine à laquelle il choisit d'adhérer. Il lui est alors facile de prendre en défaut l'Église, en dénonçant les errements qui ont été les siens au cours de son histoire, et de lui opposer la religion chimiquement pure qu'il découvre.

samedi 31 mai 2008

Histoire de France


Raconté cette semaine par une amie institutrice en primaire.

Pas facile d'intéresser les enfants à l'histoire, même si les livres sont très bien faits. Mais parfois, ils accrochent très facilement.

C'était le cas le jour où la prof a raconté l'histoire de Jeanne d'Arc, petite jeune fille de 13 ans (guère plus que des enfants de CE2), partie sauver la France parce qu'elle avait entendu des anges le lui demander.

" Mais alors... Dieu existe ?"
"Les anges, c'est vrai ?"
"C'est vrai mdame, cette histoire ?"
"Et Jésus, il a vraiment existé ?"

Elle a été vite débordée. Comment, dans le cadre si strict de la laïcité, traiter de cette histoire en respectant l'indispensable neutralité ? Comment répondre aux questions qu'elle a suscitées, sans avoir l'air de mettre en avant ses convictions à elle ?

jeudi 29 mai 2008

Dialogue ?

Jeudi dernier, deuxième rencontre au café théologique du Shanti (ce bar dijonnais du bout de la rue Berbisey, dont on ne saurait trop vous recommander la fréquentation). J'étais cette fois le seul catholique, enfin le seul catholique à le revendiquer. Autour de la table (nous étions une trentaine) : quatre musulmans, et une majorité d'anciens catholiques, convertis au bouddhisme et à l'hindouisme, certains faisant état de leur déception vis-à-vis de la confession dans laquelle ils avaient été élevés, et professant les avantages de leurs convictions de néophytes.

Le bouddhisme et l'hindouisme sont-ils seulement ce qu'on croit (des philosophies idéales, prêchant non-violence et réconciliation intérieure) ? Si c'était le cas, il n'y aurait pas d'églises brûlées par on ne sait qui en Inde, et le régime birman, dont les chefs d'État prennent conseil auprès de religieux, aurait accueilli à bras ouverts l'aide internationale...

C'est la fête !


Ce matin, la bouteille de bière vide sur les marches de l'église témoigne de l'intense activité nocturne que la place Wilson a retrouvée avec le retour des beaux jours. Sous le kiosque, des packs, des débris de verre ; les poubelles autour du jet d'eau vomissent leurs canettes. La police, alertée toutes les nuits, se contente de répondre : "Nous sommes au courant", et intervient de temps en temps pour... pour quoi faire au fait ?

Ils sont des dizaines, parfois des centaines de jeunes, très jeunes, à se rassembler la nuit autour des cracheurs de feu et des jumbees. En descendant la rue Chabot-Charny, ils se sont arrêtés pour faire le plein à l'épicerie de nuit. Le jet d'eau illuminé, les éclairages qui durent toute la nuit, les invitent à se rassembler ici pour faire la fête. Ce ne sont pas des marginaux, mais les élèves de Carnot, de Notre-Dame, les enfants des bonnes familles du centre de Dijon. Après 23heures, certains d'entre eux ne tiennent plus debout ; de ma chambre, je les entends hurler et se battre.

L'alcoolisme des jeunes : une grande cause nationale à défendre ?

Pour aller plus loin :
Un article de "Psychologie magazine"
L'alcool, première cause de décès chez les jeunes européens.

mercredi 28 mai 2008

Espérance (suite)

Nombreuses réactions suites au billet sur l'espérance posté ce 15 mai.

Pourquoi les jeunes Français paraissent-ils aussi désespérés, en comparaison des autres pays et bien qu'ils fassent partie des rares populations extrêmement favorisées de la planète ?

Je me risque à une explication : c'est que notre pays est touché, plus que d'autres, par le désenchantement du monde annoncé au siècle dernier par Max Weber. Il est le premier en Europe, et le seul à persister dans cette voie, à avoir donné à la modernité - rupture avec le passé, critique radicale de la religion - une expression politique, qui persiste aujourd'hui sous la forme particulière de laïcité que nous connaissons ; et qui se manifeste par une volonté, affirmée publiquement dans de nombreux milieux et parfois même utilisée comme un argument politique, de réduire la vie religieuse à l'espace purement privé. Cette volonté pouvait se comprendre lors de la première affirmation de la modernité, où il s'agissait de sortir d'un religieux omniprésent. Elle ne saurait se justifier aujourd'hui, car nous sommes plongés dans une seconde modernité, qui critique les institutions créées en remplacement du monde précédent : école, famille, Etat... La religion que critiquent les intégristes de la laïcité est morte.

En cette seconde étape des temps modernes, à chacun de se construire son propre système de valeurs, ses convictions et, en dernière analyse, sa destinée. Un tel effort n'est possible que pour ceux qui ont la chance de pouvoir s'appuyer sur des bases solides, sur une éducation qui leur permet d'aller de l'avant. La foi chrétienne est ainsi un bagage précieux pour ceux qui l'ont reçue. Décourager des jeunes de la vivre n'est pas un service à rendre à la société.

dimanche 18 mai 2008

De concert en concert...

Ca continue : cet après-midi, concert de musique sacrée (des motets de Monteverdi, de Schütz et de Lotti), par un ensemble qui ne fait pas assez parler de lui : Polyphonia, une douzaine de voix et un théorbe, c'est la première fois que je voyais ce truc-là, une guitare avec deux manches côte à côte. Et il ne faut que deux mains pour en jouer. Et c'est très, très joli, à voir et à entendre.

samedi 17 mai 2008

Premier concert.

Jeudi soir à Saint-Pierre : concert de l'école de musique de Dijon (EMOHD pour les amateurs de sigles). C'était le premier de la saison, avant un autre dimanche à 16h (l'ensemble de musique sacrée Polyphonia), et en juin une classe du conservatoire.

Avis aux promeneurs du soir : à Dijon, au printemps, c'est facile de tomber par surprise sur un concert, dans une église ou une salle municipale... Entrer, s'asseoir, se laisser aller.

vendredi 16 mai 2008

L'avenir de nos églises.

La conférence des évêques de France se penche avec une certaine inquiétude sur l'avenir de nos églises : les petits villages qui en sont propriétaires vont-ils continuer à les entretenir, leurs ressources déclinant du fait d'une démographie défavorable ?

C'était ce matin le sujet d'une réunion présidée par l'évêque, chargé d'une mission sur ce sujet par ses confrères. L'un d'entre nous disait que, dans certains des microscopiques villages dont il est le curé et dans lesquels l'église est rarement ouverte, le problème est plus vaste encore : la population est si faible que le maire est davantage nommé qu'élu... et, acceptant par résignation la mission qui lui est confiée, laisse tomber en ruines la mairie... Alors, l'église, vous comprenez...

jeudi 15 mai 2008

L'espérance ?


Une enquête de janvier 2008 sur la perception que les 16-29 ans ont de leur avenir donne des résultats effrayants : seulement 26% des jeunes Français pensent que leur avenir est prometteur (63% des jeunes Américains et des jeunes Danois), 27% pensent avoir un bon travail dans l'avenir (60% des Danois), 20% ont un regard positif sur la mondialisation... et 11% sont prêts à payer pour les personnes plus âgées.

Pourquoi notre pays est-il à ce point touché par une telle désespérance ?

Source : enquête de la Fondation pour l'Innovation Politique de janvier 2008 - Télécharger ici l'intégralité de l'étude.

mardi 6 mai 2008

Le sacré dans l'art



Une expo qui vaudra le détour :

Traces du Sacré
au Centre Pompidou à partir du 7 mai

ou comment l'art moderne est né, en partie, du désenchantement du monde et du désir d'artistes d'exprimer d'une manière renouvelée le sacré dans un monde sans Dieu...

samedi 3 mai 2008

Etre la sans être là.

Ascension : Jésus n'est plus là ; mais il reste présent.

Comment est-ce possible ?

Etre là et être présent, ce n'est pas la même chose. Ça nous arrive à tous d'être quelque part sans être présents. A la messe, ça se voit tout de suite : certains sont là mais ne sont pas présents, récitent leurs petites prières, se font leur petit cinéma...

Avec Jésus, c'est le contraire : il n'est pas ici, ni là, aucun doute là-dessus. Mais il est bien plus présent que nous à tout ce que nous vivons.

vendredi 25 avril 2008

Histoire d'un jeune qui aime son métier.

Allez, on va l'appeler Fabrice. Il habite un village, à quelques kilomètres d'une petite ville de Côte d'Or. Il a vingt ans, sa maman l'élève seule avec sa petite sœur. Il passe son CAP et pour cela il suit une formation à Dijon.
Comme ils n'ont pas d'argent dans la famille, il ne loge pas à Dijon. Il se lève le matin avant six heures, va à la gare (bus d'abord, puis 1h de train), commence sa journée à 9h dans le salon de coiffure où il est en stage, reprend son train à 19h30, puis rentre à pied jusque chez lui parce qu'il n'y a plus de bus.
A midi, il s'est arrêté deux heures pour manger du pain.
Il n'a pas non plus d'argent pour prendre le train : les amendes s'accumulent, mais il s'en fiche, car, dit-il, il ne connaît pas les contrôleurs qui le verbalisent. C'est ce qui lui permet de garder (un peu) l'estime de lui-même.
En ce moment, il attend qu'on lui verse enfin la bourse à laquelle, paraît-il, il a droit. Ça lui permettrait de payer le train, et de trouver une chambre à Dijon. Il aimerait bien aussi trouver un coiffeur qui le prenne en apprentissage.

vendredi 18 avril 2008

Les Eglises en procès.

En Algérie, les Eglises sont en procès : ce n'est pas un pastiche de l'ouvrage de Paul Valadier, mais la difficulté dans laquelle se trouvent les chrétiens de ce pays depuis le vote d'une loi réprimant durement le prosélytisme.

Voici un blog sur lequel vous pourrez trouver des informations à ce sujet, et aussi quelques échos sympathiques de la maison diocésaine d'Alger.

Demain samedi 19 avril a lieu le procès en appel de Pierre, prêtre, et de Fethi, médecin. Ils se sont rendus coupables d'être allés visiter les malheureux détenus dans un camp de réfugiés, et ont été condamnés en première instance à des peines de prison.

Détail terrible : ces camps où se sont rendus le prêtre et le médecin, ils ont été ouverts à la demande des européens, pour retenir ceux qui, poussés par la misère et par la guerre, quittent leur pays et tentent d'accéder à la vie meilleure de notre vieux continent.

vendredi 11 avril 2008

Inventaire.


Hier soir au Shanti, 69 rue Berbisey à Dijon, il y avait :
  • Une chrétienne convertie à l'Islam
  • Deux bouddhistes
  • Un pasteur évangélique et sa femme
  • Un prêtre (votre serviteur)
  • Deux Hindous, du courant déiste paraît-il
  • Une italienne catholique
  • Un juif
  • Un monsieur qui pense que nous vivons dans un rêve, si j'ai bien compris
  • Une ex-danseuse, ex-carmélite, étudiante en histoire
  • Deux athées
  • Deux musulmans qui ne savaient plus trop où ils en étaient
  • Deux mormons, tout droit débarqués de leur Utah
  • Une adepte de la non-dualité, mais je ne peux pas vous en dire plus
Et aussi d'autres gens, qui étaient venus pour participer à un débat sur "Dieu et la souffrance".

La discussion sombrait parfois dans un unanimisme un peu gênant, et parfois aussi s'est trouvée un peu piratée (au sens aristotélicien du terme) par des intervenants qui arrivaient avec des questions sans rapport avec le sujet. Mais le plus intéressant, vraiment, c'était la composition de l'assemblée.

Adoption

Pour les abonnés à "La Croix", un article de Jean-Vital de Monléon, mari d'Isabelle, papa de Philippine, Marie-Camille et Mayeul, tous trois adoptés en Océanie :

http://journalenligne.la-croix.com/ee/lacroix/default.php?pSetup=lacroix&token=53a939e16e6a44bfbcd39aa0af41d680

Il pose deux ou trois questions intéressantes sur l'adoption et ses liens avec l'humanitaire.

jeudi 10 avril 2008

Encore la fin de vie.

Après une émission de télé consacrée à l'euthanasie, la journaliste qui animait - et qui se déclarait favorable à une évolution de la loi - m'a expliqué ses motivations : elle a été confrontée au problème à deux reprises, à l'occasion du cancer dont sa mère avait été frappée, et du suicide de sa sœur qui était victime de la même maladie.

"Pour ma mère, je sais que nous avons fait tout ce que nous avons pu. Pour ma sœur, je n'en suis pas encore remise : la blessure est à vif."

Dans un cas, la paix intérieure d'une fille qui a accompagné la fin de la vie de sa mère jusqu'au bout, y compris les moments les plus durs ; dans l'autre, inguérissable blessure de n'avoir pu le faire.

Comment, après cela, être favorable au suicide assisté ? La pression médiatique - toujours à sens unique - et l'émotion sont si énormes qu'ils en viennent à altérer le jugement.

Ce soir à 19h30 au Shanti (69, rue Berbisey) : un débat sur Dieu et la souffrance.

samedi 5 avril 2008

Jaune


Piero est peintre, il habite une petite ville en Bourgogne du Sud. Son travail est plutôt figuratif, mais il fait de temps en temps un petit détour par l'abstraction. Voici "Jaune", un grand format, celui que je préfère d'une série sur les couleurs.

La photo ne rend pas pleinement justice à l'œuvre, il faut la voir au soleil, éclatante de lumière, pleine du travail de l'artiste, de ses pleins et de ses déliés, de ses creux et de ses bosses. Il faut plus que la regarder : il faut la toucher (de l'œil), en visiter les aspérités tout en respectant sa fragilité, en découvrir la préciosité. Il y a de la matière, là-dedans.

Il faut aussi visiter l'atelier de Piero, petite bicoque au fond d'une cour délaissée. C'est là que l'on comprend à quel point il fait corps avec son œuvre, qu'il est autant artisan que poète : on est sur terre, il fait froid en hiver et sans doute chaud en été, le sol est humide, les courants d'air passent par les ouvertures. Ce qui travaille, ce sont les mains et l'esprit, et aussi l'Esprit qui visite la matière.

Piero travaille en ce moment sur une crucifixion rouge, noire et or, et sur un gisant gris qui flotte dans un ciel bleu sombre.

mardi 1 avril 2008

Boycott ?


Faut-il boycotter les jeux ? Un bref extrait de la lettre d'un ami prêtre en Chine rejoint des conversations de ces derniers temps avec quelques amis chinois :

Boycotter les JO, quelques soient les bonnes raisons derrière, serait une bien mauvaise idée, car au-delà du gouvernement chinois, c’est tout un peuple qui serait blessé dans son sentiment national en recherche depuis 160 ans.



jeudi 27 mars 2008

Misères de la fin de vie.

Il y a à Dijon l'unique centre de soins palliatifs de Bourgogne, 125 lits pour une région qui compte près de deux millions d'habitants. Une petite vingtaine d'équipes mobiles accompagne les personnes en fin de vie dans les cliniques et les hôpitaux.

Fin 2007, Marie de Hennezel a remis à la ministre de la Santé un rapport sur ce sujet, qui lui avait été demandé en 2005. Elle conclut à ce diagnostic inquiétant : un grand nombre de soignants ignorent le contenu de la loi Léonetti, que l'on parle de réformer avant même qu'elle soit appliquée, et croient que l'unique solution pour apaiser les souffrances est d'abréger la vie ; dans le même temps, une majorité de ces mêmes soignants est hostile à une ouverture aux pratiques d'euthanasie et de suicide assisté. Le rapport relève qu'en Belgique, aux Pays-Bas, on envisage déjà d'étendre l'euthanasie aux dépressifs et aux déments.

Pour les abonnés au Monde, rendez-vous sur le dossier publié le 26 mars sur ce sujet, qui nous permet de prendre la distance avec l'émotion provoquée par les images de Chantal Sébire.

P.S. : Le Bien Public d'aujourd'hui 27 mars propose en page 7 le point de vue courageux du professeur Emmanuel Sapin, chirurgien au CHU. Il est regrettable que ce point de vue, contrairement à d'autres sur le même sujet, ne soit pas disponible sur Internet.