mercredi 23 décembre 2009

Joyeux Noël.

A Noel, tout le monde n'est pas à la fête. Hier à la préfecture de Dijon en tout cas, les autorités de l'État ont eu une curieuse manière d'interpréter les paroles du Christ en Matthieu, 25 : "J'étais un étranger et vous m'avez accueilli..." Une dizaine de réfugiés yazides (une minorité persécutée en Géorgie), accompagnés par des membres de la Cimade, s'étaient présentés là pour déposer une demande de titre de séjour ; certains d'entre eux n'en ont pas eu le temps, la police les ayant cueillis, menottés et embarqués pour les locaux de la Place Suquet (pour les non-dijonnais, c'est là que se déroulent les garde à vue) où ils se trouvent encore.

Le dépôt d'une demande d'asile est-il en train de se transformer en piège ?

mardi 22 décembre 2009

Pie XII, c'est reparti.

Il y a une vingtaine d'années, j'avais demandé au cardinal Decourtray pourquoi il avait décidé d'ouvrir largement les archives du diocèse de Lyon concernant les années de guerre. La réponse avait fusé, comme toujours chez le grand homme, avec ce mélange d'humour et de profondeur qui font les vrais prophètes : "Si je ne le fais pas, dans vingt ans on nous accusera d'être les auteurs du génocide". Nous n'en sommes pas là ; mais le péché par omission dont on accuse Pie XII est-il moins grave ?

Je donne rapidement la parole à quelques confrères blogueurs : Koz, Jean-Baptiste Maillard (qui livre d'excellentes informations sur le dossier), Guillaume de Prémare ; ils élèvent une voix que je crains bien peu audible dans le monde qui est le nôtre : que peuvent-ils contre les raccourcis sanglants du Figaro et l'artillerie lourde du journal télévisé ? Un mot également sur La Croix et le cardinal Vingt-Trois, qui appellent fort heureusement à un peu plus de retenue. Ne nous leurrons pas : c'est, comme toujours, celui qui criera le plus fort qui sera entendu.

Il est parfaitement stupide, et inculte, de dire que Pie XII n'a rien fait contre le génocide, ou que son soi-disant silence l'en a rendu complice. Qu'aurait-il donc dû faire ? Le film Amen, de Costa-Gavras, qui est une œuvre de fiction (à charge contre Pie XII, bien entendu) et non pas un récit historique, s'ouvre sur une scène saisissante : l'intervention spectaculaire d'un évêque pour empêcher l'élimination, projetée par les Nazis, des handicapés mentaux. Ce que ne dit pas Costa, c'est que l'élimination a repris de plus belle quelques mois plus tard, avec une efficacité inégalée. La protestation de l'évêque n'aura servi qu'à donner le temps aux bourreaux d'affûter leurs couteaux.

Sur cette question-là, comme sur d'autres, la vérité est devenue l'enjeu d'un combat sans merci : elle est à la merci du plus fort. C'est la loi, dans l'univers ultra-libéral de la communication du XXI° siècle : sur le web, et ailleurs, toutes les opinions ne se valent pas, précisément parce qu'on veut qu'elles aient toutes le droit de s'exprimer, car elles ne bénéficient pas des mêmes appuis ou des mêmes savoirs-faire. Ne peut-on rêver d'une autre règle du jeu ? En nous rappelant, par exemple, que la vérité est d'abord appel à la raison, et donc au bon sens. Elle est aussi d'ordre symbolique : ce qui signifie qu'elle est créatrice de communion. Le bon sens s'oppose absolument à ce que Pie XII ait été complice, de quelque manière que ce soit, du génocide. Les faits montrent qu'il a permis de sauver des dizaines de milliers de juifs de Rome et d'ailleurs. On peut certes se poser la question de l'opportunité de la décision de Benoit XVI (qui doit, rappelons-le, visiter dans quelques jours la synagogue de Rome), demander l'ouverture des archives vaticanes, mais aucun dialogue constructif ne pourra être conduit sur d'autres prémisses que ceux-ci.

mercredi 16 décembre 2009

Tout dans la tête ?

Omnium in mentem : le motu proprio de Benoît XVI concerne un secteur sensible de la vie de l'Eglise, à savoir la théologie des ministères. La raison d'être de ce document est de "lisser" deux articles du Code de droit canonique -le droit de l'Eglise- qui concernent les diacres, les prêtres et les évêques : les canons 1008 et 1009 stipulaient jusqu'alors que ces personnes étaient "consacrées pour être pasteurs du peuple de Dieu", "remplissant en la personne du Christ Tête les fonctions d'enseignement, de sanctification et de gouvernement". Or, une telle rédaction était contradictoire avec le catéchisme de l'Eglise catholique, qui estime que seuls les prêtres et les évêques agissent "in persona Christi capitis", alors que les diacres servent le peuple de Dieu. Les nouveaux articles du Code sont désormais en harmonie avec le catéchisme.

D'un côté, le ministère pastoral aux évêques et aux prêtres ; de l'autre, le service aux diacres. L'enjeu semble donc être le gouvernement de l'Eglise. J'anticipe sur d'éventuels et futurs débats : s'agit-il d'un nouvel épisode du supposé "recentrage" de la vie de l'Eglise sur les prêtres, pour éviter de faire des diacres (mariés et nombreux) un substitut des prêtres (célibataires et en voie de raréfaction), et rejeter les diacres dans les ténèbres du service, en réservant aux prêtres l'autorité et la reconnaissance ?

S'il s'agit d'une question de pouvoir, la polémique est à l'horizon. Mais on parle, ici, de service : "ministère" et "diaconie" sont synonymes. Ils sont le socle commun à l'évêque, au prêtre et au diacre. Il s'agit de servir "le peuple de Dieu" et non pas d'être au service de structures ecclésiastiques. Ce service renvoie au service fondamental de l'Église, qu'il s'agit pour les ministres-serviteurs d'exercer : "la gloire de Dieu et le salut du monde", ainsi que la liturgie le proclame, et jamais l'un sans l'autre, et jamais le salut des seuls disciples du Christ. Parmi ces serviteurs, certains sont appelés pour exercer le ministère pastoral : ils ne cessent pas pour autant de porter le souci de la charité, et d'être au service de tous.

La clarification apportée par le Motu Proprio a un effet collatéral, que relève à juste titre Isabelle de Gaulmyn dans La Croix : celui de lever un des obstacles à l'ordination de femmes au diaconat. Beaucoup de théologiens catholiques sont réticents, pour des raisons qu'il serait ici trop long d'évoquer, à admettre que des femmes puissent exercer un ministère pastoral "en la personne du Christ Tête". Puisqu'il est admis que les diacres ne sont pas dans ce cas de figure, ces réticences n'ont en effet plus de raison d'être. Ne nous faisons toute fois pas trop d'illusions : bien que la question du diaconat féminin soit une question ouverte dans l'Église catholique, elle ne devrait toutefois pas être posée de sitôt.

mardi 15 décembre 2009

Religions-providence.

Welfare religions : heureuse expression que je trouve sous la plume de Philippe Portier, professeur à l'Ecole pratique des Hautes études, dans un article du Monde daté de dimanche-lundi. "Les religions répondent aux défaillances de l'Etat-providence", y déclare-t-il notamment : j'irais volontiers plus loin, elles ne font pas que remplir ces manques de plus en plus criants, elles sont aussi le poil à gratter de nos démocraties quand ces dernières ne sont pas à la hauteur des idéaux dont elles disent s'inspirer. Elles sont aussi, ajoute M. Portier, de puissants organismes d'intégration des personnes au sein de la société française : voilà quelque chose qui n'est pas neutre au moment où tant de personnes s'interrogent sur l'identité nationale.

Il y a là, me semble-t-il, quelque chose de déterminant pour la crédibilité de l'Eglise. Pas d'Eglise qui tienne sans le service de tous, car elle trahirait alors, elle aussi, le message de fraternité dont elle est porteuse. En témoigne le nombre si important de personnes qui se retrouvent dans les organismes chrétiens de solidarité. Sans le Secours catholique, le CCFD et tant d'autres, l'Eglise catholique rejetterait sa prétention à l'universalité : car elle ne s'adresserait qu'aux convaincus et ne se préoccuperait que de convaincre. En témoigne également le succès de livres récents sur ce sujet, depuis la Confession d'un cardinal jusqu'au désormais célébre 38 ans, célibataire et curé de campagne : ces ouvrages ont pour héros des ecclésiastiques soucieux de mettre en avant tout ce qui, dans l'Eglise, relève de la diaconie.

Mais il ne faudrait pas réduire ce service de l'Eglise à la seule dimension caritative. Quand l'Eglise fait ce qu'elle fait de mieux - aider des hommes et des femmes à célébrer et à donner du sens aux moments importants de leur vie, elle leur rend un inappréciable service. L'universalité est ici exigeante : car elle oblige à accueillir des personnes dont la foi pose question et dont le lien à l'Eglise est plus que ténu. Rendre le service attendu suppose alors de cheminer avec elles, pour les amener à vivre une véritable expérience de Dieu, sans exiger d'elles qu'elles rejoignent les rangs de l'assemblée dominicale.

Enfin, en cette année où nous sommes invités à nous interroger sur le sacerdoce, peut-être y a-t-il là une piste à explorer : un prêtre, en effet, exerce le ministère sacerdotal, c'est-à-dire le service du sacerdoce du Christ (le mot "ministère" étant la transcription du mot latin qui signifie "service"). Cette expression pourrait s'entendre de manière très étroite : rendre aux chrétiens le service qu'ils attendent de leur prêtre. Ce serait oublier que le Christ n'est pas la propriété de ses seuls disciples, et que ce service concerne donc bien plus que les baptisés : le ministère sacerdotal, c'est le service par excellence que le monde attend de l'Eglise. Le prêtre est celui qui exerce ce ministère ; il est bien homme de service, mais pas du service de la seule communauté, au contraire.

samedi 12 décembre 2009

Carillons pour la planète.



En écho à un précédent billet sur l'implication des Eglises dans l'écologie : une initiative du Conseil œcuménique des Eglises qui invite les curés, pasteurs et autres responsables de communautés à faire sonner leurs cloches demain dimanche à 15H.

Sur les actions menées par les chrétiens en France dans le domaine de l'écologie :
Photo : www.cef.fr

mercredi 9 décembre 2009

L'école de la première chance.

La Fontaine-d'Ouche à Dijon : un quartier populaire, où cohabitent trente nationalités (plus peut-être ?). Une paroisse colorée, une salle de prière musulmane, une communauté baptiste, voisinent avec les intervenants institutionnels habituels. Un travail de fourmi, qui fait de ce coin de Dijon l'un des lieux où se forgent la fameuse identité nationale, en scolarisant chaque année des dizaines d'enfants dans une classe dite d'accueil.



Formidable reportage sur FR3 samedi 12 décembre à 15h25, signé Caroline Philibert, sur cette classe, ses élèves, ses profs.

mardi 8 décembre 2009

Quel genre de prêtre êtes-vous ?

"Es-tu plutôt socio-fonctionnel, ou plutôt sacramentel-ontologique ?"

Cette question, un brin agacée, vient d'une fidèle lectrice, qui a lu une catéchèse donnée par Benoît XVI le 24 juin dernier, dans laquelle le Saint-Père décrit "deux conceptions différentes du sacerdoce", la première mettant en avant le service de la communauté, la seconde privilégiant l'eucharistie.

C'est vrai que dit comme ça, ça fait un peu abstrait. Et pourtant... C'est un débat qui traîne dans les sacristies, alimente les conversations de curés, nourrit les fantasmes des chrétiens. A l'un des extrêmes : le "Fonctionnaire de Dieu" dénoncé par le sulfureux, mais ici pertinent, Drewermann ; à l'autre, le membre de la Tribu Sacrée de l'ethnologue Pascal Dibie, uniquement préoccupé de culte.

Le genre littéraire du blog invite à la brièveté, quitte à approfondir dans le cadre des commentaires postés à la suite du billet. Je voudrais juste reprendre ici ces deux pistes de réflexion.

Première piste : celle du service. Oui, je pense que le prêtre est au service ; mais pas au service de l'Église, ni des chrétiens, ni de ses paroissiens. Il est d'abord au service de tous. Plus précisément, son service, c'est d'exercer le service que l'Église doit à toutes et à tous. Pour cette raison, on n'ordonne prêtres que des diacres, c'est-à-dire des serviteurs (puisque tel est le sens du mot "diacre"). Il faut se sortir cette idée de la tête, que ce qui se passe dans l'Église ne concerne que les chrétiens, car c'est tout le contraire. Moi, quand je prépare et célèbre des funérailles, je rends service à des gens qui sont très loin de l'Église. Quand je marie, j'aide les mariés à vivre leur vie de couple. Bien sûr au bout du compte c'est Dieu qui œuvre, mais le prêtre y est pour quelque chose, nom d'un chien. Il suffit de voir le drame que représente, pour une commune, le départ d'un curé qui ne sera pas remplacé. Donc : serviteur de tous, pas fonctionnaire du culte. Plus préoccupé de ce qui se passe dans le vaste monde que dans son presbytère.

Deuxième piste : celle de l'eucharistie. En fait, c'est la même. Car l'eucharistie est un service qu'on rend à tout le monde. Je ne parle même pas de sa dimension mystique, dans laquelle Dieu agit pour le salut du monde. Mais du bien qui est fait à tous ceux qui vivent l'eucharistie dans sa profondeur. Et pour cela, ce ne devrait pas être obligatoire d'être un chrétien très cultivé. Je pense à ce que l'on vit au Congo par exemple : n'importe qui ne peut que se laisser toucher par ce qui se passe lors d'une de ces incroyables messes où l'on chante et l'on danse, moments uniques de bonheur et d'émotion. Mais je pense aussi, chez nous, aux timides mots de remerciements adressés par ces familles qui ne viennent que rarement à la messe et qui ont ressenti, ce jour-là, quelque chose qui leur a fait du bien. Peut-être que si nous retrouvions un peu, dans nos liturgies, d'émotion et de sensibilité, nous entendrions plus souvent de ces "mercis" .

mardi 1 décembre 2009

Du voile au minaret : les deux versants des Alpes.


La France avait la burqa, la Suisse a les minarets. Mais le débat est le même, qui vient ici parasiter celui sur l'identité nationale et là-bas alimenter les mêmes tentations xénophobes : jusqu'où peut-on règlementer les signes affirmant la présence d'une religion dans l'espace public ? La Suisse vient de trancher le problème en interdisant constitutionnellement les minarets, décision prise à la suite d'une votation à laquelle a pris part un nombre inhabituellement élevé de citoyens. A l'origine, une collusion entre un parti populiste et un mouvement évangélique, qui ont mené ensemble une campagne sur des thèmes identitaires, mais ont sans doute aussi surfé sur le sentiment, de plus en plus répandu, que l'Islam est une religion intolérante et sexiste.

La modification de la constitution suisse pose un problème de droit : la Suisse est membre du Conseil de l'Europe, dont la jurisprudence oblige à traiter toutes les religions de la même manière. Elle va aussi poser un problème diplomatique à un pays qui accueille un bon nombre de musulmans venus là pour conduire leurs affaires. A cela se rajoutent, à mon sens, deux questions.

La première tient au contenu de la liberté religieuse. Le caractère symbolique de la décision n'aura échappé à personne : le but est de contraindre les musulmans à la discrétion. Or, la liberté religieuse est une liberté de culte, c'est-à-dire de pratiquer sa religion au vu et au su de tous. Certes, l'absence de minaret n'empêchera pas les fidèles de l'islam de se rassembler pour prier dans les mosquées ; mais c'est aux musulmans de décider, dans les limites imposées par l'ordre public, de l'agencement de leurs lieux de culte. Un Etat peut-il de cette manière décider de ce qui est essentiel et de ce qui est accessoire à la pratique d'une religion ? La France a, jusqu'à présent, opté en principe pour la reconnaissance de l'organisation interne des cultes : ainsi, le gouvernement français accorde des pouvoirs de police à un curé qui n'est pas nommé par lui, mais par l'évêque. En ce sens, le résultat de la votation suisse, s'il n'est pas remis en cause ultérieurement, risque d'amorcer une dérive inquiétante pour la liberté religieuse et la liberté de conscience en général.

La seconde tient aux motivations des électeurs. Elles sont évidemment difficiles à cerner, mais on devine une collusion entre un courant xénophobe, un autre qui estime simplement que la Suisse doit rester fidèle à ses racines chrétiennes, et un troisième qui s'inquiète de dérives fondamentalistes dans l'islam. La situation française d'aujourd'hui montre éloquemment que lorsqu'une religion est montrée du doigt, ce sont toutes les religions qui finissent par en pâtir. Ainsi, les interrogations originelles sur la supposée violence des musulmans ont fait place à des accusations portées contre l'Eglise catholique, dont on dénonce l'implication dans le colonialisme, le génocide rwandais et même, contre toute évidence, l'holocauste nazi. Les évêques suisses l'ont bien compris, dans la mise en garde qu'ils ont adressée aux électeurs : "La paix religieuse ne va pas de soi, et elle doit toujours être défendue".

jeudi 26 novembre 2009

Les écolos-cathos.

Ecolos-cathos : la formule est bien trouvée, elle nous vient de Guillaume de Prémare et de son blog qui porte le souci de faire connaître la face cachée de l'Eglise catholique, c'est-à-dire tout ce qu'elle fait de positif et dont on ne parle pas.

Les chrétiens se préoccupent d'écologie, et ce n'est pas nouveau, puisque ça dure depuis le récit de la Genèse, qui présente l'homme (et la femme) comme les jardiniers du monde que Dieu leur confie. Un récit qui nous parle d'une harmonie originelle, détruite par un acte humain : on n'est vraiment pas loin des interrogations actuelles sur la responsabilité de l'homme dans les évolutions géologiques, biologiques et climatiques. Il trouve son prolongement dans les paraboles de Jésus, si souvent situées dans le monde rural, et tout près de nous dans les catéchèses des évêques français, de Jean-Paul II et de Benoît XVI, sans parler de la dynamique ouverte par le Conseil oecuménique des Eglises à Graz en 1997.

A Dijon, un événement important sur ce thème aura lieu sur le parvis de l'église Notre-Dame ; en plein centre ville et dans l'agitation des jours précédant Noël, le collectif "Noël autrement" y proposera pour la deuxième année une animation aux centaines de touristes et de croyants qui entrent dans cette église, la plus visitée de Dijon.

samedi 21 novembre 2009

Faire du chiffre.

L'obsession du chiffre est partout, et pas seulement dans le monde de l'économie. Elle vient de se traduire d'une manière dramatique à Dijon, dans une affaire qui fait de plus en plus causer : l'expulsion d'une famille géorgienne, membre d'une minorité persécutée dans son pays, de l'hôtel dijonnais dans lequel elle était hébergée. Il faut en faire, des expulsions, pour atteindre le chiffre de 29 000 par an exigé par les services de l'Etat.

Voici quelques lignes écrites par un témoin :
Une bonne partie des personnes présentes se rassemblent devant les portes de l’hôtel, mais les gendarmes entrent en force. Il est insupportable de voir dans la nuit cette famille (père, mère, un enfant de 2 ans et deux enfants de 8 et 11 ans, scolarisés au collège des Lentillères) monter dans le fourgon de la gendarmerie, direction le centre de rétention avec un retour quasi certain en Géorgie, après leur renvoi en Pologne. L’une des personnes présentes caresse la tête du petit de deux ans avant qu’il ne disparaisse ; j’espère que ce sera son seul souvenir de la France, jadis terre d’asile.
 Arrivés à l'aéroport, pour contraindre les adultes à monter dans l'avion, on y a embarqué de force les enfants en menaçant leurs parents de les renvoyer seuls vers la Pologne, pays dans lequel ils avaient eu l'audace de pénétrer pour entrer dans l'Union européenne.

Petit nouveau dans le monde des blogues.



Ecclesia21.fr : une adresse à faire figurer d'urgence dans vos favoris... Le blog lancé par le diocèse de Dijon, pour préparer le rassemblement diocésain du même nom qui portera sur le renouveau de la catéchèse, le 27 février à l'église Sainte-Bernadette, attend désormais vos commentaires et vos articles !

jeudi 19 novembre 2009

2012, châtiment ou rédemption ?

Coïncidence ? La sortie du dernier film-catastrophe de Columbia Pictures a lieu au moment où la liturgie de l'Eglise catholique nous fait lire les récits apocalyptiques de l'Ecriture. C'est aussi le moment choisi par la revue Biblia pour publier un excellent dossier sur l'Apocalypse, signé Jacques Descreux. A la lecture de ces pages érudites mais accessibles à tous, on remisera au placard les fantasmes millénaristes pour découvrir un texte finalement méconnu, qui parle d'abord d'espérance et de salut, et qui surtout nous fait poser une question essentielle : quel regard les croyants doivent-ils porter sur le monde dans lequel ils vivent ? Car tel est le propos de cet ouvrage, écrit vers la fin du premier siècle par un disciple du Christ en exil quelque part dans une île de Méditerranée : les chrétiens n'y sont pas persécutés, mais ils vivent dans l'attente d'un autre monde, une attente qui leur fait voir d'un oeil pessimiste la société de leur époque. Au même moment, un autre auteur, qui signe du nom de Paul, écrit des lettres dans lesquelles il encourage plutôt le compromis avec ce monde.



Les lettres de Paul, l'Apocalypse de Jean, ont été recueillies dans le Nouveau Testament et sont considérées par les chrétiens comme parole de Dieu. Elles nous renvoient à ces deux manières d'envisager la relation de l'Eglise et du "monde" chez les chrétiens d'aujourd'hui : les uns seront soucieux d'accueillir la réalité telle qu'elle est, pour le meilleur et pour le pire, et tenteront d'y apporter le ferment de l'Evangile ; les autres préfèreront se mettre à l'écart et proposer d'autres manières de faire et de penser.

samedi 14 novembre 2009

Courrier des lecteurs : que faut-il faire pour être sauvé ?


A nouveau, un commentaire qui demande une réponse publique. Voici la question qui m'est posée par Alice :
Je souhaiterais vous contacter au sujet de la vie après la mort, du problème du Jugement Dernier durant lequel apparemment très peu seront sauvés... Je souhaiterais savoir ce qu'il faut faire ou être pour être sauvés, d'après mes lectures seul le peuple Juif sera sauvé alors que nous sommes tous enfants de Dieu, non? Dieu nous aime n'est-ce-pas? Pourquoi veut-Il nous punir de la sorte dans ce cas? De plus, qu'en sera t'il de nos familles, des êtres qui nous sont chers, devrons nous les voir être condamnés si toutefois nous sommes sauvés? Tout ceci me décourage énormément, je ne comprends plus rien...
D'abord, la question "que faut-il faire pour être sauvé ?" : elle est posée par le jeune homme riche à Jésus, par exemple en Luc 18, 18-23. La réponse de Jésus tient en deux phrases : d'abord, obéir aux commandements (tu ne tueras pas, tu ne voleras pas...) ; ensuite, suivre Jésus en se détachant de ce qui encombre, et en particulier des richesses. A chacun d'adapter, dans sa vie personnelle, ce dernier conseil, qui ne signifie pas le détachement absolu (impossible humainement et même nuisible), mais la priorité donnée à la suite de Jésus dans tout ce que nous faisons.

Ensuite, qui peut être sauvé ? La question est posée par les disciples dans la suite de l'histoire (Luc, 18, 26-27), et la réponse donnée par Jésus est la suivante : "Ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu". Les hommes condamnent, et nous nous condamnons nous-mêmes, car nous avons du mal à accepter nos échecs ; Dieu, lui, ne condamne pas, il sauve et ne fait que ça. Le problème est que nous  lisons souvent la parole de Dieu comme une parole de condamnation, parce que cela rejoint notre propre manière de penser et sans doute aussi cela conforte nos fantasmes. L'idée que "seul le peuple juif sera sauvé" est absente de l'Évangile, autant que je sache. Et quand il y a un dénombrement à ce sujet, par exemple dans l'Apocalypse (7,4), il s'agit de chiffres symboliques (144 000, c'est 12 fois 12 fois 1000) et non réels, et d'ailleurs ce chiffre est complété par un autre : "une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toutes races, peuples, nations" (Apocalypse 7, 9) qui indique bien l'infinité de l'amour de Dieu et le fait qu'il n'y a pas que des juifs parmi les élus.

Enfin, dans le mot "jugement" il y a d'abord le mot "juste". Que Dieu nous juge signifie qu'il nous rend juste, qu'il nous "ajuste" à ce qu'il attend de nous ; cela veut dire aussi qu'il rétablit la justice, par rapport à un monde dans lequel cette même justice est souvent défaillante. "Jugement" ne veut donc pas dire simplement condamnation.

samedi 7 novembre 2009

Baptêmes.

Un commentaire en forme de question me donne l'idée d'un petit billet sur le baptême. Un billet qui va prendre l'allure d'une mise au point ? Bon, si ça peut remettre quelques pendules à l'heure, après tout..

D'abord, bien sûr, une petite histoire, racontée par la responsable de l'équipe baptême de mon ancienne paroisse. Elle demandait à des parents si le parrain choisi pour leur enfant était bien baptisé ; réponse de la mère : "Je ne sais plus si c'est à la mairie ou à l'église, mais oui il est baptisé"... Merci à la République qui en rajoute encore à la confusion dans laquelle sont plongées bien des familles, en réinstaurant une pratique destinée à l'origine à déchristianiser la France et à développer le culte de la déesse Raison (elle remonte à l'année 1794). Le portail très officiel de l'administration prétend qu'il s'agit de "faire adhérer l'enfant de manière symbolique aux valeurs républicaines", et un autre portail fort bien référencé prétend y voir "un bon compromis quand les parents sont de religions différentes". Mais les uns et les autres sont contraints de dire la vérité : cet acte n'a aucune valeur juridique (alors que bien des parents s'imaginent que les parrains et marraines seront là pour s'occuper de l'enfant en cas de besoin), et les maires ne sont même pas obligés de le pratiquer. Le terme même de "baptême" est complètement ridicule : il signifie "plongeon" et fait référence à l'eau que l'on verse, à l'église, sur la tête du nouveau chrétien, il ne saurait donc être appliqué à cette coutume, sauf à vouloir piller l'Église catholique jusque dans son patrimoine symbolique le plus précieux.

Le baptême (je ne précise pas "baptême chrétien", puisqu'après tout à ma connaissance il n'y a que celui-ci) a un autre sens : il est, comme tout sacrement, une rencontre avec Dieu ; c'est de cette rencontre que naît la foi. Il ne s'agit donc pas d'adhérer à des valeurs, ou d'entrer dans l'Église, en tout cas il ne s'agit pas d'abord de cela. Il s'agit de foi, c'est-à-dire d'expérience de Dieu. Dans l'Eglise, le lieu privilégié de cette expérience est la vie sacramentelle : des rites, accompagnés de paroles, par lesquels la vie de Dieu va prendre forme dans une personne humaine.

Plus profondément, je m'interroge sur le bien-fondé des encouragements accordés par nos édiles à ce genre de démarches. Le raisonnement est le suivant : les grands moments de la vie (naissance, mariage, décès) doivent être marqués de manière forte et symbolique. Or, bien des gens ne sont plus chrétiens. Pourquoi ne pas développer des rituels civils, ou plutôt "républicains", c'est-à-dire non seulement sans Dieu mais à caractère officiel ? On n'est pas loin, ici, de la religion civique. Et donc d'une confusion que je trouve regrettable entre la vie des citoyens et leurs convictions religieuses personnelles. On a connu ça, il y a longtemps : c'était le culte impérial tel qu'il était pratiqué à Rome, et tel qu'il est dénoncé par exemple dans le livre de l'Apocalypse. Le christianisme d'abord, les Lumières ensuite, nous ont libérés de ces tentations totalitaires. Doit-on y revenir, sous prétexte que des gens sont à nouveau en quête de repères et que les religions sont à nouveau suspectes ?

vendredi 6 novembre 2009

Perte de repères devant la mort.

Lundi 2 novembre, jour des défunts. A la messe ce soir-là, une assistance moins fournie que d'habitude, mais j'y retrouve un certain nombre de paroissiens à la porte desquels la mort a frappé plus souvent qu'à son tour. Il y a là, en particulier, beaucoup de parents qui ont eu la douleur de perdre un enfant. Ce deuil-là ne se fait jamais ; ils viennent donc avec des questions qui n'ont pas reçu de réponse.

Le deuil est un chemin sur lequel on avance sans savoir où il nous mène. On y fait une expérience terrible et fondamentale : nul n'est maître de sa propre vie. Il ne s'agit pas de la vie de celui qui n'est plus, mais de celle de l'endeuillé, tout-à-coup précipité dans une tempête qui peut aller jusqu'à lui faire perdre la maîtrise du fragile esquif dans lequel il se meut. La mort est un formidable coup d'accélérateur dans la vie de ceux qui restent, une embardée qui nous fait comprendre que nous ne sommes pas seuls aux commandes.

Là-dessus, l'Eglise est étonnamment discrète. Elle pourrait en profiter pour asséner des certitudes, dresser la fresque magnifique de la béatitude des élus et le tableau terrifiant du jugement ; elle aime mieux écouter, accompagner, pleurer avec. Aux dogmes, elle préfère les conseils ; plutôt que de parler, elle agit.

Devant la mort, il faut faire. A chaque fois que je célèbre des funérailles, je pense au livre d'Henri Laborit, Eloge de la fuite, dont Alain Resnais avait tiré un film remarquable : ce qui est épouvantable dans l'inconnu, c'est de se sentir impuissant. C'est là que les chrétiens (je précise : les catholiques) ont quelque chose à dire. En quelques mots, ce soir du 2 novembre, je rappelle toujours ce que le christianisme a changé dans l'approche de la mort : les nécropoles sont devenues des cimetières (c'est-à-dire des dortoirs), les défunts ont été mis en terre pour évoquer le grain de blé de l'Evangile et la plante de Paul, allongés sur le dos comme pour un sommeil. La célébration a lieu en présence du corps, ce qui signifie la foi en la résurrection de la chair. Quant aux morts, ils continuent à faire partie de cette communion des saints qu'est l'Eglise, et c'est la raison pour laquelle nous continuons à prier pour eux. La liturgie de l'Eglise, qui se poursuit jusqu'à l'inhumation, agit comme un message subliminal, plus fort que tous les discours que l'on peut tenir.

Plus que des repères, donc, la célébration des obsèques chrétiennes est une invitation à entrer, avec tout ce que nous sommes et pas seulement nos pensées, dans l'univers de l'espérance. Et c'est bien là, aujourd'hui, que les questions se posent : car les repères disparaissent, et sont remplacés par nos représentations subjectives et contradictoires, avec l'encouragement de sociétés de pompes funèbres qui n'ont qu'un souci, satisfaire leurs clients. Allons au supposé moins cher (la crémation), au plus rapide (la célébration dans une funeral home), au moins traumatisant (on laissera les enfants à la maison pour ne pas leur faire peur). Quant à la prière pour les défunts, à quoi bon puisque de toute façon ils sont morts et on ne peut plus rien pour eux. La mort est mal partie.

samedi 31 octobre 2009

Halloween



On est le 31 octobre, je ne suis pas particulièrement accro à Halloween, mais ce matin en priant dans l'église j'ai été dérangé par des petits couinements : voilà la coupable, en fait elles sont deux, je vais les appeler Batman et Robin.

Batman, c'est comme ça que les enfants de chœur m'appellent quand je passe avec mon aube et ma chasuble sur une bouche de chaleur... C'est plus sympa que Dracula, non ?

lundi 26 octobre 2009

Le coin du voile.


Quelques interventions de personnages publics, une mission d’information parlementaire, et voilà comment on recycle un sujet déjà vu quelque part : le voile islamique est de retour, dans sa version hard de burqa – ou de niqab. Peut-être les avez-vous croisés sur les trottoirs de votre cité, ces grands fantômes asexués, aux formes dissimulées sous un épais voile de drap sombre. En-dessous, paraît-il, se cache une femme. A leurs côtés, souvent, marche un homme barbu, coiffé de l’inévitable calotte blanche. Combien sont-elles ? Quelques centaines ? Des milliers ? Des dizaines de milliers en puissance ? Sont-elles une menace pour la démocratie ? Pour les droits de l’homme, ou plutôt de la femme ? Faut-il les prier de revêtir une tenue plus conforme à nos canons occidentaux – si tant est que de tels canons existent encore ? (...)

Lire la suite sur www.sacristains.fr

On fait quoi quand on se gourre ?

Father Andrew n'est pas un canular, il existe bel et bien ; et il ne joue pas l'argent de la paroisse, il participe à un jeu télévisé dans lequel il n'investit que le temps que le bon Dieu et les paroissiens lui laissent.. Et en plus il parle sacrément bien le Français, vu le commentaire qu'il m'a laissé sur mon dernier billet... J'ai l'air malin moi.

On fait quoi dans un cas comme ça ? Ce n'est pas la première fois que je me fais avoir par un lecteur qui s'est reconnu dans un post. Le premier, c'était le collègue de la paroisse lefébvriste d'à côté, celui que j'avais décrit comme "ce jeune abbé ensoutané que je vois passer devant mon église sans s'arrêter pour dire bonjour ou pour prendre un café". Eh bien, aussi sec, il m'a téléphoné : "Je lis votre blog, je peux venir prendre un café ?" Et puis, ça a été Willy, le sympathique patron du Shanti, bar sans alccol qui organise un café théologique. Et voilà, maintenant les Amerloques ont ouverts leurs grandes oreilles.

Dans un cas comme ça, on s'excuse (ce que je fais), et on peut aussi compléter en disant : ok, faire de la comm' ce n'est pas évangéliser ; mais chapeau quand même, et encore plus pour la qualité de la vidéo. Take care, Andrew. Et à l'occasion, viens nous donner quelques leçons.

samedi 24 octobre 2009

Solidarité : les prêtres sur la sellette.

Deux nouvelles se télescopent cette semaine : la première, dont on se demande si ce n'est pas une blague, concerne ce prêtre américain qui a décidé de jouer (et de gagner) au poker pour renflouer les finances de la paroisse ; la seconde est donnée par le Conseil presbytéral de Lyon qui invite les prêtres à verser un mois de salaire aux plus démunis.

Deux nouvelles qui me laissent songeur.

Le vicaire joueur de poker : il paraît que ce n'est pas un canular, non, non ! Au moment où pas mal de parents s'interrogent pour savoir comment ils vont, dans les mois qui viennent, expliquer à leurs enfants qu'ils ne doivent pas jouer en ligne leurs économies, allons-y, un jeune et bel ecclésiastique a décidé de flamber. Il y a quand même 100 000 dollars à la clé. Moi, je suis peut-être vieux jeu, mais ça me choque. Ce bon père ne sait donc pas que, là où il y du jeu, il y a des gagnants et des perdants ? Il ne se doute pas qu'un jour il va perdre ?

L'invitation à verser un mois de salaire : ce qui me gêne, ce n'est pas la proposition, c'est sa médiatisation et ce qu'elle risque d'induire dans le public. Médiatisation : l'Évangile invite plutôt à donner dans le secret, et à faire en sorte que la main gauche ignore ce que donne la main droite... Eh non les amis, vous ne saurez jamais combien je donne, ni à qui je donne. Jusqu'où irons-nous, dans cette disparition de nos jardins secrets ? Je préfèrerais que les prêtres donnent l'exemple de la discrétion. Quant au message finalement transmis : allez les curés, vous avez des sous et vous ne voulez pas le reconnaître, mettez donc la main à la poche bande de rats. A mon avis, c'est raté cette comm (parce que ne nous faisons pas d'illusion : ce qui est en jeu, c'est de communiquer là-dessus, finalement... Personne n'ira vraiment vérifier ce qui se passe).

mardi 20 octobre 2009

Du bon usage du lobbying.

Retour sur image : il y a quelques mois, le CCFD Bourgogne Franche-Comté recevait Roland, un congolais animateur d'une ONG dans l'Est du pays. A cette occasion, un parlementaire s'est éveillé à la situation là-bas et a compris l'injustice du pillage dont est victime le pays le plus riche du monde. Et voilà le résultat : un colloque qui se tiendra le 2 décembre prochain au Sénat, organisé par M. Bourquin, sénateur du Doubs, et le CCFD, avec le soutien du Réseau France Afrique centrale (REFAC).

Moi, je dis bravo !

Inscriptions avant le 1° décembre auprès de : c.birene@ccfd.asso.fr

samedi 17 octobre 2009

Pourquoi il faut aider l'Eglise en Afrique.


Alors que se poursuit, dans un remarquable silence médiatique qui en dit long sur les motivations des faiseurs d'info, le synode des évêques africains, Le Monde découvre que le pillage de l'Afrique, et en particulier du Congo ex-Zaïre, se poursuit plus que jamais. Il oublie d'ailleurs de mentionner que ce pillage s'accomplit avec la bénédiction de la France, qui a parrainé l'accord de "paix" autorisant les Rwandais à se servir largement dans les ressources minières de leur immense et impuissant voisin.

10 ans de guerre, des millions de morts, viols et pillages : eh oui, ça continue. Dans cette catastrophe, une voix s'élève : celle de l'Eglise (catholique, je précise ; les innombrables Églises de réveil qui prolifèrent sur le cadavre du Congo se limitent à proposer miracles et prières de guérison, et à ramasser de l'argent). Là-bas, les évêques, les prêtres, les baptisés ne font pas que parler : ils agissent, ouvrent des centres pour accueillir les centaines de milliers d'enfants abandonnés, créent des fermes expérimentales, forment le clergé à des métiers qui leur permettront de servir leurs frères - il y a des prêtres médecins, des agronomes, des avocats...

C'est pour cela, aussi, qu'il faut aider l'Église en Afrique : ils nous rappellent comment articuler l'annonce de l'Évangile et le souci des plus pauvres.

Sur le site de l'AED : un éclairage sur la vie de l'Eglise en RDC

jeudi 15 octobre 2009

Petits et grands scandales.


Il y a les petits scandales, dont les médias font leurs choux gras : le procès Clearstream, le Prince Jean, l'affaire Mitterrand. Demain on n'y pensera plus. Et il y a les gros scandales. Il y en a tellement, et ils sont si gros, qu'on passe à côté sans les voir. Mais après-demain, on dira que nous avons été des criminels.

Le CCFD nous livre les recettes d'un de ceux-là : les millions de victimes de la faim dans le monde. En plus, il le fait avec un bon coup de comm. Et là, on ne pourra plus dire que les cathos ne savent pas faire : flash mob aujourd'hui jeudi (picnic en noir... Si comme moi vous l'avez raté,ne passez pas à côté de la pub qui en a été faite, des affiches un peu trash mais au moins elles disent ce qu'elles veulent dire, et des petites phrases du genre "On ne nous fera plus avaler que la faim est une fatalité"), sondage BVA demain, incessant lobbying auprès des responsables, et soutien de centaines de projets à travers le monde : les catholiques de France peuvent être fiers de soutenir la première ONG française de développement.

PS : je suis passé à côté... Mais pas Arthur Deballon, un ptit communiquant dijonnais qui envoie de belles images dans C tout Comm, tout sur la comm vue par un étudiant.

RePS : ne manquez pas non plus le CCFD sur Facebook.

mardi 6 octobre 2009

Dieu à l'hôpital.

Dieu va très bien, mais les malades, eux, ont besoin de lui. Heureusement, la loi prévoit, depuis 1905, la présence d'aumôneries d'hôpitaux, dont l'importance a été réaffirmée en 2006 par la charte de la personne hospitalisée. C'est du bon sens : quand on ne va pas bien, on a besoin de tout le réconfort possible, et prier, "pratiquer son culte" pour s'exprimer comme les textes officiels de la République, fait partie de ce mieux-être. Pour la même raison, et ce quasiment depuis les origines de l'institution hospitalière, la plupart des établissements publics de soin disposent d'une chapelle, où les malades, et leurs familles, peuvent se recueillir. Cela fait partie de l'humanité minimum requise de ce genre d'endroits.

C'est là qu'on s'inquiète. Car depuis quelques années, les chapelles ferment, ou leurs superficies se trouvent grignotées par des services toujours plus gourmands d'espace. Celle de l'hôpital du Bocage de Dijon - où passent chaque année 63 000 patients, et bien plus encore de familles - n'est déjà pratiquement plus accessible depuis l'hôpital lui-même, ce qui la vide de sa signification. Le projet Bocage central, qui verra un agrandissement considérable des locaux actuels, ne semble guère faire de place à un lieu de culte et prévoit au mieux le maintien de l'existant. L'hôpital va-t-il être contaminé par la méfiance générale qui s'exprime partout envers le religieux, au détriment des droits les plus élémentaires des personnes qui y séjournent ?

jeudi 1 octobre 2009

Nomination.






Vous avez peut-être connu Marc, le sympathique et mélancolique prêtre dont Pietro de Paoli nous a raconté la vie dans 38 ans, célibataire et curé de campagne. Il a maintenant 53 ans et vient d'être nommé évêque. Retrouvez-le dans Dans la peau d'un évêque, du même auteur, et jetez un oeil sur la recension qui en est fait par votre serviteur dans la désormais sacro-sainte Sacristie.

samedi 26 septembre 2009

Pauvres riches.

Écoutez-moi, les gens riches ! Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés de mites, votre or et votre argent sont rouillés.Des travailleurs ont moissonné vos terres, et vous ne les avez pas payés ; leur salaire crie vengeance...

Deviens-je fou, de prendre la parole sur ce ton ? Oserai-je le faire à l'église dimanche ? Suis-je de ces prêtres qui "mélangent l'humain et le divin" ? Ma paroisse est-elle de celles qui "se limitent à la sempiternelle rengaine de Jésus-a-défendu les opprimés contre les puissants" ? Non : simplement un humble lecteur de la Parole de Dieu, qui, ces derniers dimanches, poursuit la lecture de la lettre de saint Jacques.

jeudi 24 septembre 2009

Une Eglise qui interdit.

Comment dire la Parole que porte l'Eglise comme une bonne nouvelle (c'est-à-dire : quelque chose de bon et de nouveau), et non pas comme un ramassis de vieilleries proférées par une arrière-grand-mère empêcheuse de tourner en rond ?

L'Eglise interdit. C'est comme une malédiction, quelque chose qui lui colle à la peau. Avant même d'ouvrir la bouche, il y a des gens qui savent déjà que la parole qu'ils vont entendre du prêtre va aller à l'encontre de leurs projets.

C'est ce qui s'est passé au téléphone ce matin : une jeune femme veut se marier. Formidable. Elle veut baptiser ses enfants. Génial. Oui mais, voilà : elle veut que le baptême ait lieu pendant le mariage ; ça me gêne, et d'ailleurs - ça tombe bien - nos dernières directives diocésaines le déconseillent fortement. La réticence que j'exprime au téléphone est comprise comme l'interdit attendu. "C'est dommage, me dit la maman, mais alors il n'y aura que le baptême, on se contentera d'un mariage civil". Rien n'y fait. Même pas la proposition du baptême le lendemain.

C'est vrai qu'en y réfléchissant, la motivation des futurs mariés ne devait pas être bien profonde. Leurs motivations pour le baptême non plus, d'ailleurs... Mais dans un monde où chacun rêve de construire sa vie exactement à son rythme, selon son désir, en évitant le plus possible les contradictions, comment une parole affirmant qu'un monde de toute-puissance est un monde qui porte en lui sa propre mort pourrait-elle être entendue ?

mercredi 23 septembre 2009

Aidez les petites maisons d'édition.

Comment faire pour vendre un livre qu'on a écrit sans donner l'impression de se mettre soi-même en vitrine ? En rappelant que celui qui prend les risques, c'est l'éditeur... Et en encourageant les lecteurs potentiels à le réclamer à leurs libraires...

Voilà, c'est mon premier livre, il s'agit du cours donné par votre serviteur aux séminaristes de Mayidi (RDC), adapté tout de même pour le public français. Vous y retrouverez un certain nombre des thèmes développés dans le Blog du Curé : un regard positif sur le monde dans lequel nous vivons et sur la situation du christianisme dans ce monde ; le rappel que la foi naît d'une expérience, la rencontre avec le Dieu de Jésus-Christ, et qu'elle est une aventure partagée par un nombre de personnes beaucoup plus grand que les enquêtes d'opinion ne le laissent penser. Une place importante y est accordée aux interrogations posées par la modernité, et aux transformations des manières de croire qu'elle implique. Le tout, en seulement cent trente-trois pages, dont certaines demandent au lecteur une attention soutenue (enfin c'est ce que me dit mon éditrice...), et pour le prix de douze euros.


Pour vous le procurer :
- Commandez-le à votre libraire (ils ont aussi besoin d'être soutenus)
- Si le vilain se refuse à faire effort, écrivez directement à : Editions Cité Vivante - 59B rue Jules d'Arbaumont 21000 DIJON.

samedi 19 septembre 2009

Ah, les femmes.

Encore un numéro du "Monde des Religions" sur les femmes. Ou la femme, je ne sais plus. Justement je tombe dessus vendredi soir, en sortant de la messe, et de l'évangile du jour qui insiste lourdement sur l'entourage féminin de Jésus, par contraste avec ses collègues rabbis, plutôt misogynes.

L'Eglise, à la différence de son fondateur, a-t-elle un problème avec les femmes ? Je dirais plutôt qu'elle a un problème avec la mixité, ou la gestion de la différence sexuée, enfin un truc comme ça. A la messe en semaine, l'assistance est massivement féminine, comme au caté. Certains vivent d'ailleurs dans la hantise d'une invasion féminine (-iste ?) : tel confrère me disait récemment, pour justifier sa réticence à admettre des filles parmi les enfants de choeur : "Mets-en une, à la fin de l'année il n'y a plus que ça". Je passe sur la délicatesse du propos, pour en constater la justesse peu de temps après, en demandant à Bertrand pourquoi il ne vient plus servir la messe. "C'est moins bien depuis qu'il y a des filles". Et voilà la raison : les filles, c'est pas intéressant. Bertrand est un petit macho, comme sans doute beaucoup de garçons de sa génération. Vous verrez : quand les hommes auront compris que les femmes sont aussi intéressantes qu'eux, quand les femmes auront compris qu'elles ne doivent pas rentrer dans ce jeu-là, on se posera la question de manière beaucoup moins agressive et passionnelle.

Conclusion : on continue à prendre des filles comme enfants de choeur, et on apprend aux garçons qu'elles sont aussi bien qu'eux, même si elles sont plus civilisées.

Allez, une post-conclusion : dans mon jeune temps, j'avais demandé à des carmélites pourquoi il n'y aurait pas, après tout, de religieuses ordonnées prêtre parmi elles. Elles se sont esclaffées : "Mais alors, nous ne verrions plus jamais d'hommes !" Ah, les soeurs.

vendredi 18 septembre 2009

Divorces et remariages.

En marge du débat lancé par les Sacristains, un papier plus long que d'habitude sur les divorcés remariés et leur place dans l'Eglise.

Lorsque ce monsieur m’a demandé de rendre visite à son épouse, en fin de vie et encore chez elle, j’avoue que je n’ai pas tout de suite réalisé qu’il s’agissait de la dame que je voyais le samedi soir, toujours dans les derniers rangs de l’église.


C’est bien elle. Souriante malgré la fatigue, elle m’accueille dans la chambre où on lui a installé un lit médicalisé. L’époux nous laisse avec discrétion : « Elle a, me dit-il, quelque chose d’important à vous demander ».


En effet, c’est important : mariée avec le même homme depuis quarante-cinq ans, elle ne communie plus, car son mari est divorcé. Ils ont l’un et l’autre dépassé leur huitième décennie, et sa vie s’est articulée autour de deux fidélités : fidélité à l’homme qu’elle aime, fidélité à l’Eglise qui lui demande de s’abstenir alors qu’elle est tous les dimanches à la messe. Avant de mourir – elle sait qu’elle vit ses dernières semaines - elle voudrait savoir si elle peut communier, et recevoir le sacrement des malades.


Elle n’est pas seule dans ce cas. A l’issue de la messe de rentrée du lycée Saint-Joseph (le tiers des enseignants était là, quand même), plusieurs sont venus me trouver pour me confier leur tristesse de ne pouvoir participer pleinement à l’eucharistie. Un bon nombre d’entre eux me disent qu’à cause de cela, ils ne fréquentent plus l’église, que cette situation atteint profondément leurs enfants, que beaucoup de leurs amis se sont également détournés de l’Eglise à cause de cela. J’en connais qui ont décidé d’aller vers les communautés protestantes, réputées plus accueillantes. J’en ai connus qui souhaitaient, malgré tout, se marier à l’église, car pourquoi celui qui n’a jamais été marié serait-il puni ? Pourquoi celle qui a été abandonnée par son conjoint devrait-elle ajouter à sa douleur celle de ne pas participer pleinement à la communion ? Il me faut alors expliquer que nous pouvons prier ensemble, dans la discrétion, un autre jour que celui du mariage civil. Que la mariée ne devra pas être en blanc. Que toute la famille ne sera pas invitée. Et j’en passe.


Vous l’avez compris : je fais ce que je peux, comme la plupart de mes confrères.


Renvoyer à la conscience de chacun ? Evidemment, je ne vérifie pas, au moment de donner la communion, la manière dont vivent ceux qui s’approchent de l’autel. Evidemment, je ne renvoie personne : le scandale serait bien pire que celui que l’on provoque, paraît-il, en accueillant ceux qui sont dans cette situation. Mais, jeune prêtre, j’ai profondément choqué un couple âgé qui avait accepté de se conformer à la règle imposée : ils en souffraient, de cette situation, mais au fond ils avaient fini par s’y retrouver et n’ont pas compris le conseil que je leur donnais de revenir communier. Je n’ai plus jamais recommencé.


C’est qu’elle n’est pas idiote, cette discipline des catholiques. Car on ne peut pas, non plus, faire comme si de rien n’était. On ne peut pas avoir l’air de brader les exigences de l’amour : si tu te donnes, tu donnes toute ta vie. On ne peut pas non plus passer outre la souffrance, le désarroi, et dire tout simplement « allez va, Dieu t’aime et c’est l’essentiel ». Quelque part, demander de s’abstenir des sacrements, c’est prendre au sérieux cette souffrance, la complication de la situation. Les catholiques sont peut-être les derniers à dire « un divorce, ce n’est jamais bien », et à inscrire cette souffrance comme une blessure dans la vie de leurs communautés.


Alors ? Conseiller la reconnaissance de nullité ? Trop long, trop compliqué, trop aléatoire. Et compris souvent, bien à tort, comme la négation de tout ce qui a été vécu lors de la première union. Proposer de découvrir la vie de l’Eglise autrement, dans l’accueil et la partage de la Parole, le service des frères ? Certains prennent ce chemin et s’en trouvent bien, ils découvrent ainsi des tas de choses sur Dieu et continuent à avancer dans la foi ; mais je ne pense pas que cela puisse concerner la majorité.


Voici ce que disait Benoit XVI en 2005, lors d’une rencontre avec des prêtres du Val d’Aoste : « Aucun de nous n’a de solution toute faite, notamment parce que les situations sont toujours différentes ». Cette attention aux personnes était déjà ce que prônait Jean-Paul II dans Familiaris Consortio : le droit de l’Eglise n’est pas fait pour punir, il est fait pour aider. Les prêtres ne sont pas là pour juger, mais pour comprendre, écouter, accompagner, accueillir. Le prêtre que je suis pense, certes, que la discipline de l’Eglise catholique peut évoluer, et il sait que bien des évêques pensent comme lui. Mais il est solidaire de cette même Eglise, peut-être tout simplement parce qu’il l’aime. Alors, ce que je m’efforce de faire, c’est de mettre l’accent sur la miséricorde. Dans les textes du magistère, il y a, bien sûr, le rappel de la règle dans toute sa dureté ; mais il y a surtout la charité pastorale avec laquelle chacun doit être accueilli dans l’Eglise.

mercredi 16 septembre 2009

Qui c'est le plus gentil ?

Willy est le patron du Shanti, bar bien connu des noctambules dijonnais, et de votre serviteur qui y participe régulièrement à des cafés théologiques. Willy est hindou. Né en France de parents français comme on dit, il a choisi l'hindouisme après de nombreux et longs séjours dans des ashrams, là-bas. C'est dans cette voie-là qu'il rencontre Dieu. Respect.

Le jeudi, au Shanti, c'est soirée à thème. Un coup, café philo ; un autre, café écolo ; un troisième, café théologique. Je m'y retrouve en général seul catholique, et la majorité des participants (une vingtaine) est constituée de convertis à diverses religions orientales, souvent déçus par leur catholicisme d'origine et n'hésitant pas à laisser libre cours à leur amertume.

L'autre soir, j'y ai emmené Jons. Jons, c'est un peu le contraire de Willy : il est Indien, et catholique - il est même séminariste. Évidemment ça a intéressé Willy, qui lui a posé plein de questions, en particulier sur les rencontres entre chrétiens et hindous, là-bas. Etonnement de mon séminariste : non seulement le dialogue n'existe pas, mais les chrétiens sont en butte à un phénomène qu'on ignore en France, la montée de l'intolérance, voire de la violence anti-chrétienne, chez nombre d'Hindous, surtout dans le nord de l'Inde. Que la religion de Gandhi soit devenue un foyer de violence est une chose qui dépasse sans doute les habitués des jeudis du Shanti : pour la plupart d'entre eux, c'est le christianisme qui est fauteur de trouble.

mardi 15 septembre 2009

Le travail, c'est pas la santé.

Faut-il en rajouter encore sur les suicides à France-Télécom ? Rappeler que, de toute façon, dans notre pays, le suicide est un énorme problème de santé publique (c'est la première cause de mortalité des jeunes), et qu'il est bien souvent géré par le silence et le déni ? Je me souviens d'une épidémie du même type, lorsque j'étais aumônier d'étudiants, qui avait alors touché l'école de sages-femmes ; la directrice avait refusé d'organiser une campagne de sensibilisation, au motif que l'acte avait été commis par des jeunes filles fragiles...

Au-delà du cas particulier de telle ou telle entreprise, je ne compte plus les plaintes reçues de personnes qui expriment une souffrance extrême liée à leur travail. Elles me semblent liées à des méthodes de management hyper-rationalisé qui font abstraction de la dignité des personnes. Le mot est peut-être un peu fort, je le reconnais, mais le fait est là : voir par exemple ce qu'écrit Dijonscope sur les personnels hospitaliers de Dijon et le jugement qu'ils portent sur les changements dans l'organisation de leur travail.

La raison fait oublier l'amour : voilà qui évoque certaines phrases de Benoît XVI, dans sa dernière encyclique : "Si le savoir veut être une sagesse capable de guider l'homme... il doit être relevé par le sel de la charité. Le faire sans le savoir est aveugle, le savoir sans amour est stérile". Considérer le travail d'abord comme un marché, et donc le travailleur comme une marchandise, n'est-ce pas justement ce dont parle le pape lorsqu'il écrit que "l'activité économique ne peut résoudre tous les problèmes sociaux par la simple extension de la logique marchande" ?

Pour ceux qui ont le temps, une émission de RCF sur le sujet.

dimanche 13 septembre 2009

Le génie de la com' (suite)

On n'en a pas encore fini avec le débriefing du printemps terrible de 2009, qui a vu se succéder couacs de la communication vaticane et ubuesques déclarations d'élus et de journalistes prompts à dénoncer de supposées dérives traditionalistes et autoritaires. Mais petit à petit, des leçons se tirent de ce triste épisode : les Sacristains , qui sonnent les cloches le 14, ont été précédés par deux communiquants qui ont fondé le groupe Médias et Evangile. L'un d'entre eux, Guillaume de Prémare, vient de publier une remarquable réflexion sur la communication dans l'Eglise, que vous pouvez lire dans la dernière livraison de la très sérieuse Revue d'éthique et de théologie morale.

Voilà un article qui mériterait de circuler très largement dans les milieux de la com et des médias, cathos ou non. Parce qu'il pose les bonnes questions, aux journalistes comme aux ecclésiastiques : il s'ouvre sur l'analyse détaillée d'une interview de Benoît XVI à la télévision allemande, dans laquelle le pape revient sur les sujets qui fâchent, mais de manière remarquablement pédagogique. Pourquoi donc n'a-t-on pas fait connaître cette intervention, ou d'autres qui vont dans le même sens ? Pourquoi, alors que les catholiques ont finalement assez bonne presse auprès de nos contemporains, le rejet et l'agressivité du printemps dernier ? Pourquoi enfin les médias ne s'intéressent-ils qu'à l'aspect social du christianisme et à l'inscription du catholicisme dans la société, et non à sa dimension spirituelle ?

jeudi 10 septembre 2009

Maintenant, nous savons.


Maintenant, vous savez... C'est la devise d'un jeune média dijonnais, Dijonscope, tous les jours sur le web à neuf heures pile. L'actualité dijonnaise n'est pas dense au point de fournir des scoops tous les jours, mais c'est bon de prendre la température d'une ville, sans préjugés.

Pour se mettre en bouche, une interview de l'archevêque, qui a provoqué deux commentaires très très débiles mais qui fait honneur à Dijonscope.


mardi 8 septembre 2009

Dieu et l'argent.

On dit qu'ils n'ont jamais fait bon ménage. On se méfie des religieux quand ils se mêlent d'économie. On ne prête qu'une oreille distraite à Benoît XVI lorsqu'il publie son encyclique sociale (il est vrai que, parue en plein été, elle avait toutes les chances de passer inaperçue, ah le Vatican et la com décidément...). Et voilà qu'une nouvelle, en provenance inattendue des pays du Moyen-Orient, oblige à se remuer les méninges : les actifs des cent plus grandes banques islamiques mondiales ont augmenté cette année de 66 % (les autres se sont contentées d'un modeste 13%).

Une banque islamique, c'est une banque qui applique strictement les interdits coraniques en matière économique : pas de prêt à intérêt (mais une participation aux bénéfices pour celui qui investit), pas de spéculation, et j'en passe. Il y a trente ans, on n'aurait pas parié un kopec sur ce genre de truc.

Loin de moi l'idée de faire l'apologie du communautarisme, et encore moins du Coran. Je ne suis pas non plus naïf au point d'ignorer les effets de la hausse du pétrole sur cette bonne tenue. Je sais enfin qu'il n'y a pas d'économie chrétienne, alors qu'il y a une finance islamique. Mais quand je lis chez Benoît XVI et sous la plume des évêques de France un appel à moraliser les comportements des acteurs économiques, et l'affirmation que la morale n'est pas incompatible, au contraire, avec la création de richesses, je me dis que nos cousins appliquent avec intelligence des conseils prodigués depuis longtemps par l'Eglise. Et que, peut-être, enfin si j'étais banquier, j'essayerais de me lancer dans une activité, disons, conforme à ces conseils, et je le ferais savoir.

Si par hasard vous n'êtes pas convaincu, et si vous n'avez pas trop sommeil, voici ce qu'en dit la ministre des finances française... Ca vaut son pesant de capitalisme.

samedi 5 septembre 2009

Liturgie africaine au Vatican ?

Benoît XVI nous surprendra toujours. Il vient de choisir, pour les célébrations vaticanes, un cérémoniaire africain, qui plus est congolais de RDC : Mgr Jean-Pierre Kwamba Masi. C'est lui qui aura la charge compliquée de superviser la préparation et le déroulement des liturgies pontificales, d'ordinaire bien compassées... Formé dans les séminaires zaïrois, Mgr Kwamba Masi est certainement un familier du rite du même nom, qui fait des messes d'Afrique centrale d'inoubliables moments de prière, de chants et de danses.

Connaissant Saint-Pierre, je doute que les célébrations se mettent à y ressembler à cette petite vidéo tournée il y a trois ans dans une église de la campagne congolaise :



Tiens, Benoît, on le croyait tradi ?

Immuable.



Ca dure, paraît-il, depuis 1685, et sûrement avant : dans ce quartier de maraîchers qu'était autrefois le sud de Dijon, la confrérie de Saint-Fiacre, patron des jardiniers, continue de se rassembler le premier samedi de septembre. On y sort la châsse du saint, décorée de petits objets en argent dont le plus ancien a été accroché là en 1803, qui passe de commune en commune. Elle était cette année confiée à la chambre d'agriculture, et déménage aujourd'hui à Varois, ville qui s'enorgueillit de ses douze exploitations agricoles. Dans son discours, le représentant du monde agricole qui a pris la parole a attribué à l'intercession du saint la formidable récolte de cette année. Du coup, messe à Saint-Pierre, à grand renfort de confréries voisines (Auxonne, mais aussi Lisieux, Belgique, Luxembourg...) qui apportent toutes leurs statues et leurs drapeaux.

Ce même jour a lieu la brocante du quartier, qui se trouve ainsi élevée au rang de fête patronale.

Ca vous a un petit goût d'éternité, ces chars fleuris, ces bannières et ces saints que l'on exhibe fièrement. Religion populaire, sans doute. Mais quel succès. Et dans l'église, ça chante. Ca aussi, c'est un petit peu du christianisme de chez nous.

mercredi 2 septembre 2009

"Liberté, je ne te vois plus"

Est-il dangereux de s'indigner ? Peut-être vous rappelez-vous cet homme, qui avait été interpellé pour avoir crié "Sarkozy, je te vois !" en pleine gare Saint-Charles de Marseille et risque, paraît-il, cent euros d'amende. Le secrétaire dijonnais de la ligue des Droits de l'Homme a écrit à l'auteur de l'interpellation pour lui faire part de son indignation... Il s'est vu, pour cela, convoqué trois mois plus tard à la gendarmerie de son domicile.

Le titre de ce billet n'est pas de moi... mais d'un lecteur de Dijonscope que je remercie de son involontaire collaboration à ce blog.

mardi 1 septembre 2009

Divine rentrée.

Pour la rentrée des enseignants, le proviseur du lycée Saint-Joseph avait eu une drôle d'idée : commencer par la messe, en y invitant tous ceux qui le voulaient. Un lundi à huit heures trente le matin, il ne devait pas y avoir grand-monde. Eh bien si : plus du tiers des enseignants (soixante-dix environ sur deux cents) étaient présents. A l'intention des esprits chagrins, je précise que ce lycée catholique ne pratique aucune sélection des ses personnels, pas plus que des élèves d'ailleurs, et que la différence avec l'enseignement public est que l'Eglise peut y dire librement ce qu'elle estime devoir dire.

Un tiers de pratiquants : c'est exactement la même chose qu'en prison. Et si c'était le vrai taux de pratique religieuse dans une France que l'on imaginerait débarrassée de tous les préjugés, des entraves à la liberté d'expression et des calomnies qui circulent sur les catholiques ?

dimanche 30 août 2009

Message subliminal.

Ecouter "Le téléphone sonne" dans sa voiture le soir sur les routes de l'été, c'est beaucoup de bonheur, avec parfois une montée d'adrénaline qui vous prend à l'écoute de certaines interventions. Ce dernier cas de figure était celui de mercredi : une émission dont le thème était, précisément, le bonheur, en lien -si j'ai bien compris- avec la revue L'Expansion qui se penche sur la question.

Qu'on n'y ait pas parlé de l'Evangile, où le mot de bonheur est l'un de ceux qui revient le plus souvent, passe encore : ça ne fait plus partie du bagage culturel minimum, OK. Mais qu'on y ait distillé à ce point des idées fausses sur le christianisme, sans que personne ne réagisse puisque personne ne sait au juste ce que ça veut dire, là... C'est de la malhonnêteté. La palme revenant, comme de bien entendu, à Michel Onfray, philosophe officiel de la République en passe de prendre la place du regretté et oublié Alain (auteur, tiens, de "Propos sur le bonheur" dont personne ne parle plus...). Onfray ne peut pas ouvrir la bouche sans mettre en cause le judéo-christianisme, coupable de tous les maux de notre pauvre monde : il y voit la cause du matérialisme dans lequel nos sociétés sont engluées, et a même été jusqu'à affirmer que, si l'école publique pratiquait à ce point la culture de l'effort et de la souffrance, c'était parce qu'elle n'était rien moins que l'héritière de la fameuse morale judéo-chrétienne.

Il faut dire que judéo-chrétienne, ça passe beaucoup mieux que judéo tout court. Mais finalement, est-ce moins meurtrier ? Ce genre de procédé, qui affirme sans argumenter, ça s'appelle de la manipulation ; ce sont des quantités de petits messages subliminaux qui s'entassent dans notre mémoire et finissent par construire un monument de haine et de mensonge.

samedi 29 août 2009

Un peu de buzz autour d'une censure idiote.

Anuncio : C'est ce week-end, un festival dans sept villes de France, expos, concert, et je ne sais quoi encore. Un festival de plus pour la nouvelle évangélisation ?

Je ne peux pas y participer (eh non, les week-ends, les curés sont au boulot...), mais j'y serais bien allé, ne serait-ce que pour faire la nique à certaine municipalité qui a interdit un concert sous prétexte qu'il fallait respecter la tranquillité des riverains...

Alors, un peu de buzz :
Le Figaro
Edmond Prochain
Pensées d'outre-politique

La foi se mesure-t-elle ?

Peut-on mesurer la foi, évaluer l'impact de Dieu dans notre société à défaut de le faire dans une vie humaine ?

Dijon à la fin des vacances, c'est un peu comme un naufrage : le beau bateau de l'été s'est échoué sur le bitume, et les survivants se serrent les coudes. On se téléphone, on s'invite, on sort ensemble, bref on fait ce qu'il faut pour affronter l'environnement hostile. A chaque fois, c'est l'occasion de rencontrer des gens nouveaux (la ville n'est pas si petite, finalement, même les curés ne connaissent pas tout le monde), d'entamer des conversations nouvelles. A chaque fois, c'est le même étonnement : tout le monde a une histoire avec Dieu. Le plus fêtard des étudiants en médecine se met à parler avec attendrissement de son projet de mariage, la jeune femme si préoccupée par son travail de l'émotion ressentie lors du baptême de son enfant, et quand ce n'est ni l'un ni l'autre les questions fusent toujours sur la religion, Dieu, le mal ou le bonheur.

La plupart de ces personnes rencontrées dans le jardin des voisins ou sur une terrasse de café auraient répondu "non" à la question "avez-vous une religion ?" posée par les instituts de sondage.

A la question "peut-on mesurer la foi ?"; je réponds donc : non, pas la peine d'essayer.

jeudi 27 août 2009

Terre Sainte.

2 500 étudiants de France en Terre Sainte cet été, c'est un beau succès, mesurable aussi à la qualité des témoignages recueillis sur le site de la CEF. Les étudiants de Dijon ont largement contribué par leur présence à ce succès !

Il n'y a pas que des pèlerins là-bas, il y a aussi ceux qui vivent... Et, pour les Palestiniens, dans des conditions de plus en plus difficiles. Bil'in, village de Palestine, se bat pour se faire connaître, avec le concours d'associations française qui devraient être reçues mercredi par le ministre des affaires étrangères. Occupation illégale, colonisation sauvage, partition du territoire municipal par la construction du fameux mur, humiliations quotidiennes, c'est le lot de ses habitants.

La vidéo qui suit n'est pas toute noire, elle a simplement été tournée pendant la nuit et dans la clandestinité... Vous ne la verrez jamais à la télé.

mercredi 26 août 2009

Séminaristes de plein air.

Une petite vingtaine, d'un peu partout en France, les GFU (Groupe de Formation Universitaire) se réunissent à Dijon pour leur session d'été. Les GFU, ce sont des séminaristes, qui poursuivent leurs études profanes tout en commençant leur formation en vue du ministère presbytéral. Le projet est né à la fin des années soixante, et ils ont été une centaine au plus fort de l'activité de ce séminaire pas comme les autres, qui rassemble ses étudiants sept week-ends et un mois d'été pendant l'année universitaire, plus une semaine de retraite à Noël.



Le résultat ? Des séminaristes a la fois comme tout le monde et différents des autres, plus sensibles que les autres sans doute à tout ce qui se passe dans la société et qui peut interpeller l'Église. Au terme du cycle GFU, ils rejoindront des séminaires plus classiques en lien avec le diocèse qui les accueillera plus tard dans le ministère.

Une seule chose leur manque : un site Web à jour...

Voir aussi le site du Service national des vocations.

vendredi 21 août 2009

Portrait de famille.

Portrait des catholiques de France : le titre du Monde du 16 août n'y va pas de main-morte. Et allons-y dans les poncifs : le catholique moyen est "une femme de plus de cinquante ans, électrice de droite", dommage qu'on ne précise pas tant qu'à faire sa tenue vestimentaire et ses goûts culinaires, combien d'enfants elle a eus, et puis quoi encore, c'est pas la peine, de toute façon tout ça c'est bien connu et depuis longtemps : le catholicisme s'effondre, et puis c'est tout.

Moi, franchement, ça m'énerve. Ca m'énerve parce que personne, et surtout pas les catholiques, ne se pose de questions sur ces sondages, qui sont tellement dans l'air du temps. Eh bien, justement, déjà, c'est pour ça que je les trouve louches : c'est parce qu'ils ressemblent vraiment à ce que tout le monde pense. On commence par dire "l'Église se casse la gueule", et on se paye des enquêtes ensuite pour le prouver.

Bon, regardons les choses d'un peu plus près. 64% des Français se déclarent catholiques. Tiens, c'est drôle : en 2007, ils étaient 51%. Comment ça se fait ? Peut-être que 960 personnes ("échantillon national représentatif"), ça n'est pas si représentatif que ça... Mais alors, voyons. 4,5% des catholiques sont pratiquants. Ca donne, sur un échantillon de 960 : (960x64%)x4,5%=allez, on arrondit généreusement à 30 personnes. J'en ai dix fois plus à la messe le dimanche, l'IFOP dû venir à Saint-Pierre ça lui aurait coûté moins cher. On continue ? 39% des pratiquants se déclarent proches de l'UMP, ça veut dire que onze personnes ont dit voter pour l'UMP, d'où ce titre que je vous laisse savourer : "L'orientation à droite de l'électorat catholique se renforce".

Voilà, je m'arrête là, j'aurais pourtant bien envie de continuer. Il y en aurait à dire sur les méthodes utilisées (elles n'ont pas changé depuis le chanoine Boulard et les années cinquante), et sur l'absence sidérante de réflexion qui suit ces enquêtes larguées régulièrement dans les médias. Mais un billet ça doit être court. Pour les abonnés au Monde.fr, je vous laisse le plaisir de continuer la lecture.

mercredi 19 août 2009

Sergiu, le retour.

Il avait disparu en mai, victime d'un coup de sang des édiles locaux qui avaient détruit son squatt. On le disait rentré en Roumanie. Vous aviez été nombreux à vous inquiéter de son sort. Dimanche dernier, à mon retour de vacances, il est entré bravement dans l'église, a pris sans hésiter la direction de la sacristie, enfilé son aube et repris son service d'autel comme s'il avait toujours été là.

A quoi ça a servi, tout ça, sinon à en rajouter une couche dans le genre "il y en a vraiment trop chez nous, de ces gens-là".

Justement, à Dijon où il est censé ne jamais rien se passer, les gens du voyage ont fait parler d'eux ces temps-ci : allez voir sur Daylymotion, ça vaut le coup...

vendredi 10 juillet 2009

Le résultat du bac.



Mardi dernier, fiesta improvisée place Wilson pour les résultats du bac. Au beau milieu des jeunes, une voiture a fait irruption, et deux charmantes jeunes femmes, manifestement choisies sur catalogue, ont commencé à distribuer gracieusement des canettes de Red Bull. Le résultat n'a pas tardé à se faire sentir : tam-tam jusqu'à deux heures du matin, hurlements et bagarres, vomi et pipi devant l'église. Au matin, les vide-ordures débordaient ; la plaque rappelant l'interdiction municipale de consommer de l'alcool avait été arrachée.

Mais il y a une consolation appréciable : nos apprentis ivrognes ont conservé des réflexes citoyens, et la plupart des canettes ont été jetées dans les poubelles.

vendredi 3 juillet 2009

Le projet et le don.


Avec les beaux jours, les baptêmes et les mariages reviennent aussi sûrement que les hirondelles... ce week-end, ce seront donc Marie-Hombeline et Thibault, Jean-Marie et Charline, et Domitille que ses parents présenteront dimanche pour qu'elle soit baptisée.

Pour les fiancés, la vie est un beau projet : un mariage, ça veut dire bien sûr une famille, c'est-à-dire des enfants, une carrière professionnelle, une maison, tout cela à plus ou moins brève échéance. C'est une étape dans une vie qui se construit en fonction du désir et des ambitions des uns et des autres.

Pour les parents, la vie est un don formidable. Accueillir un enfant, c'est recevoir un merveilleux cadeau, que l'on attendait bien sûr mais qui se révèle complètement différent de ce que l'on pouvait imaginer. C'est s'ouvrir à l'imprévu.

Projet ou don ? C'est la vie elle-même qui se charge de répondre, en déjouant les prévisions et en apportant à chacun son lot de surprises, bonnes ou mauvaises : en face d'elle, il n'y a pas de projet qui tienne vraiment. Pour Dieu en tout cas, la réponse est claire : la vie est d'abord un don, sur lequel on ne peut prétendre mettre la main. Si on ne comprend pas cela, on ne peut comprendre le discours de l'Eglise et sa réticence à admettre tant d'évolutions de notre vie commune. On ne comprend pas non plus pourquoi ce discours est en opposition avec les aspirations de bien des contemporains, qui se situent dans une logique de projet, sans en voir le caractère profondément illusoire.