mercredi 24 mai 2006





Kermesse.

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques photos de la traditionnelle kermesse paroissiale, qui contre toute attente s'est déroulée sous le soleil...

jeudi 11 mai 2006

Les pauvres.

Les Grésilles : un quartier plein de gens tout petits petits.

Ce matin, je croise en allant ouvrir l'église une dame entre deux âges accompagnée par deux jeunes gens. Rien qu'à les voir, on a compris : de petites gens tout simples. La dame tient un sac en plastique d'où elle sort la photo d'un jeune homme : "C'est mon fils, il est mort il y a six mois, la messe est pour lui ce matin".

On installe la photo à côté de la statue de la Vierge. La dame pleure un peu. Elle demande la permission de communier bien qu'elle ne se soit pas confessée. Du coup, ses enfants communient aussi (pour la première fois on dirait). La messe finie, je m'attarde un peu : où les obsèques ont-elles été célébrées ? - Au funérarium, dit le jeune homme, qui est le frère du défunt. On ne voulait surtout pas que ça se sache. Nous sommes une famille pas ordinaire, vous comprenez...

La maman, elle, a compris que je n'ai pas compris, alors elle me renseigne : mon fils était handicapé, me dit-elle. Tout le monde se moquait de lui dans le quartier, tout le monde se moque de nous de toute façon. Un jour, il s'est fait courser par des voisins qui voulaient lui faire peur. Il a couru jusqu'à la rocade, et là une voiture l'a écrasé. C'est comme ça qu'il est mort.

Eh oui. Dans un quartier comme le nôtre, il y a les pauvres, il y a les étrangers, et tout en-dessous il y a les handicapés.

mardi 9 mai 2006

Des chiffres et des questions.

Quelques chiffres entendus tout-à-l'heure sur France-Info :

- Objectif du Ministre de l'Intérieur : passer de 20 000 à 25 000 expulsions d'étrangers cette année.
- Pour que ces expulsions se déroulent dans les meilleures conditions, ouvrir de nouveaux centres de rétention.
- Un centre de rétention (en région parisienne, je crois) vient d'ouvrir ses portes. Il a coûté 2,4 millions d'Euros.
- Ce centre pourra accueillir 35 personnes.
- Il nécessite la présence d'une dizaine de policiers (et, sans aucun doute, d'autant de personnes pour assurer l'entretien des locaux et la nourriture des pensionnaires, du moins on l'espère).

Moi, je me pose des questions, du coup :
- Combien de centres de 35 personnes devra-t-on construire pour accueillir les 25 000 étrangers expulsés ?
- A 2,4 millions par centre, combien de millions d'Euros seront nécessaires ?
- Combien pour payer le personnel (policiers et personnels de service) ?
- Combien pour nourrir ces gens pendant leur séjour ?

Et, in fine, combien aurait vraiment coûté à l'économie française, pour ne pas dire au contribuable, le maintien de ces malheureux dans notre pays ?

Rappelons que nombre d'interpellations d'étrangers en situation irrégulière ont lieu dans des conditions exorbitantes du Droit commun (les convocations à la Préfecture en vue d'une régularisation sont en réalité un piège, puisque la personne est accueillie par des policiers qui l'envoient immédiatement en centre de rétention). Rappelons également que seules de rares personnes sont autorisées à pénétrer dans ces centres, dans lesquels on est détenu sans jugement.

Réfléchissez à tout cela, et dites-vous que la campagne électorale est commencée.
Le flocon de neige en trop.

Rentrant de week-end, Sylvie (ça, c'est un pseudonyme) a trouvé les murs du collège de ZEP où elle enseigne couverts de tags insultants (et ça, c'est un euphémisme) à son égard et à l'égard d'un certain nombre de profs.

Dire ou ne pas dire ? Toujours la même question ! Plus ça va, plus je pense qu'il faut dire. D'abord parce que c'est comme l'histoire de la branche sous la neige : il neige, les flocons tombent, les uns après les autres, sur la branche. Un flocon ce n'est pas lourd. Mais à force : la branche plie, et un tout petit flocon de rien du tout, pas plus gros que les autres, va être celui qui va la faire casser. Il faut dire, pour secouer la branche et faire tomber la neige avant que ça casse.

Dire aussi, pour forcer à se poser des questions : d'où ça vient, tout ça ? Qu'est-ce qui fait qu'on en arrive là aujourd'hui ? En s'y mettant tous, on devrait tout de même finir par trouver des réponses, et aussi des idées pour s'en sortir sans tuer personne.

Car au bout du compte, ca finit par faire des morts. Pas des morts qui vont au cimetière, des morts qui continuent à habiter là comme des fantômes de malheur.

Ce matin à la messe, l'une d'entre nous qui travaille aussi dans l'Education nationale a demandé qu'on prie pour deux jeunes, deux frères, qui rentrent en prison. J'ignore pourquoi ils en sont arrivés là. Mais je suis prêt à parier qu'ils n'en étaient pas à leur première bêtise. Et qu'il a fallu attendre, là aussi, que beaucoup de flocons tombent sur la branche avant qu'elle ne casse. Qui a secoué la neige pour la soulager ? Maintenant qu'elle est cassée, ça va être dur de réparer.

lundi 8 mai 2006


Allez au cinéma !

Beau film : C.R.A.Z.Y., une famille québécoise des années 70-80, un père bourru, une mère bigote, et cinq fils dont le quatrième, à l'identité incertaine et à la sensibilité à fleur de peau, est le héros de cette histoire vraie (enfin c'est une fiction, mais qui atteint des sommets de vérité). Tous les parents et tous les enfants devraient aller voir ça, mais pas ensemble.

Plein de questions à la sortie. Parmi elles : alors, Dieu, dans tout ça ? J'aimerais poser la question au réalisateur bien sûr, mais je pense que lui-même n'a pas tout-à-fait la réponse. Moi, ce que j'en pense, c'est que c'est de lui qu'on parle le plus pendant deux heures.

vendredi 5 mai 2006

Toujours à propos du déclin du religieux.

Je ne veux pas vous bassiner avec ça, mais vraiment tous ces gens qui s'acharnent à penser le déclin du religieux... SVP pensez différemment, comme nous y encourage Clifford Geertz, un anthropologue qui participe cette semaine au colloque Les sciences sociales en mutation co-organisé par Le Monde et l'EHESS. Pour ceux qui ont envie de s'accrocher, une lecture qui ne laisse pas indifférent : le texte sur La religion, sujet d'avenir présenté par ledit anthropologue, un vrai programme de recherches pour tous ceux qui ont envie de se lancer dans un travail sérieux sur le religieux aujourd'hui. Moi, je me le mets dans mes favoris.

mardi 2 mai 2006


Image.

Pas beaucoup d'image sur mon blog ; voici une photo de l'église (sortie de messe dimanche dernier...)
De près et de loin.

Combien de gens prennent des distances avec l'Eglise lors du passage à l'âge adulte. Parmi les motifs souvent invoqués, ceux dont parlent ce soir-là ces deux amis, mariés il y a cinq ans et que je retrouve avec plaisir pour une soirée de détente : les religions sont facteurs de violence, dans l'histoire et dans la vie des gens.

Violent, le christianisme ? Le débat peut durer à l'infini. C'est vrai, les nouvelles ne sont pas bonnes ces temps-ci. C'est vrai, l'histoire est pleine des exactions commises au nom de Dieu. Jean-Paul II n'a pas cessé d'en demander pardon tout au long de son ministère - et même cela, c'est compté à charge : vous voyez que c'est vrai, puisque le Pape le reconnaît !

Il y a donc le catholicisme des lointains, celui des manuels d'histoire (surtout français, il faut le dire), celui des faits divers, de ce qu'on en voit à travers le JT.

Je m'intéresse, moi, au christianisme de proximité. Celui des gens à qui la foi fait du bien. Le christianisme des petits qui viennent parce qu'ils sont dans la peine et qu'ils pensent trouver là quelqu'un qui les aidera à porter leur fardeau. L'Eglise qui aide les parents et les enfants, qui rit avec eux et qui pleure avec eux. Une modeste oasis d'humanité.

Bref, ce dont on ne parle jamais, mais dont tant de gens ont besoin et qu'ils savent trouver ici.

lundi 1 mai 2006

Dire ou ne rien dire ?

Dilemme : faut-il dire tout ce qu'on voit dans ce quartier, au risque d'en dégrader davantage l'image et de faire le jeu de ceux qui sont censés faire parler d'eux de cette manière ?

Allez, je me risque, après tout il suffit de faire un tour dans la rue pour se rendre compte...

Cette semaine :
Les vitres du futur centre de formation de l'administration territoriale ont été brisées
Une voiture brûlée
Une poubelle brûlée.