Le flocon de neige en trop.
Rentrant de week-end, Sylvie (ça, c'est un pseudonyme) a trouvé les murs du collège de ZEP où elle enseigne couverts de tags insultants (et ça, c'est un euphémisme) à son égard et à l'égard d'un certain nombre de profs.
Dire ou ne pas dire ? Toujours la même question ! Plus ça va, plus je pense qu'il faut dire. D'abord parce que c'est comme l'histoire de la branche sous la neige : il neige, les flocons tombent, les uns après les autres, sur la branche. Un flocon ce n'est pas lourd. Mais à force : la branche plie, et un tout petit flocon de rien du tout, pas plus gros que les autres, va être celui qui va la faire casser. Il faut dire, pour secouer la branche et faire tomber la neige avant que ça casse.
Dire aussi, pour forcer à se poser des questions : d'où ça vient, tout ça ? Qu'est-ce qui fait qu'on en arrive là aujourd'hui ? En s'y mettant tous, on devrait tout de même finir par trouver des réponses, et aussi des idées pour s'en sortir sans tuer personne.
Car au bout du compte, ca finit par faire des morts. Pas des morts qui vont au cimetière, des morts qui continuent à habiter là comme des fantômes de malheur.
Ce matin à la messe, l'une d'entre nous qui travaille aussi dans l'Education nationale a demandé qu'on prie pour deux jeunes, deux frères, qui rentrent en prison. J'ignore pourquoi ils en sont arrivés là. Mais je suis prêt à parier qu'ils n'en étaient pas à leur première bêtise. Et qu'il a fallu attendre, là aussi, que beaucoup de flocons tombent sur la branche avant qu'elle ne casse. Qui a secoué la neige pour la soulager ? Maintenant qu'elle est cassée, ça va être dur de réparer.
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