mercredi 27 juin 2012

L'Afrique, magnifique, du musée du quai Branly






L'avion de Kinshasa mardi soir avait des heures de retard. Quelle meilleure occasion pour visiter les collections africaines du musée du quai Branly, en attendant le débarquement de l'ami et ancien étudiant qui vient me rendre visite ?

Surprise : ce musée, c'est d'abord un jardin odorant (signé Gilles Clément), qui entoure et qui révèle un incroyable travail d'architecte (Jean Nouvel) : impeccables volumes extérieurs, labyrinthique territoire intérieur dans lequel on pourrait rester des heures à errer, rivière terreuse où sont gravés d'étranges signes, sur lesquels la main se porte autant que les yeux. Impression d'un inépuisable foisonnement créatif. D'emblée, le ton est donné : un musée, c'est comme un jardin, ça foisonne, ça vit.

La splendeur des objets exposés crève les yeux - telle cette étonnante statuette funéraire d'homme, produite par les Kongo, l'une de ces cultures séculaires dont nous affectons de tout ignorer. Nous avons pris le meilleur, comme toujours, profitant du rapport entretenu par les Africains avec les produits de leur culture. Que diront-ils, lorsqu'ils se rendront compte de l'étendue du pillage auquel nous nous sommes livrés ? Certaines œuvres portent la mention "Collecté par Savorgnan de Brazza." Comment doit-on entendre au juste le terme "collecté" ?

L'émerveillement s'accompagne donc d'un léger malaise. Malaise également à la lecture des explications données. Passionnantes, évidemment. Mais impuissantes à dissiper un malentendu essentiel : ce que nous contemplons comme des œuvres d'art ont été des réalités vivantes, puissantes, chargées de sens, et nous n'avons pas la clé qui nous permettrait de les faire revivre. Pas de religion, mais de la magie. Des fétiches et des féticheurs. De magnifiques rouleaux de prière (bien identifiés, en anglais, comme prayer scrolls), sont désignés comme des "rouleaux de protection"... La prière n'est donc pas un mot français ? La question n'est pas là. Elle est que nous sommes incapables de saisir la force de ce que nous voyons. Les vitrines du musée abritent des œuvres mortes. Les explications données, dans leur souci d'objectivité, ne peuvent restituer l'âme. C'est normal, on n'en veut à personne. Il reste qu'on n'est pas loin du déni : ces objets ne doivent être que des objets d'art. Un point, c'est tout. Il m'est même arrivé de penser que la distance n'était pas grande entre ce regard-là (le nôtre), et celui des colonisateurs et des missionnaires : le regard d'une culture qui se pense comme supérieure sur une culture dont elle ne veut pas accepter les codes. Mais c'est faire un procès d'intention.

Et après tout, n'est-ce pas ainsi que l'on visite aujourd'hui les églises ? Ce passage au musée m'a rendu davantage frère des Africains : ma culture, à moi aussi, est ignorée.

Bon, il ne faudrait pas que ça décourage d'aller faire un tour, et plus qu'un tour, au musée. Ma prochaine visite, quant à moi, sera pour le musée Dapper : encore davantage d'art africain, puisqu'ici, de toute façon, c'est de l'art, et que c'est beau, définitivement.

L'original de la photo se trouve sur le site du musée.

mercredi 20 juin 2012

Nouvelles familles (5)

"Je voudrais que vous priiez pour ma fille."

Qu'a-t-elle donc, cette enfant ? Elle a 18 ans, et vient de déclarer à ses parents qu'elle aime une autre fille et veut vivre avec elle.

Bon. Respect de tout le monde, d'abord. Et puis, c'est une belle preuve d'amour qu'elle vous a donnée à vous, ses parents, en vous disant son projet.

- Mais 18 ans, c'est un peu jeune, non ?

Oui, c'est jeune. Très jeune (trop ?) pour dire : voici quelle est mon orientation sexuelle. J'aime une autre fille. Donc : je suis lesbienne. Ah bon ? aurais-je eu envie de lui dire. Tu es sûre ? Sûre aussi que tu veux te laisser enfermer dans ce que tu crois aujourd'hui, avec ton cœur de dix-huit ans ? Car c'est bien ce qui se passe : tu sautes le pas. Désormais, tout le monde saura, et tu sentiras le poids du regard des autres ; non pas un regard de jugement (même si cela arrivera), mais un enfermement, aussi subtil que pesant, dans une catégorie, sociale davantage que sexuelle. Je souhaite que ta mère ne dise pas (pas trop vite en tout cas) : "Ma fille est lesbienne", mais que tu trouves chez elle suffisamment d'intelligence et d'amour pour te laisser vivre ce que tu as vraiment envie de vivre là, maintenant, sans t'empêcher de vivre autre chose plus tard.

Dans les dialogues que je peux avoir avec de jeunes (et moins jeunes) gays, ce que j'entends d'abord, et à condition d'aller vraiment au fond, c'est la recherche d'une relation forte, confiante, exclusive et peut-être excessive parfois - devrais-je dire "passionnée" pour être plus vrai ? Le sexe est toujours en retrait. Il apparaît en réalité aujourd'hui parce que les barrières qui l'empêchaient auparavant ont été retirées. Parfois, il vient tout gâcher. Souvent, il change brutalement la nature de la relation envisagée au départ. Il m'est plus d'une fois venu à l'esprit que ce changement fermait la porte à un sentiment autre, plus profond peut-être (c'est en tout cas l'opinion des penseurs d'autrefois) : l'amitié, grande absente de notre pensée sociale aujourd'hui, mais considérée en d'autres temps comme la forme la plus élevée de l'amour.

Je ne veux pas dire que l'homosexualité n'existe pas, ce serait absurde. Je pense simplement que le risque existe, quand on est jeune, de se méprendre sur ses sentiments ; voir sans autre précaution dans l'homosexualité un mode comme un autre d'exercice de la sexualité n'aide pas à s'y retrouver, quand on est jeune et en train de construire son identité. A plus forte raison, parler de "mariage" entre personnes du même sexe : puisque c'est le même mot, cela signifie que c'est la même chose. Bien sûr que ce n'est pas la même chose. Dire cela n'est irrespectueux pour personne, et permet de préserver un repère essentiel à la construction de soi. Il n'y a là rien d'homophobe, mais l'affirmation que la sexualité, comme tout ce qui concerne l'identité, se construit lentement ; que cette construction se fait avec lenteur, qu'elle comporte des hésitations, des retours en arrière, des choix que l'on est ensuite amené à regretter. Un tel travail ne peut se faire qu'avec un minimum de repères, et les décisions qui pourraient être prises sur ce sujet par la nouvelle majorité vont exactement dans le sens contraire.

mardi 12 juin 2012

Respect, dignité, mort et vie.

Une petite pause dans la série sur les familles, pour réagir à la proposition de loi déposée au Sénat le 8 juin "relative à l'assistance médicale pour mourir et à l'accès aux soins palliatifs."

Donc, ça y est : bientôt va naître "l'assistance médicale pour mourir", autre nom de l'euthanasie. La proposition a été déposée au Sénat, dont la majorité des élus est favorable à une évolution du droit sur ce sujet.

Si le sujet n'était pas aussi noir, les premiers mots donneraient à sourire : "En 2012, on meurt toujours mal en France." On partage l'indignation du sénateur Courteau. Il faut que cesse ce scandale de la mort qui fait mal. Le législateur doit faire de la fin de vie un moment de bonheur.

Maladresse d'expression ? L'auteur poursuit : "94% des Français sont favorables à une aide active à la mort." Bon, on aimerait voir le sondage et la question posée. Et on se dit que l'importance du sujet vaut sans doute mieux qu'une réponse par oui ou par non. Allez, continuons : une enquête de The Economist classe la France au 12° rang des pays dans lesquels on meurt le mieux. Je me demande ce qu'aurait donné la même enquête dans La Croix. Et, au passage, ce que le même journal pense de la politique économique de la France. Enfin, pour faire bonne mesure et satisfaire tout le monde, la loi prévoira un accès facilité à des soins palliatifs, sans doute pour les crétins qui s'obstineraient à choisir une mort naturelle. Problème : le projet n'en parle pas. Ça rappelle la loi Veil : on avait promis que la dépénalisation de l'avortement serait accompagnée d'une ambitieuse loi sur l'accueil de l'enfant à naître, qui n'a jamais vu le jour (trop cher).

On cherchera donc en vain, dans cet exposé de motifs, une quelconque préoccupation morale. Des chiffres, des sondages,des généralités, des promesses. C'est là-dessus que va se faire le débat sur l'introduction de l'euthanasie dans notre droit.

Passons à la proposition.

Article premier : notez l'embarras de l'intitulé, "assistance médicale pour mourir." Ça peut vouloir dire beaucoup de choses, y compris ce que la loi Léonetti prévoit déjà. On doit supposer, néanmoins, que la loi nouvelle ira plus loin, puisqu'elle institue cette assistance comme un droit nouveau.
Une clause de conscience est prévue pour ceux qui ne voudront pas aider les citoyens à exercer leur droit : "Les professionnels de santé ne sont pas tenus d'apporter leur concours à la mise en œuvre" de la procédure. Exactement, toujours, comme dans la loi Veil. Il se passera donc ce qui se passe pour l'IVG : comme une majorité de médecins et de sages-femmes y répugnent, on organise un roulement dans le personnel, pour éviter que ce soit toujours les mêmes qui s'y collent ; et on fait comprendre que, l'hôpital étant investi d'une mission de service public, il n'est pas question de refuser.

Article 2 : La décision prise sera collégiale, et s'accompagnera de la présentation de tout ce qu'il est possible de faire pour entrer dans une dynamique autre (soins palliatifs). A nouveau comme la loi Veil, où un entretien préalable était prescrit dans le but de présenter d'autres solutions que l'IVG. Il en ira donc sans doute de même : la décision étant prise par le malade, il sera impossible de le faire changer d'avis. D'ailleurs, l’entretien préalable à l'IVG n'est plus obligatoire, pour cette raison.
D'autre part, l'acte sera réalisé "sous le contrôle du médecin". Entendez : pas par lui. Par l'infirmière, qui, elle, n'aura pas la possibilité de discuter, et se prendra tout en pleine figure. Vieux principe de la division des tâches, qui évite les cas de conscience trop douloureux. Celui (celle) qui se salit les mains n'est pas celui (celle) qui a pris la décision.

Article 3 : Prévoit des directives anticipées, pour le cas où la personne ne serait plus consciente, ou plus en état de donner un consentement "éclairé". Espérons qu'elle n'aura pas changé d'avis d'ici-là. Car, comme le dit fort justement Michel Serres, il n'y a que deux moments importants dans la vie : maintenant, et à l'heure de notre mort.

Article 4 : Complète l'article 3, en précisant que le collège de médecins réunis pour prendre la décision est seul juge des conditions nécessaires à une assistance pour mourir, etc.

Article 5 : crée une "commission nationale de contrôle des pratiques relatives au droit de mourir dans la dignité." Comme on se méfie des juges, on évitera de porter les litiges devant la justice ordinaire, rien ne vaut une juridiction administrative planquée derrière deux ministères (justice et santé).

Quelques mots de conclusion :

- C'est sûr, une loi comme celle-ci va provoquer une augmentation des demandes d'euthanasie. L'argument souvent entendu ("cela ne concernera qu'un nombre très limité de cas") ne vaut rien.

- C'est sûr aussi, le ras-le-bol des soignants, surtout du personnel infirmier qui va être chargé de poser l'acte (car il faudra bien que quelqu’un s'y colle, et vous pouvez être sûr que ce ne sera pas le chef de service), va monter rapidement en puissance.

- Un pas de plus va être fait dans la levée des interdits. Car donner la mort, c'est un interdit fondateur. Surtout qu'en principe, la médecine n'est pas faite pour ça. Une société où les interdits s'effacent, c'est une société qui aide de plus en plus mal ses membres à se construire.

- L'institution d'une commission administrative de contrôle ne me paraît pas de bon augure. Jusqu'à maintenant, c'est le juge qui était compétent pour des questions aussi graves que la vie et la mort.

- Enfin, utiliser dans ce contexte l'expression "mourir dans la dignité" est quelque chose qui me répugne absolument. J'ai rencontré beaucoup de personnes en train de mourir. Aucune ne m'a paru indigne. Si on commence à estimer que la déchéance physique est incompatible avec la dignité humaine, cela peut entraîner assez loin. Si on porte ce regard-là sur les malades en train de finir leur vie, on les poussera forcément dans cette direction. On ne me fera pas croire qu'au Parti socialiste, et dans l'ensemble de la gauche, où se rencontrent tant de personnes porteuses de valeurs humanistes et profondément marquées par le christianisme, l'unanimité soit faite sur ces questions-là.

samedi 9 juin 2012

Nouvelles familles (4)

Les petites histoires, c'est bien, mais il faut aller un peu plus loin. Car elles interrogent, même si certaines de celles que je viens de raconter sont des situations qui restent exceptionnelles. Elles interrogent doublement : bien sûr au niveau de la vie de l’Église, de la responsabilité pastorale d'un curé, de celle, fraternelle, des chrétiens ; mais aussi, elles posent question sur les tournants que prennent notre pays, notre culture européenne - car la paroisse est un remarquable observatoire de la vie quotidienne de chez nous.

Une première constatation saute aux yeux : le mariage donne de formidables énergies pour vivre bien. Le sacrement du mariage, bien sûr : il suffit de voir l'émotion qui étreint les mariés, y compris ceux qui ont fait profession de scepticisme pendant la préparation, au moment où ils prononcent les paroles fatidiques, pour comprendre l'importance de ce qui se joue là, l'investissement affectif, l'expérience spirituelle. Mais aussi le mariage tout court, comme institution. La preuve ? Pour beaucoup de ces jeunes mamans célibataires que je rencontrais dans mon ancienne paroisse, le mariage, c'est un rêve inaccessible, un truc de riches, c'est pas pour des gens comme nous. Une autre ? La réussite de la vie familiale, de toute la famille et de chacun de ces membres, quand elle se situe dans le cadre du mariage. On pourrait ajouter la catastrophe économique, humaine, psychologique, spirituelle, que représente toujours une séparation dans un couple. Bref : vive le mariage.

Quand je dis "mariage", j'entends l'institution, et pas simplement n'importe quelle union, formalisée ou non par un contrat. Car dans le contrat, on est dans l'illusion post-moderne, celle qui fait croire que chacun est maître de réaliser comme il l'entend sa propre vie, comme s'il démarrait tout à zéro à partir de lui-même ;or,  le mariage existait avant les mariés, et c'est ce qui fait en partie sa force : il rappelle que nul n'est parfaitement maître de sa propre vie, que la vie, précisément, est un donné avant d'être un projet, que l'amour lui-même est un don qui dépasse les personnes qui s'aiment. Ce que j'écris là n'est en rien un jus pieusard et catho : c'est ce que disent tous les amoureux du monde, à partir du moment où on les fait parler d'autre chose que de leur vie sexuelle et de l'emprunt qu'ils vont réaliser pour acheter leur maison. Il se trouve que cela rejoint l'Evangile dans ce qu'il a de plus vrai...

Ce n'est pas pour rien que notre droit favorise encore (pour combien de temps ?) les personnes qui décident de se marier. En cela, la vie privée d'un chef d'Etat importe à toute la nation, si elle laisse croire qu'il y a diverses formes d'union toutes équivalentes, et qu'en fonction de ses opinions on pourra choisir celle qui convient le mieux.

Ce n'est pas pour cela qu'il ne faut pas respecter tous les choix. "Respecter", et non pas simplement tolérer : chacun, c'est vrai, a le droit de vivre comme il l'entend. Mais, parce que la société a pour rôle de participer à l'éducation de ses membres, de chercher à leur procurer le bonheur, elle doit en indiquer le meilleur chemin. C'est d'ailleurs une conviction profondément ancrée dans les mentalités : pour l'immense majorité de nos concitoyens, une famille, c'est l'union stable entre des époux. Il y a, certes, d'autres choix possibles, nul ne peut les empêcher, et le droit se doit de les prendre en compte et de les organiser ; mais sans diminuer la priorité donnée au mariage sur toutes les autres formes d'union.

(A suivre)

mercredi 6 juin 2012

Nouvelles familles (3)

Une dernière histoire, avant de passer aux questions que tout cela pose.

C'était il y a quelques années déjà. Le soir de la récollection de préparation à la première communion, des enfants sont rentrés à la maison en disant à leurs parents : "Dieu s'est trompé, il a mis au papa de Clément une âme de femme dans un corps d'homme." Affolement dans les familles :  qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Le téléphone du presbytère a sonné, heureusement le papa (maman ?) en question m'avait prévenu : engagé depuis cinq ans dans un protocole de changement de sexe, le moment arrivait où la transformation allait devenir visible, et il avait voulu par honnêteté vis-à-vis de moi m'en avertir.

Comme dans les histoires précédentes, ma réaction avait été d'abord embarrassée. Intéressée, aussi : qu'est-ce qui pouvait motiver une pareille démarche de la part de cet homme ? J'ai avoué mon immense perplexité. Je ne pouvais m'empêcher de mettre en balance deux souffrances : celle, incontestable, d'un homme victime d'un trouble aussi profond ; et l'autre, celle de la famille qu'il avait fondée, et à laquelle il imposait, au nom de l'amour, une transformation considérable, allant bien au-delà d'un changement de rôle social. L'absence de jugement des personnes, c'est pourtant ce qui est demandé à un pasteur : d'abord par la loi française qui interdit toute discrimination, ensuite par l’Évangile, enfin par le bon sens (il n'était pas question d'exclure cette famille de la vie paroissiale, pour ne pas rajouter de la souffrance à la souffrance).

(A suivre)

dimanche 3 juin 2012

Nouvelles familles (2)


Divorces, familles recomposées, familles monoparentales, c’est déjà de l’histoire ancienne, finalement. Plus récente, dans la vie des curés, est l’arrivée de couples d’un nouveau genre, ou plutôt d’un genre unique, auxquels on promet les mêmes droits que les autres : Pacsés, couples gays et parents de même sexe font timidement leur entrée dans le paysage paroissial.

Le pacs est quelque chose de très répandu parmi les jeunes ; je ne dispose pas de statistiques précises, mais un bon nombre d’actes de naissance fournis par les fiancés pour préparer leur mariage précisent qu’ils sont déjà pacsés. Il faut donc relativiser le succès de la formule : la plupart des pacs dont j’ai eu connaissance sont des arrangements conclus en attendant le mariage, pour des raisons professionnelles ou fiscales. Pas de concurrence, donc, sur ce terrain-là, avec le mariage.

Plus inattendue a été la demande qui m’a été faite une fois de célébrer la messe à l’occasion d’une union homosexuelle. La réponse a été simple à donner : je ne célèbre pratiquement plus la messe pour les mariages, alors pour un PACS… Mais j’ai accompagné cette réponse d’une proposition de rencontre plus longue, qui a été l’occasion d’un dialogue approfondi avec les deux partenaires, dialogue qui se poursuit toujours et que je crois être un vrai chemin de conversion, dans les deux sens d’ailleurs.

Il y a, enfin, les demandes de baptême d’enfants présentées par deux personnes du même sexe, dont l'une est le parent légal (voire naturel) et l'autre revendique de l'être. Il m’est arrivé de baptiser un enfant adopté par une maman célibataire, et de me dire que, peut-être, la marraine… Il est arrivé aussi, et c’est plus récent, d’accueillir un couple de femmes accompagnant leur bambin manifestement heureux de vivre. Les premières questions qui me sont alors venues à l’esprit étaient loin d'être essentielles : dans l’acte de baptême, il n’y a qu’une seule case « mère », où va signer l’autre maman ? Comment vont réagir les autres parents lors des rencontres de préparation ? Et les paroissiens ? Les problèmes de fond ne viennent qu’après, et c’est intéressant d’en discuter avec les personnes intéressées, à condition que ces discussions se déroulent dans la vérité – c’est-à-dire, du côté du prêtre, en disant l’opposition de l’Eglise à l’adoption dans un tel contexte et en tâchant d’en faire comprendre les raisons ; mais aussi, en écoutant, en comprenant, en accueillant avec respect celles et ceux qui viennent, et sans jamais oublier que la même Eglise doit, elle aussi, balayer devant sa propre porte, car l'histoire récente nous apprend qu'elle n'est pas sans reproche à se faire.

(A suivre…)