jeudi 29 mars 2007

Merci pour la grasse.

Non, ce n'est pas la grasse matinée, mais juste une faute d'orthographe : un de celles qui émaillent le cahier installé depuis des années à l'entrée de l'église pour recueillir les prières des passants.

C'est, quelque part, toute la misère du monde qui se dépose là : "Aider un couple qui vacille", "un papa au chômage", "aide-moi à supporter mon chagrin", "je vous ai tant prié en vain"... Aux pieds de la statue de la Vierge, un petit brasier de lumignons donne sa clarté tremblotante. On y dépose aussi, parfois, une plaque de granit sur laquelle est gravée un "merci". Parfois aussi, des images dérisoires : neuvaines à sainte Rita ou à Saint Jude, spécialisés dans les cas désespérés, et même ces cartes postales, adressées à Dieu et à Monsieur le Préfet, sur lesquelles une dame venait un temps rédiger d'obscurs appels au secours.

Il y en a du monde qui passe, dans la chapelle de la Vierge.

mercredi 28 mars 2007

Ca devait vraiment arriver ?

Dimanche soir vers 17H : une odeur de brûlé flotte dans le quartier. Sous la halle du marché, une centaine de personnes, peut-être plus ; l'atmosphère est lourde. Il est arrivé quelque chose.

Comme tous les dimanches, des jeunes tournaient à bord de motos et de quads. On les entend, on les voit passer à toute vitesse. Certains sont cagoulés : ils n'ont pas envie qu'on les reconnaisse, peut-être parce qu'ils roulent trop vite, peut-être parce que l'engin n'est pas à eux, peut-être parce qu'ils n'ont pas de permis... Et voilà, l'un d'entre eux, cagoulé, bruyant, rapide, s'est planté dans la voiture qui arrivait en sens inverse. Il est peut-être mort. Ses copains sont là, ils sortent de sa voiture le conducteur d'en face, le prennent à partie, brûlent le véhicule. On n'ose penser à ce qui serait arrivé si la police n'était pas intervenue très rapidement.

mardi 27 mars 2007

Fort solidaire.

Quelques images de la journée de dimanche : premier jour de vrai printemps, et grande opération menée par l'équipe CCFD de la paroisse. La municipalité ayant mis à notre disposition un fort désaffecté, le titre de l'après-midi s'est imposé tout seul...

Bilan : plein de monde, plein de jeunes (enfants, ados, étudiants), plein de familles, encore une fois une image inhabituelle de l'Eglise était donnée ; peu d'argent : le problème avec les jeunes c'est qu'ils ne payent pas...

mercredi 21 mars 2007


L'éternelle jeunesse de l'Eglise

Qui a dit que l'Eglise c'était des vieux ? Dimanche, Sainte-Bernadette débordait de jeunes : près de mille scouts et guides de tous poils (de France, d'Europe, Unitaires) rassemblés pour célébrer avec l'archevêque le centième anniversaire du mouvement.

C'est le vrai visage de l'Eglise et de son éternelle jeunesse. Il y en a eu d'autres : Pentecôte l'an dernier, messes de jeunes le samedi soir, et au quotidien, mouvements, aumôneries, célébrations, c'est là que se trouve la vie. Sans subventions, sans publicité, au contraire régulièrement victimes de campagnes de dénigrement, les groupes de jeunes chrétiens sont aujourd'hui parmi ceux qui rassemblent le plus grand nombre de jeunes en France.

Désolé de ne pas vous offrir des photos de masse, comme il pleuvait l'église était trop sombre...




dimanche 18 mars 2007

Un miracle de la médecine.

Monsieur Paul est rentré effondré de la visite de routine qu'il est allé faire à l'hôpital : le cancer de la prostate, dont il avait été opéré avec succès quelques mois auparavant, est en train de se diffuser dans son organisme. Il l'a bien compris, malgré les paroles apaisantes des médecins : il n'en a que pour quelques mois.

Saloperie de cancer : on se sent bien, on mange bien, on a le moral, et pourtant il est là qui vous ronge sans qu'on s'en aperçoive. Mais oui, il est bien là : après la visite, Monsieur Paul commence à être vraiment mal. Au bout de quelques jours, il doit garder la chambre. Plus de promenades avec le chien, le fusil à la main au cas où. Plus d'entrecôte grillée sur les sarments, accompagnée de son petit hachis d'échalottes. Même le journal de FR3 n'a plus la saveur d'autrefois.

Ca dure deux ou trois semaines, au cours desquelles l'état du malade se dégrade. Et puis, un coup de fil de l'hôpital : il y a eu un échange de dossier, le cancer, c'est un autre monsieur Paul qui l'a. Vous, Monsieur Paul, celui de Saint-Genès, vous n'avez rien. Bien sûr, l'erreur ne vient pas du médecin, mais d'une infirmière, elles ont tellement de travail depuis les trente-cinq heures...

Aux dernières nouvelles, la chasse a repris, et l'entrecôte a retrouvé sa place sur le gril.

Et le Monsieur Paul qui a un cancer, lui, comment se sent-il ?

jeudi 15 mars 2007

La première communion.

Dix parents se sont déplacés ce soir. C'est un moment important pour leur enfant : à la fin de l'année, il fera sa première communion.

Pour la plupart, la démarche est celle de l'enfant autant, sinon plus, que la leur. Un symptôme de la préoccupation des adultes, qui veulent d'abord enseigner l'autonomie à leur progéniture. Certains vont si loin dans ce domaine qu'ils ne cessent de questionner l'enfant sur le choix qu'il fait : est-ce bien vrai ? est-ce bien toi ? es-tu bien sûr ? Ils mettent en doute sa sincérité, au lieu de l'accompagner et de l'encourager. Parfois, pour bien marquer leur différence, ils leur expliquent qu'ils ne vont pas à la messe, qu'être chrétien c'est une affaire de comportement dans la vie de tous les jours.

Mais en réalité, ce sont les enfants qui s'interrogent sur la sincérité de leurs parents. "Tu veux que je sois chrétien, et tu ne vas jamais à la messe !" La logique est imparable. Quelques-uns se laissent toucher par l'argument : c'est ainsi qu'on voit revenir, pas très à l'aise au début, de jeunes parents qui se laissent toucher, finalement, par une célébration dont ils avaient oublié le bien qu'elle peut leur faire, autant que par la joie de leurs enfants.

Car les enfants aiment la messe : il faut le dire, ce sont les parents qui les découragent et qui ne prennent pas au sérieux leur désir de Dieu.

mercredi 14 mars 2007

Mauvaise foi ?

Entendu dans la bouche d'un ami journaliste : "On ne vend pas un journal qui titre 'Aujourd'hui, il ne s'est rien passé..." D'où l'embarras des médias à la lecture de l'exhortation apostolique de Benoît XVI sur l'eucharistie ? Celle-ci reprend les grandes questions qui avaient été soulevées lors du Synode romain de 2005, qui n'avait pas été à l'origine de bouleversements particuliers.

Pourquoi Le Monde y voit-il une manoeuvre destinée à rallier l'aile traditionaliste de l'Eglise ? Il y a bien dans le texte un encouragement à utiliser le latin comme langue liturgique des grands rassemblements, à conserver la richesse du chant grégorien ; il n'y a pas de modification de la discipline de l'Eglise sur le célibat des prêtres et l'admission des divorcés remariés à la communion ; mais sur ces points, le pape ne s'écarte pas d'un iota de son prédécesseur, dont il cite certaines phrases in extenso. Et l'encouragement à tenir compte des indications liturgiques du Missel romain n'est pas invitation au rubricisme, mais au contraire à la prise en compte de la richesse offerte par la liturgie de l'Eglise (voir à ce sujet l'important paragraphe consacré à l'inculturation).

Un paragraphe est consacré à l'adoration eucharistique, qui est sans doute une forme de dévotion traditionnelle, mais un tiers du texte développe le lien entre l'eucharistie et l'engagement personnel et social des fidèles, rappelle l'importance de la doctrine sociale de l'Eglise, le devoir de sauvegarder la Création, évoque les malades, les prisonniers, les migrants...

L'article d'Henri Tincq est un petit chef-d'oeuvre de désinformation.

mardi 13 mars 2007

L'homme dont j'ignore le nom.

Je ne sais même pas son nom : il s'est donné la mort et on va l'incinérer mercredi. Les Pompes funèbres n'ont pas daigné dire à la famille que la célébration pouvait avoir lieu à l'église ; ce sera donc au crématorium. Une de ses nièces, qui vient à la messe ici, m'a demandé de prier pour lui.

Il vivait dans un mobilhome. Comme il était un peu handicapé, il ne travaillait pas : il aimait cette petite vie toute simple, la pêche, et les rares parents qui venaient le voir. Mais il n'était pas dans les clous. La ville l'a prié de quitter sa maison sur roues pour un appartement. Comme il refusait, dans un geste d'humanité, on lui a proposé le Chemin des Cailloux : le lieu où campent les gens du voyage. Il n'avait rien contre les Gitans, mais il n'en était pas, lui. Alors, il a décidé d'en finir. C'est sa nièce qui l'a trouvé le matin en lui rendant visite.

samedi 3 mars 2007

Mondes virtuels.

Vu que c'est les vacances, mes neveux se succèdent chez leur grand-mère. Dans la journée, ils fréquentent un monde parallèle : celui des Sim's (je crois que ça s'écrit comme ça), des gens qui vivent dans des ordinateurs, qui naissent, grandissent, meurent, construisent leur maison, conduisent leur voiture, bref des gens comme vous et moi, mais qui n'existent pas en vrai.

Bien sûr qu'ils savent qu'il s'agit d'un monde virtuel. Ils ne sont quand même pas complètement idiots, ces enfants. C'est juste qu'ils ont besoin, comme vous et moi, de s'évader de temps en temps. Car tel est le but du jeu, s'évader. Evidemment, s'ils se mettaient à prendre systématiquement refuge dans un tel monde, pire encore : s'ils se prenaient à penser que ce monde est réel, alors bien sûr il y aurait un problème.

Il existe un tas de mondes virtuels dans notre monde réel. L'amour peut en être un, la religion aussi.Elle est alors l'indispensable opium du peuple, la drogue qui seule peut faire oublier la douleur de vivre. Rien ne sert de dénoncer cela, d'expliquer à celui qui fréquente, par exemple, un groupe sectaire, qu'il se trompe ; mieux vaut essayer de comprendre ce qui le pousse à y aller. On trouverait alors une grande difficulté à assumer sa part d'existence, dans notre univers qui ne fait pas de cadeaux à tout le monde, et qui pousse chacun à une autonomie que tout le monde ne peut acquérir.

Le religieux, donc, peut être un de ces mondes virtuels. Quid de la foi des chrétiens ? Le Royaume annoncé par Jésus est-il réel ? Sur la montagne de la Transfiguration (Lc 9), la tentation des apôtres est en tout cas de s'y installer : construire trois tentes, pour y accueillir Moïse et Elie avec Jésus. S'installer là, dans ce Royaume qui n'est pas de ce monde mais qui s'est rendu visible à leurs yeux endormis. Or, ce n'est pas possible. A peine se sont-ils tirés de leur torpeur que les personnages de la vision se sont effacés. Le Royaume n'est peut-être pas de ce monde, mais la foi, elle, renvoie bien à ce monde-ci et pas à un autre.

vendredi 2 mars 2007

La bonne mort.

L'euthanasie fait partie des sujets sur lesquels nos candidats s'expriment volontiers. C'est l'occasion, pour nos futurs gouvernants, de montrer leur ignorance du sujet ; en particulier, ils ne semblent pas savoir qu'une loi a été votée (par eux-mêmes sans doute), qui permettrait de prendre en charge et de soulager la souffrance... si toutefois la dite loi était appliquée. C'est-à-dire, si, au lieu de proposer une nouvelle loi, nos candidats s'engageaient à former les médecins hospitaliers à l'accompagnement de la fin de la vie ; à financer des postes de psychologues pour aider dans ces moments difficiles le personnel soignant ; à financer le congé d'accompagnement qui existe depuis 1999.

Tant de démagogie et d'ignorance me navrent... Elles aboutissent à ce que courent sur le sujet n'importe quelle rumeur : telle personne, gravement malade, envisage de quitter la France pour ne pas être obligée de finir sa vie comme un légume, ignorant qu'elle a le droit de refuser des soins inutiles. Telle autre s'imagine que les médecins vont se servir d'elle comme d'un terrain d'expérimentation et la maintenir artificiellement en vie jusqu'à l'extrême limite.

Je vous renvoie à ce sujet, si vous avez la patience de le lire, au débat qui a cours en ce moment sur Agoravox, pour une fois sans trop de place à l'invective. Je vous renvoie également à l'excellent article de Marie de Hennezel dans Le Monde daté du 28 février.

On aimerait qu'un candidat endosse un jour les habits du pédagogue pour expliquer simplement aux gens que la loi française sur la fin de vie existe et qu'elle est bien faite.