jeudi 27 mars 2008

Misères de la fin de vie.

Il y a à Dijon l'unique centre de soins palliatifs de Bourgogne, 125 lits pour une région qui compte près de deux millions d'habitants. Une petite vingtaine d'équipes mobiles accompagne les personnes en fin de vie dans les cliniques et les hôpitaux.

Fin 2007, Marie de Hennezel a remis à la ministre de la Santé un rapport sur ce sujet, qui lui avait été demandé en 2005. Elle conclut à ce diagnostic inquiétant : un grand nombre de soignants ignorent le contenu de la loi Léonetti, que l'on parle de réformer avant même qu'elle soit appliquée, et croient que l'unique solution pour apaiser les souffrances est d'abréger la vie ; dans le même temps, une majorité de ces mêmes soignants est hostile à une ouverture aux pratiques d'euthanasie et de suicide assisté. Le rapport relève qu'en Belgique, aux Pays-Bas, on envisage déjà d'étendre l'euthanasie aux dépressifs et aux déments.

Pour les abonnés au Monde, rendez-vous sur le dossier publié le 26 mars sur ce sujet, qui nous permet de prendre la distance avec l'émotion provoquée par les images de Chantal Sébire.

P.S. : Le Bien Public d'aujourd'hui 27 mars propose en page 7 le point de vue courageux du professeur Emmanuel Sapin, chirurgien au CHU. Il est regrettable que ce point de vue, contrairement à d'autres sur le même sujet, ne soit pas disponible sur Internet.

mardi 25 mars 2008

Oecuménisme au plus haut niveau

Vendredi dernier avait lieu à la paroisse un office oecuménique, avec archevêque, pasteurs et popes.

Explication d'une paroissienne, saisie au vol par une amie venue ce soir-là :

"C'est écuménique : il y a un juif orthodoxe, un pape orthodoxe, Monseigneur Minéral, le petit pasteur du Boulevard de Brosses et un pasteur musulman".

Voiture-bélier à la cathédrale ?



Info exclusive sur notre blog : le Bien Public a encore péché par omission en ne transmettant pas la nouvelle...

Lundi de Pâques, des paroissiens trop pressés ont voulu pénétrer en voiture à la cathédrale Saint-Bénigne.

Il n'y a pas que dans les quartiers sensibles qu'on utilise les voitures-béliers...

Photos : Hugues Misserey

vendredi 21 mars 2008

A l'approche de la mort.

Le coup de téléphone est devenu ordinaire depuis que je suis aumônier de la clinique voisine : "Bonjour, c'est Dominique (la chef des infirmières), je vous appelle car nous avons un monsieur qui ne va pas bien et la famille pense qu'il est temps de faire venir le prêtre".

Oui, c'est rarement le monsieur-qui-ne-va-pas-bien qui fait la demande. Plutôt son épouse, ou ses enfants, sans lui avoir demandé son avis. Car, chacun le sait : le prêtre qui arrive, c'est mauvais signe. On a beau être mal, très mal, très très mal, demander à mourir, supplier que ça s'arrête : on n'est jamais pressé d'en finir. C'est touchant de voir les ruses déployées pour expliquer ma présence : "il visite tout le monde", "il vient pour Pâques..." D'ailleurs, souvent, on préfère attendre que le malade soit inconscient, sans savoir qu'alors cela ne signifie plus grand-chose... L'appel est souvent si tardif, que quand j'arrive, on me dit pudiquement "il est parti" (ce qui ne signifie pas qu'il est rentré chez lui).

En fait je pense beaucoup à tout ça en écoutant et en lisant la polémique lancée autour de Chantal Sébire. Dans le cas où une loi serait votée pour répondre aux attentes de l'association "mourir dans la dignité", qui acceptera d'être le messager du malheur ? Et a fortiori son artisan ?

mercredi 19 mars 2008

De l'usage de l'émotion en démocratie.

Depuis plusieurs semaines, le Bien Public, quotidien bourguignon d'information, ouvre ses colonnes au débat lancé par Chantal Sebire, une dijonnaise qui souffre d'une maladie incurable et demande un "suicide assisté". On est forcé de compatir à la douleur physique et morale de cette personne. La quasi-totalité des opinions qui s'expriment sur le blog du journal sont donc favorables à sa demande d'euthanasie.

Je trouve dangereux que l'émotion se substitue de cette manière à la raison dans la vie démocratique.

Une opinion discordante ce matin, celle exprimée par l'archevêque de Dijon.

Voir aussi l'éditorial du Blog Église et Société

lundi 17 mars 2008

Pas paru dans le journal.

Thomas est un élève du lycée de Brochon. Avec le club UNESCO dont il fait partie, il a participé à un voyage de jumelage avec un lycée malien, vous en verrez un compte-rendu sur son blog.

Lors du voyage aller, lui et les élèves de sa classe ont été témoins de la "reconduite à la frontière" d'un jeune Malien. L'article qu'il avait écrit dans le journal du lycée pour relater cette expérience a été interdit de publication.

Voici, en direct, ses réactions, écrivez-lui pour le soutenir.

On pourrait aussi écrire au président d'Air France ?

samedi 15 mars 2008

Joies et tristesses


Samedi dernier avait lieu la conclusion de la visite pastorale dans le nord-est de Dijon. Rencontre avec des chrétiens engagés dans l'évangélisation de leurs quartiers. Chacun exprimait ses joies et ses peines : joie d'accueillir des familles qui célèbrent dans la vérité le baptême de leurs enfants, de préparer au mariage des couples qui vivent une expérience spirituelle et y rencontrent Dieu, de rassembler des enfants et des parents à l'occasion de la catéchèse. Déception, devant le peu de résultats visibles : on ne revoit pas les fiancés, les familles ne pratiquent pas, les enfants ne viennent pas à la messe... Devant le peu de personnes rejointes (pour 70 enfants au catéchisme, combien dans les écoles primaires ?)

Comment aller plus loin que ces simples constats ?

En se rappelant que Jésus n'a pas cherché à faire des disciples de tous ceux qu'il a rencontrés sur son chemin. Mais qu'il affirme toujours que la femme guérie de ses hémorragies, l'aveugle qui retrouve la vue, le centurion dont le serviteur est malade, sont des croyants, c'est-à-dire des hommes et des femmes qui rencontrent Dieu et qui sont marqués profondément, définitivement par cette rencontre. Le reste de leur histoire avec Dieu ne concerne que Dieu et eux.

jeudi 13 mars 2008

Info bidon.

Au départ, une interview de routine d'un monsignore italien à l'Osservatore Romano, organe officiel du Vatican ; à l'arrivée, une avalanche de communiqués, articles et débats sur les blogs ... Comment fait-on exploser une info bidonnée ?

L'interview de Mgr Girotti poursuivait un but : au moment du carême, alors que les catholiques sont invités à la conversion, rappeler que ladite conversion n'était pas qu'une affaire de comportement individuel, mais qu'il fallait s'interroger sur la dimension sociale de nos actes, sur notre vie professionnelle, sur la manière dont nous tirons profit d'un état des choses injuste, sur l'exploitation éhontée des ressources naturelles...

Sous la plume du correspondant local de Reuters, l'appel à la conversion et les quelques exemples qui suivaient s'est transformé en une liste de nouveaux péchés venant compléter l'ancienne (mais quelle liste au juste ?), et la machine s'est emballée : enfin des repères clairs sur les péchés - Mais qu'est-ce que c'est que cette Église qui prétend nous dicter notre conduite - Le pape n'a rien à dire, il est enfermé dans sa tour d'ivoire... Le plus bel exemple fut sans doute le dialogue de sourds, sur France-Info, entre Frédéric Lenoir, exposant patiemment quelque chose qui ressemblait à la doctrine de l'Eglise catholique, et une journaliste qui se contentait de répéter les âneries déposées sur le blog de sa radio, commentant les commentaires des commentaires d'un commentaire... je passe sur les titres manipulateurs comme celui de Libé.

Saluons l'effort des quelques-uns qui se sont donné la peine de vérifier l'info, dont La Croix, et le Bien Public, organe local d'information.

mercredi 12 mars 2008

Les nouveaux péchés.

Coup de téléphone hier matin d'un journaliste du Bien Public : vous êtes au courant, vous, de ces nouveaux péchés publiés par le Vatican ?
Ah, le Vatican...
Après rapide enquête sur le web, pas de nouvelle liste de péchés, mais une réflexion sur la responsabilité humaine dans la mondialisation, la dégradation de la planète, les relations de travail... Bref, une invitation à ne pas limiter notre examen de conscience à notre seule responsabilité personnelle directe, et à ne pas oublier, pour reprendre une expression de Jean-Paul II, qu'il y a dans notre monde des structures de péché auxquelles nous participons sans trop nous poser de questions.
Cela me rappelle la manière dont les nazis avaient organisé l'holocauste : tous ceux qui y ont participé n'avaient qu'un tout petit travail à accomplir - dresser une liste, passer des coups de fil, organiser un transport en train... tant et si bien que personne ne pouvait se sentir vraiment responsable de ce qui se passait. Cette somme d'irresponsabilités a fini par produire le mal absolu.

samedi 8 mars 2008

Questions à ne pas poser.

Au mois de mai dernier, l'abbé José, du diocèse de Matadi en RDC, a déposé une demande de visa pour la France. Il devait venir à Dijon, à partir de septembre, au titre d'un échange entre nos deux diocèses et pour un contrat de trois ans. Jusqu'à aujourd'hui, l'ambassade n'a pas daigné accuser réception de la demande de visa. L'archevêque de Dijon a effectué plusieurs démarches pour connaître la raison de cette négligence. La dernière, auprès de l'ambassadeur de France lui-même, lui a attiré cette réponse que je vous propose de graver dans nos mémoires de Français organisés et incorruptibles : "Comment se fait-il que rien n'ait encore été fait ?" C'était il y a trois semaines, et rien n'est encore fait.

Les visas congolais sont accordés au compte-goutte par les services consulaires français en RDC. Depuis neuf mois, sans doute en a-t-on quand même accordé. Je pense même que, dans de nombreux cas, les délais sont extrêmement courts. A votre avis, pourquoi certains visas sont-ils considérés comme prioritaires par rapport à d'autres ? Et qui est juge de cette priorité ? En démocratie, on est en droit de poser toutes les questions. Toutes les réponses sont malheureusement possibles, même les plus politiquement incorrectes.

lundi 3 mars 2008

Le principe de miséricorde.

Quelques lignes écrites par Mgr Bruguès, ancien évêque d'Angers et aujourd'hui secrétaire de la Congrégation pour l'enseignement catholique, seraient passées inaperçues si elles n'avaient pas été relevées par la théologienne Véronique Margron (voir La Croix du 25 février) :

Je confie au Service « Famille » la mission d'engager une recherche sur le « principe de miséricorde », avec le concours expert de la faculté de théologie de l'Université Catholique de l'Ouest.

L'intérêt est dans une note qui précise que le "principe de miséricorde" est celui au nom duquel les Eglises orthodoxes admettent une union après un divorce. Cette seconde union n'est pas sacramentelle, mais elle redonne aux divorcés remariés l'accès aux sacrements, ce qui n'est pas le cas chez les Catholiques.

Voir le site du diocèse d'Angers.

samedi 1 mars 2008

Le PNB de la foi

Grosse agitation ces jours-ci chez les curés de Dijon : l'archevêque commence une visite pastorale, c'est-à-dire qu'il fait la tournée des clochers pour évaluer avec les paroissiens la vitalité des communautés.

C'est toujours la même surprise de constater que, malgré tout ce qu'on peut lire, entendre, penser, l'Église catholique est bien présente, la foi vivante dans les quartiers et les villages. Car si Dieu était mort, on s'ennuierait mortellement dans les paroisses. Or, tout le monde se plaint plutôt d'un excès de sollicitations... Bien sûr, ce n'est pas parfait, certes les assemblées dominicales se déplument et les groupes de caté s'amenuisent. Evidemment que si on s'amuse au petit jeu des statistiques, la proportion des enfants qui vont au catéchisme est ridicule par rapport à l'ensemble des élèves des écoles. C'est qu'il faut faire notre deuil d'une civilisation dans laquelle seuls les originaux ne venaient pas à l'église.

D'autres pays ne sont pas, comme nous, empêtrés dans de vieux souvenirs, et ne mesurent pas la vitalité de la foi à la seule fréquentation des églises le dimanche. La pratique dominicale, c'est le PNB de la foi : si on en fait le seul indicateur, on finira par se planter complètement.