jeudi 16 octobre 2008

La femme de vrai.

Carrée. Massive. Touchante. Elle est assise en face de moi : visage familier, parce que souvent croisé en ville. Visage creusé par la douleur, aux yeux grand ouverts sur ce moment de sa vie qu'elle regarde de face.

Kévin avait dix-huit ans lorsqu'elle l'avait recueilli. Il était le fils de sa meilleure amie, et désormais sans mère, sans père, sans frère - ce frère, lourdement handicapé, qui avait fini, lui aussi, par partir vers le ciel et qu'il avait voulu rejoindre. Elle avait cru en lui, avait fêté avec lui sa réussite au BEP, voulait l'accompagner encore jusqu'au bac. Demain, ses obsèques seront pour moi les sixièmes de la semaine.

"Je suis athée, me dit- elle. Mais pour Kévin, vous me ferez quelque chose de bien."

Athée, peut-être ; mais certainement pas sans foi. Une des dernières parole de notre entretien a été, de sa part : "Comment rencontrer Dieu ?" S'il est des gens de bien, elle est, c'est sûr, une femme de vrai. Colette, comment vous dire que, ce jour de souffrance, c'est Dieu qui est passé ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

elle serait sans doute une femme oubliée, humiliée, au milieu de "mon carrefour" de ce matin, une qu'on oublie, qu'on néglige, qu'on repousse et qui pourtant était la vérité criante, comme un glaive, au coeur du monde.