jeudi 25 septembre 2008

Un deuil à faire

Beaucoup de commentaires, lors du voyage de Benoit XVI en France, ont insisté sur l'état supposé de décrépitude de l'Eglise catholique en France. C'est toujours le même refrain : églises vides, moins de prêtres, etc. C'était bien autrefois, maintenant c'est la dêche.

Il faut faire son deuil de cet autrefois. Et tâcher d'évaluer la vraie vitalité de l'Eglise aujourd'hui en la situant pour ce qu'elle est (comme le dit Benoît XVI, l'une des composantes de la société et pas son tout). Comprendre que le sens donné au mot "foi" a changé en profondeur : être croyant n'est plus d'abord une question de convictions, mais une expérience personnelle de rencontre avec Dieu. Et du coup, c'est la conception de l'Eglise qui s'en trouve bouleversée : car il y a de multiples manières de rencontrer Dieu, et cette rencontre nous change en profondeur mais toujours en respectant notre liberté. La foi, c'est cette aventure personnelle avec Dieu, que chacun vit à sa façon. Et puisque l'Eglise est le peuple des croyants, elle rassemble des hommes, des femmes et des enfants qui se situent de diverses manières dans cette histoire-là.

L'Eglise rassemble donc des personnes qui arpentent des itinéraires très différents les uns des autres. L'Eglise de la chrétienté était une Eglise où tout le monde était disciple du Christ, et l'idéal était d'y être apôtre. Aujourd'hui, seul un petit nombre peut se dire vraiment disciple, c'est-à-dire prendre la suite de Jésus, écouter son enseignement, vivre selon ses commandements. Mais beaucoup, beaucoup de personnes sont croyantes : elles ont rencontré Dieu dans leur vie, et cela leur a fait du bien. Ce sont toutes celles qui se tournent vers l'Eglise en lui demandant de les aider à renouveler et approfondir cette extraordinaire expérience : mariages, baptêmes, obsèques, prière, autant de temps qui permettent cette rencontre du Christ, cette expérience de l'Esprit, qui sont le coeur de la foi.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, les français sont de moins en moins pratiquants au sens strict terme. La question est de savoir si l'Eglise va les rejoindre là où ils sont.

Anonyme a dit…

il faut bien que vous ne perdiez pas le moral vous en tant que prêtre.... c'est certainement encore pir que nous qui comme vous le dîtes nous lamentons un peu trop sur l'avenir de l'église .Oui je pense comme vous que des personnes font vraiment l'expérience de la rencontre avec Dieu. chacun à son rythme mais ce que je constate souvent c'est que celà dur un temps souvent au moment de la catéchèse des enfants les parents redécouvrent la foi et le chemin de l'église mais après on ne les voit plus donc il semble qu'il y a un maillon qui manque la rencontre avec Dieu passe de nouveau au dernier plan Pourquoi ?

Anonyme a dit…

Salut Emmanuel, "gentil curé" comme quelqu'un t'a appelé un jour !

C'est vrai, "la foi, c'est cette aventure personnelle avec Dieu, que chacun vit à sa façon".

Et j'aime aussi beaucoup l'expression du psaume 77 :
"Nous avons entendu et nous savons
ce que nos pères nous ont raconté :
et nous le redirons à l'âge qui vient ..."
Expression que j'ai mieux comprise avec le commentaire de Marie-Noëlle Tabut : "la foi est une expérience de salut partagée en communauté".
Quand nous réflléchissons avec les parents qui préparent le baptême de leur enfant, nous abordons toujours la question de la foi.
Si à notre époque ils tiennent au baptême, c'est parce qu'ils ont la foi.
Bien sûr, il faudra souvent l'approfondir et la transmettre !
Derniérement, c'était une future marraine, que nous invitons aussi à la rencontre de réflexion des parents, qui nous disait combien elle regrettait de ne pas avoir eu d'instruction religieuse alors que ses parents l'avaient fait baptiser. Nous l'avons rassurée en lui disant qu'il n'était jamais trop tard et qu'il y avait de multiples propositions pour les adultes qui veulent approfondir leur foi.