Changer de monde, changer d'Eglise.
Une dame est morte hier, à 52 ans et brutalement. La famille veut célébrer les obsèques à un moment où je ne suis absolument pas disponible : histoire fréquente. Une long entretien téléphonique avec l'époux n'a pas permis de lui faire comprendre la réalité de la situation de l'Eglise aujourd'hui : je suis en ce mois de janvier le seul prêtre pour 30 000 habitants.
Evidemment, ce n'est pas le moment de parler de ça avec lui. Mais sa réaction est typique des personnes qui ont pris de la distance depuis longtemps avec l'Eglise : pas de pratique dominicale, les enfants sont inconnus à l'aumônerie, et le voilà d'un seul coup mis devant la réalité d'un monde où les prêtres sont devenus une denrée très rare. Le monde a changé, sans doute avec son accord tacite, mais sans qu'il s'en rende compte. S'il y a moins de prêtres, c'est d'abord parce qu'il y a moins de chrétiens. Bien sûr que ce n'est pas de sa faute ; mais, en arrêtant de fréquenter l'église, il a participé à cette raréfaction dont il mesure aujourd'hui, avec brutalité, les conséquences : l'Eglise catholique n'est plus en mesure de répondre à toutes les demandes qui lui sont adressées.
Mgr Gilson, ancien archevêque de Sens, propose de recentrer le ministère des prêtres sur deux types de population : les chrétiens présents par la pratique dominicale et la participation à la vie de l'Eglise, et les incroyants ; le souci de ceux que l'on appelle les "croyants-non pratiquants" pourrait être confié à d'autres ministres. La suggestion est intéressante, mais je doute qu'elle puisse être appliquée. Une chose me paraît en tout cas certaine : nous vivons les toutes dernières années d'un monde où l'Eglise catholique apparaît encore comme investie d'un "service public des cultes".
2 commentaires:
Et que faire dans ce cas des pratiquants qui se détachent doucement et qui tombent dans le cercle des croyants non pratiquants ? J'en fais partie.
C'est sans doute un peu de ma faute. C'est sans doute aussi en partie à cause de l'Eglise qui n'arrive pas à me retenir. La messe m'ennuie, les discours des autorités me fatiguent... Si en plus, les prêtres ne s'intéressent plus à moi, c'est la fin des zaricots.
Que faire, en effet ?
1) Que le dernier qui partira pense à éteindre la lumière
2) Quand tout sera fini, on fera quoi ?
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