jeudi 16 mars 2006

Le baptême est-il effaçable ?

Appelons-le Grégoire.

Grégoire a une vingtaine d'années. Je l'ai connu dans le scoutisme et à l'aumônerie ; il préparait son baptême, qu'il avait demandé à l'âge de dix ou onze ans. C'était, c'est toujours, un garçon sympathique, sportif, plutôt intellectuel dans sa démarche.
Grégoire a été baptisé à l'âge de treize ans. Il a ensuite pris de la distance, comme on dit ; d'abord vis-à-vis de l'aumônerie, puis du mouvement scout. Banal. La dernière fois que je l'ai revu, c'était à une soirée sur le bouddhisme qui l'avait beaucoup intéressée. Depuis quelques années, plus rien, sinon des nouvelles par l'intermédiaire de ses parents depuis la ville où il poursuit ses études.
L'autre jour, sa mère vient me trouver à la sortie de la messe : "Grégoire voudrait faire annuler son baptême". Je m'étonne, pose des questions : est-ce sous l'influence d'un mouvement sectaire (ce genre de demandes vient souvent, paraît-il, des Raéliens) ? Non, c'est simplement, d'après ce que je comprends, parce que cela ne signifie plus rien pour lui.

Cette histoire me pose beaucoup de questions. Non pas que je déplore le choix de quitter l'Eglise : enfin, si, je le déplore, mais c'est la liberté de chacun et je la respecte. Mais l'idée qu'on puisse être "débaptisé" ?
Que faire pour répondre à une telle demande ? C'est comme dire à quelqu'un qu'on a beaucoup aimé : "nous ne nous sommes jamais rencontrés". Pas "je ne t'aime plus", ni "tu ne m'intéresses plus", non : "On ne s'est jamais vus". Comme si on pouvait repartir vraiment de zéro. On peut être retiré des listes d'une Eglise, mais il n'existe pas de listes de l'Eglise catholique. On peut demander à être radié des registres de baptêmes. Mais faire croire, croire soi-même, que la rencontre du Christ puisse être annulée... Non pas refusée, mais annulée... N'est-ce pas se leurrer soi-même sur la vie tout court ? Entretenir avec le réel le même rapport qu'avec les rêves ou l'imaginaire - encore qu'on ne puisse même pas dire "je n'ai jamais rêvé cela", mais tout au plus "ce n'est qu'un rêve" ?

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