C'était le sujet d'une discussion hier dans un groupe dont je fais partie : l'Eglise prend son parti de la déchristianisation. Ne gagnerait-elle pas à être davantage combative, à espérer davantage ? Qui dit que demain les chrétiens seront vraiment peu nombreux ?
Evidemment, personne ne sait de quoi demain sera fait. Mais ce qui est sûr, c'est que les "sans-religion" ne peuvent qu'être de plus en plus nombreux, et que le rapport au religieux, et le religieux lui-même, ne peut que se transformer. Ce serait un peu long à développer sur ce blog, car il faut conserver aux billets qui le composent leur concision. Si vous voulez aller plus loin, allez faire un tour sur le chapitre de mon cours qui traite de ce sujet ; je ne prétends pas y apporter toutes les réponses... Mais si vous avez des idées pour que nous avancions ensemble dans la réflexion, elles sont les bienvenues.
Il n'y a pas de désespoir, ni de pessimisme : juste la prise en compte réaliste d'une transformation inéluctable de ce qu'est le religieux dans notre monde. Et la nécessité, inéluctable elle aussi, d'anticiper le plus possible sur cette transformation.
Plus ça va, plus je le pense, allez : La fatigue d'être soi, d'Alain Ehrenberg, est un maître livre qui permet de comprendre bien des choses sur le monde d'aujourd'hui et celui de demain. Il traite des conséquences de l'accession du sujet à son autonomie, et des difficultés qui en résultent pour l'homme d'aujourd'hui :
" L’homme souverain, semblable à lui-même, dont Nietzsche annonçait la venue, est en passe de devenir une réalité de masse : il n’y a rien au-dessus de lui qui puisse lui indiquer qui il doit être, car il se prétend le seul propriétaire de lui-même. Pluralisme moral et non-conformité à une forme unique, liberté de se construire ses propres règles au lieu de se les voir imposer : le développement de soi devient collectivement une affaire personnelle que la société doit favoriser".Il est difficile, fatiguant, d'être soi-même. Mais c'est en même temps l'idéal indépassable d'aujourd'hui et sans aucun doute celui de demain. Dans un tel monde, notre Eglise catholique, avec sa hiérarchie, ses dogmes, son universalisme, son souci de la tradition, ne pèse pas lourd.
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