samedi 17 décembre 2011

"J'ai rendu mon baptême"


A nouveau, un commentaire sur un commentaire, à la suite du dernier billet consacré au péché originel : "J'ai rendu mon baptême, prétextant que j'étais athée".

Encouragés par des officines aussi douteuse que la secte rahélienne, désirant manifester leur hostilité au catholicisme, ou simplement mus par un souci d'honnêteté intellectuelle (puisque je ne suis pas croyant, je ne peux pas figurer sur les registres de l’Église catholique), de plus en plus de Français demandent à être radiés des registres de baptême. La justice a récemment fait droit à cette demande, en première instance du moins. J'y ai été confronté au moins une fois.

On voit bien l'argument : les registres de baptême sont la liste des membres de l’Église catholique, accessibles à tous (ce qui est d'ailleurs faux, puisque ces registres ne sont pas en libre accès). Nul ne peut y figurer sans son consentement. Cet argument ne correspond pas toujours aux intentions réelles (désir de nuire à l’Église, ou, ce qui est plus complexe, souhait de "repartir à zéro" en effaçant les traces d'une existence antérieure, nous y reviendrons), mais la justice ne s'intéresse pas à cette dimension-là de la vérité.

Le problème est que cette manière de voir ne correspond pas à ce qu'est le baptême. Être baptisé, ce n'est pas faire partie d'une association qui s'appellerait l’Église catholique. C'est rencontrer quelqu'un (Dieu). C'est faire l'expérience de la mort et de la résurrection de Jésus. En ce sens, demander à être radié des registres de baptême, c'est comme dire à quelqu'un "je ne t'ai jamais rencontré". C'est renier un pan de son histoire, peut-être insignifiant, mais sans doute plus important qu'on ne veut bien l'admettre puisqu'on agit ainsi (si le baptême était vraiment insignifiant, on n'y prêterait pas attention). Il serait intéressant de savoir ce qui se cache derrière ce reniement : pourquoi ne pas reconnaître ce qui est de l'ordre du fait ? J'ai été baptisé, cela ne signifie rien pour moi, certes, mais je l'ai été et cela fait partie de moi, autant que ma famille, mes origines sociales, bref tout ce qui fait mon histoire et qui m'a construit. En ce sens, la campagne de débaptisation n'aide personne à assumer sa propre histoire, en laissant croire qu'on peut délibérément tourner le dos à soi-même. Elle participe de cette curieuse idée, qui consiste à penser que nous serions libres de construire à notre guise notre propre existence, et que rien de cette existence ne nous serait donné en dehors de notre propre volonté.

Question subsidiaire : la justice peut-elle régler ce malentendu ? C'est ce qu'elle a fait dans sa dernière décision, en assimilant l'inscription dans les registres de baptême aux listes des membres d'une association. Elle interprète donc le baptême d'une autre manière que l’Église elle-même. Cela pose un problème : l'Etat français, qui est séparé de l’Église, peut-il interpréter ainsi le dogme catholique ? Jusqu'à présent, la réponse était négative (ainsi, la République reconnaît la hiérarchie catholique, pour ce qui est de l'affectation des lieux de culte). Les juges de Coutances engagent là autre chose que le simple droit des particuliers à être rayés d'un quelconque fichier.

2 commentaires:

Flob a dit…

Je me souviens de la phrase de Jean Paul II au Bourget en 1980: "France, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?" et de l'impact que ces paroles ont eu dans ma vie.
Il y a bien des moments où elles résonnent dans mon esprit me rappelant à plus de vigilance et aussi plus d'enthousiasme!

dalodijon a dit…

Je crois, j'espère, que ces personnes sont toujours aimées de Dieu,... et de nous ???