dimanche 4 novembre 2012

Fin de série

Voilà, c'est fini. Les flics ont tout nettoyé, ce filou de père supérieur à été viré par l'autre crapule en soutane rouge, et Dominique est enfin aux manettes pour remettre de l'ordre dans le chaos. Le séminaire est définitivement (?) parti en vrille, mais sur les cinq séminaristes, trois finalement ont tenu le coup, et les deux autres n'ont sans doute pas dit leur dernier mot. La deuxième saison est paraît-il déjà dans les tuyaux, on l'espère mieux documentée que la première, mais on se doute tout de même que le bazar va revenir, tant il semble appartenir à l'essence même de l’Église.

Comme tout a déjà été à peu-près dit sur le caractère caricatural des personnages et des situations, voire la naïveté de certains dialogues (ah, cette tête d’œuf de secrétaire qui veut envoyer le Secours catholique nettoyer les ordures devant la basilique, mais où a-t-il trouvé une idée pareille ?), je m'abstiendrai d'en rajouter une couche. Mais quand même : en une seule année, il s'en est passé plus dans ce séminaire que dans toute une vie de prof. Ils en auront des choses à raconter aux jeunes, les Guillaume et compagnie, quand ils seront de gros curés repus de messes, au cuir tanné par les enterrements.

Tout de même, une question : pourquoi tout le monde est-il si triste ? Car autant que je m'en souvienne, les plus beaux fous-rires de ma vie, c'est à la chapelle du séminaire, dans la salle à manger, pendant les cours aussi, que je les ai piqués... J'en témoigne ici : le séminaire ne paraît triste qu'à ceux qui n'ont rien à y faire.

Alors, comment se fait-il que, comme quelques centaines de milliers de téléspectateurs, j'aie pris autant de plaisir a suivre cette intrigue abracadabrante ?

D'abord parce que, sans être génialement réalisée, la série se laisse regarder, les acteurs sont bons, et les personnages finalement plutôt sympathiques.

Mais aussi, parce que, au fil des épisodes, j'ai cherché, comme tout le monde, à répondre à deux questions.

La première : comment un Église aussi débile et gouvernée par de pareils incapables fait-elle pour afficher depuis deux mille ans une santé aussi éclatante ? Entendons-nous bien : Benoît XVI n'est pas Grégoire XVII, le président des évêques de France ne pense pas qu'à sa soutane, bref tout ce qui est dit dans la série relève de la fiction. Mais bon, dans la vraie vie, ils ont aussi leurs défauts. Quant à l'Eglise, elle n'est pas en super-forme, mais elle est toujours là. Alors, derrière le roman, le message est assez juste : là où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie, et si l'Eglise survit à toutes ces turpitudes, c'est qu'il doit bien y avoir autre chose derrière.

La deuxième : qu'est-ce qui fait que de jeunes hommes, que rien ne distingue en apparence d'autres jeunes de leur génération, continuent à vouloir se consacrer à Dieu dans le sacerdoce ? C'est pour moi la grande réussite du film : ne pas se prononcer là-dessus. Reprendre, à son insu peut-être, le "tout est grâce" de Thérèse et de Bernanos. Car finalement, malgré (ou avec, ou à cause de ?) tout ce qui leur arrive, leurs péchés, leurs misères, leurs erreurs de parcours, on sent bien qu'à la fin de la Xième saison, ils vont y arriver, les gars, à l'ordination. Et qu'ils vont nous faire de bien braves curés. Alors, le prêtre que je suis, et tous ceux que je connais, reconnaissent en eux quelque chose de leur propre histoire : quand Dieu a quelque chose dans la tête, pas facile de le faire changer d'avis.

2 commentaires:

incarnare a dit…

"en une seule année, il s'en est passé plus dans ce séminaire que dans toute une vie de prof"

En même temps, aucun agent secret ne vit sans doute des journées à la Jack Bauer :) et aucun ne torture trois terroristes par jour..

La fiction s'éloigne forcément de la réalité. Sinon c'était un reportage type "StripTease" que la chaîne aurait effectué.

Au delà de la qualité (ou du manque de qualité) de la série, c'est ce qui m'interroge : quand un séminaire devient, comme la "Counter-Terrorist Unit" de "24h chono", le lieu de la fiction, c'est que dans l'inconscient populaire, les prêtres ont cessé d'être des hommes, enfin du commun des mortels.

La radicalité de leur choix désarçonne ceux qui ne voient pas leur quotidien, dans sa simplicité et sa contingence aussi.

Anonyme a dit…

J'aime bien votre article.Certes la série a des défauts mais j'ai entendu des ados dire qu'ils la regardaient.La première réussite d'Arte c'est cela.
Anne-Marie