mercredi 13 mars 2013

Tous accros à la fumée

"Je ne dirai plus que l’Église est trop dans la culture écrite et pas assez dans le langage de l'image" : Sr Nathalie Becquart, directrice du Service national pour l'évangélisation des jeunes (@SrNatB) twitte, comme tout le monde, à propos de cette petite cheminée moche sur laquelle les télés du monde entier sont braquées (pour la voir en direct sur votre iPhone, installez ThePopeApp).

Hier, un journaliste de Cherie FM m'interroge par téléphone : "Qu'est-ce que ça va changer pour vous et votre paroisse, l'élection du pape ?"

Grosse question. La réponse est : à la fois rien du tout et plein de choses.

Rien du tout : il faut savoir raison garder. Une paroisse, après tout, ce sont d'abord des baptêmes, des mariages, des obsèques, du caté, la messe du dimanche et l'annonce de l’Évangile dans un quartier. Ce n'est pas l'élection d'un nouveau pape qui va arrêter un système en place depuis 1215. La vie d'un curé est d'abord fonction des paroissiens et de l'évêque. Le pape est loin.

Seulement voilà, cette réponse pose problème. D'abord au journaliste, qui n'a déjà pas grand-chose à se mettre sous la dent, puisqu'on a maintenant fait le tour des 40 papabili, filmé sous toutes les coutures le poêle de la Sixtine et installé les webcams sur les terrasses de la Via Conciliazione. Il doit se dire : ces curés, pour une fois qu'on parle d'eux, ils disent qu'il n'y a rien à dire.

Il faut donc quitter le terrain du raisonnable et constater que tout le monde succombe à la fascination d'un rituel jugé pourtant si souvent archaïque... On peut être sûr que l'élu, quel qu'il soit mais plus encore s'il a un tant soit peu de goût pour les médias, n'aura pas une minute de tranquillité jusqu'à sa mort (ou sa démission). Et, selon ce qu'il sera et ce qu'il dira, l'image de toute l’Église, donc des diocèses, donc des paroisses, des curés, des cathos, en sera affectée. Donc, cette élection risque de changer beaucoup de choses. C'est irrationnel, mais c'est comme ça.

Alors, qu'est-ce qu'on doit dire à un journaliste qui vous pose la question et qui ne sait plus à quel saint se vouer puisqu'on ne lui dit rien ? A la réponse "Ça ne change rien", j'ai senti la déception pointer au bout du fil... Peut-être faudrait-il dire : "Ça changera forcément le regard des gens."

5 commentaires:

Seb a dit…

"Ça changera forcément le regard des gens."

Si celà changeait au moins ca, ca serait une grande avancée.

Anonyme a dit…

"Le pire qui puisse arriver dans l’Eglise, a-t-il [JM Bergoglio] expliqué à plusieurs occasions, « est ce que de Lubac appelle la mondanité spirituelle », qui signifie « se mettre soi-même au centre »..."
http://www.news.va/fr/news/le-nouveau-pape-jorge-mario-bergoglio

Jean-Paul Garnier

dominique de terminale a dit…

Nous sommes immergés dans un monde "étrange", où il semble que "le" monde (c-à-d, les autres qui sont obligatoirement à notre service) doive systématiquement apporter bien-être, plaisir et satisfaction quasi immédiat des désirs (parfois les plus biscornus), ou encore prise en charge des problèmes que l'individu ne peut plus surmonter (pardon supporter) au risque d'apparaître comme victime...

Le bien et le mal passent par notre coeur, et le progrès ne saurait en aucun cas régler notre vie comme devant atteindre une sorte de bonheur perpétuel sans jamais avoir de doute, d'épreuves, de revirement (personnels, professionnel de santé, etc.) à éprouver ou solutionner...

Voilà pourquoi,on met toujours beaucoup d'espoir dans une élection (politique) ou une nomination ("ça va changer en bien", en fait on espère que ça change comme ça nous arrange !)qui vient d'advenir.

Enseignement à tirer ce qui vient de se passer:
- renoncer au ministère pétrinien est une marque d'humilité, et il faut du courage pour le dire...
- se placer dans le recueil d'un prière à la fois individuelle et collective des fidèles avant de bénir, autre marque d'humilité, de courage et de recherche de vérité...

Comme il faut du courage pour dire que la vérité c'est de donner, et non attendre de recevoir...



Hub a dit…

C'est vrai que c'est une "sacrée" bonne question...

Ce que cela pourrait changer :
- l'Eglise est le corps du Christ, on change la place d'un membre (on choisit un nouveau membre pour en occuper ce qui ressemble à la tête), ce serait étrange que cela ne change en rien l'équilibre du corps entier.
- La dictrine évolue avec la Tradition, si je ne m'abuse, et c'est notamment le rôle du pape de discerner, d'impulser le sens de l'évolution.
- Le pape est d'une certaine manière le visage ou le vêtement de l'Eglise. Vous je ne sais pas, mais moi quand je sors de chez le coiffeur ou que j'étrenne un nouveau costume, je ne me sens plus exactement le même. L'image que nous projetons sur le monde change, donc notre comportement change, car le regard du monde et l'accueil qu'il fait à notre message change, et nous nous adaptons.

Ce ne sont que des réflexions...

Jérôme a dit…

Je ne penses pas que les anciens papes qui démissionnent aient la paix. Il me semble avoir entendu parler plusieurs fois de l'ancien pape aux informations. Cette démission suscite de l'intérêt. De plus, ça peut être l'objet d'un sujet pour les journalistes quand l'actualité se révèle peu consistante.