jeudi 25 juin 2009

Etats généraux.

Nous étions une cinquantaine ce soir-là pour une conférence-débat, organisée par les médecins du CHU de Dijon, sur le traitement de la stérilité. C'est-à-dire, essentiellement, les questions éthiques soulevées par ces traitements, et la perspective d'autoriser la maternité pour autrui et d'ouvrir l'assistance à la procréation aux couples homosexuels.

Après mon intervention, le patron de la maternité prend la parole, pour exprimer ce qu'il estime être un désaccord : pour lui, l'embryon n'est pas un être humain, mais une "vie humaine". Moi, je ne vois pas la différence, mais bon...

Le directeur du CECOS (ex-banque du sperme) me confiait en aparté à l'issue de la rencontre combien il était difficile, pour les personnels chargés de le faire, de détruire les embryons congelés pour lesquels il n'existe plus de projet parental, à tel point que nombreux sont ceux qui souhaiteraient allonger le délai légal de cinq ans prévu pour cela. A nouveau, je suis frappé par une chose : ceux qui sont en première ligne (médecins et professionnels de santé) ne portent pas du tout le même regard que le reste de la population sur ce qui est en jeu dans le traitement réservé aux embryons. C'est comme pour l'avortement : tout le monde est pour, mais à condition que ce soit d'autres qui le fassent.

Sur les cinquante personnes présentes, j'ai reconnu quinze catholiques engagés dans la vie de l'Eglise. Combien seront-ils ce soir, à la manifestation sur le même thème organisée par les AFC ? Voilà qui en dit long sur qui s'investit vraiment aujourd'hui dans la réflexion sur la bioéthique.

8 commentaires:

do a dit…

On a l'impression, là aussi, d'une bataille navale de nuit: on dit ce qu'on pense, mais on ne sait pas où le dire, ni si ça va avoir un impact, et dans d'autres lieux, d'autres gens décident, que l'on n'aura pas vus, qui ne nous auront pas entendus...
C'est tout de même incroyable que le gouvernement soit plutôt pour des lois éthiques en cette matière, avec J. Léonetti qui est vraiment au point sur ce sujet, et que malgré ça, des groupuscules continuent à faire bouger les frontières avec l'aide inacceptable des médias, sans qu'on arrive à y faire quoi que ce soit! Je crois qu'on n'est plus en démocratie depuis déjà longtemps...

dom de ter a dit…

Comme le dit Jean Yanne,
"Tout le monde veut sauver la planète,
mais personne ne veut descendre les poubelles."

Y avait-il le pasteur, le rabbin et un ministre du culte musulman à cette réunion?

Anonyme a dit…

Peu de gens ont le courage d'exprimer ce qu'ils pensent et de prendre des responsabilité...et dire que l'on demande à nos enfants d'être responsable le plus tôt possible...

Anonyme a dit…

La bioéthique, un sujet qui ne laisse pas indifférent mais où chacun a du mal à dire sa position et peut-être ne sait plus où il en est. L'embryon est-il humain est une question de débat ou il est très difficile de trancher.

Plus de réflexion, plus de culture aiderais peut être à la construction de débat constructif (un peu à l'opposé des débats politiques télévisés).

Tellou a dit…

Toutes ces questions de bioéthiques sont à mon avis sources de débat sans fin tant que l'on tournera autour du "pour ou contre". Pour ou contre l'avortement? pour ou contre le droit à l'enfant? pour ou contre l'euthanasie. Pour moi, c'est le "comment?" qui devrait primer ici car il permet une plus grande ouverture à d'éventuelles solutions, et pas que médicales. Comment avorter? Comment mourir? Comment avoir des enfants?

do a dit…

et puis surtout le débat est faussé parce que les réponses semblent données d'avance et on n'a que le droit de tourner autour du pot.
J'ai essayé d'écrire une proposition sur le site des états généraux de bioéthique: je disais que le droit à l'avortement empêchait l'évolution du statut juridique de l'embryon: la déclaration à l'état civil de la personne au jour de sa naissance est due à des raisons pratiques: le sexe n'étant pas connu avant, on ne peut pas donner un nom définitif avant; ça ne veut pas dire que cette personne n'existe pas.
Ma contribution a été refusée car l'avortement ne peut pas, même partiellement, être mis en cause.

Abolir l'avortement comme on a (il n'y a pas si longtemps) aboli la peine de mort : sera-ce un jour en débat?

Géraldine a dit…

Après une conférence sur la bioéthique avec Axel Kahn, la conclusion essentielle était : considérer avant tout l'intérêt supérieur de l'enfant. Toute décision dans ce débat sur la gestation pour autrui est de penser avant tout à l'enfant à venir. Faisons attention à ne pas projeter nos désirs et nos fantasmes liés plus ou moins à notre égoïsme. Ceci relève de notre responsabilité, et chaque citoyen dans ces débats a son mot à dire.
N'oublions pas que la vie foetale existe et qu'il est inévitable que le foetus ait une relation avec la femme porteuse. Alors quid de l'absence d'investissement de la part de cette femme ?
à vos réflexions
Géraldine, puéricultrice

Didier Guillion a dit…

Je ne répondrait pas à ce que dit Géraldine parce que son propos est trop profond, trop complexe, et qu'il mérite réflexion de ma part parce qu'il m'a interpellé. Une réponse rapide dénaturerait la discussion.

Je m'attarderait plus sur la distinction entre "être" et "vie". Je perd un peu mes repères. L'orateur veut il différencier les organismes vivants qui sont doués de conscience et ceux qui ne le sont pas ? Si c'est le cas, il faudrait qu'il puisse clairement définir la notion de "conscience". Et dans ce cas, comment est il sur de ne pas jauger cette notion par rapport à sa propre vision consciente de la chose ?