dimanche 30 août 2009

Message subliminal.

Ecouter "Le téléphone sonne" dans sa voiture le soir sur les routes de l'été, c'est beaucoup de bonheur, avec parfois une montée d'adrénaline qui vous prend à l'écoute de certaines interventions. Ce dernier cas de figure était celui de mercredi : une émission dont le thème était, précisément, le bonheur, en lien -si j'ai bien compris- avec la revue L'Expansion qui se penche sur la question.

Qu'on n'y ait pas parlé de l'Evangile, où le mot de bonheur est l'un de ceux qui revient le plus souvent, passe encore : ça ne fait plus partie du bagage culturel minimum, OK. Mais qu'on y ait distillé à ce point des idées fausses sur le christianisme, sans que personne ne réagisse puisque personne ne sait au juste ce que ça veut dire, là... C'est de la malhonnêteté. La palme revenant, comme de bien entendu, à Michel Onfray, philosophe officiel de la République en passe de prendre la place du regretté et oublié Alain (auteur, tiens, de "Propos sur le bonheur" dont personne ne parle plus...). Onfray ne peut pas ouvrir la bouche sans mettre en cause le judéo-christianisme, coupable de tous les maux de notre pauvre monde : il y voit la cause du matérialisme dans lequel nos sociétés sont engluées, et a même été jusqu'à affirmer que, si l'école publique pratiquait à ce point la culture de l'effort et de la souffrance, c'était parce qu'elle n'était rien moins que l'héritière de la fameuse morale judéo-chrétienne.

Il faut dire que judéo-chrétienne, ça passe beaucoup mieux que judéo tout court. Mais finalement, est-ce moins meurtrier ? Ce genre de procédé, qui affirme sans argumenter, ça s'appelle de la manipulation ; ce sont des quantités de petits messages subliminaux qui s'entassent dans notre mémoire et finissent par construire un monument de haine et de mensonge.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Les messages subliminaux se rencontrent tous les jours, il suffit d'écouter la radio et couvrent tous les domaines. Le manque de culture générale entraîne un refus de contrer ces messages. Bien sur les meilleurs dans ce domaine sont nos politiques ...

do a dit…

"Il faut dire que judéo-chrétienne, ça passe beaucoup mieux que judéo tout court." : bien vu!

Anonyme a dit…

Michel Onfray a l'antifoi des desespérés et nécessite notre prière .Luc Ferry est tout proche du message évangélique , mais il me fait penser au "jeune homme riche"(riche d'un bagage intellectuel et d'un pouvoir médiatique) Mais la relève des témoins du Christ apparaît , c'est Fabrice Hadjadj à écouter et à lire de toute urgence . MADO

do a dit…

"Fabrice Hadjadj à écouter et à lire de toute urgence" : vraiment oui! notamment "La foi des démons", qui en plus nous remet face à nos propres responsabilités de chrétiens.

Sylvie a dit…

Vous êtes-vous rendu compte,cher anonyme, que votre phrase sur les politiques est elle-même pas piquée des vers? ou alors est-ce un humour que je ne comprends pas?
Que celui qui n'a jamais pêché....

AncillaDomini a dit…

Un autre exemple subtil de ces messages subliminaux : le film Anges&Démons. Ce machin en est truffé... mais il faut avoir l'habitude du décodage, et le regarder crayon en main pour s'en apercevoir.

Les athées qui l'ont vu ont été déçus : il semblait faire l'apologie de l'Eglise.
Ah ouiche ! En réalité, il s'adressait aux "progressistes", et visait (de manière subliminale) la crédibilité du Vatican et les traditions de l'Eglise.
Toute la progression du film et l'évolution des répliques et attitudes "subliminales" aboutit tout naturellement à la conclusion que le Saint Siège manipule une foule crédule, que Foi et science ont toujours été ennemies, et que les jeunes prêtres "tradis"/"conservateurs" en soutane sont des intégristes prêt à tout pour rétablir l'obscurantisme d'un âge sombre et totalitaire (l'Eglise, sa censure, ses bûchers... tutti quanti).
La belle apologie que voilà !

"Diviser pour mieux régner." Dans son acharnement à abattre l'Eglise, j'aurais aimé que Dan Brown fût idiot...

Emmanuel Pic a dit…

Ancilla Domini, votre commentaire mérite un commentaire... Dans lequel je vais donner mon opinion, qui vaut la vôtre.
Quand on analyse un ouvrage, un discours, il faut être attentif à son genre littéraire. Ainsi, ce qu'écrit Michel Onfray relève de la philosophie, il s'adresse donc en principe à notre raison. Ce que je lui reproche est précisément de ne pas s'adresser à la raison, mais de construire son discours sur son ressenti, en utilisant des techniques de manipulation qui biaisent le travail de la raison, et à partir de présupposés qu'il ne justifie jamais et qui ne respectent pas l'opinion adverse - et qui, de surcroît, ne résistent pas à une analyse honnête. En ce sens, Michel Onfray est un menteur : affirmer que le matérialisme du XX° siècle est un héritage du supposé "judéo-christianisme" est évidemment faux, il suffit de lire les évangiles pour s'en convaincre.
Dan Browne, lui, est un romancier, qui construit une oeuvre d'imagination. Voir en lui un noir comploteur contre l'Eglise n'est pas faire justice à l'ambition qui est la sienne, et serait brider son imagination qui est précisément le moteur de son travail, ce qu'on ne peut pas lui reprocher, à moins de vouloir rétablir la censure dont ont été victimes des écrivains bien plus illustres que lui. Je vous rappelle que le cardinal de Richelieu, dans les Trois Mousquetaires, n'est pas un personnage des plus sympathiques ; cela ne fait pas de Dumas un auteur dangereux.
Ceci dit, il est vrai que beaucoup de lecteurs prennent ce qu'il écrit pour argent comptant. Ce qui est en cause est leur inculture, et non pas la supposée malhonnêteté d'un auteur qui n'a d'autre ambition de distraire.

Anonyme a dit…

Bonsoir,
Il me semble que Dan Brown, tout romancier qu'il est, a plus d'influence (voire est plus "dangereux") sur l'image de l'Église que Michel Onfray. Car, combien sont ceux qui ont lu les ouvrages de Dan Brown (et accessoirement vu les films qui en sont tirés) et combien sont ceux qui ont écouté Le Téléphone Sonne ce mercredi ?
Je suis d'accord avec vous sur le fait que c'est l'inculture des gens et leur incapacité à faire la différence entre les genres littéraires qui est en cause. Mais à leur (notre) décharge, je trouve que la communication qui est faite autour de ces ouvrages entretient la confusion.
Je me souviens par exemple de la pub qui passait à la radio lors de la sortie du Da Vinci Code : celle-ci nous transportait dans ce que j'imaginais être un couloir du Vatican, où l'on assiste au conciliabule entre deux personnes ("haut placées" ?), la "chute" étant étant une réplique du genre "si ça se sait, on est cuit".
Combien ont pris cette pub pour argent comptant ? Croyant avoir à faire à un livre d'enquête (policière, journalistique ou autre).
Sans taxer Dan Brown de malhonnêteté, c'est quand-même pas très innocent. Il est donc légitime de remettre les points sur les i sans pour autant crier à la censure.