jeudi 26 août 2010

Belles choses de l'été - 2 : coup de rouge dans le Médoc.



Dans la série "belles choses de l'été", un événement qu'on ne pouvait pas manquer : en plein coeur des vacances, 10 000 scouts et guides de France se sont retrouvés à Fort-Médoc, au bord de la Gironde, pour un jamboree rassemblant pionniers et caravelles (14 à 17 ans).

Une gageure ; et pourtant ils l'ont fait. La dame de l'office de tourisme en était tout émue : "Quand je les ai vus arriver sur le bateau, en chantant à tue-tête, j'ai eu envie de pleurer..." Et de ne point tarir d'éloges sur la gentillesse, la bonne éducation, et patati et patata, j'aurais aimé que les responsables du mouvement entendent ça. Car réunir autant de garçons et de filles de cet âge, les faire camper ensemble, leur donner à manger et de quoi se laver... Pas évident. Peut-être bien qu'il n'y a que les cathos à le faire, chez nous, avec aussi peu de moyens.

Moi, j'y allais avec un boulot bien précis : témoigner à deux reprises de ce que cela veut dire, être prêtre dans la cité des hommes. Ah oui, parce que le thème du rassemblement, c'était justement : l'engagement au service de la Cité, d'où le nom, vous l'avez compris. Avec une couleur écolo : chacun devait rejoindre le lieu du jamboree avec le moyen de locomotion le moins crade possible (perso, j'ai commencé en bateau et fini en vélo).

Une question, depuis, me trotte dans la tête. Après le témoignage du curé de service, il y avait un temps de questions. Et là, ça y allait sur l'Eglise ringarde, le pape qu'on ne comprend pas, la messe où on s'ennuie, et tout ce qu'on peut trouver à la fois comme poncifs sur l'Eglise dans le monde des jeunes et comme interpellations auxquelles on ne peut échapper.

Alors, deux questions dans la question.

La première : oui, c'est vrai, ce sont des poncifs, c'est superficiel, ça ne rend pas justice à la vérité de ce que vit l'Eglise, à la complexité des sujets sur lesquels elle intervient, tous ces jeunes répètent trop ce qu'ils lisent et entendent dire et ne parlent pas de l'expérience de foi qu'ils vivent au sein de leur mouvement. Ca, c'est un problème : le décalage entre ce que vivent ces croyants en Eglise, et le retour qu'ils en ont à travers le filtre des médias et des copains de lycée. D'un côté, une formidable expérience de foi qui les construit et les marque pour la vie. De l'autre, un injuste dénigrement. Comment amener ces jeunes à parler d'abord de ce qu'ils vivent, avant de porter une parole critique sur l'institution ?

La deuxième : les questions posées - quelques-unes en vrac : célibat des prêtres, accès des femmes au ministère ordonné, pertinence des prises de position éthiques dans l'Eglise, place des jeunes dans les communautés chrétiennes, liturgies mal vécues - le sont avec tant d'insistance qu'on ne peut pas passer à côté. A cet âge-là, et dans ce mouvement-là, ce sont des garçons et des filles, bientôt des hommes et des femmes, engagés dans l'Eglise, qui les posent. Il y a, là, un débat interne à l'Eglise, qui reprend les interpellations et les incompréhensions de la société française à son égard. Ce débat pourra-t-il se poursuivre pour eux au sein de cette Eglise qui les a portés jusque-là ? Ou bien choisiront-ils de le mener d'un autre lieu, du-dehors de l'institution ? Il y a bien, aujourd'hui, des lieux de débat au sein de l'Eglise. Mais ces lieux ne sont guère fréquentés que par des gens de mon âge et au-delà. Les jeunes, eux, en grandissant, préfèrent se sauver sur la pointe des pieds, et ça me pose un problème.

PS 1 : Une vidéo, parmi d'autres :


Le grand Récap' de CitéCap - 26/07/2010
envoyé par scoutsetguides. - Regardez les vidéos des stars du web.

PS 2 : Petit clin d'oeil à Jacqueline, cheftaine qui m'a accompagné pendant ces journées à Cité Cap, et lectrice fidèle du Blog du Curé...

8 commentaires:

Claire a dit…

allons allons Manu, ne soit pas si défaitiste :) il y a aussi des jeunes qui parlent de leur expérience, et qui ne partent pas sur la pointe des pieds! en tout cas, ça devait être quelque chose ce rassemblement... ça donnerait presque envie d'aller faire un tour chez les scouts
Claire

Anne-Priscille a dit…

D'accord avec le commentaire précédent !
C'est vrai qu'il y a des jeunes (et pas qu'eux d'ailleurs) qui s'en vont plus ou moins bruyamment... mais il y en a aussi qui, ayant vécu "une formidable expérience de foi qui les construit et les marque pour la vie", n'hésitent pas à mettre les pieds dans le plat ! C'est vrai qu'en tant que jeune, je sais que porter une croix ou ne pas cacher que l'on a passé sa soirée du samedi à réfléchir sur l'Evangile au lieu d'aller à "la-fameuse-disco-qu'il-ne-faut-surtout-pas-manquer-et-où-tout-le-monde-voulait-vous-emmener", c'est parfois provoc et que pour certains c'est dur à assumer.
Mais je sais aussi que parmi certaines personnes éloignées de l'Eglise, la virulence cache parfois une recherche sincère et profonde, et qu'elle débouche sur un dialogue plus bienveillant et des changements de positions. Et qu'il suffit d'1 personne pour donner envie et entraîner des dizaines d'autres à sa suite.
Le témoignage, je pense, c'est un trop plein. De joie, de bonheur, de vie... C'est quelque chose qui déborde. Si l'on prenait conscience que plein de gens ne découvrirons ces choses extraordinaires qui se vivent que si nous, tous, chacun, nous leur en parlons, et qu'en faisant ça on peut leur permettre de vivre cela à leur tour, ça débloquerait des rouages. Qui refuserait de rendre les gens (au moins ceux qu'il aime) heureux ?
Et pour les débats c'est pareil. Si l'on se rendait vraiment compte que l'on a -aussi- un rôle à jouer et que l'Eglise est faite -aussi- par et pour nous, ça changerait tout !

Firenze a dit…

Quelle joie de voir le minois de ma fille aînée sur le diaporama.
C'est je l'espère un des temps forts de sa vie de scout et d'ado qui se construit.
Quant à la Foi, on sème avec toutes nos imperfections et parfois ce seront eux qui nous étonneront.
Déjà, le scoutisme, c'est elle qui a voulu et rien qu'elle, à 14 ans, l'âge où beaucoup s'arrêtent.
Et puis, il y aura la Confirmation dans quelqes mois et là, je sais que son Souffle peut déplacer les montagnes... et peut être que les questions trouveront des réponses et l'ennui à la messe disparaîtra.

JIBA a dit…

Justes interrogations !
Je suis d'accord avec Claire, tout n'est pas sombre. Les temps forts des SGdF comme celui de cet été marquent durablement les participants et donc rayonnent sur ceux qui les cotoient.
D'autres initiatives voient le jour.
Je viens de découvrir « Acteurs d’Avenir » une association loi 1901 qui veut servir la formation humaine et éthique des étudiants, appelés à exercer dans les années qui viennent des responsabilités politiques ou économiques.

Présidée par le Père GROSJEAN, responsable des questions politiques, d’éthique économique et de bioéthique au sein du Service de Formation pour le Diocèse de Versailles, elle a reçu le soutien du Diocèse de Versailles.

Elle est animée par un staff d'une dizaine d'étudiants et de jeunes professionnels.


Leur première université a réuni 200 étudiants, reconnus comme des jeunes capables d’exigence, d’enthousiasme, et ouverts aux grandes questions de notre époque.

Le but pour les participants ?

* Rencontrer et Ecouter pendant 4 jours des décideurs de premier plan, du monde politique, économique, des médias, de la Défense et de la culture.

* Réfléchir à la question du sens de leur ambition, prendre conscience de la responsabilité qui sera la leur demain,travailler sur les grands enjeux éthiques auxquels ils seront confrontés un jour comme décideurs, à la lumière de l’Evangile


Le but des intervenants:

* Partager leur expérience personnelle : les étudiants sont demandeurs d'exemples crédibles : exemple d'une réussite fondée sur des valeurs et des convictions personnelles que le décideur partage aux jeunes. Exemple de gouvernance qui met au centre l'homme. Exemple de discernement face aux questions éthiques auxquelles le décideur a été confronté.

* Confronter les jeunes au réel et à leurs responsabilités: les intervenants tirent de l’exercice de leurs responsabilités des convictions qu’ils partagent avec les jeunes sur les questions éthiques qu’eux, à leur tour, auront à affronter dans les années qui viennent, et sur les grands enjeux humains et spirituels qu’ils auront à vivre.

Plus d'infos sur:
http://www.acteursdavenir.weonea.fr/

Coupiac a dit…

Des lieux de réflexion dans l’Église où se rendent des jeunes, ça existe, et justement il y en a un qui vient de se terminer:
http://www.la-croix.com/Comment-reussir-tout-en-restant-catho/article/2437058/4078


http://www.acteursdavenir.weonea.fr/

BESSE MENDY Michel a dit…

Salut Père Emmanuel Pic.
J'ai aussi eu la chance de pouvoir témoigner ces deux jours-là, surr "solidarités internationales". Bonne suite dans les activités de rentrée.
Michel BESSE cssp

jeanjulesb a dit…

Je partage en grande partie vos préoccupations :
# engagement au service de la Cité (à divers niveaux, communauté des habitants de la France, de l’Europe ou du monde).
# se fier aux ouï-dire sans vérifier.
# dénigrement de l'Eglise
# débat interne à l'Eglise ou fuite en dehors.
J’y ajoute d’autres sujets de réflexion que j’estime très importants, qui concernent les fondements de la religion chrétienne :
#1 Il est clair que le récit de la création donné par la Bible et repris par le Coran, est contraire aux connaissances scientifiques acquises depuis 2 siècles
L’univers actuel a débuté par un Big Bang il y a 14 milliards d’années. L’espèce humaine sur la Terre résulte d’une très lente évolution d’espèces animales, s’étalant sur plusieurs millions de siècles. Ces espèces ont évolué et se sont diversifiées : mammifères depuis 200 millions d’années; primates, 60 millions; hominidés, 6 millions, dont une branche s’est humanisée petit à petit devenant notre espèce actuelle homo sapiens dont les premiers vestiges remontent à 300 mille ans.
Le récit de la Genèse est donc faux, ce qui n’empêche pas qu’il puisse avoir une valeur symbolique, si on choisit bien l’interprétation qu’on veut lui donner. L’Église admet maintenant la théorie de l’évolution. Le pape l’a déclaré en octobre 1996, sur proposition de l’Académie pontificale des sciences
Le monde n’a pas été créé en 6 jours, l’homme n’a pas été créé d’un seul coup, sachant parler et dans sa forme définitive. Il n’y a pas eu un unique premier couple humain. Donc ni Adam ni Ève ni Paradis terrestre ni arbre de la connaissance du bien et du mal. Dieu n’a sûrement pas interdit aux hommes cette connaissance, puisqu’il nous demande de faire le bien et de ne pas faire le mal. Il n’y a pas eu un premier péché unique et énorme, puni par la perte de l’immortalité et par l’obligation de gagner sa vie par le travail.
Il faudra abroger le dogme du péché originel héréditaire qui condamnerait chaque être humain à l’enfer, et que seul le baptême pourrait effacer. Ce pouvoir attribué au baptême justifiait la formule néfaste « Hors de l’Église point de salut ».
Malheureusement tous les sermons qui parlent de la Genèse, disent encore : Adam a dit ou fait ci ou ça, de même Ève, le Serpent, Caïn et Abel, etc. #2 Les versets exécrables qui figurent dans Le lévitique (lapidez, tuez, brûlez...) sont-ils la parole de Dieu ? Heureusement non. Ce sont des paroles de Moïse, qui était convaincu d’exprimer la volonté de Dieu, mais qui s’est trompé lourdement. De plus Jésus a rejeté ces lois cruelles, donc elles n’étaient pas de Dieu.
C’est pourquoi il est désastreux de proclamer « Parole de Dieu » après lecture des textes de la Bible. Il faut intervenir auprès du clergé (prêtres, évêques, etc.) pour qu’il supprime cette habitude fâcheuse, en la remplaçant par « Parole de la Bible », ou pour l’Évangile, par la réponse liturgique "louange à toi Seigneur Jésus".
#3 Les 3 religions monothéistes ont-elles le même Dieu? Non, pour plusieurs raisons : a) Le Dieu de l’Évangile est trinitaire, le Dieu de l’islam ne l’est pas. b) Le Dieu de l’Évangile n’a pas dit : Coupez les mains des voleurs, tuez les blasphémateurs et les apostats, lapidez les personnes adultères, faites la guerre aux mécréants jusqu’à ce la religion sainte triomphe partout dans le monde.
Il faut arrêter de dire ou laisser dire que les 3 religions juive, chrétienne et musulmane ont le même Dieu et que Coran et Évangile disent la même chose sous des formes différentes. Cette idée fausse est doublement désastreuse. En effet, d’une part elle démobilise les chrétiens, car alors à quoi bon s’efforcer de vivre en chrétien, à quoi bon envoyer ses enfants au catéchisme ? D’autre part, aux yeux de beaucoup elle rabaisse le christianisme au rang d’une religion détestable, qui mérite de disparaître.

Anonyme a dit…

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