samedi 28 août 2010

Belles choses de l'été (3) - Ministres et serviteurs.

Troisième belle chose de l'été : la session de formation des futurs diacres de Bourgogne. Ils étaient treize, avec leurs épouses, plus des diacres déjà expérimentés pour les accompagner et aider éventuellement les intervenants à ajuster le tir.

Je me répète : c'est un nouveau visage de l'Eglise, une révolution silencieuse, qui commencent là. Le diaconat prend lentement sa place dans les diocèses français : on y découvre une nouvelle figure du ministère ordonné. Ce qui saute aux yeux en général est qu'il s'agit d'hommes mariés (pas toujours) ; mais quand on prend la peine d'aller un peu plus loin, on dépasse cette première impression pour découvrir autre chose : des hommes au travail ; des hommes qui manifestent que l'Eglise est là fondamentalement pour un service de l'humanité, et qui sont là pour rappeler que tout ministre de l'Eglise est là pour ce même service ; des hommes qui partagent, davantage que les prêtres, les conditions de vie de leurs contemporains, leurs questions, leurs difficultés et leurs joies. De plus en plus, ce sont ces mêmes hommes qui marient, baptisent, célèbrent des funérailles : c'est-à-dire qu'ils se manifestent en public dans le rôle qu'on attribue le plus souvent aux prêtres.

Quand ils ont restauré le diaconat comme "degré permanent du sacrement de l'ordre", les évêques à Vatican II n'avaient sans doute absolument pas mesuré l'impact de cette décision ; en tout cas, ils n'avaient guère d'idée précise sur ce qu'allait devenir le diaconat - et n'ont pas donné beaucoup de détails sur le contenu de ce qui s'avère être un nouveau ministère. C'est pourquoi on entend souvent les gens se demander ce que c'est qu'un diacre : normal, on est en train d'inventer (de réinventer ?) le diaconat. Cette réinvention se fait pas à pas, au plus près des préoccupations et des besoins des Églises.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Je suis diacre au Québec et j'ai un blog... J'ai placé votre article sur mon blog; merci de l'avoir écrit car vous contribuez à faire avancer la théologie du diaconat, si je puis dire ainsi...
Bonne année pastorale et scolaire à vous!
Fraternellement!
Jean-Yves Fortin d.p.,
La Pocatière, au Québec.
http://jyfortin.blogspot.com/

dominique de terminale a dit…

Le lien affiché ne fonctionnant pas, j'ai surfé un peu et j'ai trouvé ceci qui me semble correspondre:

http://jyfortindiacre.blogspot.com/

Anonyme a dit…

Anonyme
Même si on réinvente le ministère diaconal, le besoin de l'Eglise c'est l'eucharistie. Elle en vit et le diacre ne sera jamais prêtre s'il est marié...
Le diaconat ne résout pas le problème du manque de prêtre ou alors je n'ai rien compris.

Emmanuel Pic a dit…

@ Anonyme

En effet, le diaconat ne résout en rien le problème du manque de prêtres ! Et les diacres ne sont pas là pour remplacer les prêtres. Ils sont, pour reprendre l'expression d'un de mes profs de théologie, situés au "degré zéro du ministère" : le socle à partir duquel se pense la ministérialité de l'Église.
Ceci dit, je me permets d'apporter quelques précisions à votre commentaire :

1) "Le diacre ne sera jamais prêtre s'il est marié" : on peut, dans l'Église catholique, être prêtre et marié ; pour faire bref, cela dépend du pays dans lequel on est prêtre (du "rite" dans lequel on est ordonné). Dans la partie orientale du bassin méditerranéen, l'Église catholique ordonne prêtre des hommes mariés.

2) "Le besoin de l'Église c'est l'eucharistie" : oui. Mais ce n'est pas le seul besoin de l'Église. D'autre part, l'Eucharistie n'est pas célébrée pour le seul "besoin de l'Église", mais "pour la gloire de Dieu et le salut du monde". C'est le mérite, à mon sens, du diaconat tel qu'il est en train d'être réinventé, que de nous rappeler que tout acte de l'Église, jusques et y compris ce qui fait le cœur de la liturgie, est célébré pour le monde et non pas seulement pour le seul bien des disciples du Christ.