samedi 23 octobre 2010

Les chanteurs, pas la chanson.

De Jean-Paul II, on disait : les jeunes aiment le chanteur, mais pas la chanson... Quand je vois sous mes fenêtres les lycéens d'Hyppolite-Fontaine descendre leur boulevard pour aller chercher leurs congénères de Saint-Jo, je me dis : on est un peu dans le même cas de figure.

Voyez ce reportage de France 2. Un jeune héros, dont les parents sont journalistes, qui étudie dans un des plus prestigieux lycées parisiens, et qui vient d'être élu président de la FIDEL. Il est sympa, super à l'aise à la télé, un aplomb désarmant et toujours la réponse aux questions politiques et sociales qu'on lui pose. Séduit, on l'est. Enfin un jeune qui s'engage. On aime le chanteur.

La chanson ? Là, Victor est plus court. "Un million de chômeurs en plus à cause de cette réforme". Ah bon ? Passons. Il n'a peut-être pas eu le temps d'affûter ses arguments. Manifestement, personne ne lui en demande plus, d'ailleurs.

Les chanteurs : des jeunes qui s'engagent. Voilà qui devrait faire taire tous ceux qui désespèrent de cette jeunesse, soi-disant sans idéal. Engagement : mais lequel, au juste ? Dans un syndicat, avant de passer dans un autre (les grands frères de l'UNEF ne s'y sont pas trompés, d'ailleurs : une fois le bac en poche, Victor, tu ne devrais pas tarder à avoir une promesse d'embauche). Et après l'UNEF... Devinez quoi ? Victor, Victor... Fais gaffe : tu vas devenir comme les autres, un professionnel de la politique, qui a perdu le contact avec la réalité. Pendant ce temps, d'autres essayent de faire vivre, dans un lycée, une association au service des autres, un club théâtre ou un journal : ça aussi, c'est de l'engagement, et ça mérite qu'on en parle plus.

La chanson : celle de la réforme des retraites, on a du mal à y croire. D'autres voix se font entendre, dans ce même reportage : angoisse de l'avenir, inquiétude dans un monde qui n'a plus de repères, méfiance vis-à-vis des partis politiques. Tout ça, alimenté par un rejet massif qui vise plus les personnes qui gouvernent que leurs décisions. Des choses autrement fondamentales, qui évoquent le rapport du médiateur de la République l'an dernier sur l'état de "fatigue psychique" des Français. Du psychique au spirituel, il n'y a guère de distance, sinon celle du politiquement correct. On est loin de la question des retraites.

6 commentaires:

Didier Guillion a dit…

Bonsoir M Pic,
Je ne suis pas allé manifester. Les mouvements de foule me font un peu peur. Je me méfie des "leaders".
Mais je comprends toutes ces personnes dans la rue, quand on voit d'un coté l' opulence, les copinages, les passes droit, les millions distribués à des amis, et que ces mêmes personnes demandent l'austérité aux autres...
Il me semble que la notion de "montrer l'exemple" est un peu passée à la trappe ces dernières années, et c'est, à mon avis, dommage.

Amicalement

dominique de terminale a dit…

Pour les chanteurs, voici une petite phrase d'un Québécois, Denys Gagnon :
"Nos élèves cherchent en nous ce qu'ils espèrent de l'avenir".... qui nous renvoie à ce que nous sommes nous-mêmes.

dominique de terminale a dit…

Quant à la chanson, tout se déroule en ce moment comme nous étions en train de perdre définitivement l'illusion d'un progrès linéaire de la modernité, qui nous prémunisse de tous les malheurs passés...

Anonyme a dit…

Maurice Clavel disait la même chose il y a 40 ans et nos "enragés" se sont embourgeoisés .Au 19°S pour avoir le pouvoir il fallait une bonne plume pour imposer ses idées et construire sa légende par ses mémoires . Au 20° apparut le micro ,et ce sont les "grandes gueules" qui prirent le pouvoir . Au 21°S l'image s'impose alors on ne lit plus, on n'écoute plus .On contemple les "belles gueules"(+chirurgie esthétique+sport+ régime)sur nos écrans plats made in China . MADO

Anonyme a dit…

Curieux que l'on soit motivé pour les retraites à 16 ans..... Manipulation?
D'autres solidarités nous mobilisaient à leur age, nous allions travailler bénévolement les jours sans lycée, sur les chantiers de l'abbé Pierre et au centre d'aide par le travail. Qu'ils agissent, bien des associations les attendent et manquent de bras jeunes :les resto, la banque alimentaire pour ses collectes.....
Peut être n'ont ils plus les formateurs adultes (prêtres et laïques) qui savaient les motiver ils ont cependant certainement la générosité pour le faire.
JC

Jean-Pierre a dit…

Le million de chômeurs en plus, cela parait très raisonnable. Si les gens travaillent deux ans de plus, cela fait deux classes d'âge en plus au travail, soit environ 1 400 000 travailleurs de plus. Moins ceux qui ont pris leur retraite plus jeunes, les inactifs... La vraie question me semble être : si nous avons un million de personnes de plus qui cherchent du travail, dont on peut espérer qu'une partie en trouvera ou se créera un emploi, à quelles conditions ? Est-ce que nous serons plus riches et donc est-ce que nous pourrons augmenter les salaires et les retraites ? Mais on ne nous parle pas d'impact économique, de richesses produites, on ne nous parle que d'équilibres de caisses de retraites, ce qui me parait sans sens.