mercredi 12 janvier 2011

"Nous avons failli mourir"


Henri Teissier, archevêque d'Alger, hier soir à Dijon : "Une Église peut mourir, une Église peut renaître : nous avons failli mourir." Ces quelques mots résument l'expérience des chrétiens d'Algérie, et le témoignage qu'ont donné dix-neuf d'entre eux, plus encore si l'on inclut celles et ceux qui ont choisi, au péril de leur vie, la fidélité, à la fois à Dieu et à ceux qu'ils considèrent comme leurs frères d'Algérie. L'Eglise, en Algérie, s'est maintenue par ces chrétiens qui sont restés, envers et contre tout ; par les rencontres quotidiennes, l'ouverture contre vents et marées des bibliothèques tenues par les diocèses et fréquentées par des musulmans, le soutien amical de nombreux Algériens - El Watan, quotidien algérois, a publié en 2008 une pétition de soutien aux chrétiens traduits en justice.

On compte aujourd'hui peut-être 15 ou 20 000 chrétiens algériens, dans la mouvance évangélique ; les premières conversions ont eu lieu dans les années soixante-dix, à la suite d'une série d'émissions religieuses diffusées sur Radio Monte-Carlo... Elles sont aujourd'hui le seul exemple de conversions aussi nombreuses dans un pays "musulman". A côté de ces Églises, qui vivent dans la clandestinité car elles ne disposent pas de lieux de cultes (ce qui explique les incessantes tracasseries dont elles sont l'objet, la loi algérienne imposant de célébrer le culte uniquement dans des locaux agréés), l'Église catholique bénéficie d'un certaine reconnaissance de la part des autorités. Pierre Claverie, l'évêque assassiné, avait coutume de la désigner sous le nom d' "Église de la rencontre" : dans la continuité avec les intuitions de Charles de Foucauld, commencer par accueillir, échanger, rencontrer en vérité.

A Notre-Dame d'Afrique fraîchement restaurée, ce sont chaque jour des centaines de personnes qui passent, pour visiter, se poser un moment, prier aussi. Des conversations s'engagent avec les prêtres présents. L'un de ces dialogues, dernièrement, aura profondément marqué le Père Teissier : un homme était là, venu pour demander de l'aider à accueillir son fils, ancien terroriste qui allait sortir de prison. Comment allait-il pouvoir ouvrir sa porte à celui qui demeurait, malgré tout, son enfant ? C'était là, dans la cathédrale de l'Afrique, qu'il avait choisi de parler à Dieu.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mgr Henri Teissier n'est plus depuis mai 2008 évêque d'Alger .
Mais à part ça votre article est très beau.
Quel exemple !!!

Emmanuel Pic a dit…

Ah oui, le mot "émérite" a dû sauter tout seul...