vendredi 13 janvier 2012

L'enfant et Dieu.

"Je suis Mme X..., et on m'a dit de vous appeler parce que ma fille n'est pas venue à la célébration du caté cette semaine."

Coup de fil assez courant. La petite veut faire sa communion, mais les parents n'ont pas eu le temps de l'emmener, ni au caté, ni à la messe, ni à la célébration de la Réconciliation au cours de laquelle elle aurait du se confesser. Si je laisse faire, sa première communion sera aussi la première fois qu'elle sera allée à la messe.

- Vous comprenez, je n'ai vraiment pas le temps... Cette année je n'y arrive pas." Les parents sont débordés, ce sont les enfants qui trinquent. Classique.
- Vous travaillez donc le dimanche ? - Non bien sûr. Le dimanche, on dort. La messe est à onze heures, je dors quand même. Qui va préparer le déjeuner des enfants ? Pas grave, je dors. Qui va être avec eux ? Je dors. Elle veut faire sa première communion ? - Oui, elle me demande sans arrêt de lui donner une Bible, de l'amener à la messe, de la faire entrer dans une église. Mais moi vous comprenez je ne suis pas pratiquante.

Et voilà comment on abîme les enfants. On les abîme doublement : d'abord, en n'étant pas à la hauteur de ses responsabilités de parents ; ensuite, en niant la profondeur de leur désir de Dieu. Car les enfants aiment Dieu, ils aiment les églises, les cloches qui sonnent, la messe parce qu'on y chante, la prière parce qu'on y dit des choses profondes et on s'y adresse à Dieu, quand même. Mais, pour les parents, ce ne sont que des gamineries sans importances. Ah, si elle me demande de faire de la musique, c'est autre chose. Mais là...

Le hasard a voulu que je reçoive ce coup de fil au moment de préparer l'homélie de dimanche, sur des textes bibliques qui parlent justement d'un enfant, Samuel, qui a entendu l'appel de Dieu. Le petit Samuel aussi, on ne le prend pas tout de suite au sérieux. Heureusement, c'est un têtu, et il demande des explications jusqu'à ce que ce balourd de prêtre comprenne.

J'espère que la petite du coup de fil sera aussi têtue.

11 commentaires:

Vieil imbécile a dit…

Et que faire dans ce cas ? vous estimez que le désir de Dieu est suffisamment profond, et vous lui donnez la communion "à la Grâce de Dieu" ? Au risque d'avoir des communiants trop peu préparés.
Ou bien vous exigez une préparation plus sérieuse ? Au risque de la perdre pour longtemps...
Si difficile discernement !

Blandine a dit…

Moi une fille du cathé m'a appelé pour me dire que sa mère l'avait punie, elle est interdit de cathé. sympa non ? elle l'interdit d'école aussi ?

dominique de terminale a dit…

"Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !"

A vouloir tout épargner à ceux qu'on "aime", les parents surprotègent leurs enfants en se projetant sur eux :"il fera la musique dont je rêvais et que je n'ai pas pu faire, il fera des études supérieures parce que moi je n'ai pas eu les moyens". Chacun sait tout le bien qu'il faut... mais on oublie que placer un enfant devant un mystère, afin qu'il l'appréhende en toute responsabilité, est bien plus épanouissant...

On ne sait pas écouter.. même parfois pour faire de la musique, même quand elle est la louange du créateur.

dominique de terminale a dit…

En contrepoint de ce que j'exprimais précédemment, cette phrase de René Char (qu'on ne peut vraiment pas qualifier de croyant):

L'intensité est silencieuse. Son image ne l'est pas. (J'aime qui m'éblouit puis accentue l'obscur à l'intérieur de moi.)

René Char, Rougeur des Matinaux, fragment VII (NRF Gallimard )

Jean-Paul a dit…

Votre propos est très juste, et je suis en phase à 100 %
Mais quand vous préparez un mariage et que les futurs s'engagent à élever leurs enfants ( a naître ) dans la foi, quand ils les font baptiser en annonçant (en bredouillant et en lisant le papier froissé tiré de leur poche que vous leur avez fait préparer )qu'ils veulent qu'il soit chrétien et qu'ils feront tout leur possible pour cela, comment leur rappelez-vous régulièrement leur engagement ?
Il est heureux que des enfants viennent au KT quand leurs parents et donc eux-même ne pratiquent pas. Quand mon épouse faisait le KT, nous allions chercher le dimanche chez eux les enfants -demandeurs- que les parents ne "pouvaient" pas emmener avec eux.

Anonyme a dit…

Serait-il possible de mettre une annonce sur la feuille paroissiale pour demander si une personne pourrait venir chercher la petite fille ?

Anonyme a dit…

Les parents ne sont pas à blâmer , ils sont de la génération où on a dissocier KT et messe . Pour les catéchistes pareil . Pendant le KT on peut réfléchir sur les textes du dimanche suivant ,+ témoignages de ceux qui ont assisté à la messe.
Les enfants sont missionnaires chez eux et partagent leur joie quand leurs parents sont venus à l'église avec eux . Confiance en l'Esprit Saint, on sème et la moisson ne nous appartient pas .MADO

Anonyme a dit…

Paradoxalement pour nous c'est l'église qui n'écoute pas la foi de mon fils (collégien). Elle ne le prend pas au sérieux et pourtant nous pour lui faire plaisir car on le voit heureux en église, on se lève pour lui et il sert la messe depuis 1 an et demi, a fait 4 années de catéchèse (même plus), il va à la messe tous les dimanches (9h30) et en semaine parfois(souvant même en église voisine) et le samedi soir assez souvent et en chemin en extérieur à notre paroisse aussi il va servir dans l'inconnu des églises dont les pères lui disent oui tu peux servir ce soir, en le voyant curieusement venir demander , son aube dans son sac, sous le bras, prêt à servir. Nous ne sommes pas de fervents pratiquants, mais pour son bonheur on l'amène...on s'est remis en chemin pour lui mais l'église ha làllàlaaa elle ne lui reconnait pas ses questions de théologie pertinente, pas ses inquiétudes,et elle va après lui avoir dit ok pour la profession de foi peut être lui refuser car un seul prêtre le trouve on ne sait quoi? trop en foi peut être? désolant, décourageant, mon fils ne comprend pas, il se sent abandonné lui qui dit vouloir être prêtre, et que le prêtre lui ricane au nez (non non tu peux pas savoir).Du coup il dit qu'il sera moine, prêtre et moine (eux savent l'accueilir et l'écouter mais ils sont loin de chez nous)
Entre temps un prêtre très loin aussi de chez nous a su redonner écoute et confiance à mon fils, mais il est si loin, il ne peut pas faire grand chose, alors il l'a rassurer et lui a dit "garde ta foi jésus est là avec toi quand même".
je lui suis reconnaissante.

Donc il se passe des choses avec nos enfants. Pour nous c'est déception, tristesse, et sentiment d'abandon de la part de l'église. elle ne le comprend pas, car il a peut être trop de foi?
Sa maman qui tente de lui dire que jésus est toujours là pour lui.
Il est têtu aussi, très têtu et fidèle peut être que ça le sauvera aussi?

Oceane. a dit…

j'ai validé trop vite, je suis Oceane la maman du petit servant de messe qui lui s'accroche à Jésus même si l'église e veut pas le reconnaitre dans sa foi. 'message' juste d'avant celui ci) Désolée . Merci.

Emmanuel Pic a dit…

@ Océane : difficile de réagir à votre récit, car je n'en connaît pas tous les tenants et les aboutissants !
Souvent il y a beaucoup d'incompréhensions dans le dialogue entre les prêtres et les fidèles, surtout quand ces derniers sont éloignés des habitudes de l'Eglise. Du coup l'Eglise ressemble à une grande maison intolérante et fermée...
Quelques pistes :
- Prenez le temps d'un dialogue approfondi avec un prêtre avec lequel vous vous sentez à l'aise. Encouragez votre garçon à faire de même.
- Dans chaque diocèse, il y a un service des vocations. Votre enfant peut entrer en relation avec le prêtre qui s'en occupe.
- Si vous le voulez, votre enfant peut m'écrire, je ne publierai pas la réponse sur mon blog.

Emmanuel Pic a dit…

@ Vieil Imbécile : j'engage le dialogue, c'est toujours payant ! Et là ça l'a été : figurez-vous que la maman est venue hier et m'a dit "votre coup de fil m'a fait réfléchir..." Donc, normalement, c'est retour à la messe.

@ Jean-Paul : vu l'instabilité géographique des familles, il est impossible de rappeler leurs engagements aux personnes qui se marient et font baptiser leurs enfants...
Mais je suis moins pessimiste que vous sur le sérieux de leur démarche. Plutôt admiratif de la sincérité avec laquelle ils s'expriment, et de la profondeur des sentiments qu'ils éprouvent lors de leur mariage ou du baptême de leur petit. A partir de là, chacun est certes libre, mais je pense qu'on peut construire du solide.