mardi 6 octobre 2009

Dieu à l'hôpital.

Dieu va très bien, mais les malades, eux, ont besoin de lui. Heureusement, la loi prévoit, depuis 1905, la présence d'aumôneries d'hôpitaux, dont l'importance a été réaffirmée en 2006 par la charte de la personne hospitalisée. C'est du bon sens : quand on ne va pas bien, on a besoin de tout le réconfort possible, et prier, "pratiquer son culte" pour s'exprimer comme les textes officiels de la République, fait partie de ce mieux-être. Pour la même raison, et ce quasiment depuis les origines de l'institution hospitalière, la plupart des établissements publics de soin disposent d'une chapelle, où les malades, et leurs familles, peuvent se recueillir. Cela fait partie de l'humanité minimum requise de ce genre d'endroits.

C'est là qu'on s'inquiète. Car depuis quelques années, les chapelles ferment, ou leurs superficies se trouvent grignotées par des services toujours plus gourmands d'espace. Celle de l'hôpital du Bocage de Dijon - où passent chaque année 63 000 patients, et bien plus encore de familles - n'est déjà pratiquement plus accessible depuis l'hôpital lui-même, ce qui la vide de sa signification. Le projet Bocage central, qui verra un agrandissement considérable des locaux actuels, ne semble guère faire de place à un lieu de culte et prévoit au mieux le maintien de l'existant. L'hôpital va-t-il être contaminé par la méfiance générale qui s'exprime partout envers le religieux, au détriment des droits les plus élémentaires des personnes qui y séjournent ?

10 commentaires:

Jérôme a dit…

Sur des grands projets de ce genre, pourquoi ne pas installer judicieusement plusieurs petites chapelles, afin qu'elles soient accesible à tous ?

do a dit…

Alors à nous de devenir des chapelles mobiles: je crois qu'on en aura de plus en plus besoin!

Il y a maints témoignages de malades sans familles, mais assidu(e)s à la prière, visités par une foule de chrétiens de leur paroisse ou de leur communauté, qui ont guéri contre toute attente, ou passé de l'"autre côté" dans une paix inhabituelle,

Alain a dit…

Parce que vous croyez qu'ils y ont seulement pensé ? ... j'ai bien peur que la couleur de la salle d'opération soit passée avant l'idée même de prévoir un lieu de prière ... et si quelqu'un y a pensé, a t'il osé en parler ... non, ... et si encore il a osé en parler, que lui a t'on répondu ? ... que la salle d'opération, les chambres, ... étaient plus importantes et qu'on ne pouvait construire une chapelle, une mosquée et que sais je encore dans un hôpital, après tout il y'a des lieux de prière à proximité !

Les projets de ce type doivent, je pense, être présentés au Conseil d'administration de l'établissement.
S'il n'est pas possible de convaincre un membre ou deux de l'impportance d'un lieu de prière, il ne vous reste plus, mon père, qu'à rencontrer le Directeur pour lui demander d'aménager le projets en repensant le positionnement de la chapelle.

J'ai malheureusement d'autres exemples où la chapelle est devenue un lieu de stockage de vieux mobiliers (qui devraient être donnés ou détruits) ...
Mon Dieu, prends pitié des pécheurs que nous sommes !

Une croyante a dit…

Magnifique le commentaire de Do!
Ces guérisons par les prières et la paix qu'elles peuvent apporter existent vraiment.
Si plus de monde pouvait y croire et agir ainsi, ce serait merveilleux!

mercredi, 07 octobre, 2009

Bashô a dit…

Bashô>
do, une croyante> Tiens ça me fait penser à cet article: http://www.guardian.co.uk/world/2009/oct/07/couple-sentenced-daughter-prayer-death
Plus sérieusement, j'ai lu il y a quelques années, une étude d'économistes qui s'intéressaient à l'efficacité de la prière dans la guérison. Après une analyse statistique plutôt poussée, conclusion; aucun effet que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Je ne raille pas la prière, ni même la remets en question. Moi-même je prie (pas assez mais je le fais) et fais parfois ce que les théologiens appellent la "prière de demande" mais je n'attends rien de la prière comme "monnaie d'échange". Parfois, je ne comprends pas la réponse de Dieu (par exemple après Auschwitz, le Rwanda, je suis en train de lire le dernier livre de JB Metz que je recommande vivement) mais je m'accroche tant bien que mal.

AncillaDomini a dit…

@ Bashô :

La prière ne fait pas forcément guérir le corps. Il ne faut pas attendre de Dieu qu'Il passe systématiquement au-dessus de l'ordre naturel pour nous exaucer...
En fait, c'est l'inverse : c'est parce qu'elles sont exceptionnelles que les guérisons surnaturelles témoignent de la présence et de l'amour de Dieu pour Ses enfants. Si toutes les prières étaient exaucées, non seulement ces miracles de compassion passeraient inaperçus, mais nous les percevrions probablement comme un dû.

Dieu n'aime ni le mal, ni la maladie.
Mais Il sait se servir de tout pour faire venir plus près de Lui les enfants de Son amour : de tout mal, aussi terrible soit-il, Il sait faire naître un bien plus grand encore.

La prière, pour un malade, ne guérira peut-être pas son corps. Mais en le rapprochant tout doucement de Dieu, elle est source d'une grande consolation spirituelle.
La souffrance ne disparaît pas, elle ne diminue même pas nécessairement. Mais par la prière, la constance de l'amour divin la transfigure, et ce qui n'était que souffrance insupportable, injuste et abjecte devient sacrifice d'amour, offrande, union d'âme à Âme avec le Christ crucifié par amour.

En fait, avec Dieu, ce qui passe avant tout, c'est notre union à Lui. La vie éternelle a tellement plus de prix à Ses yeux que notre courte vie terrestre que, si la souffrance est un moyen de sauver Ses pécheurs bien-aimés, Il s'en sert (Il ne la provoque pas !) et fait abonder Sa grâce.

Concernant le Rwanda, etc. ... Nous ne voyons l'homme qu'à notre échelle, Dieu le voit tout entier.
Ce n'est pas Dieu qui a "voulu", ni même "permis" ces massacres. Il nous a créés libres : libres de L'aimer, donc aussi libres de Le rejeter ; libres de faire le bien, donc aussi libres de faire le mal.
Il n'y a pas d'amour véritable s'il n'est pas libre ; or Dieu veut que l'on aime pour de vrai, d'un véritable amour désintéressé et choisi.
Les massacres, les guerres, la misère... ce n'est pas Dieu qui agit : c'est ce qui se produit quand les hommes rejettent Dieu. Le mal n'est pas une action de Dieu : c'est l'absence de Dieu, qui se retire pour respecter le choix des hommes qui ne veulent pas de Lui.
Mais là encore, même du mal le plus terrible, le Seigneur sait tirer un bien plus grand encore.

Une croyante a dit…

à Bashô
Faut quand même pas charrier!
La médecine et la prière s'accommodent assez bien ensemble, il me semble.
J'ai lu l'article du Wisconsin et ces gens qui se disent pentecôtistes me font penser aux "témoins de Jéhovah"qui refusent toute transfusion de sang et préfèrent voir mourir leurs proches plutôt que de les laisser soigner.

Didier Guillion a dit…

J'ai fait mes classes du Service Militaire dans un bataillon plutôt rude. Il y avait une chapelle et un aumônier (je ne sais pas si c'est le terme exact). J'y allais souvent car c'était un lieu de paix et d'écoute. On pouvait lire des BD, des bouquins, discuter si on voulait avec l'aumônier. Il était toujours là, sans chercher à s'imposer, mais toujours prêt si l'on avait besoin de lui.
Un sacré bonhomme. Il m'a réconcilié avec beaucoup de choses, et amené à reconsidérer mon point de vue un peu trop "entier" sur pas mal de points.
J'y suis entré athée et ressortit de même, mais je ne l'oublierais pas.
Plus tard, j'ai été amené à passer quelques temps dans un hôpital pour accompagner une amie en fin de vie, j'ai rencontré la même compassion dans la chapelle du lieu. Je ne sais pas trop comment l'expliquer mais c'était une écoute respectueuse et forte, sans chichis, directe et humaine. Cela nous a beaucoup aidé.

Bashô a dit…

Une croyante> C'est vrai, j'étais assez provocateur cette fois-ci mais je dois confesser que ma foi est plutôt un "cri" et la prière comme monnaie d'échange (c'est comme cela que je vois): "je te prie et en échange tu m'aides/ me guéris" m'a toujours gêné.

AncillaDomini> Merci de votre réponse mais comme mon travail de chercheur a entraîné une grave déformation professionnelle, je ne peux m'empêcher de réagir sur quelques points.

Votre réponse sur Dieu n'intervient pas (du moins pas de manière visible) car il respecte notre liberté est classique et toujours aussi insatisfaisante. Faisons une expérience de pensée sans doute outrée mais qui montrera je pense le côté peu satisfaisant de votre réponse: imaginons un père qui a deux enfants. Comme il veut que ses deux enfants fassent l'apprentissage de la liberté, il se garde d'intervenir, même que l'un des deux découvre un couteau et tout ce qu'on peut faire, dont torturer l'autre. Si le père intervenait, celui qui plonge le couteau dans les entrailles de l'autre n'apprendrait pas sa liberté. Mais au moins l'autre a la consolation que sa souffrance atroce et totalement absurde servira à quelque chose. A quoi, il ne sait pas trop. L'enfant meurt tandis que le père reste silencieux. Vous reconnaîtrez qu'il n'y a pas beaucoup de différence entre un père qui n'intervient pas et un père qui n'existe point. C'est un lieu commun de dire que ma liberté s'arrête là où celle de l'autre commence. Pourquoi, Dieu devrait-il en être dispensé?

Ce n'est pas la souffrance elle-même qui est choquante. Le sportif, le chercheur en sait quelque chose... Mozart dans ses lettres soulignait que lors du processus de création, joie et souffrance sont intimement liés; et d'expérience je suis d'accord.

Ce qui heurte, c'est la souffrance absurde, sans raison. Dans les frères Karamazov, Ivan racontait l'histoire du jeune serf qui, pour avoir braconné, fut dévoré vif par les chiens du général. Et il concluait qu'il ne pouvait que rendre son billet; comment un Dieu pouvait admettre la souffrance absurde des enfants. mais peut-être que Dieu a-t-il récupéré la souffrance de cet enfant? mais n'y a-t-il pas quelque chose d'horrible d'imaginer un Dieu qui se nourrit de la souffrance des autres?

Et encore, s'il y avait seulement cela... il y a aussi les catastrophes naturelles. J'ai du mal à voir où la liberté mal utilisée de l'homme en serait la cause? L'Eglise ne dit plus que les catastrophes naturelles sont dûes à la colère de Dieu. Il faut donc bien admettre qu'elles sont a-morales (i.e. qu'on ne peut pas moraliser) et donc la souffrance qu'elles engendrent n'ont pas de sens (morale) non? Ce qui est intéressant, c'est que le Christ lui-même à propos de l'écroulement d'une tour souligne bien que les victimes n'étaient pas plus pécheurs que les autres.

Pour finir, j'aimerai souligner que dans l'Ancien Testament, il y a un très beau livre, Job. Il faudrait le lire du début jusqu'à la fin et voir que Job se révolte contre le côté absurde de la souffrance: lui qui était juste, pourquoi devait-il souffrir autant? Voir comment ses amis font pression en l'enjoignant de reconnaître ses fautes et d'accepter la justice divine? Voir aussi la réponse de Yahvé, qui est en quelque sorte une non-réponse puisqu'il n'explique pas le pourquoi (il aurait pu dire qu'il avait parié avec son pote l'Adversaire) mais souligne qu'il est le Créateur et que la Création déborde à la fois l'espace et le temps (en d'autres termes, l'histoire n'est pas fini...), lui dit "tu as bien parlé de moi" et lui demande de faire d'intercéder pour ses amis qui l'ont irrité par leurs sottes justifications.

Anonyme a dit…

IL existe des établissements scolaires catholiques où la chapelle a été transformée en salle de sport . MADO