mercredi 6 juin 2012

Nouvelles familles (3)

Une dernière histoire, avant de passer aux questions que tout cela pose.

C'était il y a quelques années déjà. Le soir de la récollection de préparation à la première communion, des enfants sont rentrés à la maison en disant à leurs parents : "Dieu s'est trompé, il a mis au papa de Clément une âme de femme dans un corps d'homme." Affolement dans les familles :  qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Le téléphone du presbytère a sonné, heureusement le papa (maman ?) en question m'avait prévenu : engagé depuis cinq ans dans un protocole de changement de sexe, le moment arrivait où la transformation allait devenir visible, et il avait voulu par honnêteté vis-à-vis de moi m'en avertir.

Comme dans les histoires précédentes, ma réaction avait été d'abord embarrassée. Intéressée, aussi : qu'est-ce qui pouvait motiver une pareille démarche de la part de cet homme ? J'ai avoué mon immense perplexité. Je ne pouvais m'empêcher de mettre en balance deux souffrances : celle, incontestable, d'un homme victime d'un trouble aussi profond ; et l'autre, celle de la famille qu'il avait fondée, et à laquelle il imposait, au nom de l'amour, une transformation considérable, allant bien au-delà d'un changement de rôle social. L'absence de jugement des personnes, c'est pourtant ce qui est demandé à un pasteur : d'abord par la loi française qui interdit toute discrimination, ensuite par l’Évangile, enfin par le bon sens (il n'était pas question d'exclure cette famille de la vie paroissiale, pour ne pas rajouter de la souffrance à la souffrance).

(A suivre)

1 commentaire:

casilix a dit…

On peut rester perplexe devant ce comportement...mais que doivent-ils faire ces hommes et ces femmes pour qui la nature n'a pas été suffisamment claire et précise...punis 2 fois ? Immense souffrance de se sentir étranger à soi-même...De sources médicales, entre 0.04% et 2% des enfants naitraient intersexué (pbms visibles à la naissance) et de 5 à 7 % à des stades différents souvent décelés bcp plus tard (déséquilibre hormonaux etc). Et cela depuis toujours...Parfois l’éducation et la croissance dans le sexe qui leur a été attribué suffit à les épanouir parfois pas,..comment parler de comportements déviant quand c'est la nature qui a dévié ?!!
Je n'ai aucune réponse ou jugement à apporter ici mais je me demande simplement la société ne dois pas accepter que la nature ne fait pas pas toujours bien les choses et que ce n'est sûrement pas aux "victimes" d'en porter les conséquences.