Les mauvaises gens.
Les mauvaises gens qui donnent son titre à cette BD, ce sont les habitants des Mauges, une région rurale et ouvrière de l'Ouest. Les héros sont les parents du narrateur, militants d'Action Catholique, qui ont trouvé dans l'Eglise un chemin de libération. La BD vaut aussi pour les seconds rôles, en particulier les curés qui, au fil du temps, quittent la soutane, le clergyman, deviennent adeptes des chaussettes dans leurs sandales, finissent par quitter le ministère et prendre de la distance avec une Eglise dans laquelle ils ne reconnaissent plus l'idéal de leur jeunesse, mais continuent à partager la vie des hommes de leur temps jusque dans les difficultés familiales et les remises en cause les plus profondes.
C'est beau, c'est riche, c'est émouvant et super-bien vu. J'y retrouve l'histoire de centaines d'amis croisés depuis mon entrée au séminaire (pas avant, ça ne risquait pas), leur déception devant les évolutions de la gauche, de l'Eglise et peut-être aussi de leurs enfants qui ne vivent pas les choses de la même manière (en particulier dans le domaine de la foi).
Une histoire qui pose plein de questions : pourquoi cette belle histoire semble-t-elle finie ?
Les cathos de gauche en tout cas sont toujours là, même si la distance prise avec l'Eglise est de plus en plus grande. L'Eglise est-elle toujours un lieu de libération ? Pour qui ? Pourquoi les enfants de militants ne sont-ils plus croyants à la manière de leurs parents ? Pourquoi les tradis sont-ils aussi présents aujourd'hui alors qu'ils sont si peu nombreux ?
Cela me rappelle ce mot entendu récemment dans la bouche du maire d'une commune rurale à propos de son nouveau curé : "J'espère qu'il n'est pas du haut clergé, celui-là !"
Pour aller plus loin :
http://www.etiennedavodeau.com/
http://www.editions-delcourt.fr/album.php?id=1181
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