vendredi 10 août 2007


Le libéralisme et la foi.

C'est bien dommage que la Lettre des Semaines sociales ne soit pas en ligne dès sa parution, car l'éditorial de Jérôme Vignon mériterait d'être très largement diffusé. Il aborde une question-clé pour l'avenir des relations entre Eglise et société, entre foi et modernité : le croyant doit-il être un élément critique dans une société trop marquée par la pensée unique libérale ? Ou doit-il adopter une autre posture ?

La tentation évidente est celle de se cantonner dans la critique. N'est-ce pas la place du prophète que de dénoncer les dérives, de prévoir les évolutions, d'annoncer les périls à venir ? C'est donc très naturellement que beaucoup de chrétiens se retrouvent aux côtés de militants alter-mondialistes, critiques de l'idéologie libérale, ou proches de la mouvance écologiste. Très naturellement aussi que notre théologie morale a souvent des accents de condamnation. Curieusement, dans ce sens-là, les catholiques les plus conservateurs rejoignent, dans la dénonciation des maux de notre époque, ceux qui sont les plus sensibles à la question sociale.

Or, agir de cette manière, c'est faire fi d'une réalité que l'on ne peut ignorer : le libéralisme n'est pas qu'un système économique, il s'agit d'une manière de vivre et de comprendre l'existence et le monde adoptée par l'immense majorité de nos contemporains. Il est certes criticable, il doit, comme toute idéologie, être interrogé, et il n'a certainement pas les promesses de la vie éternelle. Mais, pour la quasi-totalité des habitants de notre monde, c'est le meilleur système imaginable : la preuve en est que les exclus du système eux-mêmes n'ont qu'un rêve, c'est d'y accéder à leur tour.

Un baptisé est, certes, prophète ; il est aussi prêtre et roi, c'est à-dire qu'il doit rendre grâce pour ce qui se vit dans notre monde, et qu'il a la responsabilité de ce monde, et non pas d'un monde imaginaire. La foi est là pour nous aider à vivre dans ce monde-ci, avec ses limites, et non pas seulement pour nous en faire voir les imperfections.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis en grande partie d'accord avec toi, mais il semblerait que tu compares les idées des écologistes et alter mondialiste à des idées pour un monde imaginaire, et là je ne suis pas d'accord.
Le chretien se doit de défendre des idées comme celle-ci si elles peuvent apporter plus d'humanité à ce monde libéral.
Ce n'est pas utopique, c'est réalisable à mon sens.

Olivier L

Anonyme a dit…

Tout dépend en fait de ce qu'on met derrière le mot libéralisme. "C'est le meilleur système"...
Si on se contente d'opposer libéralisme et communisme, d'accord, choisir la liberté est le meilleur système.
Mais par "libéralisme", on entend plus souvent la liberté totale contre laquelle la moindre contrainte est un vice. Et ce libéralisme là, ça ne me dérange pas de le critiquer. J'ai l'impression que vouloir mettre quelques freins aux libertés économiques n'est ni une posture liberticide, ni une utopie.
Est-ce une erreur économique ? Je ne pense pas non plus, mais ça, c'est un point de vue personnel, pas un point de vue de chrétien.

Anonyme a dit…

J'avoue peu comprendre ce que vous voulez dire dans cette note...
Pour être franc, votre style me semble une nouvelle façon de ne pas vous mouiller.
Vous souvenez-vous de Quelqu'Un qui "vomit les tièdes"?

Emmanuel Pic a dit…

Et vous, "Lien Rag", que voulez-vous dire ? Et en quoi vous mouillez-vous ?