vendredi 21 mars 2008

A l'approche de la mort.

Le coup de téléphone est devenu ordinaire depuis que je suis aumônier de la clinique voisine : "Bonjour, c'est Dominique (la chef des infirmières), je vous appelle car nous avons un monsieur qui ne va pas bien et la famille pense qu'il est temps de faire venir le prêtre".

Oui, c'est rarement le monsieur-qui-ne-va-pas-bien qui fait la demande. Plutôt son épouse, ou ses enfants, sans lui avoir demandé son avis. Car, chacun le sait : le prêtre qui arrive, c'est mauvais signe. On a beau être mal, très mal, très très mal, demander à mourir, supplier que ça s'arrête : on n'est jamais pressé d'en finir. C'est touchant de voir les ruses déployées pour expliquer ma présence : "il visite tout le monde", "il vient pour Pâques..." D'ailleurs, souvent, on préfère attendre que le malade soit inconscient, sans savoir qu'alors cela ne signifie plus grand-chose... L'appel est souvent si tardif, que quand j'arrive, on me dit pudiquement "il est parti" (ce qui ne signifie pas qu'il est rentré chez lui).

En fait je pense beaucoup à tout ça en écoutant et en lisant la polémique lancée autour de Chantal Sébire. Dans le cas où une loi serait votée pour répondre aux attentes de l'association "mourir dans la dignité", qui acceptera d'être le messager du malheur ? Et a fortiori son artisan ?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonne question en effet, je me la suis posée ce matin en lisant le journal...

Emmanuel Pic a dit…

Bao
comment fait-il que je ne connaisse pas encore votre blog ?
http://blog.bao-world.com

Anonyme a dit…

"partir, c'est mourir un peu"!!!
Oui, il serait temps de reconnaître que tous ces débats, sur le registre émotionnel, médical, juridique... ne sont que des appels à comprendre, vivre et accepter cet incontournable qu'est la mort, parce qu'il faut bien l'appeler par son nom. Et à défaut de regarder la mort en face, notre société -et surtout les hommes et les femmes qui la composent- s'enfoncent dans une nuit total sans espoir, sans issue, ce qui peut aiguiser les douleurs de ceux qui meurent comme de ceux qui "restent"... Aucune loi ne permettra de résoudre cet énigme... raison de plus pour accompagner, s'accompagner et ne pas mettre de côté les raisons ou les sources d'espérance, fussent-elles du côté d'un message aux couleurs évangéliques qui touchent au cœur de l'humain, avant d'être une soumission à une quelconque divinité, à fortiori un dieu qui se délecterait de nos souffrances. Un besoin de lumière.. au singulier ou aux pluriel, .. écoutons-nous! Claude

Anonyme a dit…

Joyeuses Pâques !
Le Christ est ressuscité !
Il a vaincu la mort !

Une association pour mourir dans la dignité, quelle blague ! Et ceux qui meurent à la guerre, ceux qui meurent de faim, ceux qui meurent avortés ?
Ce qui compte c'est de vivre dans la dignité, et ce qui nous donne notre dignité, c'est d'être enfants de Dieu, créés à son image.
Que notre dignité d'enfants de Dieu soit toujours reconnue, et donc le caractère sacré de notre vie, même si les beaux, les riches et les bien-portants pensent qu'elle ne vaut pas la peine d'être vécue...
Jean-Paul II n'a jamais été un meilleur témoin que quand les journalistes de France 2 (et le curé de ma paroisse) réclamaient sa démission au nom de la dignité de la fonction ! Cachez cette souffrance qu'on ne saurait voir ! Eh ben notre Dieu est justement venu la vivre avec nous et pour nous, jusqu'au bout, l'Association pour le Droit de mourir dans la dignité n'était pas là, juste sa Mère et quelques disciples. C'était la dignité de l'amour...
Mais Il est ressuscité et Il a vaincu la mort !

PS : Bravo pour votre blog, ça fait qq mois que j'étais pas passée par là, depuis un billet sur les sorciers blancs, si puissants qu'ils rationalisent le coût du vieil âge. Je vois que vous avez de plus en plus d'adeptes. Vous le méritez.
Union de prières.
Christine