jeudi 15 janvier 2009

Canicule à l'envers.

Les grands froids sont arrivés. C'est beau, c'est bon, et... c'est froid. Pour beaucoup, c'est un cap très difficile à passer : sait-on que les mois d'hiver font plus de victimes que la fameuse canicule qui fut chez nous si meurtrière ?

Du coup, la semaine paroissiale a été marquée par des célébrations d'obsèques. Des moments pas toujours faciles pour un prêtre, qui se trouve alors confronté à des demandes complexes et à une population peu habituelle : la mort rassemble des gens de tous horizons, de toutes convictions, de tous milieux sociaux.

Le plus dur n'est pas d'accueillir la douleur des familles et de les accompagner. Le plus dur est de se retrouver face à une assemblée complètement paumée dans le rituel chrétien : beaucoup ne franchissent le seuil de l'église qu'à l'occasion des funérailles. C'est alors l'occasion d'un constat impressionnant : ces enfants qui fréquentaient en masse, dans les années soixante, les bancs du catéchisme, sont aujourd'hui, sinon incroyants, du moins très loin de l'Eglise. Presque plus personne ne fait le signe de croix, ne répond "amen". L'arrière-grand-mère qu'on enterre allait à la messe tous les jours, sa fille tous les dimanche, son petit-fils est allé au catéchisme, et les arrière-petits-enfants sont, au mieux, baptisés, mais n'ont aucune culture chrétienne.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Une société qui marche sur la tête : un silence sur les morts liés au froid, une surmédiatisation des morts liés à la canicule, dans le but d'en tirer des profits ? (augmentation des prix des fruits et légumes...)

Une société paumée qui se dit athée ou laïque et qui a besoin d'un office religieux pour enterrer ses morts alors qu'il existe la possibilité de faire des cérémonies non religieuse ...

Anonyme a dit…

C'est effectivement désolant...

Mais si un jeune ou une adulte jeune aujourd'hui va à la messe tous les jours, prie en adorant le saint sacrement ou en méditant le chapelet, ce que faisait peut-être aussi cette arrière grand'mère, on parle de la progression des tradi...

Anonyme a dit…

Solution pessimiste: le prêtre fait une "célébration laïque" sans nommer le nom du Seigneur (très fréquent pour les cérémonies de mariage ) Solution optimiste:sachant que la foi chrétienne n'est pas héréditaire,chaque génération est à évangéliser . Animé par l'Esprit Saint le célébrant saura trouver les mots pour annoncer l'essentiel de la foi avec courage . MADO

Anonyme a dit…

Et ceux qui ont perdu repères chrétiens vont voir des sorciers, des voyants ou des astrologues pour les rassurer sur leur avenir!

Et si on le fait remarquer, on est accusé de superstition ou d'obscurantisme...

étrange société que notre société française.

Mais ce sont des mages venus d'orient qui ont adoré Jésus dans la crèche, après avoir suivi une étoile.

Les voies du Seigneur sont vraiment impénétrables, et c'est finalement plutôt rassurant.

Anonyme a dit…

Vous n'allez pas nous dire que vous préférez le christianisme "par tradition" au christianisme "par conviction"...

Autrefois, on était catholique "par défaut". On ne se posait pas plus de question qu'aujourd'hui, mais le poids des habitudes faisait que bon on allait à la messe, on faisait deux trois actes sans forcément vraiment les comprendre. Maintenant, on est agnostique par défaut. Si on ne se pose pas de question, on a un vague sentiment métaphysique, comme autrefois, mais sans être pris dans des obligations rituelles. nous sommes quand même beaucoup plus libres, si nous nous posons des questions de nous tourner vers les convictions (religieuses ou athées) qui nous semblent bonnes, et si nous ne nous posons pas de question, de ne pas être contraints par une religion qui n'est pas notre.

Les gens qui vont à des obsèques religieuses alors qu'ils ne sont pas croyants, le font par respect pour les convictions du défunt. Et c'est dur aussi de suivre un rituel qui n'est absolument pas fait pour une assemblée de non-chrétiens.

Faire un signe de croix ou savoir quand répondre "amen", ce n'est pas la preuve d'une réflexion spirituelle. Est-ce important d'avoir une culture chrétienne ? Est-ce que ça rend meilleur par rapport aux autres ?

Par ailleurs, vous parlez de "franchir le seuil des églises qu'à l'occasion des funérailles"... Si si, on peut aussi entrer pour les visiter, ou y aller parce qu'elles ont affectées à d'autres usages que le culte (Chapelle des Etats, Chapelle Saint-Anne, Saint-Jean, Saint-Etienne...). Il y a plein de solution pour faire que les gens franchissent le seuil d'une église... :P


Au fait, un C dans l'air spécial, des articles dans le Figaro, Libé et le monde... les morts-dus-au-froid-dont-on-ne-parle-pas-et-que-même-c'est-un-scandale, c'est un véritable sujet d'actualité en ce moment !!!

Anonyme a dit…

Je reagis surtout aux commentaires..
Il me semble qu'il ne suffit pas de fréquenter l'Eglise pour être un bon chrétien...

Pardon, je ne voudrais pas provoquer qui que ce soit ici, mais tout cela m'interpelle.
La qualité de la foi, selon moi, ne se mesure pas a la frequence de fréquentation des lieux de culte..
Je préfère de très loin une personne qui a ses propres convictions, et qui vient en aide a son prochain, a quelques "adeptes" de l'Eglise, qui seront incapables d'acheter un sandwich au clochard du coin de la rue, préferant garder sa monnaie pour la quête du Dimanche..

Je caricature, certainement,un peu n'empêche que pour ma part, je suis "sans religion",et ca ne m'empeche pas d'être au service des autres, du mieux que je peux et le plus souvent possible, dans la vie de tous les jours, dans mon travail,en agissant selon MES propres convictions.
L'Eglise je la respecte, bien sûr, et je respecte les personnes qui la fréquentent, s'il vous plait, respectez les gens qui se débroillent bien sans elle

Emmanuel Pic a dit…

@ The masqued one :
Comment ne pas être d'accord avec tout ce que vous dites !
Ce billet a juste pour objet d'attirer l'attention sur deux choses :
1) Ces années soixante où les églises étaient pleines n'ont pas fabriqué des chrétiens...
2) Au bout du cinquième enterrement de la semaine, le prêtre que je suis en a marre de parler devant une assemblée qui ne manifeste, elle non plus, aucun signe de vie... J'exagère à peine.

@ Shiva : OK "il ne suffit pas de fréquenter l'Eglise pour être un bon chrétien". Mais la foi et la morale, ce sont deux choses bien différentes.
J'ajoute que la dissociation que nous faisons spontanément entre foi et pratique cultuelle est typique de nos sociétés sécularisées... Il suffit de passer la Méditerranée pour s'en rendre compte.
Enfin : la premier témoignage extérieur que nous ayons sur les chrétiens est une lettre de Pline à Trajan, qui les définit comme des gens "qui se réunissent le premier jour de la semaine pour chanter des hymnes au Christ comme à un dieu". La pratique dominicale est un élément trop essentiel de l'identité chrétienne pour être considérée comme accessoire. Enfin, c'est mon avis et je le partage, comme dirait l'autre...

Anonyme a dit…

Je crois que les non croyants jugent la foi d'après ce qu'ils en voient de l'extérieur, et c'est vrai que de ce point de vue là, on n'en voit rien: la foi, c'est d'avoir rencontré le Christ et d'entretenir avec lui une relation intime, faite de paroles, d'actes, de sentiments, etc... ça ne se voit pas; si on va à l'église, c'est pour lui parler et ressentir sa présence, parfois. Si on lit l''Evangile, c'est pour connaître mieux sa vie, sa personne, et son message. ce n'est pas un rituel vide.
Mais tant qu'il n'est pas une personne vivante pour quelqu'un, bien sûr, le rituel est vide pour lui!


Je ne crois pas non plus qu'il faille juger les anciennes générations comme s'ils étaient bêtes et nous intelligents.
Beaucoup d'eux avaient une relation très intime avec Jésus.

Quant aux actes, les chrétiens cherchent la discrétion, et la foule de petites personnes qui aident les gens par des associations chrétiennes est innombrable et invisible.
Ce qui n'enlève rien aux autres personnes et associations.

C'est un peu un lieu commun que de prendre la-dame-pénible-qui-va-à-l'église comme bouc émissaire.
Il y a des tas de gens qui ne vont pas à l'église et qui violent des fillettes, ou qui tuent pour se faire un peu d'argent, par contre je ne connais aucun chrétien pratiquant et priant qui le fasse.

Les promesses du baptême, ce n'est pas "je rentre dans l'Eglise et donc je suis parfait",
c'est "je renonce au mal et à tout ce qui conduit au mal",
et le mal, c'est ce qui fait du mal à quelqu'un.
c'est aussi choisir de faire du bien.
Je ne vois pas comment on peut critiquer ce programme;
après, on y arrive plus ou moins, selon son histoire...
Et on peut choisir le bien aussi si on ne croit pas en Dieu.
Il n'y a pas de "copyright"!
C'est un autre chemin, c'est tout.

Pourquoi toujours vouloir critiquer les chrétiens?
Parce que les médias font rire avec ça...

Et si on trouvait plutôt des chemins d'unité?

Anonyme a dit…

A partir des années 60 ?
Une contre réforme de la pédagogie serait elle nécessaire ?