samedi 26 septembre 2009

Pauvres riches.

Écoutez-moi, les gens riches ! Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés de mites, votre or et votre argent sont rouillés.Des travailleurs ont moissonné vos terres, et vous ne les avez pas payés ; leur salaire crie vengeance...

Deviens-je fou, de prendre la parole sur ce ton ? Oserai-je le faire à l'église dimanche ? Suis-je de ces prêtres qui "mélangent l'humain et le divin" ? Ma paroisse est-elle de celles qui "se limitent à la sempiternelle rengaine de Jésus-a-défendu les opprimés contre les puissants" ? Non : simplement un humble lecteur de la Parole de Dieu, qui, ces derniers dimanches, poursuit la lecture de la lettre de saint Jacques.

20 commentaires:

olympe a dit…

et pour la quête vous demandez qu'ils mettent leurs Rollex dans la paniette

Anonyme a dit…

à quand un don de luxueuses voitures pour les membres du clergé ?

Unknown a dit…

J'aimerais bien voir la tête des fidèles quand ils entendront ça !

La montréalaise a dit…

Ça pourrait peut-être les faire réfléchir un peu.Mais dommage,ils sont trop souvent sourds

Anonyme a dit…

ne soyons pas hypocrites , quand on entends ça , on se dit ce n'est pas pour nous.....nous ne sommes pas des méchants riches, nous! Nous faisons juste attention d'avoir de quoi vivre...avec plus ou moins de confort , tout de même , c'est le fruit de notre travail , nous y avons droit!

ne nous gaussons donc pas (comme semble le faire les commentateurs ci-dessus) en entendant ça , pour le sdf à qui nous accordons un sourire et une piécette , nous sommes le riche qui suscite envies et rancœurs

alors que faire d'une telle parole? exalter la pauvreté et la misère, en la prenant au premier degré ? non ; décidément la lecture de la Parole ne peut se passer d'une réflexion , d'une catéchèse , d'une exégèse.

jiem

AncillaDomini a dit…

"Suis-je de ces prêtres qui "mélangent l'humain et le divin" ? Ma paroisse est-elle de celles qui "se limitent à la sempiternelle rengaine de Jésus-a-défendu les opprimés contre les puissants" ?"

Bouh ! La mauvaise foi ! ;-)
Mon Père, ce n'est pas très charitable de prendre les paroles des gens, de les déformer et de les ressortir dans un autre contexte... Vous savez très bien à quoi je faisais allusion.

Emmanuel Pic a dit…

@ Ancilla Domini : attention Ancilla, de ne pas mettre en cause dans vos réponses la charité, pas plus que la foi ou l'espérance, de celui avec qui nous dialoguons, car ça signifie la fin du dialogue. Et ça mérite un carton de couleur.

Vous devez comprendre que la manière dont vous vous exprimez prête à ce genre d'interprétation. J'ai trop entendu peser sur moi ou sur d'autres confrères ce genre de soupçon ("c'est un prêtre de gauche", "je ne suis pas à l'église pour faire du social", et même une fois sur un plateau de télé "vous ne trouvez pas que l'Eglise parle trop des pauvres ?") pour laisser passer la moindre insinuation. Votre dernière phrase elle-même ("vous savez très bien à quoi je faisais allusion") cherche à déstabiliser : non, je ne sais pas à quoi vous faites allusion, sauf que vous mettez en cause des chrétiens qui donnent de leur temps, de leur argent, et payent de leur personne (je parle par exemple du CCFD que vous citez). Je ne demande qu'à savoir ce que vous vouliez dire d'autre. Mais sachez que de tels soupçons sont aussi insupportables que ceux d'autrefois sur les relations entre le curé et sa bonne.

Je vais vous dire une chose : qui sont les chrétiens les plus appréciés dans notre France d'aujourd'hui ? les prélats ? ceux qui prônent des liturgies soi-disant plus "classiques" ? Non : ce sont ceux qui s'engagent auprès des plus pauvres. Cela devrait nous donner à réfléchir.

Enfin, pour le mélange de l'humain et du divin, cela s'appelle, en bonne théologie catholique, l'Incarnation.

Anonyme a dit…

Je peux dire avec Martin que cette lettre est à l'opposé de celle de Paul aux Romains . Je peux dire que les riches ont la main de Dieu sur eux . Je peux dire aussi que les riches ont un bon Karma . Je peux me boucher les oreilles . LE 4 Octobre j'aurai une pensée pour François et tous les franciscains par exemple .MADO

La montréalaise a dit…

Excellente réplique, Père Pic!
J'espère qu'AncillaDomini osera s'expliquer plus clairement,car c'est vrai, il laisse trop de sortes de doutes.
Vous m'avez appris quelque chose de nouveau avec "le mélange d'humain et du divin" je trouve cela bien intéressant.

AncillaDomini a dit…

Si je vous ai blessé, mon Père, je vous demande pardon.
Il n'a jamais été dans mes intentions de vous viser en particulier : comment le pourrais-je, alors que je ne vous connais pas ? Je ne vous ai jamais vu, je ne sais ni ce que vous dites, ni ce que vous faites. Je ne parle que de ce que j'ai vu ou entendu.

Ne voyez, s'il vous plaît, aucune animosité dans le ton de ce que j'écris. J'ai un style plutôt lapidaire, je sais, mais ce n'est ni voulu ni conscient. Juste une déformation professionnelle qui traîne...

Pour expliquer "la sempiternelle rengaine de Jésus-a-défendu-les-opprimés-contre-les-puissants", voici un exemple concret, auquel je faisais référence...
La dernière fois que je suis allée à la messe dans la paroisse de mes grands-parents, les textes des lectures étaient sublimes. Il y avait des merveilles à dire sur le don de soi, sur l'engagement, sur la Charité vraie qui place Dieu au centre de tout et se donne entièrement à Lui, et au prochain par amour pour Lui, sur la grâce pour faire rayonner l'Amour divin autour de soi, sur le dépouillement de soi jusque dans les plus petites choses pour aimer comme aime le Christ... Mais non.
Pas un mot sur la Charité. Pas un mot sur Dieu, ou à peine. Juste la déploration habituelle de la misère du monde, là-bas très loin, se concluant par un rappel qu'il faut donner aux associations ("comme le CCFD")...
Sachant que la totalité de l'assemblée (rare et âgée) donnait déjà à plusieurs de ces associations, qui a retiré quelque chose de ce sermon ? En quoi cela a-t-il fait grandir qui que ce soit ? Qui cela a-t-il rapproché un peu plus du Seigneur ce jour-là ? Qui a mieux touché du doigt le vrai sens du mot Charité ?
Au mieux, tout le monde (moi comprise) pouvait se dire : "Bah... je le fais déjà." Au pire, ça donnait les 4 premiers commentaires à cet article. (merci au 5ème, jiem, pour ce petit rappel...)

Imaginez que, semaine après semaine, les sermons se succèdent, tous semblables à celui-là, tous parlant de l'homme, aucun ne parlant de DIeu...
C'est ce que j'ai vécu toute mon enfance et mon adolescence. J'ai dû me carapater chez les réformés pour sauver les derniers débris de Foi qu'il me restait encore après un tel traitement de choc. Sans mes ex-coreligionnaires, j'aurais renvoyé pour de bon l'Eglise à ses rengaines... comme la plupart des jeunes de mon âge.
En qui voulez-vous qu'on croie, si l'on ne parle jamais de Dieu ? Pour aimer quelqu'un, il faut le connaître. Comment sommes-nous sensés aimer Dieu, si on nous parle toujours de nous et jamais de Lui ?

Anonyme a dit…

d'accord avec les précédents : nous sommes tous des riches pour les autres et l'argent n'est pas mauvais en soi,mais l'usage que nous en faisons...Et les prêtres,payés au SMIC mais qui ne paient pas de loyers,qui sonnent à la porte de la mairie quand il y a un problème au presbytère,ou qui font appel aux bonnes volontés por réparer leur robinet qui coule!!!

JM a dit…

@Anonyme
je suis plutôt d'accord avec votre première phrase mais la suivante ... je ne vois pas ce qu'elle vient faire ici. Je pense que c'est à chacun de balayer devant sa porte plutôt que de dire : "Oui, mais y'en a qui ..." qui ne fait pas avancer le débat ni la réflexion de chacun (d'autant que je ne suis pas sur que ce soit les prêtres qui profitent le plus du système).
Pour en revenir à la parole de dimanche, c'est vrai qu'elle n'est pas toujours facile à interpréter correctement. Mais au moins elle nous interpelle.

Didier Guillion a dit…

Je pense que la pire pauvreté, c'est celle du coeur. Et cela est indépendant du compte en banque.
Peut être devrions nous poser la question, " Qu'avons nous fait pour les autres aujourd'hui ?"
Moi, rien, mais j'espère me rattraper demain.

do a dit…

Moi, ça me fait penser au riz que je mange, payé 2 euros le kilo à la petite boutique africaine à côté: du riz thaï, grandi en Afrique, très bon, mais que des gens fatigués cultivent sous un soleil de plomb, avec pour tout salaire de quoi manger une boule de manioc à moitié pourrie dans l'eau pour la rendre digeste, et des herbes amères pour la rendre mangeable: alors, même si je veux bien aussi penser aux pauvretés psychologiques de notre pays, qui sont peut-être encore plus misérables, mais dont je suis un peu plus victime et un peu moins responsable, alors oui, je trouve que je mange du riz pour une prix dérisoire par rapport à mon salaire français, et que les moissonneurs de ce riz n'ont pas reçu le salaire qu'ils méritaient, ni la sécu, ni la retraite, ni l'éducation de leurs enfants.

Les réseaux de distribution, à part quelques niches, nous coupent de ces ouvriers misérables, africains, asiatiques, mais français aussi, ne l'oublions pas, que l'on serait prêts à rémunérer, mais que l'on ne perçoit pas assez directement.

On pourrait les boycotter, trouver d'autres flux, plus directs, des petites coopératives: il y a le commerce équitable, le micro-crédit, ça se fait peu à peu, mais à cause de notre confort, on n'agit pas assez. Et de ce manque d'action, oui, je plaide coupable.

Alors, je suis d'accord avec le Pape: les africains doivent compter sur eux-mêmes, et tout faire pour se défaire de la tutelle de l'occident. L'Asie le fait, et elle s'enrichit.
Seulement, sans l'évangélisation, sans les droits de l'homme, ces continents "nouveaux-riches" vont être encore plus meurtriers pour leurs populations que ne l'était la famine!

Alors j'essaie de donner à l'Eglise de ces pays ce que je ne donne pas aux circuits de distribution: elle saura s'en servir pour donner aux plus pauvres une subsistance, des soins, une éducation, et une dignité, afin que ces moissonneurs reçoivent un jour leur salaire, eux ou leurs enfants, car c'est un travail de longue haleine.

Anonyme a dit…

les prêtres ne devraient-ils donc pas faire appel à la mairie quand un problème se pose qui relève des compétences de la mairie? qui ne se fait pas aider par son voisin quand cela est possible? sont-ils donc des personnes qui parcequ'ils sont prêtres n'ont plus les droits de tout citoyen ni la possibilité de bénéficier de l'entraide dont sommes tous heureux de faire l'objet quand cela se présente?...

drôle de commentaire qui si je l'entends bien semble énoncer qu'un prêtre n'est donc plus un être humain parmi les êtres humains ni un citoyen parmi les citoyens...

en tous cas, j'ai besoin d'un décodage de l'auteur de ce message qui me paraît pour le moins opaque aussi bien dans son discours que les idées qu'il veut communiquer!

Bashô a dit…

Je m'excuse d'être hors-sujet mais j'ai repensé à notre échange autour de la finance islamique en lisant cette note, qui vaut le détour, d'un couple (que je connais) d'économistes: http://www.mafeco.fr/?q=node/197 Je ne critique pas ceux qui parlent de moralisation de l'économie, juste souligner qu'une "moralisation" intelligente et sans effet pervers est bien plus difficile qu'on ne le croit.

Philippe Edmond a dit…

Ce qui est dégueulasse c'est de couper cette lecture comme vous le faites.
La suite ne devrait pas être évitée non plus.
Vous êtes de ceux qui ne disent rien pendant le massacre dont parle Saint Jacques, au moment ou mille enfants par jour ouvrable sont avortés en France.
C'est bien plus confortable et bien vu par les bien pensants d'aujourd'hui de dire qu'on est pour les pauvres matériels quand on laisse crever les autres pauvres la gueule ouverte sans rien dire.
L'honneur de l'Eglise n'est pas là et il est heureux que d'autre prêtres courageux, et des papes le sauvent comme quelques uns ont aussi su le faire lors de la seconde guerre mondiale.

Emmanuel Pic a dit…

Hmmmmmmm comme j'aime ce dernier commentaire... Tout y est pour en discréditer l'auteur : le ton agressif ("dégueulasse"), le mensonge (mais où avez-vous vu que Saint Jacques parle d'un massacre, et plus encore de l'avortement ?), l'insinuation que je suis un mauvais prêtre et un trouillard, et que je suis complice de l'avortement par un supposé silence (ça c'est la meilleure), l'opposition entre les prêtres comme moi et le pape... Je suis insulté, monsieur, par ce commentaire que je ne publie que pour édifier mes lecteurs et leur faire comprendre de quels genres d'agressions les prêtres sont aujourd'hui la cible. Et je déplore que cela vienne d'un baptisé.
Puisque vous aimez les citations, je vous en balance une, extraite elle aussi de la Lettre de saint Jacques : "Si quelqu'un s'imagine être religieux sans mettre un frein à sa langue, sa religion est vaine".
Non, mais.

Alain a dit…

... Pas tendre avec vous mon Père ... en même temps vous touchez là où ça fait mal. Ce qui m'étonne le plus c'est que certains semblent surpris de s'entendre dire celà.

"On ne peut servir à la fois Dieu et l'argent" mais que faire quand le message qui est mattraqué chaque jour est celui du culte de l'argent, du beau et du fort ? ... Message qui discrédite en un revers de manche le travail parfois de plusieurs mois.

Que dire également de nos dirigeants qui pourraient, s'ils le voulaient, apporter des solutions à la pauvreté, à la famine et à la guerre mais qui par intérets (par forcemment les leurs) maintiennent des populatins dans ces situations pour pouvoir toujours un peu plus exploiter les richesses des sous-sols.

Nul doute que nous devrons répondre de tout ça et surtout de ce que nous n'avons pas fait, ou pas fait assez, compte tenu de notre niveau de vie ... Mon Dieu prends pitié des pêcheurs que nous sommes !

joseph a dit…

« Tu contemples ton or, et tu n’as pas un regard pour tes frères ! Tu connais toutes les espèces de monnaies et tu sais distinguer la fausse pièce de la vraie, mais ton frère dans le besoin, tu l’ignores totalement... (...) A l’affamé appartient le pain que tu gardes. A l’homme nu, le manteau que recèlent tes coffres. Au va nu-pieds, la chaussure qui pourrit chez toi. Au miséreux, l’argent que tu tiens enfoui. Ainsi opprimes-tu autant de gens que tu en pouvais aider. »
Basile le Grand