jeudi 5 février 2009

Lectures.

Les paroissiens de Saint-Pierre prennent soin de leur curé : ils lui offrent les livres qui leur ont plu, qui les ont interrogés, qui les ont interloqués... Le dernier en date : 38 ans, célibataire et curé de campagne, du mystérieux Pietro di Paoli qui signe là son deuxième ouvrage, après Vatican 2035.

Ca se lit vite (un aller-retour Paris en TGV) et bien, cette histoire de jeune prêtre dans son presbytère de campagne, que les paroissiens ne pensent pas à inviter le soir de Noël ; il est un peu seul, le pauvre, entre un évêque dépassé par les événements, une famille de tradis qui lui casse les pieds, des copains qui quittent le ministère, quelques catéchistes sympas tout de même. Il a froid dans ses vieilles églises désertes. Et j'ai trouvé la fin assez belle, bouleversé qu'il est par la naissance d'un enfant qui le renvoie à un profond désir de paternité -la scène rappelle beaucoup une nouvelle de Maupassant sur le même sujet.

Une histoire vraie, donc. Il y manque pourtant quelque chose d'essentiel : la joie qu'on peut éprouver à être prêtre, en vivant des moments que nul autre ne vit. Qui pourra, donc raconter :
  • L'extraordinaire bonheur de célébrer, le dimanche, au milieu de familles, parents, enfants, grands-parents, heureux d'être là dans l'église
  • L'immense honneur d'être le témoin privilégié de l'éveil de tant de jeunes, lors de rencontres individuelles ou en groupe, au cours desquelles ils peuvent questionner, dénoncer, décider, aimer, rire et pleurer à la fois
  • La paix des week-ends et camps d'été (je ne fais pas de ski), de la prière partagée
  • L'émerveillement devant le patient travail de l'Esprit-Saint au plus profond d'hommes et de femmes que j'accompagne en équipe de réflexion ; devant le même travail, accompli par le même esprit, dans le coeur des catéchumènes et de tous les chercheurs de Dieu
  • Le sentiment d'être vraiment tout petit devant l'incroyable confiance que manifestent à leur curé celles et ceux qui viennent à lui, le temps d'un conseil ou d'une confidence
Vous l'aurez compris, j'attends donc de lire 50 ans, célibataire et vachement heureux d'être prêtre.

24 commentaires:

Géraldine a dit…

bravo Manu !
Nous sommes heureux de te savoir si heureux et épanoui
alors continue sur ce chemin, ton témoignage nous est cher et nous porte !
Bon vent

Anonyme a dit…

Tu comptes te lancer dans l'écriture ?
Alors vivement ton propre livre sur la joie d'être au service...

DIDIER

Anonyme a dit…

Et l'incroyable confiance que manifeste à son prêtre le Créateur de l'univers, visible et invisible...

Anonyme a dit…

Je suis très émue par ton billet...

Anonyme a dit…

Je pense que tu devrais dès maintenant commencer de l'écrire.
Il pourrait y avoir un chapitre "au Congo"
je peux te donner quelques infos sur la partie "vachement" j'ai encore des copines à 4 pattes dans les prés de l'Auxois !
Pascale

Anonyme a dit…

Beh vous savez quoi faire pour les longues soirées d'hiver...
avec tous les prêtres ou apprentis qui égayent la Toile, vous pourriez signer un livre à X mains !
(contrepied de l'Eglise qui se fait entendre autrement et mal).

Anonyme a dit…

tu as vu que pietro de paoli se prend une volée de bois vert après son billet sur le blog "la croix". décidément. Il passe à côté des choses, ce fameux pietro:!

Anonyme a dit…

J'ai hâte de vous lire mon Père! Dépêchez- vous de l'écrire ce beau livre.Ça fait tellement chaud au cœur de vous savoir si heureux et vous donnerez probablement beaucoup de courage à bien des prêtres qui ne le sont pas autant que vous, dans leur peau.

Anonyme a dit…

super, on attend l'opus, je connais une maison qui serait fière de d'éditer !
tous les aspects formidables de ton ministère, que tu passes en revue ressemblent à un résumé du bouquin !
marion

Emmanuel Pic a dit…

euhhhhhhhhhhh merci de vos encouragements
mais je suis in gros flemmard : j'ai bien écrit "j'attends de lire" ce livre, et pas de l'écrire...

Anonyme a dit…

Effectivement, tu as bien écrit "j'attends de lire"...
Mais, rien ne t'empêche de te lancer, ou de continuer d'écrire (ce que tu fis admirablement dans ton blog), sur ce que te ressens dans ton ministère de service...
Alors, vite, mets-toi au travail...Pour notre plus grand bien.

DIDIER.

Anonyme a dit…

attention, si c'est nous qu'on l'écrit d'après ce dont on rêve, tu risques de trouver qu'on est vachement fondamentalistes et qu'on en attend bien trop de nos prêtres ou qu'on est trop progressistes et qu'on édulcore tout le message de l'Evangile, ...ou encore qu'on parle pour ne rien dire!
et tu vas changer le titre en "51 ans, prêtre, vachement heureux d'être célibataire et vivement la retraite"!.

Anonyme a dit…

oups, j'ai dit "tu" sans faire attention!

Anonyme a dit…

vous savez il y a des groupements d'écriture en ligne... Vous vous partagez le boulot chacun en prenant un aspect de votre ministère.Chacun votre style et votre façon de voir. Je suis sûr que votre jeune "collègue" poète de l'autre bout de la France ferait cela très bien. Et ce serait "prêtres tous âges, tous ministères et vachement heureux"

Anonyme a dit…

Tu m'as donné envie de découvrir Pietro de Paoli, même si je garde à l'esprit toutes tes remarques. Bien que, pour le coup, mon Aumônier commence à fatiguer à cause de vos emploi du temps over-booké
Je pourrai profiter d'un aller-retour
Paris-Dijon. Je me rends de plus en plus compte du bonheur que l'on éprouve auprès d'enfant qui s'ouvre à la foi.
Plus je te lis et plus je me rends compte que tes homélies et nos discutions me manquent.
A bientôt j'espère. Marie.

Anonyme a dit…

S.V.P. faites-nous le plaisir d'écrire un beau bouquin sur votre bonheur du sacerdoce. Vous êtes si intéressant à lire. Et même si vous êtes un "gros flemmard" comme vous dites, vous trouverez certainement un peu de temps pour le rédiger sans trop vous déranger; il n'y a pas de feu, on peut patienter un peu!

Pinpin a dit…

avec une si bonne plume, y faut pas hésiter!

Anonyme a dit…

Pas encore lu le livre. On est pas très bien servis en librairies dans mon pays. Mais entièrement d'accord avec toi pour les grands et petits bonheurs d'un curé. Même si les joies de ma paroisse actuelle sont bien différentes de celles connues dans les années passées. Amitiés de Tam !
Daniel

Anonyme a dit…

Bonjour Emmanuel, et tous ses amis

Il ne me semble pas que Marc, le héros de de "38 ans célibataire et curé de campagne" soit malheureux. Il écrit son journal dans un moment particulier de sa vie, secoué par le départ de son copain Jean-François, un type qui pour lui a été un modèle, un prêtre généreux et heureux, semble-t-il, jusqu'au jour où il craque. Il me semble que beaucoup de ce que décrit Emmanuel est en filigrane dans ce que Marc raconte. Mais Marc est à la campagne, il y a peu de jeunes. (avant, il était aumônier). Là, il fait le curé (un beau mot; avoir cure, prendre soin) pour une population dispersée distraite et dévitaminée et vieille. J'ai écrit pour et par mes copains qui font ce boulot, habité par ce qu'ils disent, et aussi par ce monde rural et néo-rural que je connais plutôt bien. Dans les messes du dimanche de Marc, il y a quelques grands-parents, beaucoup d'arrières grands-parents et quelques enfants. Il n'y a pas de WE ou de camp d'été parce que les jeunes quand ils sont rejoints, le sont ailleurs, dans les villes où il y a des lycées. À la messe, il prie "à pleins bras" pour ceux qui ne sont pas là. Dans cette campagne, il est devant Dieu la présence de ceux qui sont absents. Etre présent pour les absents, c'est une belle ascèse, et c'est ça que vit Marc, comme beaucoup d'autres de tous âges. Je suis navré, si Emmanuel n'y a pas vu la joie profonde qui habite Marc et qui le fait tenir. J'essaierai de faire mieux la prochaine fois! Et pourquoi pas en collaborant avec Emmanuel!
Amitiés à tous
Pietro

Anonyme a dit…

Je me demande, tout de même, si les différents ministères ne portent pas en eux même les germes de leur succès ou de leur échec.

Plus concrètement, être prêtre dans une grande ville, où l'on est sûr de toujours trouver des amis, des familles, des groupes, avec lesquels partager l'une ou l'autre des facettes de son sacerdoce, même si tout ne sera pas possible, et s'il faut aussi avoir l'habileté de multiplier les amitiés quand l'une d'entre elles semble prendre une place inappropriée,
cela doit permettre de garder le cœur et l'intelligence assez ouverts pour rester en contact avec Dieu dans la prière, ...ou pour supporter de ne plus l'y rencontrer.

Mais en se retrouvant seul croyant dans des campagnes très inhabitées, avec une ou deux femmes âgées, toujours les mêmes, comme seules personnes un peu proches spirituellement, en changeant toujours de lieu, si bien qu'aucune habitude de rencontre ne peut vraiment s'établir spontanément,
même la foi peut être fragilisée.

les célibataires chrétiens le savent bien, qui se conseillent mutuellement un retour aux centres-ville et participent régulièrement à des rencontres appropriées pour ne pas sombrer imperceptiblement dans une sorte de néant relationnel.

Jésus envoyait ses disciples deux par deux, et Saint Paul nous livre souvent les sentiments très humains qui habitaient son cœur pour tel ou tel frère.

Comment être prêtre si l'on est pas d'abord homme,
et comment rester homme sans insertion dans un tissu social adapté à ses besoins,
c'est particulièrement vrai pour les jeunes prêtres, que l'on envoie trop souvent dans des déserts spirituels et humains que l'on devrait réserver à des Saints déjà à moitié canonisés.

Peut être oserais-je une idée, toujours la même:
revenir à l'Evangile,
contempler Jésus,
et l'imiter!
Même, et surtout, dans cette partie de son humanité qu'était sa vie fraternelle.

Anonyme a dit…

J'ai eu l'occasin de travailler avec de nombreux jeunes prêtres en milieu rural et c'est vrai que je retrouve bien dans le livre de Pietro un certain nombre de questions qui les habitent.

Si les centres villes sont finalement encore assez riche en prêtre (et célébrant, car c'est souvent surtout ça qui compte...) dans le milieu rural, c'est quand même rude.

Entre des groupes en panne de renouvellement qui se sont installé dans une routine, des territoires immenses à couvrir et cette toujours même problématique de l'accueil des demandes sacramentelles qui sont de l'ordre du rite social plus que religieux, c'est vrai que c'est pas toujours facile.

Mais d'accord pour dire aussi la joie d'être prêtre qui est réel chez beaucoup.

Emmanuel Pic a dit…

@ Pietro di Paoli :
merci pour le commentaire, quel honneur d'avoir un aussi illustre visiteur sur mon humble blog, oui finalement ce livre j'aimerais l'écrire, pourquoi pas à plusieurs mains ?

@ tous : je ne m'attendais pas à autant de réactions, ça fait plaisir de voir que la vie des prêtres suscite autant d'intérêt...

Anonyme a dit…

Eureka!
On semble vous avoir convaincu.Il nous reste qu'à attendre ces beaux moments de lecture.Merci

Unknown a dit…

Très beau livre émouvant mais qui manque d'espérance ! La vie de ce prêtre a l'air d'être vraiment difficile. Cela nous questionne beaucoup sur la condition du prêtre. Mais j'espère vraiment que tous les prêtres ne vivent pas ceci. Par contre concernant les pensées doctrinales de ce prêtre, il est libre de penser ce qu'il veut, mais est-ce une bonne chose d'écrire ceci chez Plon. Ce livre est accessible à n'importe qui et ne donne donc pas une bonne image du vatican. Le vent libertin qui a soufflé sur l'Eglise a-t-il permet de remplir les églises ? L'homme finalement ne demande-t-il pas de l'exigence ? Les exigences pronées par l'Eglise ne sont pas accesibles à tout le monde certes, mais doit-on pour cela fermer le chemin de la sainteté ? Heureusement ce prêtre se ressaisi à la fin ! Méditons sur la joie de Pâques et sur le souffle de l'Esprit qui permit aux apotres d'évangéliser !