samedi 26 novembre 2005

Familles

Jasmine a vingt-cinq ans. Elle est issue d'une fratrie de quatre, de même mère et de pères différents. Son père à elle est marié et a une autre famille. La loi prévoit, paraît-il, que les enfants adultérins ont les mêmes droits que les autres ; pour Jasmine, et sans doute pour beaucoup d'autres, ce n'est qu'une fiction, elle sait bien qu'elle risquerait très gros si elle se hasardait à réclamer quoi que ce soit.
Jasmine est maman de deux petits dont l'aîné a huit ans. Son compagnon est parti, cela valait mieux dit-elle. Elle a quitté la boulangerie où elle travaillait et aujourd'hui vit d'allocations en attendant de trouver mieux. Elle fait partie de la petite troupe des mamans célibataires qu'on voit dans la journée promener leurs poussettes ou trainer leurs bambins par la main.
Pour elle, être mère célibataire, ça n'a pas le même sens que pour d'autres femmes qui ont un travail, qui savent faire valoir leurs droits auprès de leur conjoint, qui ont accès à tout ce qui lui est, pour de multiples raisons, refusé. C'est une grande force d'avoir ses propres enfants, c'est aussi une très grande fragilité. Comme beaucoup, si elle ne s'est pas mariée, c'est parce qu'elle est exclue du monde heureux où les gens se marient.
Dans "Le Bien Public" du 13 novembre : une enquête sur la vulnérabilité des familles montre à quel point l'équilibre familial est à la fois essentiel et de plus en plus précaire. Il est précaire précisément dans les foyers les plus fragiles économiquement et socialement, qui sont victimes d'une injustice supplémentaire. Cette enquête n'était sans doute pas nécessaire pour dire l'évidence : une famille, c'est le meilleur rempart contre les difficultés de la vie.

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